A l'occasion de la Panthéonisation de Missak Manouchian, le président du comité de jumelage Corse Arménie, Alexandre Santerian, est l'invité de la rédaction.
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00:00 - Bonjour Alexandre Santerian. - Bonjour.
00:03 - On le disait, il y a un an vous étiez aux côtés de l'Anacre, ici pour un hommage à Missak Manouchian, près du port de Bastia.
00:12 On parlait déjà de cette panthéonisation, vous y travaillez depuis de nombreuses années.
00:18 Ce sera chose faite ce soir, ce mercredi. Déjà qu'est-ce que vous ressentez ?
00:23 - Déjà on ressent un sentiment de justice, puisque ça fait une dizaine d'années qu'on se bat pour la reconnaissance des résistants de l'affiche rouge,
00:34 qui n'avaient pas encore de reconnaissance de la France.
00:42 Ce sont des résistants qui se sont battus pour la libération de la France,
00:46 et Missak Manouchian est mort apatride, et donc c'était justice cette panthéonisation.
00:53 - C'est la résistance communiste aux côtés de Jean Moulin, évidemment pour l'Anacre,
00:58 mais pour vous on l'a compris, c'est le rôle des étrangers qui est enfin reconnu dans cette résistance-là,
01:04 des étrangers armés qui ont pesé concrètement sur le terrain.
01:09 - Oui, puisque dès 1942-1943, les Arméniens, mais pas que, puisque les Espagnols, les Italiens, les Yougoslaves, les Grecs se sont investis...
01:22 - En universalisent la résistance.
01:24 - Voilà, se sont investis grandement dans des groupes.
01:27 Alors l'affiche rouge à Paris, c'était le groupe des Moïs de Manouchian,
01:30 mais vous aviez aussi le groupe Carmagnol à Villeurbanne, qui a participé à la libération,
01:36 et également le groupe des Moïs à Marseille, le groupe Marat, qui a libéré une partie de Marseille, et il ne faut pas l'oublier.
01:44 - Vous faites le lien ici aussi avec ce comité de jumelage avec la Corse, aux côtés de l'Anacre.
01:50 Certains ont pu ressentir ce sentiment d'être étrangers à l'époque de la mobilisation, on en parlait avant d'entrer dans ce studio notamment.
02:00 - Oui, bien sûr, puisque nous avons retrouvé un résistant de la Moïe, qui était Jean Otavi,
02:09 qui était un des participants responsables des Moïes à Villeurbanne,
02:14 qui a participé à la libération de Villeurbanne, et blessé en action, qui est né en Corse,
02:19 et c'est ce que nous avons dit... - Mais on ne sait pas où.
02:21 - Voilà, pour l'instant on ne sait pas, on n'a pas encore retrouvé avec l'Anacre, on est en train de voir,
02:25 qui a participé à la libération de Villeurbanne et qui a une plaque à son nom à Villeurbanne,
02:31 et c'est vrai que ça fait un lien important de ce sentiment de Corse,
02:35 qui se sont retrouvés pour travailler sur le continent,
02:38 et qui se sont rassemblés avec ce qu'on appelait à l'époque les métèques.
02:43 - Le comité de jumelage que vous présidez a œuvré à entretenir la mémoire du résistant Misak Manouchian,
02:50 il aurait eu sa place ce soir à Paris, mais finalement vous avez décidé de ne pas y aller, pourquoi ?
02:56 - Alors nous on a décidé de ne pas y aller malgré une dizaine d'années de combats pour cette reconnaissance,
03:03 tout simplement par rapport à un timing qui nous paraît très contrarian,
03:10 puisque, comme vous le savez, le Karabakh, qui est la partie arménienne de l'Artsakh,
03:18 a été chassé de ses occupants cette année.
03:23 C'est vrai que ça s'est accéléré sur un an ou deux, cette panthéonisation,
03:28 mais la France n'a pas œuvré comme elle aurait dû le faire pour maintenir les Arméniens du Karabakh dans leur terre historique.
03:36 - Les pays de manière générale européens ont été plutôt timorés, la France a pourtant œuvré au moins au niveau humanitaire ?
03:42 - Alors au niveau humanitaire, même au niveau humanitaire, je vous dirais que la France a eu un rôle très difficile sur le Haut-Karabakh.
03:50 - En termes de financement, je veux dire ?
03:53 - Justement non, puisque nous on considère que la France n'a jamais reconnu le Haut-Karabakh,
04:00 et c'est ce qui aurait permis de maintenir son existence.
04:03 Elle n'a pas non plus fourni d'armes nécessaires, comme elle le fait aujourd'hui pour l'Ukraine, pour se défendre.
04:09 Et aujourd'hui on a un sentiment que la participation de la France sert surtout à un environnement géopolitique,
04:16 puisque l'Arménie, comme vous le savez...
04:18 - Ce sont deux conflits qui sont appréciés différemment depuis l'Europe ?
04:22 - Voilà, l'environnement est très contrariant, et entre l'Iran frontalier, la Russie partie prenante,
04:29 l'Azerbaïdjan financeuse de gaz pour l'Europe, et la Turquie, vous voyez, c'est très compliqué.
04:35 - Est-ce que vous ici, vous avez des contacts là-bas sur la situation ?
04:39 Parce qu'on sait que les réfugiés restent en Arménie.
04:42 - Nous on maintient les contacts, puisque nous avons depuis trois ans des conventions ministérielles
04:47 avec le gouvernement d'Artsakh, au sein du comité de Gymnages-Corses-Arménie,
04:52 pour justement tout ce qui est aspect économique ou aspect culturel.
04:58 On a des liens, c'est-à-dire qu'on a pensé que le gouvernement d'Artsakh n'existait plus,
05:04 puisque tout le monde a fui, mais aujourd'hui il y a un gouvernement en exil, par intérim,
05:09 et il y a eu une communication il y a deux jours en ce sens-là,
05:12 pour la récupération des terres historiques d'Artsakh, c'est-à-dire la reconquête de l'Artsakh.
05:17 - On a compris, donc une panthéonisation pour vous aujourd'hui, un peu douce-amère, Alexandre Santerian.
05:24 - Alors, on ne peut pas nier le côté essentiel de cette panthéonisation,
05:29 puisque c'est vrai que dans l'esprit de Manouchan il y avait ce côté révolutionnaire de justice et de liberté.
05:38 Il est arrivé deux ans avant dans des usines où on a permis à Missak Manouchan d'aller promouvoir cette liberté.
05:54 Il était quand même d'usine aussi d'Arménien, il ne faut pas l'oublier ça.
05:58 - Ce sera le mot de la fin. Merci beaucoup Alexandre Santerian d'avoir été à notre micro ce matin.
06:04 On va se quitter avec cette jolie reprise de Faish Eterton, l'affiche rouge.
06:10 - Merci à vous, intérieur retrouvé sur notre site France Boulay RCFM.
06:14 Vous n'avez réclamé...