atlantic midi 2024.02.27

  • il y a 6 mois

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00:00:00 Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans Atlantique Midi, bienvenue tout court sur Atlantique Radio si vous nous rejoignez pour une nouvelle émission qui sera consacrée aujourd'hui à la crise des étudiants en médecine.
00:00:09 Cette crise qui ne retombe pas, ils boycottent les étudiants, ils boycottent les cours, ils boycottent les stages et aussi les examens pour manifester notamment leur rejet de la réforme de leur cursus dont la réduction de la durée d'études de 7 à 6 ans.
00:00:25 Selon eux, cette réforme privilégie la quantité à la qualité, on va en parler longuement avec notamment les propos qui ont été tenus lors d'une conférence de presse,
00:00:38 ce n'était pas plus tard qu'hier par la coordination des étudiants en médecine dentaire et pharmacie et aussi par ce que dit le ministère, le ministère de tutelle qui ne comprend pas que les étudiants soient toujours en grève.
00:00:56 Pour en parler, je reçois le professeur Khalid Sajjadallousi. Bonjour.
00:01:01 Vous êtes doyen de la faculté de médecine et de pharmacie d'Oujda. Cette grève étudiante des étudiants en médecine dentaire et pharmacie dure depuis environ 3 mois.
00:01:13 Ils boycottent tout, les cours, ils boycottent les examens, ils boycottent les stages également qui leur sont pourtant obligatoires.
00:01:21 Que se passe-t-il réellement dans les universités de médecine au Maroc ?
00:01:27 Bonjour M. Marquis et merci pour cette occasion que vous nous donnez pour un petit peu passer en revue les différents volets relatifs d'abord à cette réforme et puis un petit peu éclaircir les points liés à cette incompréhension de la part des étudiants de tout ce qui est considérable,
00:01:49 de l'assistance qui est en train d'être fait par l'état marocain pour le bien du patient marocain et du patient de manière générale.
00:01:57 Alors je vais juste un petit peu vous résumer la chose, vous mettre un peu dans le contexte et le cadre.
00:02:03 Le Maroc, il est en plein chantier. Un chantier qui est d'abord un chantier royal, prioritaire, stratégique, étatique, de couverture médicale et de couverture sociale.
00:02:15 L'idée c'est bien entendu de pouvoir assurer une bonne prise en charge sanitaire pour tous les Marocains sans exception.
00:02:24 Et puis toute personne qui se fait soigner au Maroc.
00:02:28 Et naturellement pour ça il y a des réformes qui doivent être instaurées au niveau de la gouvernance, au niveau des moyens qui sont alloués et aussi au niveau des ressources humaines.
00:02:42 Et bien sûr vous m'accordez le fait que le médecin il est au centre de ces ressources humaines.
00:02:48 On ne peut pas imaginer une réforme de la santé dans un pays sans une réforme parallèle, efficace de la formation médicale.
00:03:00 Et surtout qu'on a déjà fait le diagnostic d'un certain nombre d'imperfections en ce qui concerne la formation médicale au Maroc.
00:03:08 Naturellement quand on envisage des réformes comme ça, il y a deux types de mesures, deux types de décisions.
00:03:17 Il y a des mesures, des décisions qui sont souveraines, stratégiques, qui sont bien sûr réfléchies, qui sont sages, efficaces, courageuses, sont censées l'être.
00:03:27 Et qui n'acceptent pas beaucoup de sur-enchères.
00:03:31 Il faut les prendre, il faut les prendre.
00:03:34 Je parle notamment de cette histoire de réduction de cette assise en veille revenir peut-être.
00:03:39 Et puis il y a des décisions qui sont techniques, qui nécessitent une approche participative.
00:03:44 Et cette approche participative a été adoptée.
00:03:49 Et au final on a débouché sur une réforme qui à mon sens est une réforme qui est complète, qui est de nature vraiment à améliorer les choses.
00:04:00 Tout ça les étudiants sont au courant.
00:04:04 Et ils voient, comme vous l'avez dit, qu'il y a des aspects qui sont beaucoup plus quantitatifs que qualitatifs.
00:04:11 Ils voient qu'à un moment donné il n'y a pas de visibilité.
00:04:15 Ils voient qu'à un moment donné les moyens d'accompagnement ne sont pas suffisants.
00:04:20 Est-ce que je vais essayer, j'espère convaincre les auditeurs et les étudiants bien entendu, que la clarté est là, que les moyens sont là et que la participativité est là aussi.
00:04:33 Alors commençons par le début, c'est-à-dire sur la réduction de la durée d'études pour passer de 7 à 6 ans.
00:04:41 Alors il y a certains reproches qu'on fait à cette réforme.
00:04:47 Certains disent que d'un côté cette 7ème année était importante pour s'aligner avec un certain nombre de pays, particulièrement en Europe.
00:04:58 Alors que seule la France l'applique, puisque les autres pays, dont l'Allemagne, c'est 6 ans d'études et non pas 7 ans.
00:05:08 Donc ça c'est la première chose.
00:05:10 La deuxième chose c'est que les partisans de cette réduction du temps d'études disent que la 7ème année finalement elle ne sert pas à grand chose, que c'est une année de stage et non pas une année pédagogique.
00:05:23 Donc alors pourquoi est-ce que les étudiants s'arquent au bout sur cette 7ème année selon vous ?
00:05:29 Alors moi je ne vais pas trop m'attarder sur... essayer d'interpréter leurs interprétations.
00:05:38 Je vais quand même juste dire le rationnel de cette réduction.
00:05:44 Moi je vais parler de ma position de doyen mais aussi d'ex-étudiants, d'ex-externes, internes, résidents, spécialistes, tout ça.
00:05:56 Donc je suis passé un peu par toutes les étapes d'un cursus médical.
00:06:00 Et je sais, et tout le monde le sait, il y a une unanimité sur le fait qu'on a un problème avec cette 6ème année et cette 7ème année dans leur configuration actuelle.
00:06:11 Je vous explique brièvement.
00:06:14 On fait les 5 ans.
00:06:17 Et après on débarque en 6ème année, il n'y a pas de cours. Il n'y a que des stages en 6ème année dans les CHU.
00:06:24 Et puis il y a aussi des stages dans l'hôpital périphérique en 7ème année.
00:06:31 En gros, jusqu'à maintenant, on a une 6ème année qui est très light, au contenu pédagogique peu consistant.
00:06:40 Et puis surtout, on a une 7ème année, on peut oser le dire, c'est pas une 7ème année non pédagogique, elle est anti-pédagogique dans sa configuration actuelle.
00:06:50 C'est-à-dire que l'étudiant en 7ème année, non seulement il ne consolide pas, il n'entretient pas ce qu'il a acquis durant les 6 ans, mais il perd ce qu'il a acquis pendant les 6 ans.
00:07:03 Donc l'idée, elle est toute simple, c'est de supprimer cette 7ème année et de renforcer considérablement la 6ème année de manière à la rendre digne de porter le nom de dernière année en études, en formation médicale.
00:07:19 Alors, ce n'est pas arbitraire.
00:07:21 Donc ça veut dire que la réduction du temps d'études de passer de 7 à 6 ans, c'est pas moins 10 ans.
00:07:27 C'est-à-dire que ce ne seront pas des médecins low-cost qui vont être...
00:07:31 Non, non, pas du tout, pas du tout. Il faut vraiment séparer plus et mieux.
00:07:35 Ce n'est pas parce que 6 est supérieur ou 7 est supérieur à 6 que 7 est mieux que 6.
00:07:40 Si le 6 n'est pas bon et le 7 n'est pas bon, on supprime le 7 et on améliore le 6.
00:07:46 Et si au final on a un volume pédagogique qui est conséquent, qui est équivalent, voire même plus, et je peux vous garantir que le volume pour les nouveaux, pour la nouvelle 6ème année, est beaucoup plus que le volume qui était pour la 6ème année et la 7ème année,
00:08:04 puisqu'au final on a un volume pédagogique qui est meilleur, qui est plus important, et bien on se rend compte que finalement c'est une réduction qui n'est pas synonyme de réduction qualitative,
00:08:15 qui n'est pas synonyme de maintien qualitatif, elle est synonyme d'amélioration qualitative de la formation des étudiants.
00:08:22 Donc c'est une réelle efficacité pédagogique et efficience pédagogique.
00:08:27 Et l'efficience, vous savez très très bien que l'efficience on la cherche pas par la quantité, on la cherche par la qualité et la consistance et le volume réel, le volume fonctionnel.
00:08:37 - Le ministère de l'Enseignement supérieur, qui est le ministère de tutelle, estime que la formation des médecins devient une question de souveraineté nationale. C'est le cas ?
00:08:52 - Oui, bien sûr. Naturellement, naturellement. On est au Maroc, le Maroc est un grand pays, on forme nos médecins marocains pour notre pays, bien sûr.
00:09:02 Il y a une liberté naturellement de mobilité, mais la priorité des priorités c'est le marocain et la santé du patient marocain.
00:09:12 - Parce qu'il y a un problème, c'est qu'il y a une fuite des cerveaux, c'est-à-dire qu'il y a beaucoup de médecins qui vont exercer à l'étranger dès lors qu'ils obtiennent leur diplôme.
00:09:18 - Bien sûr, et d'ailleurs, parmi les choses qu'on a abordées, parce qu'on n'a pas abordé que cette réduction de 7 à 6 ans, on a abordé également le fait que cette réduction devrait s'inscrire dans un cadre beaucoup plus large,
00:09:32 qui englobe le premier cycle, le deuxième cycle et le troisième cycle. On a fait un peu le diagnostic. Pourquoi il y a cette fuite ? Et je peux vous dire par la suite les mesures qui ont été prises pour réduire justement cette fuite.
00:09:46 - Mais quelles sont les mesures justement ?
00:09:48 - Alors justement, c'est clair que quand on obtient son diplôme en médecine, diplôme de docteur en médecine, on s'est rendu compte qu'il y a une grosse fuite des compétences et des cerveaux vers l'Europe notamment, et il est légitime de se poser la question pourquoi ils partent.
00:10:07 - Sachant que, alors on va juste s'arrêter là si vous voulez bien, sachant qu'un étudiant en médecine dentaire, ça coûte cher au pays, puisque ça coûte à l'État pour chaque étudiant pour une année entre 60 et 70 000 dirhams par étudiant. Je vous laisse poursuivre.
00:10:26 Et donc la fuite elle est tout simplement, va être très terre à terre et très simple, pas du tout simpliste mais simple et pour qu'on puisse être efficace dans les réglages qu'on va faire par la suite. Et c'est fait, ces réglages.
00:10:39 Quelqu'un qui part à l'étranger, il part pour chercher une situation meilleure financièrement, administrativement peut-être, et aussi un avenir meilleur. Alors naturellement s'il part, c'est parce qu'il y a des choses qui sont un peu défavorables à ce climat dans son pays d'origine.
00:10:55 Et ce qui était défavorable jusque là, c'est peut-être un salaire qui n'était pas suffisant, un système d'avancement qui n'était pas suffisant, et puis aussi un système de contractualisation qui était pratiqué jusque là, et qui consistait en 8 ans d'obligation de rester avec l'État, avant d'essayer de partir.
00:11:19 Pas avant de partir, mais avant d'essayer de partir. Donc on se retrouvait avec des gens qui étaient là, qui touchaient un salaire, qui leur paraissait pas suffisant du tout, qui n'avançaient pas bien dans leur carrière, et qui ne pouvaient partir ou prétendre partir qu'après 8 ans.
