L’avis de Maxime Ruszniewski, militant féministe et Amélie Menu, ancienne féministe.
Retrouvez ce débat : https://youtu.be/kowy5mxBBKU
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00:00 Le féminisme n'impacte pas les bonnes personnes.
00:02 Le féminisme c'est quand même un mouvement qui prône la fin des violences contre les femmes.
00:07 Ce que je veux dire c'est qu'à la tête des entreprises aujourd'hui,
00:09 la façon d'exercer le pouvoir, la façon d'être chef,
00:13 donne au chef des qualités, plutôt on valorise les qualités dites masculines,
00:17 c'est-à-dire la force, l'autorité, le fait de trancher très vite, d'être moins dans l'empathie,
00:23 qui sont des qualités qui sont, et là je mets des gros guillemets, plutôt réputées comme féminines.
00:27 Et du coup cette reproduction finalement de clichés, de poncifs,
00:31 va mettre à la tête des entreprises et des états des personnes qui ont plutôt ces qualités-là.
00:35 Et la meilleure preuve c'est qu'il y a une majorité à chaque fois de gens,
00:39 y compris des femmes, qui votent pour les hommes.
00:41 Donc en ça, effectivement ces qualités sont valorisées.
00:45 Donc moi finalement ce qui m'intéresse plus c'est faire un pas de côté
00:48 et se demander si cette incarnation du pouvoir, de la force, elle est forcément positive.
00:53 Là par exemple, au moment où on parle,
00:55 peut-être qu'on regardera cette vidéo dans plusieurs années,
00:57 mais au moment où on parle, on est dans un tournant majeur,
01:00 dans un conflit qui est totalement orchestré par un homme, par un chef d'État,
01:04 qui nous explique que la virilité est en train de s'effondrer
01:07 et qu'elle n'existe plus dans l'Occident.
01:09 Et on voit jusqu'où finalement la vision de la force peut aller.
01:13 C'est-à-dire là on est peut-être en train de vivre un nouveau conflit mondial.
01:16 Donc finalement, voilà, cette question de la force, de la virilité...
01:18 Mais attendez, vous croyez que les femmes ne sont pas capables d'être des...
01:23 Parce qu'en fait, depuis le début, j'ai l'impression que vous ne comprenez pas que les femmes peuvent être...
01:28 Parce qu'on parlait de la violence physique, je vous ai dit, oui,
01:31 88% des hommes sont responsables de la violence sur hommes et femmes.
01:36 - Plus que ça, ouais. - Bref, peu importe.
01:38 Si vous voulez, moi je suis d'accord avec ça.
01:40 Mais en fait, à aucun moment dans ce truc-là, on parle de la violence psychologique,
01:44 qui est l'apanage des femmes, la manipulation.
01:47 On dit "l'homme frappe, la femme rend fou".
01:50 Mais comme tu parles de violence, là-dessus on peut au moins se mettre d'accord.
01:53 Sur le fait que le féminisme, c'est quand même un mouvement qui prône la fin des violences contre les femmes.
01:58 On aurait peut-être même dû, finalement, commencer l'émission par ça.
02:01 Parce que à quoi ça sert de parler d'argent, de pouvoir, de machin,
02:03 quand on parle pas de l'intégrité physique ?
02:05 On est dans une société qui est dite évoluée, où on est dans une grande démocratie.
02:11 Et pourtant, en fait, tous les trois jours, c'est mathématique, parfois c'est plus.
02:15 D'ailleurs, depuis le début de l'année, j'ai l'impression que c'est plus, selon les derniers chiffres,
02:18 depuis le début de l'année 2023, les femmes meurent tous les trois jours sous les coups de leur conjoint.
02:22 Une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou de son ex-conjoint.
02:26 Donc, grosso modo, si on couvrait les féminicides comme on couvre, par exemple, les crashes d'avion,
02:32 on passerait notre temps à allumer la télé et voir ça en une des journaux.
02:34 Sauf que c'est plus le cas, parce que c'est devenu tellement banal que ça n'intéresse plus.
02:38 Le taux de suicide plus élevé chez les hommes, on n'en parle pas non plus.
02:41 Oui, mais en fait, le suicide, c'est toi qui te portes atteinte à toi-même.
