Marie Portolano : « Une femme on la regarde, un homme on l'écoute »

  • il y a 6 mois
Dans un récit percutant et courageux, la journaliste raconte la misogynie et les violences sexistes dont les femmes sont toujours les cibles dans son métier.
Transcript
00:00 Moi, je considère aujourd'hui que le féminisme, en tout cas celui que je revendique,
00:04 c'est un féminisme qui doit être partagé.
00:07 C'est quelque chose d'humaniste.
00:08 Les femmes et les hommes ensemble, pas les femmes contre les hommes, pas les femmes seules.
00:13 Au contraire, c'est un combat qu'on doit tous mener ensemble.
00:16 Dans le documentaire, je donnais la parole à des femmes, 18 femmes,
00:28 qui parlaient pour moi.
00:30 Et là, cette fois, c'est moi qui parle pour moi et qui me mets totalement à nu.
00:34 On m'a proposé d'écrire un essai.
00:36 J'ai au départ refusé.
00:38 Et ce qui m'a fait changer d'avis, c'est déjà que j'ai réalisé que mon documentaire n'existait plus nulle part,
00:44 c'est-à-dire qu'il est invisible aujourd'hui.
00:46 Plus personne ne peut le voir.
00:48 Ça m'a un petit peu contrariée.
00:49 Et surtout, je me suis dit qu'il faut qu'il reste un objet de ce travail-là.
00:53 Et ce qui m'a fait changer d'avis aussi,
00:55 ce sont plusieurs réactions que j'ai reçues après la diffusion du documentaire,
00:59 notamment une réaction d'un dirigeant de chaîne
01:03 qui a constaté que, suite à ce documentaire, j'avais aussi un cerveau.
01:08 Et donc, je me suis dit qu'en fait, le travail n'était pas terminé.
01:12 Ce que j'ai constaté au fur et à mesure de mes années en tant que journaliste sportive,
01:16 c'est que le plus important, c'était ce à quoi je ressemblais et pas ce que je disais.
01:22 Alors évidemment, on fait de la télé.
01:24 On ne va pas devenir des gens naïfs.
01:26 Concrètement, c'est important, l'apparence.
01:28 Mais je trouvais que ça prenait plus d'importance que le contenu.
01:32 Notamment ce jour où j'ai sorti mes lunettes parce que je ne pouvais pas porter mes lentilles
01:38 et que j'ai fait le buzz sur les réseaux sociaux
01:41 puisque j'avais un look de secrétaire salope.
01:44 Et tout d'un coup, je me suis mise à exister dans cette émission
01:47 grâce aux lunettes que je portais.
01:49 Au début, ça m'a flattée.
01:50 Et c'est ça qui est terrible, en fait.
01:52 Dans ce livre, je raconte des anecdotes qui me sont arrivées à moi,
01:55 qui sont arrivées à des consoeurs, à des amis, à des femmes journalistes que je connais.
01:59 Ne cherchez pas à identifier qui sont les personnes dont je parle
02:04 puisque concrètement, personne ne peut être identifié dans ce livre.
02:07 J'ai brouillé les pistes, j'ai brouillé les années.
02:10 Ce que je veux dire absolument, c'est que ce ne sont pas des individus que je cible.
02:13 C'est un système tout entier.
02:15 On a fait le constat, on l'a dit, on l'a remarqué, on l'a entendu.
02:19 Maintenant, passons à autre chose, mais passons vraiment à autre chose.
02:22 [Musique]

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