00:11:35 Et les mesures qui ont été prises justement, c'est tout simplement les aligner aux indices d'ancienneté et de rémunération du médecin accompli en part entière, c'est-à-dire ce qu'on appelle l'indicateur ou l'indice 509, qui donne tous les avantages en termes de situation financière dès la première année de Residana, et puis réduire ces 8 ans à 3 ans.
00:12:01 - Une inversion du paradigme, c'est ça ? - Bien sûr, c'est-à-dire que si tu pars parce que tu es mal payé et que tu restes beaucoup trop longtemps, tu vas être mieux payé et tu vas rester moins longtemps, et tu vas avoir cette liberté de partir après les 3 ans.
00:12:18 Moi je pense que 3 ans qui va être pratiqué pour tout le monde, c'est la moindre des choses justement pour un pays qui a formé les siens avec, pas gratuitement, c'est lui qui a payé pour eux.
00:12:29 Donc la moindre des choses, c'est au bout de la spécialité, la personne en question puisse rendre à son pays une partie de ce qu'il lui a donné.
00:12:37 - Faire vibrer la fibre patriotique pour un médecin, c'est logique, normal, efficace ?
00:12:46 - Bien sûr, et puis il ne faut pas oublier qu'il n'y a pas plus social que la santé, il n'y a pas plus social que l'éducation, et donc il n'y a pas plus social qu'une faculté de médecine, qui marie un peu l'aspect éducation et l'aspect santé.
00:13:00 Donc on a une responsabilité sociale, cette responsabilité sociale consiste en fait qu'on ne forme pas des réparateurs de peine physique, on forme des humains qui soignent des humains, et puis des citoyens marocains.
00:13:14 Plein plein de choses, il y a un savoir, un savoir faire, un savoir être qui vont de pair, ensemble, c'est un bloc, et donc la fibre patriotique, elle n'a pas besoin qu'on la mette en exergue, elle est là, elle s'impose, elle est là, elle doit être là tout le temps, tout le temps, comme étant un standard et un fixe.
00:13:36 On va continuer à parler de cette crise qui frappe les universités de médecine au Maroc avec la colère des étudiants, ils continuent leur boycott, ils continuent leur manifestation, leur marche, leur sit-in, etc.
00:13:51 Pour protester contre la réforme qui est mise en oeuvre, et d'ailleurs l'arrêté, il faut le préciser, date d'il y a un an et demi, donc on se demande pourquoi maintenant, mais on leur posera la question aux étudiants, ils seront en ligne tout à l'heure avec nous pour l'instant.
00:14:06 Place aux infos, et on se retrouve juste après pour en reparler.
00:14:09 La colère des étudiants en médecine qui ne retombe pas et qui est au menu aujourd'hui d'Atlantique Midi, on va en reparler dans un instant avec le professeur Khalid Salaj Andaloussi, excusez-moi, vous êtes doyen de la faculté de médecine et de pharmacie à Oujda, et puis nous sommes en ligne avec le professeur Saïd Moutawakil, vous êtes vous professeur en réanimation et membre du comité technique et scientifique, merci d'être en ligne avec nous et sur Atlantique Radio particulièrement.
00:14:36 Est-ce que vous comprenez professeur cette colère des étudiants ?
00:14:42 Bonjour, je suis désolé pour ne pas être pour des raisons professionnelles au plateau. Je salue monsieur le doyen, monsieur Salaj.
00:14:55 Bonjour, je crois que ce problème, il a un petit peu trop duré dans la mesure où les revendications des étudiants trouvent quelque chose de valable, on a certaines revendications qui ont été formulées depuis longtemps, et puis il y a une réponse.
00:15:21 Maintenant, on a une réponse, monsieur le doyen, il a donné un petit peu toutes les explications, toutes les assurances, et puis ce bras de fer reste un petit peu incompréhensible dans la mesure où dans toute lutte syndicale,
00:15:41 dans toutes les revendications, on ne se rend pas entièrement positif, c'est-à-dire qu'il va y avoir un écho favorable, on prend ce qu'on nous propose et puis on continue toujours comme on y est, le dossier restera toujours ouvert.
00:16:01 Nous vivons actuellement dans une période de réforme au niveau du système de santé, ce problème ne date pas d'aujourd'hui, il a toujours existé, monsieur le doyen, il a toujours parlé un petit peu de son cursus, comment il a évolué.
00:16:17 Moi, je rappelle que je suis maintenant en pré-retraite, et dans une promotion en 1975, c'était l'ouverture de la faculté de médecine de Casablanca, à la première année, on était 1 400 étudiants.
00:16:34 C'était la même chose à Rabat, parce qu'il y avait un manque de médecins, il fallait former. Et à la faculté de médecine à l'époque, il y avait 4 professeurs titulaires.
00:16:45 Ceci n'a pas empêché que les gens ont fait des efforts de la part de l'administration, de la part des enseignants et puis de la part des étudiants, ce qui a donné les médecins qui exercent actuellement,
00:17:01 ou qui ont formé les plus jeunes, et qui a permis au Maroc de résoudre ce déficit qui était abeyssal au niveau du manque des professeurs de la santé.
00:17:15 Donc moi, sur ce côté-là, je crois que, qu'est-ce qu'on fait après ? Maintenant, on arrête les cours, on a la menace d'une année blanche.
00:17:26 Moi, j'ai vécu dans les années 80 l'année blanche à Casablanca et ça nous a coûté très très cher au niveau des étudiants.
00:17:34 Tout le monde s'en rappelle, c'est-à-dire les gens de ma génération qui ont vécu cette année blanche.
00:17:39 C'est une catastrophe sur le plan psychologique, sur le plan des penses, sur le plan aussi des problèmes qui ont été générés au sein des familles,
00:17:48 parce que les familles, c'est eux qui soutenaient leurs enfants et les étudiants, parce que les moyens à l'époque, ils n'étaient pas énormes,
00:17:58 c'était à la charge des familles, malgré la bourse qui était là. Mais cette année, le risque d'une année blanche, il est là,
00:18:06 et je crois qu'il va falloir un petit peu revenir, prendre ce qu'on a entre les mains maintenant, et puis recommencer le combat pour défendre le projet.
00:18:19 D'autant plus que, quant à la problématique au niveau de la durée des études, je crois que ça a été expliqué par M. Le Doyen dans tous les pays du monde,
00:18:31 c'est à peu près 6 ans, ça diffère un petit peu d'un pays à l'autre, et puis dans le système ancien, c'est-à-dire les 7 ans,
00:18:38 quand on avait les 7 ans, c'était 7, mais au bout de la 8e année, qu'on soutenait notre thèse, parce qu'à la 7e année, il fallait passer les cliniques,
00:18:51 et au bout de la 8e année, c'était finalement 8 ans. Donc ce délai qui était important, cette durée des études qui était longue,
00:19:01 et avec toutes ces problématiques, maintenant on revient à 6 ans, tous les pays européens sont à 6 ans, et je crois que c'est assez raisonnable à ce niveau-là.
00:19:15 Et puis, vous avez parlé de souveraineté, quel projet de médecine pour nous demain ? C'est un projet sociétal qui transcende un petit peu tout le monde.
00:19:26 Qu'est-ce que nous voulons comme médecine de demain, comme profil de médecin de demain ? C'est la société marocaine qui le détermine à travers les gouvernements,
00:19:35 à travers les responsables, à travers les lois qui sont votées au niveau du Parlement, et puis au niveau du Parlement, il y a tous les partis politiques,
00:19:42 toutes les sensibilités syndicales, et c'est eux qui déterminent un petit peu quel projet, quel mode d'exercice qu'on doit exercer au niveau du Maroc.
00:19:52 Sans vous parler du serment d'Hippocrate, c'est d'abord penser aux autres avant de penser à soi.
00:19:56 Exactement. Je crois qu'il y a des termes qui sont connus. Alors, pour moi, la médecine, c'est un sacerdoce,
00:20:07 c'est une notion qui rappelle la théologie chrétienne, mais c'est un engagement, c'est un engagement pour un service aux patients,
00:20:18 et puis il y a l'abnégation et l'altruisme. Tous ces grands principes doivent être présents à l'esprit quant à la problématique et quant à la morale
00:20:31 qui doit animer chaque médecin et chaque professionnel de la santé.
00:20:35 Professeur Salah Jandal, aussi, abnégation, sacerdoce, il a utilisé le mot, c'est vraiment des éléments qui prévalent pour les futurs médecins,
00:20:50 en tout cas qui doivent prévaler, et ça semble un peu moins être le cas aujourd'hui.
00:20:55 Écoutez, je n'oserais pas dire ça, moi je fais confiance aux étudiants, j'ose quand même persister à croire que nos étudiants ont de la bonne foi.
00:21:06 Ils ont surtout, en plus de ça, un peu d'impulsivité de jeunesse qui fait qu'on n'arrive pas à voir clair cette abnégation chez eux, mais elle existe.
00:21:19 Par rapport à ça, c'est vrai qu'on ne va pas leur demander d'être dans l'abnégation totalement jusqu'au bout, d'ailleurs c'est pour ça qu'il y a beaucoup d'avantages qui ont été donnés,
00:21:31 mais ce qu'on leur demande c'est tout simplement, nous on donne des choses, l'État donne des choses, mais en même temps, cette fibre d'abnégation et d'altruisme doit se faire sentir.
00:21:41 On n'arrive pas pour le moment à la voir clairement, et moi je les appelle à la faire sortir. Elle est là, et elle doit sortir. On attend, on attend toujours.
00:21:51 Est-ce que ce sont les politiques étrangères et particulièrement européennes qui finalement mettent des bâtons dans les roues du système marocain ?
00:21:59 Alors comme j'ai dit, le Maroc c'est un grand pays, c'est un pays souverain. Il prend ses décisions lui-même, en fonction de son diagnostic porté sur sa situation,
00:22:11 et pour former ses médecins et soigner ses citoyens marocains. Quand on monte un cursus, on ne part pas chercher l'accréditation chez les autres.
00:22:22 On part chercher l'efficience et l'accréditation chez nous. Et donc, avec tout le respect qu'on doit porter pour les autres pays tiers,
00:22:34 ils ont le droit de faire ce qu'ils veulent, mais nous, en tant que pays souverain, on prend nos décisions,
00:22:41 et pourvu que ces décisions soient bonnes, et sages, et courageuses, et efficientes, on les prendra de manière souveraine, et il n'y a pas de souci.
00:22:50 Professeur Boutawakil, est-ce que vous pensez que les étudiants en médecine, ou en tout cas certains, ont un peu trop écouté les sirènes extérieures ?
00:22:58 Je crois que peut-être pas. Pas à ce niveau-là, mais je crois qu'il y a des problèmes qui sont réels quant aux problèmes posés par la massification des étudiants,
00:23:12 les terrains de sages, tout ceci, c'est des problèmes qui sont réels, qui ne datent pas d'aujourd'hui.
00:23:20 Et puis, on a aussi l'ébauche d'un espoir que ça va être réglé dans le cadre de cette réforme, que va connaître un petit peu le système sanitaire au Maroc,
00:23:29 dans la mesure où on aura les terrains de sages qui sont élargis, qui ne vont plus se concentrer uniquement sur le CHU, le centre hospitalier universitaire,
00:23:40 mais ça va être ouvert vers des hôpitaux jusque-là qui n'étaient pas des terrains de sages pour les étudiants.
00:23:47 Et puis, il y a aussi des mesures d'accompagnement quant à l'encadrement pédagogique avec des maîtres de sages, certainement,
00:23:58 avec les groupements sanitaires territoriaux qui vont être, qui vont, la loi leur donne la fonction de formation et d'encadrement des étudiants et des internes et des résidents.
