• il y a 9 mois
"Le futur qu’on a en tête, c’est pas celui de Star Wars"
Corentin de Chatelperron et Caroline Pultz sont membres de l’association low-tech lab. Leur projet ? Développer des dispositifs simples pour réinventer notre façon de vivre dans le futur, pour garantir l'avenir de la planète. Pour ça, ils ont bâti et vécu 4 mois dans une biosphère low-tech dans le désert. Ils nous racontent.

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Transcription
00:00 Le futur qu'on a en tête, qui est un futur un peu à la Star Wars,
00:02 il ne nous attire pas vraiment.
00:04 Et du coup, ça fait des années qu'on se demande
00:06 comment est-ce qu'il faudrait vivre dans le futur
00:07 pour que ça matche avec les limites planétaires
00:09 et que ce soit en même temps un futur qui soit désirable,
00:12 qui nous donne envie qu'il soit plus juste, plus sain, plus épanouissant
00:15 et d'essayer de créer un nouveau futur.
00:17 L'héliothèque, c'est des dispositifs incroyablement simples
00:22 qui peuvent nous aider à aller vers cette transition écologique
00:26 sans forcément changer de confort de vie.
00:28 C'est le best of de notre civilisation.
00:30 On s'est rendu compte qu'on pouvait complètement
00:32 réinventer notre manière d'habiter sur la planète,
00:34 réinventer notre manière de produire notre eau, notre nourriture,
00:37 de recycler nos déchets, etc.
00:38 Et du coup, on a voulu combiner plein d'innovations comme ça
00:41 qu'on avait trouvées dans 25 pays différents
00:43 et de voir comment est-ce qu'on pourrait vivre
00:45 de manière plus écologique, mais aussi plus saine, plus épanouissante.
00:49 D'après les études sur l'évolution du climat,
00:50 on se rend compte qu'avec le réchauffement climatique,
00:52 il y a de plus en plus de zones arides autour de la planète.
00:55 Et du coup, on a voulu se projeter en 2090
00:58 et on s'est dit, OK, si on vivait dans une zone
01:00 qui est complètement aride, du coup hyper hostile,
01:02 dans ce désert, il y avait des cactus, des crottales, des scorpions, etc.
01:05 Est-ce que dans des conditions comme ça,
01:07 on est capable de vivre grâce au low-tech
01:08 et vivre, pas survivre, mais vraiment vivre bien ?
01:11 On s'est beaucoup inspiré du programme spatial de la NASA.
01:13 Ils étudient beaucoup des habitats écosystèmes
01:16 pour être autonomes.
01:18 Et donc, nous, on a vraiment conçu cette biosphère
01:21 de manière à ce que cet habitat écosystème puisse produire
01:24 assez d'eau, d'énergie et de nourriture pour deux humains.
01:26 Pour préparer à toute cette expérience,
01:28 on a été rencontrer plein de spécialistes différents.
01:31 Petit à petit, ça a pris des mois et même des années,
01:33 on a compris comment créer un écosystème hyper efficace
01:36 où les déchets d'un système servent de ressources à un autre.
01:39 Par exemple, les excréments de grilles,
01:40 on a découvert qu'on pouvait les donner à manger aux champignons.
01:43 Les champignons, on pouvait les manger.
01:44 Et puis nos déchets organiques à nous, les toilettes sèches, etc.
01:47 pouvaient être mangés par des larves de mouche
01:48 et ces larves pouvaient être mangées par les grillons, etc.
01:50 Et en fait, petit à petit, ça a mis du temps.
01:52 Mais grâce à tous ces experts et toutes ces connaissances sur les low-tech,
01:55 on a construit un écosystème et après, on est allé le tester.
01:58 On est parti quatre mois au milieu des cactus et des grottales.
02:00 Il faut savoir qu'on n'était pas à 100% autosugisant.
02:03 On avait un stock de légumineuses, céréales et huiles
02:05 parce que c'est des choses qu'on ne peut pas produire sur 60 m².
02:08 Ça n'a pas de sens finalement de faire ça parce que ça prend du temps.
02:11 Pour 1,60€ par jour et par personne.
02:13 Les low-tech, elles ont coûté en tout 2000€.
