El Seed est l’invité de Rachid Arhab dans un nouvel épisode de la Réf !

  • il y a 8 mois

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Transcription
00:00 J'essaie de sortir de cette boîte et je déteste qu'on me mette dans une boîte.
00:03 El Cid dans l'Aref.
00:07 L'Aref, vous le savez maintenant, c'est un échange d'images et de mots
00:11 avec un invité qui symbolise aux yeux de Lick
00:14 l'image que nous voulons porter dans le monde entier.
00:17 El Cid, en anglais, ça veut dire la graine.
00:20 Exactement, à la base, ça vient du Cid de Corneille.
00:22 En fait, on étudiait le Cid en cours de français.
00:24 Et Madame Lacroix me disait que le Cid vient de l'arabe "El Sayed",
00:28 qui veut dire genre le maître.
00:29 Et moi, j'avais quoi, 16-17 ans à l'époque, je commençais à graffer.
00:31 Et puis ensuite, quand je suis passé à la calligraphie arabe,
00:34 j'ai commencé à l'écrire S-E-E-D,
00:36 genre la graine à la recherche de ses racines.
00:38 Pour commencer, c'est une tradition d'Aref, je suis allé dans ton Instagram.
00:41 OK.
00:41 Tu ne vas rien découvrir, mais dis-moi dans quel pays
00:43 ont été faites les dernières photos qui sont sur ton Instagram ?
00:47 Il y a celle qui est à Milan, en haut, devant le Duomo.
00:49 Puis ensuite, il y a le quartier des Chifouniers du Caire.
00:52 Et juste à côté, c'est les pyramides de Giza.
00:55 Il y a du Liban, il y a des États-Unis.
00:57 Ouais, il y a le Bangladesh, il y a le Pakistan aussi, il y a la Suisse.
01:00 Tu sais ce qui manque ?
01:01 Il manque quoi ?
01:03 Il y a une œuvre encore qui est toujours visible
01:05 sur la façade de l'Institut du Monde Arabe.
01:07 Plus vue dans le monde entier que dans ton pays de naissance.
01:11 C'est vrai.
01:11 Ce n'est pas un choix de ma part.
01:12 Après, aujourd'hui, je suis un petit peu en vadrouille, on va dire.
01:15 Mais non, la France, c'est quand même ici que j'ai grandi.
01:20 La France est dans mon cœur, en tout cas.
01:22 Mais voilà, souvent, c'est les opportunités.
01:24 On verra quand l'occasion se présentera.
01:27 Moi, comme calligraphiteur,
01:31 calligraphie, je comprends,
01:32 graphiteur, je comprends aussi.
01:33 Comment tu as lié les deux ?
01:35 C'est quoi ton art, finalement ?
01:36 Le mot "calligraphite", par exemple,
01:37 c'est un mot qui a été utilisé la première fois dans les années 70.
01:39 C'est un mot qu'on me l'a attribué.
01:41 Moi, je me l'attribue aussi à l'époque parce que j'ai commencé avec le graffiti.
01:45 J'ai ensuite intégré la calligraphie arabe dedans.
01:47 Et donc, il y avait ce mix.
01:48 Aujourd'hui, en fait, les gens me reconnaissent par rapport à ça.
01:50 Mais aujourd'hui, je me détache de ça parce que je fais de la sculpture sur verre,
01:54 je fais de la sculpture en bois, je fais de la vidéo.
01:55 Donc, je ne suis pas... J'essaie de sortir de cette boîte.
01:57 Et je déteste en fait qu'on me mette dans une boîte.
02:00 Mais quand même, une question sur la langue, sur la calligraphie arabe.
02:03 Je ne lis pas l'arabe.
02:05 Tu as appris comment ? L'arabe ?
02:06 Il n'y avait qu'une sorte de crise identitaire à un moment dans ma vie
02:08 où j'avais besoin de retourner vers mes racines.
02:11 Donc, j'ai pris des cours d'arabe.
02:13 Et c'est à ce moment-là que j'ai découvert la calligraphie.