00:24:16 Et je crois que c'est un programme national assez large à ce niveau-là.
00:24:21 Alors maintenant, par rapport à ce qui se passe au niveau de l'étranger depuis la crise sanitaire de la COVID,
00:24:31 on sait que les besoins en soignant médecins et non médecins, ils sont énormes à travers tous les pays.
00:24:39 Mais je crois que l'attractivité de notre pays doit être travaillée au niveau national.
00:24:48 Et je crois que c'est le chantier actuel qui est en cours qui va faire que, finalement, même s'il y a des gens, il va y avoir toujours des gens qui vont partir à l'étranger,
00:24:58 mais la majorité va rester comme auparavant, va rester au niveau du territoire national.
00:25:04 Et je crois que nos étudiants à ce niveau-là, ils ont des angoisses, c'est légitime, mais ces angoisses-là doivent être un petit peu tempérées.
00:25:14 Et moi, ce que je souhaiterais, c'est que les structures institutionnelles, académiques, quand je parle au niveau des facultés de médecine,
00:25:25 les conseils de fac, les conseils des étudiants, doivent être assez opérationnelles pour permettre de faire de cette médiation sociale
00:25:33 pour aussi faire un travail pédagogique, d'expliquer les choses et puis de calmer les angoisses des uns et des autres.
00:25:41 Le but de la réforme, c'est de combler le manque de professionnels de santé. Pour vous, cette réforme est efficace pour ça ?
00:25:48 Écoutez, on espère que parmi les défis nouveaux qui se posent au Maroc, c'est comment rattraper le retard.
00:26:00 Et on sait qu'on avait un retard énorme à ce niveau-là en matière de personnels soignants, au niveau des infirmières, au niveau des personnels techniques et au niveau des médecins.
00:26:10 Ça, on le sait. Et puis, il y a déjà, dans le passé, quand il y avait le gouvernement d'alternance, il y avait une étude qui a été faite, pilotée par l'OMS,
00:26:21 qui avait conclu qu'on devrait augmenter le nombre de médecins au niveau du Maroc, augmenter le nombre d'institutions de facultés de médecine à travers le territoire marocain,
00:26:36 qu'ils soient publics ou privés. Et puis, on a eu, sous le gouvernement de Dristo, on avait cette initiative de former de 3 300 médecins par an pour combler le vide.
00:26:50 Mais on a vécu aussi les difficultés qu'ont connues un petit peu les pays étrangers en matière d'encadrement médical lors de ces grandes crises qu'on a connues.
00:27:01 Et maintenant, il va falloir encore former plus de médecins pour le Maroc parce qu'on a des chantiers nationaux, c'est-à-dire le chantier de la couverture médicale,
00:27:12 favoriser l'accès aux soins à toute la majorité de la population et puis rattraper le retard au niveau territorial, c'est-à-dire qu'au niveau des zones reculées,
00:27:24 ce qu'on appelle là où il y a les déserts médicaux, il y a beaucoup de régions qui n'arrivent pas à avoir suffisamment de médecins ou de personnels soignés ou qualifiés.
00:27:35 Professeur Antalossi, ça ne s'arrête pas aux médecins. C'est vraiment toute la profession médicale qui est concernée par cette réforme et par ce manque qu'il faut combler.
00:27:46 On parlait il y a un instant des infirmiers, des infirmières, etc.
00:27:51 Tout à fait. Mais moi, je vais rebondir quand même sur ce qu'a dit le professeur Moutsawkil,
00:27:56 parce que la faculté de médecine forme des médecins et des pharmaciens.
00:28:01 Cette histoire de massification qui a été perçue comme étant une décision, une mesure arbitraire et réfléchie, unilatérale, non accompagnée par des mesures,
00:28:11 je vais dire tout simplement que c'est faux. Je vais vous retracer rapidement la méthodologie du ministère qui montre qu'on n'a pas juste voulu faire plus, mais plus et mieux.
00:28:24 Former plus de médecins et former de meilleurs médecins.
00:28:29 Moi, de ma position de doyen, j'ai été, comme mes collègues, sollicité par le ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l'innovation.
00:28:40 Dans le sens de répondre à la question "quel est votre état des lieux locales, au niveau des facultés, au niveau des CHU, au niveau des terrains de stages potentiels ?".
00:28:50 La question était importante et pragmatique, parce que c'est de là que débouchait la capacité d'accueil maximale, qu'on ne pouvait pas dépasser.
00:29:00 C'est-à-dire que le ministère, déjà, de prime abord, n'est pas venu nous imposer des quotas ou des...
00:29:07 - Ou d'augmenter les effectifs, c'est pas ça l'objectif.
00:29:10 - Voilà, il n'a pas distribué comme ça, de manière arbitraire, "vous, vous allez, Oujda va prendre 200, Rabat va prendre 400", des choses comme ça.
00:29:16 Ça, c'est pas passé de cette manière. Donc, on est parti tranquillement et soigneusement faire l'état des lieux.
00:29:23 Et c'est nous qui avions fait le retour à notre ministère pour dire que voilà dont on dispose, voilà dont on a besoin et voilà ce qu'on peut augmenter comme effectif.
00:29:35 Et je peux vous dire que le ministère n'a pas rajouté un siège de plus par rapport à ce qu'on a demandé.
00:29:39 Donc déjà, ce qu'on a demandé, ça n'a pas été basé sur rien du tout, ça a été basé sur un état des lieux.
00:29:45 Et le ministère n'a pas fait, justement, cette pression de forcer...
00:29:49 - Il n'a pas fait de pression, mais il n'y a pas eu de pression pour augmenter le nombre d'étudiants.
00:29:53 - Mieux que ça, le ministère, il a mis à notre disposition les moyens matériels et humains nécessaires à l'horizon 2030,
00:30:00 en fonction d'un contrat-programme qui a été établi dans ce sens, et avec un suivi rapproché, un budget fléché, des postes budgétaires fléchés à ce sujet, un suivi de cette démarche.
00:30:14 Et donc, tout simplement, c'est une massification qui est là, mais c'est une massification qui est réfléchie, qui est nécessaire pour le pays...
00:30:22 - Contrôlée.
00:30:23 - Et qui est une occasion en or pour retaper, requalifier nos facultés.
00:30:28 Moi, je suis doyen de la faculté de médecine pharmacie d'Oujda, je peux vous dire qu'on a jubilé, on était content d'avoir autant de budget, d'avoir autant de postes,
00:30:38 parce que ça nous a permis, tout simplement, de métamorphoser nos facultés.
00:30:44 Pour l'histoire, la faculté d'Oujda, par exemple, a commencé en 2008. Elle a commencé avec des promotions de 140-150 étudiants.
00:30:51 Moi, quand je suis venu au décanat en 2021, je pense, on était déjà 400 étudiants.
00:30:59 Et quand on regarde les budgets qui ont été alloués de 2008 à 2021, il n'y avait pas un centime de plus.
00:31:07 C'est-à-dire, on augmentait les effectifs sans augmenter les budgets.
00:31:10 - Oui, donc c'était l'approbation de l'université.
00:31:13 C'est-à-dire que c'est la première fois dans l'histoire des facultés de médecine qu'il y ait un contrat-programme comme ça,
00:31:18 et qui associe ou qui assortit l'augmentation d'une qualification sur le plan des locaux, sur le plan des moyens et sur le plan de l'accompagnement.
00:31:30 Et c'est une occasion à ne pas rater par nous et par nos étudiants.
00:31:34 C'est pour ça que je les appelle à ne pas considérer cette massification comme étant un pas qui n'est pas bon.
00:31:39 C'est vraiment un pas qui est très bon pour le pays.
00:31:41 - Professeur Moutawakil, ce n'est pas ce que vous avez connu quand vous étiez étudiant.
00:31:45 Est-ce que c'est une vraie chance qui est offerte aux étudiants marocains, là, aujourd'hui ?
00:31:51 - Moi, je suis profondément... J'y crois.
00:31:56 Parce que, bon, on ne va pas revenir en arrière ce qu'on a connu, nous,
00:32:01 mais le Maroc, actuellement, connaît un essor important en matière d'infrastructures et de possibilités de formation qui n'existaient pas avant.
00:32:15 Donc, il y a... Et puis, moi, j'ai un petit peu circulé un petit peu dans le monde,
00:32:22 et puis j'ai vu, quand j'étais enseignant à la faculté de médecine, donc on avait des missions,
00:32:28 et on a vu un petit peu ce qui se passait ailleurs.
00:32:31 Non, je crois qu'en matière de formation, M. le doyen parlait de la faculté de médecine de Oujda,
00:32:39 et il se trouve que j'étais mandaté pour mener une mission dans cette faculté,
00:32:44 donc j'ai des rapports affectifs assez importants avec cette faculté de médecine.
00:32:50 Maintenant, on parle de faculté de médecine à Erashidia, à Goulmim,
00:32:56 j'ai visité la faculté de médecine de la Rione, et puis...
00:33:00 - Mnim-Lel ?
00:33:01 - Oui, oui, actuellement, Mnim-Lel, on a fait des séminaires il y a deux mois avec des scientifiques à Mnim-Lel.
00:33:11 Je crois que ce qui se passe actuellement en termes d'infrastructures et en termes de possibilités de formation,
00:33:18 et puis cette réforme qui sera opérationnelle dans les mois à venir,
00:33:24 qui va permettre un petit peu d'élargir le champ pour faire des formations qui sont de qualité,
00:33:33 d'autant plus qu'on sait qu'on a les encadrants,
00:33:37 et puis il y a aussi tout ce que apportent les nouvelles technologies, l'intelligence artificielle,
00:33:45 la simulation, donc toutes les facultés de médecine sont équipées à ce niveau-là,
00:33:52 et la télémédecine, c'est-à-dire que pour quelqu'un qui est en train de faire son stage dans un hôpital à 15 ou à 20 km,
00:34:00 il peut être branché, si je peux employer le terme, et voir ce qui se passe dans un centre de référence.
00:34:09 Je crois qu'à ce niveau-là, il y a plus de possibilités, et puis on a le droit aussi,
00:34:14 on a l'accès à tous les moteurs de recherche pour faire une recherche,
00:34:21 pour travailler sur un sujet quelconque, pour faire synthèse,
00:34:24 et puis les possibilités sont énormes à ce niveau-là.
00:34:28 Je crois que cette angoisse manifestée par les étudiants, un petit peu exacerbée,
00:34:35 je crois qu'elle doit laisser la place à la raison,
00:34:40 je crois que nous n'avons pas le droit d'aller vers une année blanche,
00:34:45 nous n'avons pas le droit d'aller vers un bras de fer qui serait suicidaire,
00:34:52 et je crois que le dossier, toutes les réformes, chaque année on a une réforme,
00:35:01 et puis au cours de l'exercice apparaissent certains points d'imperfection,
00:35:06 et puis on a la possibilité aussi de rattraper toujours le retard,
00:35:09 et puis je crois qu'il faut avoir cette notion importante,
00:35:14 la joie d'exercer aussi, et l'espoir, et l'espoir, l'espoir de servir,
00:35:19 et de servir qui ? De servir le patient en premier,
00:35:23 qui est notre partenaire, qui est notre raison d'être,
00:35:26 et puis servir aussi notre pays.
00:35:29 Lorsque les étudiants boycottent les cours d'une part, les stages aussi,
00:35:35 les examens, c'est à vous M. Levoyer que je pose la question,
00:35:39 qu'ils aient zéro, c'est logique ?
