Le César de l'indignation sélective - Le billet de Sophia Aram

  • il y a 7 mois
Vous avez vu la cérémonie des César… Tous ces artistes rebelles se congratulant dans la main de Bolloré j’adore, parce qu’entre deux mouchis qu'on retient et une larme qui ne vient pas toujours, l'émotion est là.

Le billet d'humeur de Sophia Aram dans le 7/10 (8h55 - 26 Février 2024)) Retrouvez tous les billets de Sophia Aram sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-billet-de-sophia-aram

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00:00 Sophia Aram, on vous écoute, bonjour !
00:02 Bonjour et bien, vous avez vu la cérémonie des Césars, tous ces artistes rebelles se
00:06 congratulant dans la main de Bolloré, j'adore ! Parce qu'entre deux mouchies qu'on retient
00:10 et une larme qui ne vient pas toujours, l'émotion est là !
00:13 Voilà, lorsque Gabriel Duflet et Nicolas Schmarmouf m'ont annoncé que j'allais jouer
00:20 avec Fabrice Marmande, Hector Planfoun et Samantha Girette s'en parlaient de l'immense
00:24 François Carbonneau éclairé par Jean-René Lareu. Je n'imaginais pas que ce putain de
00:31 cadeau allait faire waouh ! Fabien Théoux, mon frérot, mon poteau, merci d'avoir pensé
00:36 l'impensable, réparé l'irréparable, imaginé l'inimaginable et accompli l'inaccompli,
00:41 enfin le pas facile quoi !
00:43 Il n'y a pas de mal à se faire du bien en smoking et en robe longue, surtout si elles
00:49 sont prêtées par Saint-Laurent, Dior ou Chanel. Bref, des voix qui tremblotent, des
00:53 oreilles qui mouchotent et ce texte de Julie de Gaudrech qui vient rappeler qu'un réalisateur
00:57 de 39 ans qui abuse de son autorité et de la fragilité d'une jeune fille de 14 ans
01:02 pour libérer ses pulsions ne lui veut pas vraiment du bien. Il aura fallu 37 ans pour
01:08 qu'on l'entende enfin, mais voilà, c'est fait et bien fait. Comme toujours, cette cérémonie
01:12 fut également l'occasion de déclarations engagées pour la paix avec Kauther Benhania
01:18 qui a visiblement découvert la téléphonie après le 7 octobre 2023.
01:22 C'est le premier massacre en live-stream, en direct, sur nos téléphones. Il faut que
01:27 ça s'arrête. Merci beaucoup.
01:29 Celle de Gala Hernández demandant…
01:31 A la France de s'engager concrètement dans des situations telles que celles vécues par
01:35 le peuple palestinien aujourd'hui.
01:37 Muchísimas gracias.
01:39 Et celle d'Arieh Vortalter…
01:41 Pour un cessez-le-feu à Gaza.
01:44 Un appel très applaudi parce que, comme il le vient ensuite…
01:48 La ville demande celle des Gazaouis et celle des otages.
01:51 Alors, si le silence qui suit Mozart, c'est encore du Mozart, celui qui suit cet appel,
01:58 pardon, cette simple évocation des otages au César, c'est bien le walou qui traverse
02:03 la salle. Un silence de gêne ou plutôt un silence de mort. Celui qui accompagne les
02:07 victimes du pogrom du 7 octobre en Israël, ou les morts en Ukraine, au Yémen, au Darfour,
02:11 en Syrie. Au fond, les otages détenus par le Hamas sont devenus les dommages collatéraux
02:15 de leurs engagements sélectifs. Parce que quitte à demander un cessez-le-feu, ce que
02:19 tout le monde espère, pourquoi ne pas demander aussi la libération de tous les otages détenus
02:23 par le Hamas ? Qu'est-ce qui gêne ? Tant qu'à s'imaginer que les indignations
02:26 d'un acteur fassent plier le gouvernement israélien pour qu'il arrête de bombarder
02:30 les civils derrière lesquels le Hamas s'abrite. Pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Comment
02:35 ne pas comprendre que la libération des otages constitue une condition plus sûre, un cessez-le-feu,
02:39 que toutes les gesticulations sélectives de tous les acteurs de la terre ? Je n'arrive
02:43 toujours pas à expliquer ce silence que rien ne justifie. Parce que si tout le monde espère
02:47 un cessez-le-feu, comment refuser de le lier au sort des otages, à moins de les considérer
02:52 comme une prise de guerre légitime ou de confondre le Hamas avec un mouvement de résistance.
02:56 Ce qui serait une erreur aussi factuelle que morale pour une 49e cérémonie des Césars
03:01 à qui l'on peut remettre le César de l'indignation sélective.

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