Podcast: ouverture de la saison cycliste en Belgique

  • il y a 7 mois
Podcast: ouverture de la saison cycliste en Belgique

Category

🥇
Sports
Transcript
00:00 [Générique]
00:08 Bonjour Stéphane.
00:09 Bonjour Pierre.
00:10 Juste une question de contexte, on parle d'ouverture de la saison belge avec les courses de ce week-end,
00:15 il y en a déjà eu d'autres un peu partout dans le monde,
00:17 pourquoi est-ce qu'on considère que c'est à partir de ce week-end que les choses sérieuses commencent pour le peloton ?
00:22 Je pense que c'est plus par religion qu'autre chose,
00:26 c'est-à-dire que la Belgique, pour rappel, est quand même la première nation du monde en termes de vélo,
00:31 et que les courses d'ouverture justement à la grande époque, dans un autre siècle, c'était d'abord chez nous avant d'être ailleurs.
00:41 Et puis il y a eu une succession de courses d'ouverture un peu partout dans le monde, notamment en Europe avec la Marseillaise en France,
00:48 il y avait le trophée Lewelia en Italie,
00:51 aujourd'hui effectivement la saison officielle commence en Australie au mois de janvier,
00:56 et on a l'impression que c'est déjà il y a un siècle que le tour d'Hondure s'est terminé,
01:01 mais par principe, entre guillemets, dans l'esprit de ceux et celles qui suivent le cycle,
01:08 mais Dieu sait si les gens qui aiment le vélo sont attachés aux traditions, aux valeurs,
01:14 on considère encore aujourd'hui que la vraie ouverture se situe samedi au circuit de Nuremberg,
01:21 ce qui est une erreur puisque forcément tous les meilleurs ne seront pas là a fortiori,
01:26 quand on sait que Ringelgard par exemple prend la compétition demain dans une course espagnole qui n'existait pas il y a cinq ans.
01:34 Donc vous voyez effectivement beaucoup de choses ont changé en vélo.
01:37 On sait que le calendrier se divise en cause d'un certain genre,
01:41 si on veut résumer de façon extrêmement importante, il y a les Flandriennes, il y a les Ardennes, il y a les Grands Tours.
01:46 Si on commence avec les Flandriennes, ce sera une fois de plus un duel entre le Belge Van Aert et le Néerlandais Van der Poel.
01:52 On espère pas que Van Aert renverse un petit peu la tendance par rapport aux années précédentes ?
01:57 Non, ça c'est la grande tendance jusqu'à Paris-Roubaix effectivement,
02:00 mais qui ne sera pas vérifiée ce week-end puisque Mathieu Van der Poel ne sera pas là.
02:05 Vous voyez que la course ouverture certes a beaucoup d'envergure,
02:09 mais elle n'en a pas suffisamment que pour attirer déjà tous les regards sur ce duel
02:15 qui effectivement focalisera toutes les courses pavées.
02:18 Pourquoi ? Parce que l'année dernière Mathieu Van der Poel a clairement dominé au Haute Van Aert.
02:23 Il l'a aussi clairement dominé dans les cyclocross cet hiver.
02:27 On ne sait pas trop où en est Van Aert dans sa condition, même s'il a gagné une étape récemment en Tour de la Guerre.
02:37 Mais ce qui est sûr c'est que samedi, c'est lui qui disposera de la meilleure équipe.
02:44 Ce sera la grande équipe à battre avec non seulement au Haute Van Aert,
02:49 mais aussi des vainqueurs potentiels dont le vainqueur sur temps Ivan Van Baal,
02:53 dont le champion d'Europe Christophe Laporte, dont le meilleur équipier de Haute Van Aert, Tij Benoët.
02:59 Vous voyez, pour se confronter à cette formation-là, il va falloir s'y prendre tôt,
03:04 ou en tout cas trouver des solutions intelligentes.
03:06 Et par ailleurs, la formation Alpecine misera, elle, non pas sur Mathieu Van der Poel,
03:13 mais sur Jasper Philipsen qui fait sa grande rentrée.