00:35:43 Oui, c'est logique, et d'ailleurs...
00:35:47 Parce qu'ils protestent contre ça, parce que ça les contrarie,
00:35:51 qu'on soit disant, on ne les écoute pas dans leurs revendications,
00:35:56 et qu'en même temps on leur donne des notes pénalisantes,
00:36:00 lorsqu'ils organisent la protestation.
00:36:04 Oui, mais on va quand même refaire très très rapidement l'histoire.
00:36:08 Nos étudiants, on s'est réunis avec eux pendant des heures et des heures,
00:36:14 des jours et des jours, je dirais même des mois et des mois.
00:36:18 Il y a eu dans un premier temps un boycott,
00:36:22 et d'ailleurs le boycott comme premier pas n'est pas, M. Kouké l'a dit,
00:36:28 même comme travail syndical n'est pas très bien,
00:36:32 n'est pas très intelligent comme pas,
00:36:34 parce que tu te fais plus de la pression sur toi même que sur l'autre,
00:36:38 quand tu fais un boycott comme ça.
00:36:40 Et donc automatiquement la discussion et le dialogue a été biaisé par cette pression
00:36:45 constituée par le boycott,
00:36:50 mais malgré ça, ce qu'on avait dit, ce que le ministère a dit,
00:36:53 voilà, on va discuter avec eux,
00:36:55 et puis on va tout simplement reporter la session,
00:36:58 ça, ça s'est passé en janvier,
00:37:00 on va reporter la session pour la sauver,
00:37:02 pour ne pas leur faire perdre une session ordinaire,
00:37:06 tout en continuant à discuter.
00:37:09 On a continué à discuter,
00:37:12 et il y a eu des mesures qui ont été prises de manière concrète,
00:37:18 et malgré ces mesures,
00:37:21 nos chers étudiants sont restés compets sur leur position,
00:37:25 et à un moment donné, le retard est grand au niveau de l'année,
00:37:29 et il est juste impossible de continuer à reporter,
00:37:32 parce que ça revenait à être dans l'année blanche.
00:37:36 Et donc il fallait absolument reprogrammer les examens,
00:37:39 et c'est une session ordinaire,
00:37:41 on a appelé nos étudiants à continuer bien sûr à dialoguer,
00:37:43 tout en passant leurs examens.
00:37:45 C'est-à-dire qu'on ne peut pas conditionner une reprise des évaluations et des études
00:37:49 par l'obtention de tout ce qu'on veut de manière binaire.
00:37:54 - Pas question de délivrer des diplômes in fine qui ne sont pas des vrais diplômes de médecine ?
00:37:59 - Naturellement, et donc on a reprogrammé la session ordinaire,
00:38:03 et ces sessions ordinaires, tous les étudiants sont programmés dans ces sessions ordinaires,
00:38:07 ils n'avaient qu'à assister,
00:38:09 maintenant qu'ils n'ont pas assisté, comme c'est une session ordinaire,
00:38:12 et bien naturellement la loi s'applique,
00:38:14 et quand la loi s'applique, un étudiant qui ne se présente pas,
00:38:17 il rase sa session ordinaire, il passe au rattrapage.
00:38:19 - Professeur Moutawakele, logique pour vous aussi ?
00:38:22 - Oui, je crois que ça ne souffre d'aucune contestation à ce niveau-là,
00:38:29 je crois que ce n'est pas un moyen de pression,
00:38:34 mais c'est logique, on n'a pas acquis les connaissances de cette matière,
00:38:42 parce qu'on n'a pas été présents pour des raisons tout à fait...
00:38:48 qui peuvent s'expliquer dans un cadre, mais à un certain moment,
00:38:52 si on ne passe pas l'examen, c'est zéro.
00:38:58 - Oui, c'est logique.
00:38:59 - C'est logique, oui.
00:39:00 - Même si ça peut affecter tout un cursus étudiant.
00:39:05 - Écoutez, je crois qu'on doit revenir à la table de négociation,
00:39:12 je crois que les étudiants doivent encore reprendre les choses
00:39:20 avec les autorités académiques au niveau de la Faculté de médecine,
00:39:24 et puis reprendre les cours, et essayer d'épurer le retard,
00:39:33 et puis de rattraper le retard, et d'upérer le passif,
00:39:37 et d'aller vers le devant pour éviter qu'on va se retrouver à la fin de l'année,
00:39:42 les matières n'ont pas été renseignées,
00:39:45 la présence au niveau des examens n'a pas été faite,
00:39:50 et puis on va se retrouver avec une année perdue,
00:39:56 et une année perdue, c'est à la charge du contribuable,
00:40:00 c'est à la charge des parents aussi, c'est déjà des études longues,
00:40:05 et on va ajouter encore une année perdue,
00:40:08 et puis l'impact psychologique est énorme à ce niveau-là.
00:40:13 Moi, j'ai vécu cette année blanche, ça a été une catastrophe.
00:40:16 - Vous nous l'aviez rappelé, effectivement, dans les années 80.
00:40:19 Merci, en tout cas, professeur Boutawakil, je rappelle que vous êtes professeur,
00:40:23 donc, en réanimation, membre du comité technique et scientifique,
00:40:27 merci d'avoir été en ligne avec nous pour nous apporter votre éclairage.
00:40:31 On se retrouve juste dans un instant avec vous, professeur Salah Jantalouzi,
00:40:37 qui est doyenne de la faculté de médecine et de pharmacie de Oujda,
00:40:41 pour continuer à parler de cette colère des étudiants,
00:40:45 et nous serons en ligne avec un des étudiants,
00:40:48 membre du bureau des étudiants en médecine,
00:40:52 de Rabat, membre de la commission nationale des étudiants en médecine,
00:40:55 il nous dira quelles sont les revendications, on essaiera un petit peu de comprendre.
00:40:59 On se retrouve, nous, juste dans un instant, juste après les infos.
00:41:02 La colère des étudiants en médecine qui ne retombe pas,
00:41:05 ils boycottent, rappelons-le, les cours, les stages, les examens,
00:41:09 pour manifester leur rejet de la réforme de leur cursus,
00:41:12 et particulièrement la réduction de leur durée d'études,
00:41:16 qui passe de 7 à 6 ans, selon eux, cette réforme privilégie la quantité à la qualité.
00:41:22 Pour en parler, je suis toujours avec le professeur Khaled Salah Jantalouzi,
00:41:26 vous êtes douéen de la faculté de médecine et de pharmacie d'Oujda,
00:41:30 merci d'être avec moi dans ce studio, et nous sommes en ligne avec Yasser Delkaoui,
00:41:35 vous êtes président du bureau des étudiants en médecine de Rabat,
00:41:39 membre de la commission nationale des étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie,
00:41:43 merci d'avoir accepté l'invitation d'Atlantique Midi pour parler de vos revendications,
00:41:49 vos revendications qui, il faut le dire, ne sont pas très très claires,
00:41:54 c'est-à-dire que ni les doyens de faculté de médecine, ni le ministère de tutelle,
00:42:00 ne semblent véritablement comprendre ce que vous voulez.
00:42:04 Effectivement déjà, bonjour, je tiens d'abord à vous remercier de m'avoir invité,
00:42:08 je salue tout le monde sur le plateau, notamment professeur Salah et tous nos doyens qui suivent notre programme de très très près,
00:42:14 bonjour professeur Salah, qui essaye de trouver une solution de façon active,
00:42:19 alors avant de parler de nos revendications, moi j'aimerais souligner quelques petites remarques,
00:42:23 parce que j'ai suivi la discussion depuis tout à l'heure,
00:42:25 d'abord et avant tout, je tiens à rappeler qu'au sein de la commission nationale des étudiants en médecine,
00:42:29 médecine dentaire et pharmacie, nous ne sommes que des porte-parole des étudiants marocains,
00:42:33 des trois filières, notamment des deux filières qui sont en beaucoup trop ouverts,
00:42:36 nous ne faisons que porter leur voix et leurs revendications,
00:42:38 nous n'avons pas un droit de procuration pour pouvoir accepter ou refuser quelques propositions,
00:42:43 pour accepter ou refuser, nous devons revenir aux assemblées générales,
00:42:48 où on vote avec les étudiants,
00:42:50 ce boycott ouvert a été voté à plus de 91% avec un taux de participation de plus de 93% à l'échelle nationale,
00:42:58 donc c'est bien de remettre ces chiffres-là et de les rappeler,
00:43:03 pour dire que si nos revendications ne sont pas claires au ministère tutelle, c'est qu'il y a un problème,
00:43:10 nous avons un dossier revendicatif qui est clair, net, précis, qui ne date pas d'hier,
00:43:14 c'est clairement ce qui est dit, nous ne comprenons pas déjà où se situe le rapport de nos revendications
00:43:20 avec un quelconque blocage, nous n'avons jamais refusé une quelconque réforme des études médicales,
00:43:26 il y a quelques décisions au sein de la réforme que nous refusons,
00:43:30 que nous refutons pour des raisons x, y, z, que nous allons citer via un argumentaire,
00:43:35 mais il est d'abord primordial de mettre le point sur ces points-là,
00:43:42 donc concernant les revendications, nous les résumons en 4 axes,
00:43:46 nous avons un dossier revendicatif qui est fait de 51 points, nous les résumons en 4 grands axes,
00:43:51 le premier axe est le refus de la réduction des années d'études de 7 à 6 ans,
00:43:55 pour plusieurs raisons que nous aurons la possibilité de détailler par la suite,
00:43:59 le deuxième grand axe est les conditions de formation pratiques et théoriques,
00:44:03 et tout ce qui va avec, concernant l'augmentation anarchique des effectifs,
00:44:07 la surcharge, l'élargissement des terrains de stage,
00:44:10 le troisième axe c'est le troisième cycle de la nouvelle réforme que nous attendons depuis 2015,
00:44:15 et le quatrième grand axe c'est les rémunérations, donc est-ce qu'on détaille axe par axe ?
00:44:20 Bien sûr, bien sûr, alors on va commencer par le début, le refus de passer de 7 à 6 ans,
00:44:25 on a entendu tout à l'heure le professeur Salah Andaloussi nous expliquer que,
00:44:31 actuellement la 7ème année ne sert à rien, que c'est une 6ème année light,
00:44:35 et une 7ème année qui ne sert à rien,
00:44:38 et l'idée de cette réforme c'est de densifier la 6ème année,
00:44:42 de façon à lui donner une véritable opportunité de devenir une année charnière,
00:44:49 de façon à ce qu'il y ait une formation qui soit adéquate,
00:44:53 et qui soit suffisamment importante pour qu'elle soit autant qualitative,
00:45:00 pour les futurs médecins que vous êtes.
00:45:04 Qu'est-ce que vous lui reprochez vous à ces 6 ans ?
00:45:07 Quand on parle d'une réduction d'année, quand on note une 7ème année,
00:45:13 on perd plus de 1600 heures de stage non récupérables,
00:45:16 lors d'une année qui est cruciale lors de notre parcours d'étudiant en médecine,
00:45:19 étant donné que c'est une 7ème année, contrairement à ce qui se dit,
00:45:23 suivant les expériences personnelles de quelques personnes,
00:45:27 on dit que c'est une année qui ne sert à rien,
00:45:29 mais en vrai la 7ème année est une année de synthèse, de consolidation des acquis,
00:45:32 des acquis théoriques et pratiques durant les 6 années de formation,
00:45:35 et en présence de conditions favorables que l'on demande,
00:45:38 parce que si aujourd'hui on dit que la 7ème année est effrayante,
00:45:40 pourquoi l'ôter ? Pourquoi ne pas juste l'améliorer ?