02:15 Il y avait un prof qui faisait, lui qui était calligraphe.
02:17 Et je lui demandais s'il pouvait m'apprendre.
02:19 Et s'il n'y avait pas une classe dans l'école où je prenais les cours.
02:22 Il m'a dit en fait que j'étais la seule personne intéressée par la calligraphie.
02:25 Et donc, j'ai juste repris des calligraphies classiques sur Internet.
02:29 Et j'ai commencé à jouer avec les lettres.
02:30 Ce qu'il faut savoir, c'est que moi, je ne suis pas calligraphe.
02:33 Je peux prétendre à ce statut de calligraphe
02:35 seulement si j'apprends les règles de la calligraphie classique
02:38 qui se transmettent de calligraphe en calligraphe.
02:40 Ça remonte genre 1400 ans en arrière.
02:42 Donc, c'est juste du freestyle.
02:44 Tes œuvres, tes fraises, que je ne sais plus comment dire.
02:49 Elles sont faites.
02:50 On a besoin de t'imprégner.
02:52 En fait, avec les gens du pays où tu es.
02:54 La première vidéo, c'est dans un Arenal Hellway.
02:56 C'est dans le sud du Liban.
02:57 C'est un camp de réfugiés palestiniens
02:58 où j'ai créé plusieurs œuvres avec des femmes qui font de la broderie palestinienne.
03:02 Ça, c'est dans un village qui s'appelle Gyalan Chaul, au Népal.
03:05 C'est un village qui a été reconstruit par des femmes après le tremblement de terre de 2015.
03:08 En fait, ce que je recherche, c'est au-delà du challenge artistique,
03:11 c'est l'expérience humaine.
03:13 Tu les fais participer ?
03:15 Oui.
03:15 L'idée, c'est de leur donner le sentiment d'appartenance
03:20 et que l'œuvre, ce n'est pas moi qui viens l'imposer.
03:22 C'est aussi votre œuvre à vous, donc vous participez de la manière.
03:25 Dans le projet que j'avais fait au Caire,
03:27 c'est toute la communauté des chiffonniers qui m'ont aidé.
03:30 Et c'est tous ces petits moments-là qui font que je kiffe ce que je fais.
03:33 Prendre un petit mur au Bangladesh,
03:36 et en fait, tu interrompes le trafic parce que
03:38 tous les tuktus qui ne comprennent pas ce qui se passe,
03:40 et tu crées un bouchon, tu fais des bouchonnings.
03:42 C'est immense parce qu'il se passe quelque chose dans le quartier.
03:45 Je vais te présenter encore une vidéo qui vient de ton assemblée.
03:48 C'est ça, là, on va aller en Tunisie.
03:50 On te voit. En fait, je te laisse m'expliquer ce qui se passe.
03:53 En fait, je suis en train de peindre sur une vitre le logo de la Tunisie.
03:57 Après, je ne sais pas si tu es au courant de l'histoire.
04:00 C'est qu'en fait, l'ancien ministre du tourisme, Mohamed Ali Toumi,
04:03 en 2020, m'a commissionné.
04:05 Après, c'est difficile de représenter 12 millions de personnes de façon visuelle.
04:10 Et donc, j'ai fait un logo, on va dire, à la Miro.
04:12 Donc, plus comme une œuvre d'art, pour qu'elle soit vraiment intemporelle.
04:15 Et après, on va dire, le contexte politique de l'époque a fait qu'il y a eu une grosse polémique dessus.
04:20 Je l'ai dit, je suis en avance. Dans 15, 20 ans, ils reviendront et le prenons, ce logo.
04:24 Tu avais, parmi les choses qui m'ont le plus frappé,
04:26 tu avais fait une œuvre à la frontière entre les deux Corées.
04:29 Ça n'a pas été facile, ça ?
04:30 Non, pas facile du tout.
04:32 Mais en fait, ce qui est intéressant, c'est de réaliser que les Sud-Coréens
04:35 étaient pour une réunification avec la Corée du Nord.
04:38 Et souvent, on cultive des stéréotypes.
