Dans son édito du 19/02/2024, Florian Tardif revient sur le refus du président de la République de faire participer le RN à l'entrée au Panthéon de Missak Manouchian, poète et survivant du génocide arménien.
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00:00 Et oui Romain, interrogé par l'humanité,
00:01 cette panthéonisation aura-t-elle du sens
00:03 si l'héritière politique des bourreaux de Missach Manoukian est là ?
00:07 Question sur laquelle on pourrait s'attarder d'ailleurs,
00:09 mais ce n'est pas le sujet.
00:10 Emmanuel Macron répond,
00:11 l'esprit de décence, le rapport à l'histoire
00:13 devrait les conduire à faire un choix.
00:15 On comprend déjà Romain où il veut en venir,
00:17 mais au cas où le chef de l'État enfonce le clou,
00:20 les forces d'extrême droite seraient inspirées
00:22 de ne pas être présentes, je le cite,
00:24 compte tenu de la nature du combat de Manoukian.
00:26 Il précise tout de même que ce n'est pas à lui,
00:29 par un geste arbitraire, d'en décider,
00:31 un petit peu comme même M. le Président de la République, non ?
00:34 Un président ne devrait pas dire ça,
00:35 c'est ce que vous nous dites Florian.
00:36 Oui Romain, car un président n'a pas à donner des bons
00:39 et des mauvais points aux représentants de la nation,
00:41 donc aux représentants d'une partie de la population,
00:43 je le rappelle, j'entends que Missach Manoukian,
00:46 militant communiste, arménien, immigré en France,
00:48 aurait très bien pu par exemple s'opposer au projet politique
00:51 porté par Marine Le Pen.
00:52 Mais qu'a-t-il lancé à ses accusateurs lors de son jugement,
00:55 parodié de procès menés de façon expésitive ?
00:58 Vous avez hérité la nationalité française,
01:01 nous l'avons méritée.
01:03 Et que dit Marine Le Pen aujourd'hui ?
01:04 La nationalité française s'hérite, ou se mérite,
01:08 car oui, on peut être étranger,
01:10 français de préférence, comme l'écrivait Aragon,
01:13 et un jour, entrer au Panthéon.
01:15 Alors pourtant, lorsqu'il est confronté au réel, comme on dit,
01:19 Emmanuel Macron reprend des propositions
01:21 formulées par le passé, par le RN.
01:23 Oui Romain, et d'ailleurs quand je citais Marine Le Pen,
01:26 il y a un instant, c'était d'ailleurs durant la campagne
01:28 présidentielle de 2022, quand elle parlait de nationalité française
01:32 qui s'hérite ou se mérite, c'était pour faire référence
01:34 à une proposition qui a été reprise, il me semble,
01:37 assez récemment par Emmanuel Macron,
01:40 proposition de mettre fin au droit du sol.
01:43 Tiens, mais que propose aujourd'hui le gouvernement ?
01:44 La suppression du droit du sol à Mayotte,
01:46 ouvrant un débat, ils le savent,
01:48 sur la suppression du droit du sol sur l'ensemble du territoire national.
01:52 Emmanuel Macron rattrapé donc par le réel, effectivement,
01:55 et qui n'en est pas à une contradiction près,
01:57 puisqu'il s'affiche aujourd'hui dans le journal de l'Humanité,
02:01 comme celui qui tente de lutter contre la montée
02:03 du Rassemblement national.
02:04 Il le dit lui-même, le RN ne fait pas partie
02:06 de l'arc républicain, l'inverse de ce que disait, tiens Romain,
02:11 un certain Emmanuel Macron, sans doute son double maléfique,
02:13 qui estimait qu'il était tout à fait normal
02:15 que sa majorité à l'Assemblée nationale
02:16 puisse avoir des discussions avec le Rassemblement national.
02:19 Alors, ce n'était pas il y a dix ans, Romain,
02:21 c'était il y a dix jours, M. le Président de la République.
02:23 Quand allez-vous comprendre que diaboliser son adversaire
02:26 ne fait que le renforcer ?
02:27 Si vous souhaitez mener aujourd'hui le combat
02:29 contre telle ou telle formation politique,
02:31 menez un combat sur le fond et pas sur la forme.
02:34 [Musique]
02:38 [SILENCE]