00:45:43 Et en présence de ces conditions favorables, la formation clinique,
00:45:46 qui va être axée sur la prise en charge directe des malades,
00:45:49 va permettre à cet étudiant de 7ème année,
00:45:52 non seulement d'améliorer son contact avec le patient,
00:45:54 mais aussi d'affiner ses aptitudes de raisonnement, de synthèse...
00:45:58 Mais est-ce que vous comprenez aussi que le pays a besoin de médecins ?
00:46:02 Oui, on comprend parfaitement que le pays a besoin de médecins,
00:46:05 puisqu'il y a ce problème, pourquoi on fait ce parallélisme
00:46:08 entre l'État, le pays et les étudiants en médecine,
00:46:10 comme si nous ne faisions pas partie de ce pays ?
00:46:12 Si l'État souffre d'un problème, nous souffrons du même problème,
00:46:14 je ne vois pas pourquoi il y a ce parallélisme-là.
00:46:17 Si l'État souffre d'un problème, c'est que les étudiants aussi souffrent de ce problème.
00:46:21 Ce qu'on dit, nous, c'est que la solution à ce problème
00:46:23 n'est pas la réduction des années d'études.
00:46:25 Et lors de notre dernière réunion ministérielle,
00:46:27 avec les représentants des deux ministères tutelles,
00:46:30 nous, nous sommes arrivés à la conclusion que ce n'est pas
00:46:32 cette réduction des années d'études qui allait combler ce manque de médecins,
00:46:36 c'est plutôt l'augmentation des effectifs,
00:46:38 mais pas... parce que si on réduit les années d'études,
00:46:41 qu'est-ce qu'on gagne concrètement ?
00:46:42 On ne gagne qu'une seule année, c'est l'année bonus
00:46:44 où il y aura les promotions de 7 ans et la promotion de 6 ans,
00:46:47 on aura des lauréats en même temps.
00:46:50 C'est la seule année, c'est ce qu'on appelle l'année bonus,
00:46:52 c'est la seule année qu'on aura pour, plus ou moins, combler ce manque.
00:46:55 Concrètement, pour combler ce manque,
00:46:57 c'est par l'augmentation des effectifs lors de la première année.
00:47:00 Donc il faut arrêter de mettre ce parallélisme entre l'État
00:47:04 et les problèmes auxquels fait face le Maroc,
00:47:08 et les étudiants, comme si ces étudiants n'étaient pas marocains,
00:47:11 comme si ces étudiants ne voulaient pas participer à l'amélioration de l'état des lieux.
00:47:16 Quand vous dites que vous perdez 1 600 heures de stage,
00:47:19 je l'ai noté pendant la 7e année,
00:47:23 on disait jusqu'ici que le stage de 7e année était mal encadré,
00:47:29 que c'était compliqué dans les différents CHU,
00:47:33 et qu'en plus c'était limité aux CHU.
00:47:35 Là, on dit 6 ans, pendant la 6e année,
00:47:39 il y aura des stages qui sont davantage encadrés,
00:47:41 qui seront davantage élargis,
00:47:42 et même s'il y a une augmentation d'effectifs,
00:47:44 il y aura un encadrement suffisant de façon à ce que chacun puisse y trouver son compte.
00:47:49 Avec ça non plus, vous n'êtes pas d'accord ?
00:47:51 Non, je ne sais pas si on n'est pas d'accord,
00:47:53 mais je vais vous expliquer, c'est très simple.
00:47:55 On dit que la 7e année est mal encadrée,
00:47:57 parce qu'on n'a pas du CHU saturé au niveau des CHR ou des CHP.
00:48:01 Heureusement, grâce à la réforme du nouveau modèle de santé,
00:48:05 il n'y aura plus de CHP ou de CHR,
00:48:06 il n'y aura que des unités CHU grâce au groupe Montagnier interterritorial,
00:48:10 où il nous a été promis qu'au niveau des CHP et des CHR,
00:48:14 ce sera des unités CHU,
00:48:16 avec un encadrement, avec des profs,
00:48:18 avec des résidents au sein de Curseus,
00:48:20 avant d'y envoyer les étudiants.
00:48:21 Donc cet étudiant-là, qui en 7e année était mal encadré au niveau des CHP et des CHR,
00:48:27 on est en train de lui dire qu'il y aura une amélioration des états d'élus au niveau des CHP et des CHR,
00:48:32 pourquoi le priver d'une année où il sera encadré,
00:48:35 grâce notamment au GST, qui est plus ou moins une idée qu'on ne refute pas,
00:48:40 si elle nous aide au niveau de notre formation, pourquoi pas.
00:48:43 Donc grâce à cette réforme-là, grâce à cette nouvelle décision qui sera bientôt appliquée,
00:48:48 nous sommes en train de priver l'étudiant d'une année supplémentaire,
00:48:51 bien encadré, avec des conditions favorables,
00:48:54 et beaucoup mieux qu'elles n'étaient qu'avant.
00:48:57 L'arrêté date d'il y a un an et demi.
00:48:59 Ça fait trois mois que vous êtes dans cette situation de colère et de crise,
00:49:06 au sein des facultés de médecine, de pharmacie et dentaire.
00:49:12 Pourquoi maintenant ?
00:49:15 Vous l'avez dit par vous-même tout à l'heure,
00:49:18 nous n'avons pas commencé par un boycott ouvert, contrairement à ce qui se dit.
00:49:21 Il y a eu plusieurs communiqués au préalable depuis l'officialisation de la décision,
00:49:25 où nous avons exprimé à plusieurs reprises notre position dubitative face à la situation, face à la décision.
00:49:30 Mais une position dubitative, ce n'est pas une position d'opposition.
00:49:33 Oui, mais nous avons eu le temps d'attendre.
00:49:36 On a eu des réunions ministérielles avec les ministères tutelles,
00:49:40 mais nous n'avions pas refusé catégoriquement,
00:49:42 parce que nous étions dans l'attente de voir comment les choses se profileraient,
00:49:46 les mesures d'accompagnement, tout ce qui va avec.
00:49:49 Et par la suite, nous aussi on a eu le temps, les étudiants ont eu le temps,
00:49:52 de faire une sorte d'étude, de peser les pours et les contre de cette décision,
00:49:56 notamment la réduction des années d'études.
00:49:59 Et ils sont pris, ils ont pris le parti.
00:50:02 Et avant de nous lancer dans un boycott ouvert, il y a eu des grèves d'un jour, des grèves de deux jours,
00:50:07 des grèves plus ou moins pour tirer la fenêtre d'alarme,
00:50:11 pour dire que nous ne sommes pas d'accord avec cette décision.
00:50:15 Ce que l'a répondu les ministères tutelles à ces grèves-là, à ces grèves d'un jour, deux jours,
00:50:20 c'est le silence radio.
00:50:22 Comment vous expliquez, Yasser Delhawi, que les doyens d'universités, qui sont aussi des médecins,
00:50:30 les médecins qui sont en exercice, je pense au professeur Motawakil,
00:50:35 qui était tout à l'heure en direct avec nous aussi sur Sud-Atlantique Bidi,
00:50:39 comment vous expliquez que eux trouvent cette réforme sensée, cette réforme progressiste,
00:50:46 et que finalement elle n'obtient que des freins que du côté des étudiants ?
00:50:50 Comment on explique ça ? Il faut leur demander.
00:50:53 Moi ce que je pense, c'est que nous les étudiants, nous sommes les premiers,
00:50:56 et peut-être les seuls, encore connectés à la réalité de la formation médicale.
00:50:59 Et quand nous tirons la fenêtre d'alarme concernant notre qualité de formation théorique et pratique,
00:51:04 c'est qu'il y a un problème et c'est qu'il y a un risque.
00:51:06 Mais comment savez-vous que vous allez être mal formé dès lors que vous n'êtes pas encore médecin ?
00:51:10 Parce que nous vivons la formation, nous vivons les conditions de formation qui deviennent de plus en plus,
00:51:16 je ne vais pas dire critiques, mais qui commencent à plus ou moins être lésées,
00:51:21 à être biéries par ces décisions-là.
00:51:23 Quand nous retrouvons avec des entiers, plus de 1000 étudiants, avec des stages,
00:51:27 des services hospitaliers avec plus de 80 étudiants pour 10 patients, c'est qu'il y a un problème.
00:51:32 Vous êtes en quelle année, vous, personnellement ?
00:51:34 Je suis en 6ème année.
00:51:36 D'accord. Et donc vous, vous réclamez une année supplémentaire ?
00:51:39 Bah oui.
00:51:40 Sachant que une année universitaire pour un étudiant coûte entre 60 et 70 000 dirhams par étudiant à l'État.
00:51:47 Mais vous me proposez de devenir médecin et de toucher le 509, est-ce que ce n'est pas plus ?
00:51:52 Et de toucher, pardon ?
00:51:54 Et de toucher l'indice 509 et d'être payé comme un médecin généraliste, est-ce que ce n'est pas plus ?
00:51:58 Alors que nous demandons une année supplémentaire, une 7ème année supplémentaire,
00:52:01 ou la bourse ne serait que de 3 500.
00:52:04 Si nous voulons parler de chiffres.
00:52:06 Si nous étions pécuniers, nous ne sommes pas pécuniers, c'est par altruisme, par abnégation,
00:52:11 par dévouement, par amour et par passion qu'on a pour ce pays, qu'on a pour cette formation,
00:52:15 qu'on est en train de lutter, de persister dans notre mouvement.
00:52:18 Est-ce que vous pensez que ces étudiants en médecine,
00:52:21 qui ont longtemps été considérés comme la crème de la crème,
00:52:24 sont plus ou moins contents d'obtenir des zéros, parce qu'ils ont boycotté leurs examens ?
00:52:28 Alors justement, parlons-en du boycott des examens, parlons-en si vous le voulez bien.
00:52:32 Il y a celle d'être... Oui ?
00:52:34 Vous êtes en 6ème année. Les 6ème années ne boycottent pas,
00:52:38 particulièrement les cours, les stages et les examens.
00:52:41 Vous êtes d'accord avec moi ?
00:52:43 Ils ne boycottent pas.
00:52:44 Donc ce sont les autres, ceux qui sont dans les années avant,
00:52:48 qui sont incités à boycotter les cours, les stages et les examens,
00:52:53 qui vont obtenir zéro, qui eux vont avoir une année blanche.
00:52:56 Pas incité, pas incité, s'il vous plaît.
00:52:59 Il faut bien choisir les termes. Ils ne sont pas incités.
00:53:01 Ils votent et ils choisissent de leur plein gré.
00:53:03 Parce qu'aujourd'hui, moi je l'ai dit, c'est pour ça que j'ai commencé,
00:53:06 j'ai contextualisé, j'ai commencé mon intervention par ça.
00:53:09 Mais aujourd'hui, nous ne faisons que porter la voix des étudiants.
00:53:11 Ça d'une part, d'autre part, pourquoi ces étudiants en 1ère, 2ème, 3ème, 4ème, 5ème année
00:53:15 sont en train de boycotter, et pas les étudiants en 6ème et 7ème année ?
00:53:20 Tout simplement parce que les étudiants en 6ème et 7ème année
00:53:22 ne sont pas concernés par la nouvelle réforme.
00:53:24 La nouvelle réforme qui date de 2015,
00:53:26 ne concerne que les étudiants en 1ère, 2ème, 3ème, 4ème et 5ème année.
