Alexander Makogonov, porte-parole de l'ambassade de Russie en France, était l'invité de BFM Story pour évoquer la mort d'Alexeï Navalny. La France a réclamé une "enquête indépendante et approfondie" sur les conditions du décès de l'opposant en détention, dont elle tient les autorités russes pour "pleinement responsables"
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00:00 Pourquoi les autorités russes, pourquoi vous refusez de remettre le corps de Navalny à sa mère ?
00:06 En ce moment, l'expertise médicale judiciaire est en cours.
00:09 Tant que c'est en cours, le corps se trouve dans les mains des spécialistes
00:15 qui font leur travail dans le cadre de l'enquête professionnelle sur ce cas.
00:21 Je ne sais pas qui a annoncé 14 jours, en tout cas c'est une information qui circule dans les médias occidentaux,
00:26 mais en tout cas cette enquête continue. Combien de temps ? Je ne peux pas vous le dire.
00:30 Ça me dépasse complètement ce genre d'information. En tout cas c'est en cours.
00:35 La France demande une enquête indépendante et approfondie sur les causes de cette mort.
00:41 Est-ce que vous pourriez accepter justement une enquête indépendante internationale ?
00:44 Mais nous savons très bien ce que veut dire cette formule, l'enquête indépendante,
00:49 parce que si vous vous souvenez, le début de cette histoire avec Navalny,
00:53 avec son soi-disant empoisonnement avec Ljunoviček, c'est la Russie justement
00:58 qui a demandé l'enquête ouverte et participation dans cette enquête,
01:01 parce que les capitales occidentales nous ont accusés tout de suite de l'empoisonnement de Navalny.
01:07 Donc là, sans une moindre preuve, on attend toujours ces preuves-là.
01:10 Donc là, on sait très bien, on connaît très bien cette formule.
01:12 Donc là, cette formule s'est complètement discrétisée.
01:16 Mais avant de demander l'enquête indépendante, il faut d'abord peut-être que la France demande
01:22 l'enquête indépendante pour les événements de ce fameux massacre à Bucza,
01:27 puis l'enquête indépendante en ce qui concerne l'explosion des fameux gazoducs Nord Stream,
01:33 l'enquête indépendante aussi pour l'avion militaire russe abattu au-dessus de la région de Belgorod,
01:39 Il-76, qui a apporté pour l'échange des prisonniers ukrainiens.
01:42 Donc là, après ces demandes-là, s'ils apparaissent un jour, ces demandes,
01:46 on peut peut-être parler d'autres demandes.
01:49 Il faut être conséquent quand même. Il faut être honnête.
01:52 Tout de même, monsieur le conseiller, Navalny était l'opposant politique numéro un,
01:59 le personnage le plus célèbre de toute opposition russe.
02:02 Il était en prison dans le Grand Nord. Il était surveillé 24 heures sur 24.
02:07 Quelle est la cause de sa mort ? Ne dites pas que vous ne le savez pas.
02:10 Il a été victime de l'acharnement du système judiciaire, au minimum.
02:14 Est-ce que l'on peut dire aujourd'hui qu'il est la victime du régime russe,
02:17 comme le disent Joe Biden, l'américain, Emmanuel Macron, le français,
02:21 ou le chancelier allemand, Charles ?
02:23 – Vous êtes en train de reproduire, répéter le narratif…
02:26 – Non, je vous pose la question.
02:27 – Oui, oui, je vous réponds.
02:29 Le narratif qui est injecté et qui circule dans l'espace…
02:32 – C'était bien le premier opposant politique.
02:33 – …pour la politique médiatique occidentale.
02:35 – C'était bien le premier opposant politique.
02:36 – C'est le premier opposant politique pour l'Occident
02:38 qui a investi ce sens-là dans cette personne.
02:42 Pour la Russie, ce n'est pas un opposant politique nuisant,
02:44 c'est un blogueur, il est connu en tant que blogueur,
02:46 qui faisait des clips vidéo sur la chaîne YouTube,
02:49 il est connu par le public, par les utilisateurs d'Internet.
02:53 – Mais il était candidat à la présidentielle,
02:54 il était candidat à la mairie de Moscou,
02:55 ce n'est pas un simple blogueur, c'est un opposant politique.
02:58 Et il est mort au goulag.
02:59 – Mais en même temps, non, il n'est pas mort au goulag,
03:01 il est mort dans la colonie pénitentiaire,
03:03 mais quand même, il ne faut toujours pas oublier que c'est quelqu'un aussi
03:07 qui est considéré par la justice russe en tant que criminel,
03:11 parce que là, il a été jugé pour des crimes, pour des délits assez concrets,
03:15 donc là, ce n'est pas pour le fait qu'il ait été,
03:18 comme vous dites, un opposant numéro un, qu'il ait été jugé,
03:20 ce n'est pas un prisonnier politique, lui.
03:22 – D'accord, mais la veuve d'Alexis Navalny accuse directement
03:25 les autorités de cacher sa dépouille pour couvrir un meurtre,
03:29 elle utilise le terme de meurtre.
03:30 – Non, non, non, mais justement, c'est pour ça que les autorités russes
03:33 s'en occupent, l'enquête est en cours pour justement faire la lumière
03:37 sur les circonstances de sa mort, surtout sur les raisons de sa mort,
03:39 parce que toute cette histoire de Navalny, depuis le début,
03:42 ça pue, parce que là, il faut toujours se demander à qui profite le crime,
03:48 aux autorités russes, à la veille des élections, pour se faire discréditer,
03:53 pour provoquer une nouvelle vague de la russophobie,
03:55 pour provoquer tous les foudres de critiques de la part
03:58 de toutes les capitales occidentales, ou quand même pour ceux qui veulent
04:01 encore commencer, continuer plutôt cette hystérie anti-russe,
04:05 provoquer une nouvelle vague de la russophobie,
04:08 utiliser et instrumentaliser ces situations contre la Russie.
04:12 – Donc vous êtes en train de nous dire que ça n'arrange pas
04:14 les affaires russes, la mort de Navalny.
04:17 – Ça n'a aucun sens pour les autorités russes d'avoir la mort de Navalny.
04:20 – Mais alors pourquoi ne pas l'avoir protégée davantage ?
04:23 Pourquoi l'avoir envoyée dans une colonie pénitentiaire au fin fond de la Russie ?
04:27 – Mais c'est un prisonnier.
04:28 – Si pour vous c'était effectivement un prisonnier important,
04:31 il ne fallait surtout pas donner des arguments contre vos adversaires,
04:34 pourquoi ne l'avoir pas protégée davantage ?
04:36 – Le contraire, c'est pour vous, lui, c'est un prisonnier important,
04:41 pour nous c'est un prisonnier comme tous les autres en fait,
04:43 c'est pour ça qu'il est transferé.
04:44 – Vous dites aujourd'hui qu'on se sert de lui pour s'en prendre
04:46 une fois plus à la Russie, il fallait le protéger davantage.
04:48 – Mais je vais vous citer trois noms, Solzhenitsyn, Sakharov, Navalny,
04:55 c'est comme vous dites des prisonniers qui ne sont pas importants,
04:58 ce sont en fait des symboles de l'opposition politique
05:00 qui ne peut pas exister en Russie.
05:02 Et vous parlez d'élections présidentielles russes,
05:05 tous les candidats indépendants se sont vus recaler,
05:08 y compris d'ailleurs Navalny qui était candidat en 2018,
05:10 qui n'a pas pu finalement se présenter.
05:12 Ce n'était pas un simple blogueur.