03:16 On en parle très peu, mais Jasper Philipsen en 2023 était le belge le plus prolifique avec 19 victoires.
03:22 Autre absent de marque samedi, Mats Pedersen, qui sera, à mon sens,
03:27 le underdog derrière les deux monstres dépavés,
03:32 parce que le Danois est devenu un spécialiste de ces courses-là.
03:37 Il a surtout une très forte équipe à son service.
03:40 Nidale Trek, qui ce week-end se reposera plutôt sur ses belges, dont Jasper Steinhout.
03:46 Vous avez évoqué quelques sprinters, on sait qu'ils peuvent aussi performer sur des classiques plutôt flamandes.
03:52 Justement, en termes de vitesse pure, la Belgique a quand même deux sérieux coureurs,
03:56 avec Jasper Philipsen et Arnaud Delis.
03:58 C'est nous qui disposons des coureurs les plus rapides du peloton ?
04:01 Disons, dans une course de pavé, le sprint n'est pas la seule qualité indispensable.
04:09 À Curne, peut-être dimanche, mais samedi à Ninove, un peu moins.
04:13 Il est clair qu'en cas d'arrivée à 5 ou 6, celui qui va vite aura plus de chance.
04:19 Mais on voit très souvent maintenant des arrivants en solitaire.
04:24 Wout Van Aert l'a gagné en solitaire, Van Baer l'a gagné en solitaire.
04:27 Je ne vais pas nous mettre ici, évidemment.
04:29 Mais il est clair qu'un garçon comme Arnaud Delis,
04:33 qui a fait deuxième l'année dernière en réglant justement le sprint des battus derrière Van Baer,
04:38 a d'énormes qualités pour pouvoir imaginer se mêler samedi à la course des grands.
04:45 Et il devra d'autant plus en profiter que Van der Poel n'est pas là,
04:49 que certains autres adversaires, comme Peter Selvig, ne sont pas là.
04:53 Et que l'équipe peloton, bien qu'elle est en pro-continentale,
04:58 donc en deuxième division pour être clair,
05:00 peut affronter avec ses moyens la grande Wismar Lise Bayek,
05:04 parce que Arnaud Delis, à condition qu'il soit au top,
05:10 peut rivaliser avec ce genre de coureur.
05:14 Si on se projette un petit peu plus loin dans la saison avec les classiques ardennaises,
05:18 notamment Liège-Bastogne-Liège,
05:20 là on pourrait s'attendre à voir un Remco Evenepoel plus en mode préparation,
05:24 vu ses ambitions sur le Tour de France ?
05:27 Non, on ne vient pas aux classiques pour se préparer.
05:30 Ou on y vient pour les gagner, ou on n'y vient pas.
05:32 Comme par exemple Wingergaard, il ne vient pas aux classiques,
05:36 parce que ça ne l'intéresse pas, parce qu'il considère que le Tour est sa priorité,
05:40 tandis que pour Remco, ce n'est pas sa priorité.
05:42 Contrairement à ce qu'on pourrait croire,
05:44 c'est parce que ça fait fantasmer le public belge,
05:47 mais Remco Evenepoel, c'est l'homme de toute une saison,
05:50 et il le prouve déjà depuis 15 jours.
05:52 Et je pense que c'est beaucoup mieux comme ça.
05:54 Miser tout sur le Tour, c'est dangereux.
05:56 S'il vous arrive un pépin dès la deuxième étape,
05:59 si vous êtes malade, si vous chutez,
06:02 quoi que tous les éléments et les ingrédients
06:05 qui sont dépendants du sort,
06:09 mais forcément, les ambitions que vous aviez imaginées
06:12 ne se réaliseront pas.
06:14 Donc il est préférable pour lui,
06:16 en sachant qu'il a déjà 53 victoires,
06:18 de pouvoir s'exprimer sur les terrains qu'il aime.
06:21 Et on a même hâte de le voir dans les trois classiques ardennaises,
06:25 même si aux yeux de certains,
06:27 le bolero n'est pas une classique ardennaise,
06:29 et à mes yeux, ne l'est pas.