00:53:30 Mais encore, mais au-delà de ça,
00:53:31 aujourd'hui, si les étudiants en 6ème et 7ème année
00:53:34 n'ont toujours pas rejoint le mouvement,
00:53:36 c'est parce que nous, nous les représentants de l'ACNEMET,
00:53:39 nous sommes encore plus ou moins pas sûrs de vouloir prendre ces discussions
00:53:43 parce qu'on a cette pression de leur part.
00:53:45 Mais nous essayons plus ou moins de tamponner et de les calmer
00:53:48 pour ne pas bloquer les hôpitaux.
00:53:49 Parce que si les 6ème et les 7ème années aussi rejoignent le mouvement,
00:53:52 ce sera catastrophique.
00:53:54 Et non seulement, et ça ne paraît pas qu'aux étudiants en 6ème et 7ème année,
00:53:57 la Commission nationale des internes et des résidents
00:53:59 ont aussi un dossier revendicatif qu'ils ont présenté hier.
00:54:02 Donc si jamais tout le système de santé,
00:54:05 tous les étudiants de 1ère jusqu'aux résidents et aux internes
00:54:08 bloquent et font barrage, c'est qu'il y a un vrai problème.
00:54:11 Et nous ne voulons pas arriver à cette situation-là.
00:54:13 Nous ne voulons pas tomber dans ce bras de fer.
00:54:15 C'est pour ça que nous demandons à ce que les portes de la discussion se réouvrent
00:54:18 et qu'on trouve des solutions pratiques à table, qu'on discute.
00:54:21 Est-ce que vous ne pensez pas que c'est disproportionné ?
00:54:27 Non, ce n'est pas disproportionné.
00:54:30 Je ne pense pas que ce soit disproportionné.
00:54:32 Et les étudiants ne pensent pas que ce soit disproportionné.
00:54:34 Parce que le revendication, ça fait plus de 2 ans
00:54:38 qu'ils sont en train de se dire qu'il y a un problème,
00:54:40 qu'ils sont en train de tirer plusieurs fenêtres d'alarme,
00:54:44 mais pas qu'une seule.
00:54:45 Ils ont essayé par plusieurs moyens.
00:54:47 Nous, au cours des réunions ministérielles, nous avons plus ou moins dit
00:54:49 qu'il y a plusieurs fois qu'il y avait un problème.
00:54:52 Les étudiants n'étaient pas d'accord, n'étaient pas contents.
00:54:54 Attention, il faut faire attention.
00:54:56 Il faut prendre en considération les étudiants.
00:54:58 Oui, vous êtes nos professeurs et on vous respecte.
00:55:00 Vous avez plus ou moins plus d'expérience que nous,
00:55:03 mais il faut prendre en considération...
00:55:05 Quand tu es doyen de l'université, de la faculté de médecine et de pharmacie,
00:55:09 je pense particulièrement au professeur Saraj Andalousi,
00:55:13 qui est à côté de moi,
00:55:14 qui est doyen de la faculté de médecine et de pharmacie de Bouchedak,
00:55:17 qui dit que dans son université, il y a plus d'effectifs, certes,
00:55:21 mais il y a aussi plus de moyens, en termes financiers,
00:55:25 et en termes aussi de locaux,
00:55:28 en termes également d'enseignement,
00:55:30 il y a plus de moyens.
00:55:32 Quel est le problème, en fait ? Il n'y en a pas ?
00:55:34 Si il y a plus de moyens, nous demandons à aller voir sur le plan de trafic,
00:55:38 et le voir concrètement.
00:55:40 Alors, attendez, attendez, attendez.
00:55:43 Un instant, un instant, si vous voulez bien.
00:55:47 Professeur Saraj Andalousi, c'est ce que vous disiez à l'instant.
00:55:51 Vous avez davantage de moyens.
00:55:52 Oui, davantage de moyens,
00:55:54 et chaque doyen d'entre nous invite ses étudiants et tout le monde
00:55:58 à venir voir concrètement le concret.
00:56:01 C'est-à-dire que, deux meilleurs locaux, plus de locaux, plus de moyens,
00:56:05 plus de postes budgétaires, et...
00:56:08 Et tourner vers des nouvelles technologies.
00:56:10 Oui, c'est-à-dire que si les gens demandent du concret,
00:56:14 le concret y est, et...
00:56:17 On invite tous, tout le monde, à venir voir concrètement
00:56:22 ce qui se passe sur le terrain, qu'on ne reste pas un peu décalé,
00:56:25 parce que nous, on n'est pas décalé, comme a dit Esser,
00:56:28 on n'est pas décalé par rapport à la réalité des étudiants,
00:56:30 on est au cœur de la réalité des étudiants,
00:56:34 et ces moyens sont des faits,
00:56:37 c'est du factuel, c'est du concret.
00:56:40 Y a ça, David Elkhaoui, quand vous entendez ça,
00:56:43 c'est difficilement contestable ?
00:56:45 C'est difficilement contestable, mais nous demandons à aller voir,
00:56:47 et je ne dis pas ça que pour la faculté de OUKRA,
00:56:50 mais je parle à l'échelle nationale,
00:56:53 et quand on parle de concret, c'est où sont les terrains de stage,
00:56:56 où sont les anticapables d'accueillir des promos de 900 étudiants,
00:57:00 où sont les salles de TP avec des groupes de TP de 80 étudiants.
00:57:05 Et finalement...
00:57:08 On demande des amphis sans data show, des data show qui ne marchent pas.
00:57:12 C'est ce qu'on demande.
00:57:14 C'est le cas, professeur Salah Jantal aussi ?
00:57:17 Non, c'est pas le cas.
00:57:19 C'est juste pas le cas.
00:57:22 C'est juste pas le cas.
00:57:24 Je ne vais pas vous faire dialoguer tous les deux, mais...
00:57:26 Je préfère que Yasser termine.
00:57:28 Oui, bien sûr, terminons.
00:57:30 Quand votre ministère de tutelle, Yasser Al-Khawiy,
00:57:37 dénonce un certain nombre d'attitudes de la part de votre coordination,
00:57:43 et particulièrement la politisation de la question,
00:57:47 avec des soupçons d'un mouvement islamiste qui serait même derrière.
00:57:51 C'est très grave de dire ça,
00:57:53 parce qu'aujourd'hui notre dossier revendicatif ne touche à rien,
00:57:55 à part la qualité de la formation de l'étudiant en médecine,
00:57:57 mais l'étudiant en pharmacie, en maroc, en criant...
00:57:59 Est-ce que c'est pas votre jusqueboutisme qui commence un petit peu à agacer ?
00:58:04 Mais on parle pas de jusqueboutisme.
00:58:06 Je ne vois pas où est le jusqueboutisme.
00:58:08 Je ne vois que le rientisme.
00:58:09 On nous a rien proposé pour accepter ou refuser.
00:58:11 C'est ce qu'il faut comprendre.
00:58:13 Le PV d'accord qui a été proposé lors des premières réunions,
00:58:17 lorsque nous avons tout juste débuté le mouvement,
00:58:19 a été refusé à 99,9% à l'échelle nationale.
00:58:22 C'est pour dire que le PV qui nous a été proposé
00:58:25 n'était fait que de promesses, que de délais,
00:58:27 lorsque nous demandons des réponses concrètes à l'instant T.
00:58:30 Nous savons qu'il y a des points auxquels nous ne pouvons pas répondre à l'instant T,
00:58:34 parce que nous n'avons pas des baguettes magiques.
00:58:36 Et ça, nous en sommes conscients.
00:58:37 Mais aujourd'hui, moi je vous le dis, nous les étudiants,
00:58:39 nous sommes peut-être jeunes, nous sommes censés être impulsifs,
00:58:43 nous faisons preuve de beaucoup plus de calme,
00:58:46 de beaucoup plus de logique et de raisonnement
00:58:48 que les deux ministères tutelles,
00:58:50 qui ont l'impression de tomber dans la provocation,
00:58:52 dans une guerre d'égo.
00:58:53 Ils n'ont juste pas envie de perdre une guerre d'égo,
00:58:55 que nous ne considérons même pas comme une guerre, comme une bataille.
00:58:58 Sachant que cette réforme, elle est sur les rails,
00:59:02 sachant que cette réforme, elle, je l'ai dit tout à l'heure,
00:59:05 elle convient aux doyens des facultés dans tout le Royaume,
00:59:10 ça ne concerne pas que celle de Oujda.
00:59:14 Oui, bien sûr.
00:59:15 Pardon ?
00:59:16 Non, j'ai dit oui, bien sûr, à l'échelle nationale.
00:59:19 À l'échelle nationale, on est bien d'accord.
00:59:22 Lorsque vous, vous continuez votre boycott,
00:59:25 que vous appelez à des marches, à des sit-ins,
00:59:27 qu'on vous a proposé de nouvelles dates d'examen
00:59:30 pour éviter d'avoir la note zéro,
00:59:33 si vous ne vous présentez pas,
00:59:35 est-ce qu'il n'y a pas un effort qui est fait
00:59:38 de la part de votre ministère de tutelle vis-à-vis de vous ?
00:59:41 Le seul effort que l'on veut,
00:59:43 c'est des réponses pratiques
00:59:45 et des solutions pratiques à nos revendications.
00:59:48 C'est le seul effort que nous pouvons avoir
00:59:50 et que nous pouvons plus ou moins accepter.
00:59:53 Mais de prendre des… comment dire ?
00:59:57 De donner des solutions temporaires
00:59:59 juste pour calmer la situation
01:00:01 et retomber dans nos travers par la suite,
01:00:04 nous ne sommes pas intéressés.
01:00:05 Sinon, nous ne serons pas dans un boycott ouvert.
01:00:07 Aujourd'hui, nous demandons à réouvrir les portes du dialogue,
01:00:12 à repartir sur les bases que nous avons eues au début du mouvement,
01:00:17 c'est-à-dire des discussions, des réunions.
01:00:19 Lorsque nous avons tout juste débuté le mouvement,
01:00:21 c'était trois réunions, deux suives,
01:00:23 plus ou moins fructueuses.
01:00:25 Nous n'avons pas réussi à trouver une solution.
01:00:28 Est-ce que vous êtes ouvert au compromis ?
01:00:31 Ce n'est pas à moi de dire si je suis…
01:00:34 Quand je dis vous, c'est l'étudiant,
01:00:36 ce n'est pas vous personnellement.
01:00:38 Mais moi, je ne peux pas vous dire si je suis…
01:00:40 si moi, je ne peux pas me permettre
01:00:42 de me prononcer sur ce sujet à la place des étudiants.
01:00:46 Est-ce que ça ne rend pas difficile le dialogue
01:00:49 avec votre ministère de tutelle,
01:00:51 dès lors que vous êtes censé être un représentant
01:00:54 et que vous ne pouvez pas prendre la moindre initiative ?
01:00:57 Non, non, non.
01:00:58 C'est la plus grande preuve de démocratie.
01:01:00 C'est la démarche à laquelle nous optons
01:01:07 depuis la création de l'Acnémep.
01:01:10 Ça ne risque pas de changer.
01:01:11 Nous ne pouvons pas prendre des décisions à la place des étudiants.
01:01:13 Il ne s'agit pas de prendre des décisions,
01:01:14 mais il s'agit de prendre les devants, peut-être.
01:01:16 Non, non, non.
01:01:18 Vous voyez, nous ne prenons pas les devants.
01:01:20 Nous n'avons pas cette procuration.
01:01:22 Et on nous accuse de plus ou moins d'être les leaders de ce mouvement,
01:01:26 d'inciter les étudiants à bricoter.
01:01:28 Alors, je n'ose à peine imaginer
01:01:30 si nous avions ce droit-là et ce pouvoir-là.