02:16 Sachant que les dessalinisateurs, ça a coûté le plus.
02:19 C'était 1000€ pour presque 14 m², un truc comme ça.
02:23 Parce que pour pouvoir faire tourner tout l'écosystème,
02:26 il nous fallait environ 40 litres d'eau par jour.
02:29 Ce qui est pratiquement rien pour deux personnes.
02:31 Et en fait, on s'est rendu compte au bout du compte
02:33 qu'il ne nous fallait que 27 litres d'eau pour deux humains
02:36 pour la production alimentaire, pour l'hygiène et pour la cuisine.
02:40 Quand on est revenu en France,
02:42 on s'est rendu compte qu'il fallait 150 litres d'eau par jour et par personne
02:46 pour notre consommation quotidienne.
02:48 En fait, toutes les low-tech qu'on a installées dans notre biosphère,
02:50 ce sont des systèmes qui peuvent être fabriqués un peu partout autour du monde,
02:53 qui peuvent être adaptés aux ressources locales.
02:55 Ça ne coûte pas cher et c'est vraiment accessible à tout le monde.
02:58 Par contre, ce dont il y a besoin, c'est des connaissances.
03:00 Il a fallu qu'on apprenne à cloner des champignons,
03:02 qu'on apprenne le cycle de reproduction des grillons,
03:05 qu'on apprenne à cultiver de la spiruline,
03:07 qu'on apprenne à cultiver plein de trucs qu'on n'apprend pas à l'école,
03:10 mais qu'on imagine que dans le futur, il faudrait qu'on apprenne.
03:12 Après l'expérience dans le désert,
03:13 on a décidé de faire une nouvelle expérience
03:16 en se projetant cette fois en 2040 en zone urbaine dense.
03:19 On a décidé de faire ça en région parisienne, à Boulogne-Biancourt.
03:21 La région parisienne, c'est une des zones les plus densément peuplées du monde.
03:24 Et on ne peut pas imaginer le futur sans imaginer comment on pourrait vivre en ville,
03:27 parce qu'aujourd'hui, il y a déjà 50% des humains qui vivent en ville
03:31 et on estime que d'ici 2050, il y en aura 70%.
03:33 Et donc, on a décidé de se mettre dans un appartement
03:36 et de créer un mode de vie qui, à la fois, répond aux objectifs de l'ONU
03:40 en termes d'émissions de gaz à effet de serre,
03:42 il faut passer en dessous des 2 tonnes par personne et par an en émissions carbone,
03:45 qui divise par 10 la consommation d'eau,
03:47 qui maintienne en bonne santé, qu'on ne perde pas nos dents.
03:50 Que ce mode de vie soit zéro déchet ou plutôt full ressource.
03:52 Que ce soit accessible financièrement pour tout le monde.
03:55 Et que ce mode de vie low-tech nous rende heureux surtout.
03:57 Ouais, et donc on a un appartement dans lequel on va adapter
04:00 plein de low-tech qui viennent d'un peu partout dans le monde,
04:02 mais alors il faut les adapter au milieu urbain,
04:04 donc ce n'est plus du tout comme le désert.
04:05 Et donc pour ça, on bosse avec des écoles d'ingénieurs,
04:07 on bosse avec des designers, on bosse avec même l'agence spatiale.
04:10 On va rester connecté au réseau d'eau de la ville,
04:13 sauf qu'au lieu d'utiliser les 150 litres d'eau par jour et par personne,
04:17 on va mettre en place des dispositifs low-tech
04:20 qui vont diviser par 10 cette consommation.
04:22 Donc par exemple, on a la fameuse douche champignière dont je vous parlais.
04:26 En fait, c'est une douche à recyclage,
04:27 donc on va injecter 5 litres d'eau dans cette douche.
04:30 Cette même eau, en fait, elle va tourner en continu,
04:32 donc c'est ce qu'on appelle la douche infinie.
04:34 Et en plus de ça, on va utiliser des espèces de brumisateurs
04:37 qui vont remplacer le mode douche classique.
04:39 Chaque goutte, pareil, va être recyclée,
04:41 l'eau de la vaisselle, l'eau de la lessive, etc.