06:31 Mais on a hâte de le voir à la Flèche, par exemple.
06:33 Il fera sans doute sa première Flèche Wallonne.
06:35 Et ça, vraiment, j'ai hâte de voir ce qu'il peut faire
06:37 dans un mur de oui,
06:39 où on sait que ça reste un mythe malgré tout.
06:41 Pour en revenir aux sprinteurs,
06:44 j'ai omis, et je m'en excuse,
06:47 de préciser que parmi eux,
06:49 il y en a un dont on sous-estime les qualités,
06:52 qui est en train de s'exprimer sur le Tour du Hae,
06:54 c'est Tim Merlier,
06:56 qui est un parlementier,
06:58 si on en fait les hommes rapides,
07:00 oui, nous en avons, plus celui-là,
07:02 qui malheureusement, justement,
07:04 dans une équipe où évolue Remco Evenepoel,
07:06 ne peut pas participer à toutes les courses qu'il veut,
07:08 et ne participera pas au Tour de France,
07:10 alors qu'il pouvait franchement y vendre une quinzaine de places.
07:13 Mais donc, ça veut bien dire que chez Soudal Quickstep,
07:15 on a fait un choix fort
07:17 de partir au Tour de France avec un leader,
07:20 où on sait qu'il visera,
07:23 il l'a dit plusieurs fois, la cinquième place.
07:25 Je pense que c'est un objectif raisonnable
07:27 par rapport à tout ce que je viens de dire,
07:29 dès lors que lui ne va pas tout sacrifier pour le Tour.
07:31 Justement, pour les grands tours,
07:34 que ce soit en Italie, en Espagne et en France, bien sûr,
07:37 on a déjà eu l'occasion de parler un petit peu des transferts
07:40 qui ont notamment émaillé l'entre-saison cycliste
07:43 dans un précédent podcast.
07:45 Vu tous ces transferts, vu les armes à lacs qui se sont construites,
07:48 ça risque un petit peu de partir dans tous les sens,
07:50 cet été, sur les routes d'Italie, de France et d'Espagne.
07:54 Disons que les deux équipes les mieux armées
07:57 sont UAE et Wismal-Easebike.
08:00 C'est comme ça depuis deux ans maintenant.
08:03 Il est curieux de constater que l'ex-équipe Sky,
08:07 qui s'appelle aujourd'hui Ineos,
08:09 n'a plus un seul leader de taille
08:12 à pouvoir rivaliser avec tous les gens dont on vient de parler.
08:15 Maintenant, il faut trouver d'autres solutions.
08:18 Il y a toujours moyen d'ennuyer une grosse armada.
08:23 Et puis, UAE et Wismal-Easebike ne pourront pas mettre non plus
08:27 leur Dream Team sur chaque Grand Tour,
08:29 même si ce sera le cas pour UAE.
08:32 C'est la seule exception.
08:33 Pogacar fera le doublé, rappelons-le.
08:35 Giro Tour, ce qui est quand même ambitieux.
08:38 Mais dans son cas, rien n'était possible pour lui.
08:41 Voilà encore un autre absent des courses flamandes.
08:44 On rappelle tout de même que Pogacar avait brillé l'année dernière
08:47 autour des Flandres.
08:49 Un autre absent des pavés.
08:51 Voilà, c'est peut-être justement la possibilité d'ouverture,
08:54 sans jeu de mots, pour de jeunes garçons comme Arnaud Delis
08:58 de s'enrouffrer dans la brèche et de pouvoir montrer au monde entier
09:02 qu'ils sont capables de gagner des classiques pavés.
09:05 Et par comparaison peut-être hâtive,
09:09 on pourrait imaginer qu'Arnaud Delis soit une sorte d'héritier de Tom Bohonen
09:14 qu'on avait vu d'abord sprinter avant de s'exprimer dans les classiques flamandes.
09:18 2024, c'est une année olympique.
09:20 La course en ligne des JO, ce sera un grand objectif pour de nombreux coureurs,
09:26 notamment Rod Van Aert ?
09:29 Pas assez de coureurs justement, puisqu'il n'y en aura que 80, 85 au départ.