02:43 Là, je te parle de quelque chose, mais on va parler de la masculinité toxique,
02:47 qui fragilise beaucoup les hommes. Et là-dessus aussi, je pense qu'on peut être d'accord.
02:51 Mais le truc, en fait, avec les violences faites aux femmes, c'est que c'est un individu qui porte atteinte
02:55 à l'intégrité physique d'un autre individu, en l'occurrence d'une femme.
02:58 Et là, on a vraiment des chiffres. Et je sais que tu vas peut-être me dire
03:01 qu'il y a des hommes qui sont victimes de violences, et ça existe.
03:03 Je ne suis pas du tout là pour le cacher.
03:04 Moi, je ne suis pas non plus là pour...
03:05 Et de violences psychologiques.
03:06 Bien sûr.
03:07 En fait, si on peut se mettre d'accord sur le fait que le féminisme est indispensable,
03:11 ne serait-ce que pour terrasser ces violences faites aux femmes,
03:14 peut-être qu'on se dira féministes tous les deux d'ici la fin de l'émission, non ?
03:16 En fait, c'est là où je pense... Donc moi, je suis totalement d'accord.
03:19 Et je suis... Et je... Enfin, je veux dire, je l'ai vécu aussi personnellement,
03:23 puisque j'ai des amis qui ont été victimes de violences conjugales.
03:27 Donc c'est un problème que j'ai vécu de l'intérieur.
03:30 OK.
03:30 Et en fait, on était là, toutes assises sur le canapé, on était en mode "Qu'est-ce qu'on fait, en fait ?
03:34 Qu'est-ce qu'on fait ? Qu'est-ce qu'on peut faire ?"
03:36 La vérité, je vais vous le dire, on ne peut rien faire.
03:39 En fait, à partir du moment où vous avez fait des enfants avec un mec fou,
03:43 il est fou, en fait. Enfin, je sais pas si vous vous rendez compte.
03:45 Mais on peut partir. On peut partir.
03:47 Oui, voilà, on peut partir.
03:48 Même s'il n'y a pas assez de moyens, mais on peut partir.
03:49 On peut partir. Et c'est ce qu'elles ont fait, à l'occurrence.
03:53 Sauf que bon, le gars, en fait, on vit toujours dans la parano que le gars revienne...
03:56 En fait, moi, ce que je pense, c'est que le féminisme n'impacte pas les bonnes personnes.
04:01 Ce mec-là, le mec... Les mecs, à l'occurrence, fous,
04:05 qui ont été des tyrans pour mes amis,
04:09 ils n'en avaient rien à... Enfin, mais rien à carrer, en fait, de vos séminaires, de vos trucs.
04:15 Et c'est pas des gars qui n'ont...
04:17 Parce que c'est trop tard.
04:18 Mais c'est trop tard.
04:19 C'est trop tard pour eux.
04:20 Malheureusement, c'est trop tard.
04:21 Éduquer un homme comme ça, c'est trop tard.
04:22 En revanche, expliquer le respect, on pourrait en parler,
04:25 dès l'enfance, aussi, les garçons et les petites filles,
04:27 ça peut prévenir des violences après.
04:29 D'accord. Est-ce que vous...
04:30 C'est ce qui se passe aux Pays-Bas.
04:31 En fait, c'est marrant parce que je me dis toujours...
04:36 En fait, j'ai l'impression que les féministes...
04:39 Moi, une des raisons aussi pour laquelle je ne suis plus féministe,
04:41 c'est parce que je me suis intéressée à la psychologie et à la biologie.
04:44 Tout simplement.
04:45 En fait, un des trucs très très importants dans l'éducation des petits garçons,
04:50 et on va en parler puisque vous vouliez parler de masculinité toxique, mais pas...
04:54 Écoute-toi, moi, sinon je te vouvoie.
04:55 Oh merde. Désolée. J'ai l'habitude, en fait, de vous voyer les gens plus âgés que moi, c'est pour ça.
05:00 Oh, baf !
05:02 Ok, c'est bon, c'est fait.
05:04 Mais... Non, non, mais c'est vraiment par réflexe.
05:08 Bref, tout ça pour dire que, en gros, pour éduquer les petits garçons,
05:14 c'est très important, en fait, de leur permettre de comprendre et de gérer leur agressivité.