04:40 Et m'en fait, en visitant la Corée du Sud, en allant sur la DMZ,
04:44 en rencontrant des Sud-Coréens,
04:46 j'ai réalisé que j'avais une vision, une perception complètement erronée.
04:51 Et le problème, c'est qu'on limite souvent un peuple à son gouverneur.
04:56 Et quand on pense à la Corée du Nord, on pense à Kim Jong-un.
04:59 Tu connais le principe de la REF, c'est que mon invité, mon complice,
05:03 a le droit de me poser des questions.
05:04 Bien sûr.
05:04 Ou de me montrer une vidéo.
05:05 Bien sûr.
05:06 C'est ton choix.
05:06 Moi, j'ai les deux.
05:07 Alors les deux ?
05:08 On va commencer par la vidéo.
05:09 Je sais que toi, tu es né dans un village de quoi ?
05:12 Cambili ?
05:12 Oui, de Cambili. Et je veux dire, si tu reconnais.
05:15 C'est du grec ?
05:20 C'est la version grecque de la chanson "Désir", exact.
05:23 Donc c'est le port du Piraeus, alors ?
05:24 Exactement. Et en fait, pourquoi j'ai choisi cette chanson ?
05:27 C'est que c'est une des chansons qui était la plus traduite.
05:30 17 langues, je crois.
05:32 Pour moi, c'est là la force de l'art.
05:33 La calligraphie touche à ta lame avant d'atteindre les yeux.
05:36 Et c'est la même chose avec la musique.
05:38 Tu peux apprécier cette mélodie, une chanson,
05:41 sans vraiment comprendre les paroles.
05:42 Ça fait appel en fait à nos émotions et ça fait appel à notre humanité.
05:46 Donc voilà, c'est...
05:47 Voilà.
05:47 Et c'était un petit clin d'œil.
05:49 C'est très agréable de le voir ça,
05:50 parce qu'en plus, le cabyle est une langue qui est pratiquée par assez peu de gens,
05:54 enfin, qui n'est pas comprise par beaucoup de gens.
05:56 Mais ce que Edir avait réussi à faire, c'est...
05:58 Toi, l'artiste, tu comprends ça.
05:59 C'est la rendre universelle, c'est-à-dire compréhensible de tous.
06:01 C'est ça.
06:02 Tu avais une question à poser aussi.
06:03 Ma question.
06:04 Comment toi, Rachid, tu as réussi à concilier ou réconcilier tes deux cultures ?
06:09 C'est ni concilier ni réconcilier,
06:11 parce que je crois qu'elles n'étaient pas en guerre,
06:13 - Exactement. - l'une et l'autre.
06:15 L'Algérie, c'est mon inné.
06:16 La France, c'est mon acquis.
06:18 Comme dans la vie, on fait avec ce qu'on a appris en naissant
06:21 et ce qu'on a appris sur le chemin.
06:24 J'ai réussi, c'est peut-être aussi le bénéfice de l'âge et de l'expérience
06:28 qui fait que tu peux avoir des douleurs.
06:30 Et en fait, le chemin fait qu'au bout d'un moment, tu te sens à l'aise dans les deux.
06:33 C'est possible de se réconcilier, de s'apaiser.
06:36 Je sais que c'est paradoxalement plus dur aujourd'hui
06:39 qu'à l'époque où j'étais à la télévision.
06:41 C'est peut-être ça le plus difficile à accepter aujourd'hui.
06:45 Alors, c'est moi qui choisis le mot de la fin.
06:47 Avec toi, vraiment, c'est assez facile parce que c'est tout en oeuvre.
06:50 C'est "p".
06:51 - "P". - P-A-I-X.
06:52 - OK. - Ça te va ?
06:54 Parfait.
06:55 Franchement, je suis content d'être face à toi.
06:57 Moi, je suis très fier de donner ma parole à des jeunes gens comme toi.
07:00 - Merci beaucoup, Rachid. - Comme on a dit, "Salam".
07:02 "Salam".
07:03 [Bruit de la carte qui se ferme]

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