01:01:33 Est-ce que finalement, ce n'est pas une situation de blocage,
01:01:36 dès lors qu'il y aura toujours la possibilité
01:01:40 dans les amphithéâtres de voter contre
01:01:43 toutes les possibilités de compromis ?
01:01:46 Mais pourquoi les étudiants voteraient contre
01:01:48 toutes les possibilités de compromis ?
01:01:49 Est-ce que ces étudiants-là...
01:01:50 Ça a été le cas jusqu'ici.
01:01:52 Oui, parce que justement, rien n'a été proposé de concret,
01:01:55 de logique, qu'ils estiment logique et légitime,
01:01:57 et qui répond à leurs revendications.
01:01:59 Ce n'est pas parce qu'ils veulent refuser pour refuser.
01:02:02 J'ai encore une question.
01:02:03 Est-ce que les étudiants en médecine marocain
01:02:05 ont des velléités à les exercer à l'étranger ?
01:02:07 Moi, je parle au nom des étudiants que je représente.
01:02:11 Je parle à tous ces étudiants-là.
01:02:13 Et sur ce point-là, moi, je vous le dis,
01:02:15 tous les étudiants qui, aujourd'hui, sont dans ce becote ouvert,
01:02:18 ont envie de travailler leur pays,
01:02:20 ont envie de rendre à leur pays.
01:02:22 Ce sont des citoyens marocains patriotes
01:02:24 qui aiment leur pays
01:02:25 et qui veulent faire avancer les choses ici.
01:02:27 Vous avez parlé tout à l'heure
01:02:29 de quatre types de revendications.
01:02:32 Et le dernier, on ne va pas rentrer dans tous les détails,
01:02:34 parce que nos auditeurs ne sont peut-être pas
01:02:36 très au fait des études de médecine.
01:02:39 Mais le dernier, la rémunération,
01:02:41 c'est quoi votre revendication ?
01:02:43 Enfin, la revendication ?
01:02:45 Nous demandons une augmentation,
01:02:46 parce qu'actuellement, les étudiants 3e, 4e, 5e et 6e année,
01:02:52 qui font des stages et qui jouent un rôle au sein du CHE,
01:02:58 sont rémunérés 21 dirhams par jour.
01:03:00 Nous demandons une augmentation pour eux
01:03:03 et pour le reste des étudiants,
01:03:05 en 6e et 7e année notamment.
01:03:07 C'est tout simple. 21 dirhams par jour,
01:03:09 ça ne paiera ni le transport,
01:03:11 ni le petit-déjeuner, ni le retour à la maison.
01:03:16 Et quand vous dites que vous perdez 160 heures de stage,
01:03:21 pardon, 1 600 heures de stage,
01:03:24 c'est aussi une question d'argent ?
01:03:27 Non, non, non.
01:03:29 Mais je vous l'ai dit, on a la possibilité
01:03:30 de l'avoir avec l'indice 5,9, en étant médecin.
01:03:33 Et nous ne voulons pas.
01:03:34 Nous voulons juste avoir plus de formation
01:03:36 pour devenir de meilleurs médecins
01:03:38 et pour prendre en charge la santé du Marocain.
01:03:41 Point barre.
01:03:42 Vous avez la fibre médicale.
01:03:49 Je me demande si vous avez la fibre médicale
01:03:53 et si quelque part, pour vous,
01:03:55 exercer la médecine, c'est une abnégation.
01:04:00 Oui, bien sûr.
01:04:01 Mais moi, je vous l'ai dit,
01:04:02 c'est par abnégation, par amour, par passion
01:04:05 et par dévouement que les étudiants, aujourd'hui,
01:04:09 se sont lancés dans ce boycott ouvert.
01:04:11 Et pas pour mettre des bâtons dans les roues
01:04:13 et pour je ne sais quelle autre raison.
01:04:15 Vous comptez boycotter encore longtemps ?
01:04:17 Nous comptons boycotter jusqu'à ce qu'il y ait
01:04:19 des réponses concrètes à nos revendications
01:04:21 et jusqu'au jour où les étudiants estimeront
01:04:23 que c'est le moment d'arrêter
01:04:24 et qu'on a eu ce qu'on pouvait avoir.
01:04:26 Quitte à perdre des années de médecine ?
01:04:28 Pas des années.
01:04:29 Si ça dure des années, c'est qu'il y a un problème.
01:04:31 Oui, mais là, apparemment,
01:04:32 c'est une année qui va être perdue,
01:04:33 ça peut être deux.
01:04:34 Si on perd des années,
01:04:36 c'est que les politiciens n'assument pas
01:04:40 leurs responsabilités politiques plus que nous.
01:04:42 Ou que les étudiants n'iront pas trop loin.
01:04:44 Les étudiants n'iront pas trop loin.
01:04:46 Nous avons l'expérience de 2011, de 2015 et de 2019.
01:04:49 L'histoire parle pour nous-mêmes.
01:04:51 Vous savez arrêter une grève ?
01:04:53 Pardon, vous avez dit ?
01:04:55 Il faut savoir arrêter une grève.
01:04:56 Je vous demande si vous savez le faire.
01:04:57 Oui, bien sûr.
01:04:58 Mais les étudiants savent le faire.
01:05:00 Les étudiants savent arrêter quand il faut s'arrêter.
01:05:02 Et moi, j'ai confiance en mes étudiants
01:05:05 et en les étudiants que je représente
01:05:07 pour vous dire qu'ils sont aptes à faire ça.
01:05:09 Ce ne sont pas des amicases et des extrémistes
01:05:11 comme on pourrait les décrire.
01:05:13 Vous récutez des accusations d'extrémisme ?
01:05:16 Ah, mais complètement.
01:05:18 Et moi, je vous invite à venir voir ces étudiants.
01:05:22 Et je parle sous la réserve de Professeur Sela.
01:05:25 Je pense que lors de nos réunions,
01:05:27 à aucun moment nous avions fait preuve d'extrémisme
01:05:29 ou de je ne sais quoi.
01:05:33 Merci en tout cas, Yassel, d'avoir été en direct avec nous dans l'Atlantique Midi.
01:05:37 Je rappelle que vous êtes président du Bureau des étudiants en médecine de Rabat
01:05:41 et membre de la Commission nationale des étudiants en médecine,
01:05:44 médecine dentaire et pharmacie.
01:05:46 Merci à vous.
01:05:47 Et nous, on se retrouve juste après les infos et l'invité du matin
01:05:51 pour reparler de cette colère des étudiants en médecine.
01:05:55 Et nous sommes ensemble jusqu'à 14h.
01:05:57 On parle aujourd'hui de la colère des étudiants en médecine,
01:05:59 cette colère qui ne retombe pas,
01:06:01 avec des boycottes de cours, des stages aussi boycottés.
01:06:04 Et également les examens.
01:06:06 D'ailleurs, il risque d'avoir zéro s'ils ne se présentent pas aux prochains examens.
01:06:10 Ce qui risque de faire pour eux une année blanche.
01:06:13 On en parle avec le Professeur Khaled Salaj Andaloussi,
01:06:17 où vous êtes doyen de la faculté de médecine et de pharmacie à Oujda.
01:06:21 On était il y a quelques instants au téléphone avec Yassel Tarkhawi,
01:06:25 qui est président du bureau des étudiants en médecine de Rabat
01:06:28 et membre de la commission nationale des étudiants en médecine,
01:06:31 en médecine dentaire et en pharmacie.
01:06:33 Il nous a exposé un certain nombre de revendications
01:06:37 qui sont sur la table pour boycotter cette réforme
01:06:42 qui a été faite pour le système de santé marocain.
01:06:46 Si vous le voulez bien, avec vous,
01:06:48 j'aimerais bien qu'on revienne sur les points
01:06:51 qui ont été abordés par Yassel Tarkhawi.
01:06:55 Au refus du passage à 6 ans au lieu de 7, cette année d'études.
01:07:01 Il a parlé aussi de problèmes de formation,
01:07:03 et particulièrement des effectifs dans les amphithéâtres.
01:07:07 Il a parlé du troisième cycle et aussi de la rémunération des stages.
01:07:10 C'est ça. Je vais essayer de répondre point par point à ce qu'a dit Yasser.
01:07:16 En commençant quand même par le point le plus important,
01:07:19 c'est cette réduction de 7 à 6 ans,
01:07:21 qui encore une fois je le rappelle,
01:07:23 c'est une décision qui est étatique, souveraine, gouvernementale.
01:07:27 Quand on a affaire à des décisions comme ça,
01:07:29 ça ne supporte pas trop les sur-enchères.
01:07:31 Et puis surtout, que c'est une décision qui est sage.
01:07:35 Ce n'est pas une décision arbitraire qui a été énoncée comme ça
01:07:38 juste par souveraineté nationale.
01:07:41 C'est souveraineté nationale,
01:07:43 mais la décision était prise sur un argumentaire scientifique.
01:07:47 Comme j'ai dit, la 7e année vide, la 6e année light.
01:07:51 Le fait que l'idéal c'est de supprimer la 7e année
01:07:55 et de renforcer la 6e année.
01:07:58 Comme j'ai dit au départ, plus et mieux ça diffère.
01:08:02 Ce n'est pas parce que 7 c'est supérieur à 6 que 7 est mieux que 6.
01:08:06 Sinon on va dire 8 est mieux que 7 et 10 mieux que 9.
01:08:11 Est-ce qu'ils veulent qu'on signe 10 ans ? Je ne pense pas.
01:08:16 Ce sont des points de vue.
01:08:19 Je pense que quand Yassir dit que quelques personnes ont dit ces quelques personnes,
01:08:26 ce sont les doyens, les enseignants, les ex-étudiants,
01:08:29 des gens qui ont beaucoup plus d'expérience que nos chers étudiants.
01:08:34 Ce sont des gens qui pour la plupart ont passé la 7e année
01:08:37 et se sont rendus compte à quel point cette 6e année est light
01:08:40 et à quel point cette 7e année est vide.
01:08:43 Yassir est en 6e année donc il parle peut-être de la 7e année qu'il ne connaît pas.
01:08:47 Il ne l'a pas encore vécue.
01:08:49 L'historique de la discussion avec les étudiants par rapport à la réduction de la durée de formation.
01:08:56 Moi je ne parle pas de l'extérieur, je parle de l'intérieur.
01:09:00 C'est passé par trois phases.
01:09:04 La première phase, on s'est posé la question pourquoi ?
01:09:08 On a expliqué, moi personnellement j'avais expliqué cette histoire de 7e année vide, de 6e année light
01:09:15 et qu'il fallait renforcer.
01:09:17 Ça s'est passé il y a un an et demi, deux ans de là.
01:09:20 Après les étudiants, comme vous avez dit, débutatifs mais pas opposants à ce genre de décision.
01:09:27 Donc ils ont dit, ok 6e année mais quelles sont les mesures d'accompagnement ?
01:09:33 Alors on a posé la question de quelles mesures vous parlez ?
01:09:37 Ils ont dit l'année de transition, la thèse, la facilitation,
01:09:42 ne pas considérer la médecine famille comme un module obligatoire.
01:09:45 Tout ça, ça a été réalisé à 100%.
01:09:49 Voilà, avec en plus, il y a assez à parler de rémunération.
01:09:52 La rémunération dans la nouvelle version des études de la formation médicale
01:09:58 vont être égales à la rémunération de l'ex-dernière année du système.
01:10:03 Donc il ne sera plus question d'être dans cette histoire de 21 dirhams par jour.
01:10:11 Par jour de stage, effectivement.