05:21 Et aujourd'hui, le féminisme a l'intention, et là, je le dis très serement,
05:26 c'est exactement ce que vous mettez dans vos bouquins, dans vos trucs, là,
05:30 c'est que vous avez l'intention de sociabiliser les garçons comme des petites filles.
05:35 Parce que l'idéologie égalitariste veut qu'on soit tous les mêmes.
05:40 En fait, on est tous des pages blanches, en fait.
05:42 Et il n'y a pas de différence entre les hommes et les femmes.
05:44 Bah oui, il n'y a pas de différence entre les hommes et les femmes, évidemment.
05:47 Alors que, précisément, nous n'avons même pas le même cerveau.
05:50 On n'a pas la même construction.
05:53 Alors, bien sûr, il y en a qui me diront "oui, non, il y a machin qui a démontré que la plasticité du cerveau..."
05:58 Non, mais c'est ce que j'allais dire, en fait, on peut entrer dans les débats d'anthropologie, sociologique...
06:01 Voilà, anthropologie, interminable...
06:03 Moi, je vais citer François Zéritier, toi, tu vas me citer quelqu'un d'autre.
06:05 C'est pour ça que je savais qu'on irait sur ce terrain-là,
06:07 et finalement, moi, je ne suis pas là pour essayer de te convaincre de relire Zéritier, etc.
06:11 Je ne pense pas qu'on puisse, de toute façon, nous...
06:13 La vraie question, en fait, pour moi, c'est de constater les faits.
06:16 Et c'est "qu'est-ce qu'on fait pour corriger ça ? Qu'est-ce qu'on fait pour corriger les violences ?
06:19 Qu'est-ce qu'on fait pour corriger les inégalités salariales ?
06:21 Qu'est-ce qu'on fait, par exemple, pour que...
06:23 On en termine avec ces stéréotypes qui font que demain,
06:27 on va avoir énormément de métiers qui vont s'ouvrir de service à la personne
06:30 parce qu'on est en une société vieillissante,
06:32 et que beaucoup d'hommes considèrent que ce n'est pas dans leur gêne de s'occuper de quelqu'un de plus âgé,
06:36 alors qu'il va y avoir plein de jobs hyper intéressants dans ces métiers-là.
06:40 Ce qui veut bien dire qu'on est habité par les stéréotypes.
06:42 Mais dans les faits, il faut justement lutter contre ces stéréotypes dès l'enfance,
06:47 qui sont là et qui, finalement, limitent nos possibilités,
06:50 qui limitent les ouvertures.
06:52 Par exemple, je me rappelle, une fois, j'avais fait une émission,
06:54 il y avait quelqu'un qui avait appelé pour dire "le drame de ma vie, c'était un garçon,
06:57 je voulais être danseur classique.
06:59 On m'a dit à 4 ans que c'était impossible parce que c'était un truc de pédé
07:03 et que jamais je pourrais grandir en étant accepté par les autres garçons en étant danseur.
07:08 Et aujourd'hui, je fais un métier que je n'aime pas, je m'ennuie, et c'est trop tard.
07:11 Je suis allé voir une prof de danse, elle m'a dit "vous avez beaucoup de talent, monsieur.
07:14 Honnêtement, si vous étiez venu me voir 15 ans plus tôt, vous aurez été un grand danseur."
07:19 Voilà, c'est pour ces récits-là que je me barre, en fait.
07:21 Je trouve ça un peu triste.
07:22 Je me dis qu'on est en train de limiter juste l'imaginaire,
07:25 les possibilités de tous ces garçons, de toutes ces filles.
07:28 Et au nom de quoi ?
07:29 Au nom, justement, et là on va peut-être arriver au sujet sérieux,
07:32 qui est la conservation de privilèges pour des hommes.
07:36 Parce que oui, les hommes, et tu l'as dit comme moi au début de cette émission,
07:40 ils contrôlent la société, c'est ce qu'on appelle la société patriarcale.
07:43 Et parce que justement les féministes, et ça je le déplore, sont un peu divisées,
07:46 c'est-à-dire qu'on ne joue pas tous dans la même cour,
07:48 et bien ce camp-là prospère.
07:50 Et prospère même très bien, puisque ça fait très longtemps qu'il a des manettes.