La bande de "Julie jusqu'à minuit" évoque les déclarations de sénateurs de droite et du centre qui annoncent qu'ils voteront pour inscrire l'IVG dans la Constitution, encouragés par leur entourage
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00:00 - Florence Ouas, à vous de prendre le pouvoir, on va parler de l'IVG.
00:03 Après le feu vert de l'Assemblée nationale, le projet de loi pour inscrire à l'IVG l'interruption volontaire de grossesse dans la Constitution
00:10 arrive donc dans l'hémicycle du Sénat demain.
00:13 Et alors, c'est intéressant ce qui se passe, des élus de droite et du centre voteront finalement pour, sous la pression de leur entourage.
00:20 On a ressorti quelques réactions.
00:23 Ce sénateur qui dit "j'ai été interpellé par ma compagne, mais aussi par mes neveux, mes nièces, mes belles-filles, tous les âges étaient représentés,
00:32 alors plutôt que d'être mal compris en étant catalogué parmi les anti-avortements, je préfère être du bon côté de l'histoire".
00:39 Autre témoignage, "si je vote contre, ma femme ne va pas me laisser rentrer chez moi, si je vote contre, mes filles ne viennent plus à Noël".
00:46 C'est intéressant ce qui se passe.
00:48 Oui, c'est intéressant et c'est une très bonne chose. Rappelons la loi Veil du 17 janvier 1975 qui dépénalise l'avortement.
00:56 C'est une très bonne chose qu'elle soit inscrite dans la Constitution pour qu'elle ne soit plus menacée,
01:03 cette loi qui permet justement à des femmes de disposer de leur corps de façon encadrée dans un certain délai.
01:12 Et puis parce que cette loi est menacée ici et là, on entend par des lobbies, des mouvements aux Etats-Unis, en Europe, en France aussi,
01:21 il y a des discours de découragement en disant que ce n'est pas bien, que c'est porter atteinte à la vie.
01:28 Donc c'est important d'inscrire cette loi dans la Constitution pour qu'elle ne soit pas remise en cause, en tout cas altérée, parce qu'on ne sait jamais.
01:36 Ça c'est le premier point.
01:37 La deuxième chose que je voudrais dire, c'est qu'en plus il faut continuer à travailler sur son accès.
01:42 C'est-à-dire qu'il y ait moins de discrimination, que ce soit sur un plan sociologique, sur un plan géographique,
01:50 quand on est dans des zones où il y a des déserts médicaux, où des femmes ont des difficultés à prendre rendez-vous.
01:55 Ça, il faut travailler sur cette question-là, elle est fondamentale.
01:59 Et puis aussi, il faut travailler sur la formation en amont, la formation de la jeunesse, expliquer dans les écoles, à partir du collège,
02:07 qu'est-ce que c'est la sexualité et aussi qu'est-ce que c'est l'avortement, qu'est-ce que c'est aux filles, aux garçons, cette prise de conscience, elle existe.
02:15 Mais elle est encore, si je puis dire, encore trop embryonnaire.
02:18 Le sujet, là, c'était bien le revirement des sénateurs.
02:21 C'est le revirement des sénateurs de droite et du centre, sous la pression de leurs femmes, de leurs filles, de leurs nièces.
02:26 Je constate, et pour les chrétiens, j'allais dire fervents, on sait que l'avortement est un crime.
02:35 Eux considèrent qu'on tue un être vivant.
02:37 Je me rejouis de constater que dans le christianisme, il y a des gens, même avec des fondamentales très enracinées, comme peuvent l'être certains sénateurs,
02:44 avec des valeurs chrétiennes, ont cette capacité d'évoluer et de reconnaître sur le conseil et l'influence de leur famille, des jeunes,
02:52 que finalement, ils sont peut-être trompés et que l'interruption volontaire de grossesse est acceptable.
02:57 J'aimerais que dans tous les fondamentalismes religieux auxquels nous sommes confrontés,
03:00 il puisse y avoir cette souplesse, cette tolérance et cette ouverture quitte à se faire violence.
03:05 Dans l'histoire des réformes sociétales, chaque fois que la droite a dit non à l'IVG, à l'abolition de la peine de mort, au mariage pour tous, à la PMA pour toutes,
03:13 finalement, la loi a avancé et quelques années après, quand la droite revenait au pouvoir, elle ne remettait pas en question.
03:18 Et ceux qui avaient voté contre disaient finalement qu'on était en retard, on aurait dû voter pour premier point.
03:22 Simone Veil, si je ne m'abuse, était-tu une ministre ?
03:24 Oui, oui, certes, certes, mais à droite, il y avait des oppositions plus qu'à gauche à l'époque.
03:29 Mais j'imagine que c'est quand même la droite qui l'a fait.
03:31 Elle était ministre du centre, Valérie Giscard d'Estaing.
03:33 C'est la gauche qui l'a fait passer, tu te souviens ?
03:35 C'est les voix de gauche.
03:37 C'est les voix de gauche qui l'ont fait passer, il y avait plus d'opposants à droite qu'à gauche.
03:39 Deuxième chose, le principal argument de ceux qui ne voulaient pas faire cette entrée dans la Constitution, c'était de dire "c'est inutile, il n'y a pas de menace sur l'avortement en France, ne le mettons pas dans la Constitution".
03:50 Comme l'a dit Gérard Larcher, ce n'est pas un catalogue de droits sociaux.
03:54 Oui, sauf que le jour où le problème se pose et qu'un pouvoir élu veut supprimer l'avortement, si ce n'est pas dans la Constitution, c'est trop tard pour l'y mettre.
04:02 J'ai vu passer des chiffres, je ne sais ce qu'ils valent, aux Etats-Unis, du nombre de naissances à cause de viols depuis que l'arrêt américain a interdit le recours à l'avortement pour les femmes violées.
04:15 Si ces chiffres-là sont exacts, c'est plusieurs dizaines de milliers, c'est énorme.
04:19 T'imagines le traumatisme pour ces femmes, pour les enfants bien sûr, donc c'est aussi contre cela qu'on se protège.