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« Je ne sais pas ce que c’est que de grandir dans une famille avec un père. » Patrick Boutot s’est confié sur l’enfance qui a fait de lui le célèbre Patrick Sébastien.

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00:00 Je me suis fait casser la gueule parce que j'étais un bon élève.
00:02 Si je te jure, les gamins, ils n'acceptaient pas que le bâtard soit premier de la classe.
00:07 Je me rappelle, putain, ils m'ont tapé fort.
00:10 Ils m'ont dit "va te plaindre à ton père, t'en as pas".
00:13 Bonjour, vous connaissez Patrick Sébastien,
00:15 mais là, je vais vous parler de mon enfance,
00:18 de Patrick Boutot dans son petit village de Corrèze qui s'appelait Juliac.
00:21 J'aurais dû naître le 13 novembre, la veille, pas le 14,
00:25 mais c'est des bonnes sœurs qui l'ont accouché,
00:27 qui l'ont laissé souffrir exprès en lui disant "tu as fait une faute, faut la payer".
00:31 C'est un truc de fou, on peut pas imaginer ça aujourd'hui.
00:33 Elles étaient deux filles merdes qui étaient dans des chambres à part
00:36 et sur lesquelles on a testé des produits qu'on ne testait pas sur les filles normales.
00:41 C'est peut-être pour ça que je suis pas normal d'ailleurs.
00:42 Moi, je sais pas ce que c'est que de grandir dans une famille avec un père.
00:46 Je sais pas ce que c'est.
00:48 Et d'entrée, quand t'as 4-5 ans, c'est là que ça te forme et tu le sais.
00:51 Tu sais que tu passes dans la rue, le père en question, ta mère te dit que c'est celui-là.
00:55 Tu passes devant sa boutique et il te parle pas.
00:58 Faut le vivre.
00:59 Et ça construit tout le reste.
01:00 Celui qui ne m'a pas reconnu, merci quoi.
01:02 Parce que s'il m'avait reconnu, je serais pas allé chercher la reconnaissance sur les scènes.
01:06 Donc merci, enfoiré.
01:08 Ma mère, c'est mon modèle.
01:10 Jusqu'au 12 novembre, deux jours avant ma naissance,
01:14 elle faisait 22 km par jour, 11 et 11 aller-retour,
01:18 pour aller soulever des cajots de pommes, des tonnes de pommes, sans se plaindre.
01:23 Et c'est elle qui m'a appris l'effort.
01:24 Elle m'a mis au boulot à 12 ans.
01:26 Pas pour que j'y aille des sous, pour m'apprendre l'effort.
01:29 J'étais limonadier.
01:30 Putain, fallait porter des sacs de charbon, des caisses de bière,
01:34 pour rien, pour 3 francs 50.
01:36 Puis j'ai fait tous ces vrais métiers.
01:37 Peintre en bâtiment, déménageur, pendant que je faisais mes études,
01:40 pour payer mes études.
01:41 On n'avait pas grand-chose.
01:42 Mais qu'est-ce qu'on était bien.
01:44 Parce qu'il y avait beaucoup d'amour et puis on mangeait bio.
01:47 Aujourd'hui, c'est le plus cher, mais nous c'était gratos parce qu'il n'y avait que ça.
01:50 Tu me donnes une baguette magique, je reviens tout de suite là-bas.
01:52 C'était vachement bien.
01:54 Et quel type d'élève tu étais ?
01:55 J'étais un bon élève.
01:57 D'ailleurs, je me suis fait casser la gueule parce que j'étais un bon élève.
01:59 Si je te jure, les gamins, ils n'acceptaient pas que le bâtard soit premier de la classe.
02:04 Je te jure que c'est vrai.
02:06 Je me rappelle.
02:06 Putain, ils m'ont tapé fort.
02:08 Ils m'ont dit "va te plaire à ton père, t'en as pas".
02:11 Avec les filles, ouais, au début, oui, oui.
02:14 Au début, ouais, j'étais toute timide.
02:16 Mais très vite, empressée.
02:18 Parce que c'était dans le...
02:20 Tu sais, les villages, à l'époque, ça bossait dur.
02:24 Et donc, la porte de sortie, c'était picoler un peu.
02:27 C'était les balles et c'était baiser.
02:30 Ça niquait partout.
02:32 Ça baisait partout parce que c'était un loisir.
02:35 Ils avaient que ça à faire.
02:36 Et très vite, effectivement, on a eu envie d'avoir nos petites histoires d'amour.
02:40 Ma femme, elle est tombée enceinte, j'avais 16 ans.
02:43 Mais j'avais déjà mis une fille enceinte à 14 ans.
02:45 Et là, ma mère, elle m'a dit "non, non, non".
02:48 Il n'y avait pas question.
02:49 Par contre, à 16 ans, elle m'a dit "vas-y, tu te maries".
02:51 "Ça va tellement les emmerder".
02:53 Je dis "ok".
02:53 Et quand tu habitais à Juliac, ça représentait quoi, Paris ?
02:56 Oh putain !
02:57 Il y avait une espèce de hall.
02:59 Et il y avait des dessins où il y avait les villes d'à côté.
03:02 Petite ville, Brive.
03:03 Déjà, je voyais Brive, je me disais "putain, c'est loin".
03:06 Et il y avait une grande flèche avec marqué "Paris".
03:08 C'était intouchable.
03:10 C'était jamais "je vais y aller".
03:12 Tu sais, ce petit garçon, il est en moi tout le temps.
03:15 Il n'y a pas un soir où je m'endors sans penser à lui.
03:17 Je suis assis à côté de lui sur le banc à regarder la télé.
03:19 Et je suis content parce que je m'étais toujours dit
03:21 "le gamin que j'étais, s'il vient s'asseoir à côté de l'adulte,
03:24 il ne faut pas qu'il ait envie de lui cracher dans la gueule".
03:27 Et je peux te dire que le gamin que je suis,
03:28 il n'a pas envie de me cracher dans la gueule parce que je ne l'ai pas trahi.
03:31 [Générique de fin]

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