09:35 C'est un peu le souci de cette course olympique qui est complètement atypique.
09:41 C'est bien pour l'histoire du sport et c'est bien pour les coureurs
09:46 qui peuvent y participer parce que forcément,
09:48 ça n'a lieu que tous les quatre ans.
09:50 Par contre, je ne comprends pas pourquoi la course olympique
09:54 se déroule avec quatre coureurs par nation.
09:57 Et encore, les quatre, c'est pour les grandes nations comme nous,
10:00 alors que dans toutes les compétitions, c'est sept coureurs dans les classiques,
10:03 huit dans les grands tours.
10:04 Je ne vois pas pourquoi on change le règlement d'une course,
10:09 a fortiori quand on fait 270 kilomètres.
10:11 Donc ça veut dire que si vous partez quatre coureurs,
10:13 vous allez courir, comme on dit, comme des juniors.
10:16 On va partir dès le kilomètre zéro.
10:18 C'est celui ou celle, parce que chez les filles,
10:21 ce sera la main chaude, qui aura le plus de résistance à la fin.
10:24 Bien sûr, en Belgique, on se réjouira d'avoir une sélection exceptionnelle
10:30 avec Oudvanhart et Remco Evenepoel et sans doute Delie et Philippe Seine.
10:35 Ça, c'est à voir au fur et à mesure des mois qui passeront
10:38 et de ce que le sélectionneur en pensera.
10:40 Donc on aura une très forte sélection, mais une sélection
10:42 où le rôle d'équipier n'existera pas,
10:46 puisque ce n'est pas possible de pouvoir contrôler une course pareille.
10:50 Juste pour terminer, c'est le petit moment boule de cristal.
10:54 Le coureur à suivre cette année,
10:56 celui qui est peut-être passé un peu sous le radar des spécialistes,
10:59 mais qui, d'après vous, pourrait faire une très belle saison ?
11:03 Une saison complète, vous voulez dire.
11:05 C'est difficile, il faut séparer le printemps des grands tours, déjà.
11:11 Alors vous avez droit à deux coureurs.
11:13 Voilà. Moi, je pense qu'au printemps, je citerai Matt Spedersen,
11:17 qui a 27 ans, qui est dans la fleur de l'âge,
11:20 qui a réussi chez Lidl-Crecq à composer un effectif impressionnant autour de lui,
11:27 jusqu'à rapatrier, par exemple, Tim Declare,
11:30 qui était le lieutenant numéro un de l'équipe Soudal-Clixtep.
11:33 Donc on est allé chercher à la concurrence ceux qui se font de mieux.
11:37 C'est un coureur complet, qui rassemble eux aussi.
11:42 Et on sait que le cyclisme scandinave, tant au Danemark qu'en Norvège,
11:48 explose avec d'énormes champions.
11:51 On a parlé tout à l'heure de Jonas Lingenberg,
11:54 mais Matt Spedersen est aussi une figure de proue dans son pays, à cet échelon.
11:59 Donc au printemps, je situerai celui-là dans les coureurs à suivre,
12:05 derrière les deux monstres dont on a parlé.
12:08 Je pense qu'il est capable d'en gagner au moins une.
12:11 Et par rapport au Grand Tour, je n'aurais plus, comment vais-je dire, local.
12:17 Je rêve de voir Keanuth Brooks briller dans son giro au mois de mai.
12:27 Il reprend d'ailleurs la compétition cette semaine, lui aussi en Espagne.
12:33 On n'a pas encore tout vu de ce garçon-là, forcément, il n'a que 21 ans.
12:37 Il ne gagne pas souvent, malheureusement, mais ça, ce n'est pas dans son tempérament.
12:41 Par contre, ce qu'il a fait autour d'Espagne nous permet de croire qu'au giro,
12:45 il pourrait peut-être être la révélation d'un Grand Tour en 2024.
12:50 On verra ce que ça donnera au sein de l'équipe Vigismalize the Bike.
12:54 Merci beaucoup Stéphane.
12:56 Je vous en prie Pierre.

Recommandée