Dans son édito du 04/03/2024, Gauthier Le Bret revient sur les soupçons de premières tensions entre le président de la République et son nouveau Premier ministre Gabriel Attal, lors du Salon de l'Agriculture.
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00:00 C'était à lire dans les colonnes du Parisien ce week-end sur ces rumeurs de première tension entre le nouveau patron du gouvernement et le président de la République.
00:08 Alors ils sont rares les couples exécutifs qui ne finissent pas par se déchirer. Il y a bien eu récemment Emmanuel Macron et Jean Castex,
00:15 évidemment il y a plus longtemps Valéry Giscard d'Estaing et Raymond Barre, Jacques Chirac et Alain Juppé.
00:21 Mais vous savez c'est comme les poissons volants, ça existe mais ce n'est pas la majorité de l'espèce.
00:25 Ce nouveau duo n'échapperait donc pas à la règle. Les premières tensions arrivent même, on peut le dire, très vite puisque Gabriel Attal a été nommé il y a à peine quelques semaines.
00:32 On savait déjà qu'il y a eu des désaccords, notamment sur le cas Amélie Oudea Castera.
00:37 Gabriel Attal voulait la débrancher tout de suite du ministère de l'Éducation nationale dès le début de la polémique puisqu'elle ne l'avait pas écouté sur la manière d'affronter cette polémique.
00:46 Et Emmanuel Macron a tout fait pour la garder et finalement, on le sait, le président a dû se résoudre, a donné raison à son premier ministre.
00:54 Alors là, les tensions montent d'un cran avec la crise agricole et surtout l'invitation des soulèvements de la terre, au grand débat, vous vous souvenez, au salon de l'agriculture.
01:03 Au moment où la polémique éclate, Gabriel Attal se fait discret et en déplacement et son entourage ne se cache pas.
01:10 L'entourage du Premier ministre trouve tout simplement que l'Élysée a fait purement et simplement n'importe quoi en invitant les soulèvements de la terre.
01:18 Alors il y a une petite phrase qui aurait agacé l'Élysée ?
01:21 Oui, il y a une phrase du Premier ministre qui a été prononcée le week-end dernier au salon de l'agriculture, il y a plus d'une semaine.
01:28 Jordan Bardella vient de se rendre au salon avec évidemment un franc succès, en contraste avec Emmanuel Macron qui s'est rendu 24 heures plus tôt au salon de l'agriculture
01:37 avec les cordons de CRS et la polémique qu'on connaît.
01:40 Et je vous propose d'écouter donc Gabriel Attal qui arrive le dimanche soir au dîner du salon.
01:44 Le salon n'est pas un cirque médiatique, ni un cirque politique, ni un cirque militant.
01:50 Au fond, les agriculteurs, nos bêtes, nos filières ne sont pas un décor de campagne.
01:55 Voilà, alors il y a une ambiguïté dans ce que dit Gabriel Attal car quand il prononce cette phrase, certes Jordan Bardella vient de se manifester au salon de l'agriculture
02:06 mais également Emmanuel Macron et c'est Emmanuel Macron qui quelque part a lancé la campagne des européennes au salon de l'agriculture.
02:14 Donc est-ce que Gabriel Attal visait à la fois Jordan Bardella et en sous-texte le président de la République ?
02:20 C'est le sentiment d'un député Renaissance ce week-end dans les colonnes du Parisien.
02:24 Et voilà ce que me confiait, quelques heures après la phrase prononcée par Gabriel Attal, un proche du Premier ministre.
02:31 Il me dit "tacle à double détente de Gabriel hier soir. SAV assuré contre Bardella, l'Elysée ne pourra pas lui reprocher de ne pas s'impliquer mais la critique touche aussi le PR, le président.
02:42 Au final c'est Gabriel qui est positionné au-dessus de la mêlée. Après le cafardahum du week-end, la séquence risque de bien agacer le président."
02:49 Et visiblement cette phrase a énervé l'entourage du chef de l'État.
02:54 Le matin en se rasant, vous nous dites que Gabriel Attal pense forcément à la présidentielle ?
02:58 C'est inévitable, surtout avec le plus jeune Premier ministre de la Ve République qui a des ambitions, tout le monde l'a bien compris, qui vont au-delà de Matignon.
03:07 Paradoxalement, les déconvenus du président peuvent profiter au Premier ministre.
03:12 Par contraste, exemple tout récent, je vous en parlais à l'instant, les soulèvements de la terre.
03:17 Quand on demandait à Georges Pompidou quand il a commencé à penser à l'Élysée, il répondait "le jour où il est entré à Matignon".
03:23 C'est ce que relatait Patrice Duhamel dans son livre qui retrace les relations compliquées entre les présidents et les Premiers ministres, le chat et le renard.
03:30 Deux anciens Premiers ministres seulement sont devenus présidents, mais aucun n'est passé directement de Matignon à l'Élysée.
03:38 Reste à savoir si Matignon sera pour Gabriel Attal un tremplin ou au contraire une lessiveuse qu'il empêchera de se présenter au profit d'un autre ancien Premier ministre,
03:48 Edouard Philippe, qui compte bien être le troisième homme de la Ve République à avoir posé ses valises à la fois à Matignon et à l'Élysée.
03:54 La bataille ne fait que commencer.
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