04:44 Pour l'énergie, on va juste utiliser des appareils
04:47 qui ne consomment pas plus que ce que produisent l'énergie éolienne ou solaire.
04:51 Au lieu d'avoir un blender de cuisine à 2000 watts,
04:54 on va avoir plutôt un blender manuel en mode winch,
04:57 où on va faire un peu de sport.
04:58 On va avoir une espèce de rameur, en fait, si vous voulez.
05:00 Donc vous voyez, les rameurs pour se faire les abdos.
05:02 En fait, tu ne fais plus 40 minutes à la salle,
05:05 tu fais 40 minutes pour faire ta lessive.
05:06 Aujourd'hui, quand on achète de l'alimentation dans un supermarché à côté de chez soi,
05:10 ces aliments ont fait en moyenne plus de 600 km avant d'arriver dans le supermarché.
05:15 Donc en fait, ils viennent de très loin.
05:16 Par exemple, quand on est à Paris,
05:18 il y a moins de 10% des fruits et légumes qui viennent de la région parisienne.
05:21 En fait, la plupart, ils viennent de l'étranger.
05:23 Ils viennent d'Espagne, d'Amérique du Sud, etc.
05:25 Par exemple, si on prend une salade,
05:27 si on la transporte, il va falloir la mettre dans un paquet plastique
05:31 et puis elle va perdre des nutriments.
05:32 Et puis aussi, il y aura beaucoup de gaspillage
05:34 parce que le transport engendre du gaspillage.
05:36 Et du coup, on s'est dit le plus cohérent et le plus sain pour la santé,
05:40 c'est de faire pousser directement la salade chez soi.
05:43 Et donc, on a tout un système qui recycle l'eau
05:46 et qui en même temps permet de faire pousser des légumes feuilles,
05:48 par exemple de la salade ou des épinards, des choux, etc.
05:52 Des radis, tout ça.
05:53 Et donc, ça coûte moins cher, c'est plus écolo et c'est plus sain pour la santé.
05:57 Il faut savoir que dans le désert,
05:59 on mettait une heure par jour et par personne
06:01 pour faire la maintenance de tout l'écosystème,
06:03 donc produire l'eau, l'énergie et la nourriture.
06:06 Là, dans la ville, on a envie que ce mode de vie soit compatible avec la vie citadine,
06:11 c'est-à-dire qu'on va continuer à avoir un boulot,
06:13 on va continuer à avoir des loisirs et voir du monde,
06:17 sauf qu'on va s'appuyer sur tout un réseau d'acteurs locaux
06:21 qui va prémâcher tous les systèmes, les cycles de vie
06:25 pour faire fonctionner l'écosystème de l'appartement low-tech.
06:29 On pense fermement que cette expérience de la nature au quotidien,
06:33 elle peut changer nos comportements humains.
06:35 On se demande depuis des années comment est-ce qu'il faudrait vivre dans le futur
06:38 pour que ça matche avec les limites de la planète.
06:41 En fait, ce qu'on a envie de faire, c'est la NASA des low-tech,
06:44 c'est-à-dire une espèce de centre de recherche
06:46 qui nous permette de rassembler plein d'experts de tous les domaines
06:50 pour repenser notre manière d'habiter la Terre.
06:51 On fait ce test-là, qui est un test à petite échelle
06:54 de voir comment est-ce qu'on pourrait vivre en 2040
06:57 et on va jouer le jeu à fond, on va vraiment tester un mode de vie
07:00 où on va tout mesurer et voir si des millions de personnes faisaient ça,
07:05 est-ce que d'un point de vue économique, ça le ferait ?
07:08 Est-ce que d'un point de vue santé, ça le ferait ?
07:10 Est-ce que d'un point de vue empreinte écologique, ça le ferait ?
07:13 L'expérience dans le désert, alors qu'on était en plein milieu d'une zone hostile,
07:17 en fait, on s'est rendu compte que même avec très peu de moyens,
07:19 on pouvait vivre bien.
07:20 Ça nous a rendu vachement optimistes et enthousiastes sur le futur.
07:23 On a l'impression que ça va être génial.
07:25 [BIP]

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