01:10:13 Donc voilà, s'ils parlent de rémunération comme étant un point de blocage,
01:10:17 eh bien ce n'est plus un point de blocage.
01:10:19 La rémunération a augmenté, a augmenté significativement.
01:10:22 Troisième étape, quand on a expliqué et quand on a répondu finalement
01:10:28 aux doléances des étudiants par rapport à ces mesures d'accompagnement,
01:10:32 eh bien ils ont dit d'accord la sixième année ou pas d'accord la sixième année
01:10:37 parce qu'il n'y a pas de visibilité sur le troisième cycle.
01:10:39 On ne sait pas ce qui va venir avant, mais ce qui va venir après.
01:10:42 On a répondu par rapport à ce qui va venir après.
01:10:45 Concernant le troisième cycle, maintenant la visibilité est claire.
01:10:48 La question qui se posait par rapport à l'internat, l'internat reste.
01:10:52 La question était oui ou non, la réponse est oui.
01:10:55 La question qui se posait par rapport à la durée d'internat, un an ou deux ans,
01:10:58 maintenant la réponse est claire, deux ans.
01:11:01 La question par rapport à la formation entre résidents et internes,
01:11:04 le cursus médicalement parlant est la même.
01:11:07 Et la question du statut, j'avais explicité ça, l'indice 509,
01:11:12 qui est l'idéal ambitionné par tout médecin dans la fonction publique
01:11:18 et la contractualisation de trois ans.
01:11:20 Donc toutes ces questions, c'était ça finalement, les questions ambigües.
01:11:23 Elles ne sont plus ambigües.
01:11:25 Alors quand on a expliqué dans un premier temps,
01:11:28 quand on a pris les mesures d'accompagnement dans un deuxième temps
01:11:32 et quand on a montré la visibilité dans un troisième temps,
01:11:35 eh bien on est dans un quatrième temps de, on ne veut pas de cette sixième année, tout court.
01:11:40 Et donc c'est là qu'on essaie de dire qu'il ne faut pas dire qu'on est politisé et que...
01:11:50 - C'est là qu'on peut avoir des interrogations.
01:11:52 - Je ne dis pas qu'ils sont politisés, je dis tout simplement quelque chose
01:11:55 qu'on ne comprend pas, M. le Ministre a d'ailleurs exprimé également cette interrogation.
01:11:59 Quand on a tout donné, il y a une dissociation, un paradoxe entre ce qui a été donné,
01:12:03 la configuration presque idéale qui a été donnée et la réaction de refus.
01:12:10 Ça c'est par rapport au point de la septième, sixième année.
01:12:13 Comme j'ai dit, le point de la visibilité du troisième cycle,
01:12:15 il n'y a plus aucune ambiguïté par rapport au troisième cycle.
01:12:19 Et j'ai répondu, les stages, il n'y a là aussi aucune ambiguïté sur les stages
01:12:23 puisque nous disposons d'une feuille de route par faculté à l'horizon 2030.
01:12:29 C'est-à-dire, on sait où et comment on va faire nos stages
01:12:33 et on a même le potentiel humain pour affecter même des enseignants avec nos étudiants
01:12:39 là où il y aura le stage hospitalier.
01:12:42 D'ailleurs, les moyens humains, les postes budgétaires qui ont été alloués
01:12:46 de manière fléchée à nos facultés sont en grande partie dans ce sens
01:12:50 d'assurer un stage, même s'il est hors CHU,
01:12:54 et bien c'est un stage qui sera encadré par des enseignants à part entière
01:12:58 et par des résidents à part entière.
01:13:00 Donc c'est une équipe universitaire qui va s'occuper, même extra-CHU,
01:13:04 de l'encadrement avec bien sûr les maîtres de stage de la santé publique.
01:13:07 Concernant la massification, j'avais répondu en ce qui concerne la démarche de l'État,
01:13:12 la démarche de concertation, la démarche de consultation,
01:13:15 la démarche du diagnostic de l'état des lieux,
01:13:18 avant de se prononcer sur l'effectif à rajouter,
01:13:23 puis les mesures et les moyens matériels et les moyens humains
01:13:26 qui ont été mis à la disposition des facultés,
01:13:29 et puis la rémunération, j'en avais parlé,
01:13:31 tout simplement la rémunération de la nouvelle 6ème année qui augmente
01:13:35 et l'indice 509 qui...
01:13:38 - L'indice 509, il faut l'expliquer pour les auditeurs...
01:13:41 - L'indice 509, c'est tout simplement, pour ne pas trop disperser nos auditeurs,
01:13:45 c'est un indice qui est selon lequel le fonctionnaire en santé publique,
01:13:50 il va avoir tous les avantages matériels et en matière d'avancement,
01:13:55 c'est-à-dire l'idéal que puisse avoir un médecin en santé publique.
01:13:59 - C'est-à-dire, c'est à peu près combien ?
01:14:01 - Je ne me rappelle pas du salaire exact, mais c'est autour de 13 000-14 000,
01:14:07 on commence par ça.
01:14:08 - 13 000 à 14 000 dire-moi, pour débuter en tant que médecin.
01:14:11 - On commence par ça, voilà, on commence par ça.
01:14:13 Avec les avancements, avec la progression, ça augmente
01:14:18 et bien sûr, on capitalise sur la durée d'ancienneté qu'on a épuisée.
01:14:26 Et puis bien sûr, cette contractualisation de 3 ans, qui était 8 ans,
01:14:30 et qui maintenant permettra à la personne, par défaut de partir, pas par défaut de rester.
01:14:36 C'est-à-dire, elle a le droit de partir et si elle veut rester,
01:14:39 elle peut exprimer l'adoléance de...
01:14:42 - Et c'est vrai que c'est un changement de paradigme.
01:14:44 Quand on a entendu le représentant des étudiants, Delhahoui, qui était en ligne avec nous,
01:14:51 renvoyer systématiquement la balle aux amphithéâtres, aux étudiants ?
01:14:55 - Non, mais je pense que quand on dit qu'on est juste représentant des étudiants,
01:14:59 moi, si on est juste représentant des étudiants, moi j'appelle les représentants
01:15:03 et je leur fais confiance pour laisser et respecter le libre arbitre des étudiants,
01:15:07 parce que individuellement, ça m'arrive de poser la question fréquemment à des étudiants,
01:15:12 individuellement, il y a beaucoup d'étudiants qui veulent rejoindre les amphis,
01:15:16 les cours et les évaluations et les stages.
01:15:19 Je ne dirais pas plus, je pense que le message est passé.
01:15:23 Concernant la réduction des années d'études juste pour augmenter l'effectif,
01:15:28 ce n'est pas vrai, la réduction, elle est pour augmenter l'effectif, certes,
01:15:32 mais elle est surtout basée sur un rationnel d'amélioration,
01:15:36 un diagnostic d'une situation antérieure qu'il faut absolument améliorer
01:15:40 et donc c'est une réduction qui est synonyme d'amélioration de la qualité de la formation.
01:15:46 - Si on peut résumer le parcours d'un étudiant en médecine ?
01:15:50 - Alors, le parcours d'un étudiant en médecine, dans sa version nouvelle...
01:15:53 - Dans sa version nouvelle, bien sûr. - Dans sa version nouvelle...
01:15:56 - Puisque la réforme est en vigueur. - Oui, oui.
01:15:58 - Donc un étudiant qui va entrer en première année de médecine, à la rentrée prochaine ?
01:16:03 - Il fait 6 ans, avec une bonne 6ème année,
01:16:07 il obtient son diplôme de docteur en médecine,
01:16:10 et il peut être recruté immédiatement par la santé selon l'indice 509,
01:16:14 c'est-à-dire le salaire en question dont on avait parlé.
01:16:18 Et tout en étant recruté, s'il a la possibilité de passer le concours de résidana et la spécialité,
01:16:23 il va passer quand il veut, et l'État ne va pas l'obliger à ne pas passer.
01:16:31 - Le maître de nier... - Et puis il a aussi le choix de passer interna-résidana à partir de la 5ème année.
01:16:37 Alors quand il est résident, il bénéficie de l'indice 509,
01:16:41 et il est contractuel jusqu'à 3 ans après la fin de la spécialité,
01:16:46 durée au bout de laquelle il va pouvoir partir automatiquement,
01:16:51 sauf s'il veut rester, il reste.
01:16:53 Moi je pense que tout ça, c'est le parcours,
01:16:57 il n'a jamais été aussi bon pour un étudiant en médecine,
01:17:01 de toute l'histoire de notre pays.
01:17:05 Il n'y a jamais eu dans l'histoire du Maroc,
01:17:07 une configuration aussi bonne pour l'étudiant en médecine marocain.
01:17:13 Et donc c'est pour ça que je parle de dissociation à la limite flagrante, déconcertante,
01:17:20 et un vrai paradoxe entre ce qui est donné, ce qui est quasi parfait,
01:17:26 et l'opposition qui est manifestée par, j'allais pas dire les étudiants,
01:17:31 c'est peut-être le représentant que j'invite à ne pas...
01:17:34 à jouer un rôle positif dans cette démarche,
01:17:37 et de transmettre, non pas l'info de manière crue,
01:17:41 d'abord transmettre l'information vraie, je leur fais confiance,
01:17:45 - De manière factuelle, déjà. - Factuelle,
01:17:47 et puis la transmettre avec une portée positive, avec une interprétation qui est positive.
01:17:54 Il faut positiver, et notre pays a besoin de nous.
01:17:57 La solution vient par la discussion, pas par le boycott.
01:18:02 Et une discussion avec boycott est pire qu'une non-discussion.
01:18:08 Moi je pense qu'il faut qu'on arrête le boycott.
01:18:11 On n'a jamais fermé la porte au dialogue.
01:18:13 Là c'est juste, on est en train de dire que c'est le maximum qu'on puisse donner.
01:18:17 On est prêts toujours à parler à nos étudiants,
01:18:21 pour leur expliquer ce maximum et les avantages qu'ils ont eus.
01:18:25 Et puis surtout comprendre, ce non-dit peut-être,
01:18:28 pourquoi ils continuent à ne pas vouloir ça, malgré tous les avantages que ça comporte.
01:18:33 - Merci Professeur Khaled Salah, Andalousie. - Merci à vous.
01:18:38 J'espère que le message est passé, en tout cas qu'il y a davantage de compréhension.
01:18:42 Je vous rappelle que vous êtes doyen de la faculté de médecine et de pharmacie d'Oujda.
01:18:47 Vous êtes venu d'Oujda jusqu'ici à Casablanca exprès pour cette émission.
01:18:51 Merci, en tout cas j'espère que grâce à vous, nos auditeurs, et moi aussi d'ailleurs c'est mon cas,
01:18:56 on aura compris beaucoup de choses dans ce bras de fer qui est engagé
01:19:01 par les étudiants en médecine qui continuent à boycotter malheureusement les examens, les stages et aussi les cours.
01:19:09 Merci également au Professeur Saïd Moutawakil qui était tout à l'heure en direct avec nous,
01:19:14 professeur en réanimation, membre du comité technique et scientifique marocain.
01:19:19 Et puis Yassel Derkhaoui aussi qui est président du bureau des étudiants en médecine de Rabat,
01:19:24 membre de la commission nationale des étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie,
01:19:28 il a lui aussi été en direct avec nous et il nous a également apporté son point de vue sur cette question.
01:19:35 Merci à tous de votre attention, on se retrouve demain pour Atlantique Midi et pour l'instant il est 14h et c'est l'heure des infos.
01:19:43 [Musique]
01:19:47 Atlantique Radio, Musique, Infos, Échos.