Si la Tour Eiffel s'élève depuis 134 ans dans le ciel de Paris, c'est évidemment grâce à cet ingénieur génial dont on fête en décembre 2023 le centième anniversaire de la mort. Mais c'est surtout parce qu'Eiffel était un excellent manager, en avance sur son temps. D'abord en matière d'organisation du travail. La Tour Eiffel est l'ancêtre du meuble Ikéa. Elle a été pré-fabriquée, ce qui a permis de la monter en 2 ans, 2 mois et 5 jours. Ses 18 000 pièces ont été dessinées, moulées et numérotées dans les ateliers Eiffel à Levallois-Perret puis acheminées par voiture hippomobile sur le Champ de Mars. [...]
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00:08 Si la Tour Eiffel s'élève depuis 134 ans dans le ciel de Paris,
00:12 c'est évidemment grâce à cet ingénieur génial dont on fête en décembre 2023
00:16 le centième anniversaire de la mort.
00:18 Mais c'est surtout parce qu'Eiffel était un excellent manager en avance sur son temps.
00:23 D'abord, en matière d'organisation du travail.
00:26 La Tour Eiffel est l'ancêtre du meuble Ikea.
00:28 Elle a été préfabriquée, ce qui a permis de la monter en deux ans, deux mois et cinq jours.
00:33 Ses 18 000 pièces ont été dessinées, moulées, numérotées dans les ateliers Eiffel à Levallois-Péret,
00:39 puis acheminées par voiture hippomobile sur le champ de Mars.
00:43 C'était un gigantesque mécano, mais aussi du taylorisme bien avant l'heure.
00:47 Pour éviter les accidents du travail,
00:49 de fait quasiment absent sur les chantiers Eiffel alors qu'ils étaient légion chez ses concurrents,
00:54 les ouvriers devaient respecter une organisation très stricte.
00:57 Dans les équipes de quatre personnes qui assemblaient les morceaux de la tour,
01:01 les tâches étaient prédéfinies.
01:03 Il y avait le chauffeur qui chauffait le rivet au rouge dans sa forge portative,
01:06 il y avait le teneur de tas qui le logeait dans son trou et le maintenait en place grâce à une tenaille,
01:12 il y avait le riveur lui-même qui frappait la partie chaude avec une boutrole
01:15 pour former la deuxième tête du rivet,
01:17 et enfin le frappeur qui terminait l'écrasement de la tête à coup de masse.
01:22 Ces ouvriers n'avaient pas le droit de se parler.
01:24 Ils n'avaient pas non plus le droit de boire de l'alcool.
01:27 Tout ça était destiné à éviter les disputes et les bousculades
01:30 qui à 100 mètres ou 200 mètres du sol auraient été fatales.
01:34 Les pièces défectueuses qui ne s'imbriquaient pas parfaitement étaient retournées à Levallois,
01:38 car il n'était pas question non plus de bricoler en plein ciel et d'interrompre ce balai bien réglé.
01:43 Deuxième atout, Eiffel était un patron social avant l'heure.
01:47 Il avait appris son métier auprès de Charles Neveu, un constructeur de locomotives
01:51 qui avait publié un essai sur l'organisation du travail
01:54 prônant l'association des capitalistes et des ouvriers et le partage des bénéfices.
01:59 Même si ce n'allait pas jusque-là,
02:00 Eiffel faisait aussi partie de cette génération d'entrepreneurs éclairés
02:04 et acquis à l'idée de progrès pour tous.
02:06 Sur son premier gros chantier, le pont de Bordeaux,
02:09 il avait plongé dans la Garonne pour sauver un ouvrier qui était tombé et ne savait pas nager.
02:13 Il obligeait les salariés à avoir une assurance d'essai,
02:16 car sinon les familles qui étaient touchées sombraient dans la misère.
02:19 Sur le chantier de la Tour, il avait une cantine au premier étage.
02:23 Et lorsqu'une grève a failli arrêter le chantier à six mois de la fin,
02:26 Eiffel a proposé une prime d'un mois de salaire
02:29 à ceux qui tiendraient jusqu'au bout, jusqu'au Campanile.
02:34 Troisième atout-clé, Eiffel savait choisir ses collaborateurs
02:38 en ne craignant pas de s'entourer de gens plus diplômés que lui,
02:41 même s'il était centralien,
02:42 et à leur laisser une vraie autonomie pour stimuler leur créativité.
02:46 Car il était conscient de ses propres limites.
02:48 D'ailleurs, ce n'est pas lui qui a eu l'idée de la Tour,
02:50 mais ses adjoints Coquelin et Nouguier.
02:52 Il leur a racheté leur part de brevets,
02:54 contre une prime de 1% chacun sur toutes les sommes
02:56 qu'ils recevraient pour la construction.
02:58 Ce n'est pas lui non plus qui a eu l'idée de cet exploit technique
03:01 qu'est le pont de Garabit,
03:03 avec son arc en fer forgé d'un seul tenant
03:05 amarré sur les deux rives de la rivière,
03:07 au sommet duquel on pose le tablier.
03:09 C'est son jeune associé Théophile Sérig.
03:12 Quatrième force, justement, sa capacité d'innovation.
03:15 Eiffel déposait beaucoup de brevets
03:17 qui faisaient progresser la construction métallique,
03:19 comme les ponts démontables ou comme les grues à pivot tournant.
03:22 Et il était choisi pour des chantiers complexes
03:25 où ces technologies faisaient chuter les coups
03:27 tout en lui permettant de réaliser de belles marges.
03:29 Par exemple, avec la technique du lançage
03:31 qui évite de bâtir des échafaudages dans les rivières
03:34 pour construire un pont.
03:36 Et même quand il a quitté la construction
03:39 pour s'intéresser à la météorologie et à l'aérodynamisme,
03:42 Eiffel a reçu à 81 ans la médaille d'or l'Anglais,
03:47 décerné par une fondation américaine
03:49 et qui est l'équivalent d'un prix Nobel de l'aéronautique.
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