• il y a 10 mois


« C’est peu conventionnel, mais je sais que toute est l’assemblée bienveillante ». Ce vendredi 9 février au Conseil de Paris, Léa Vasa, conseillère déléguée Les Écologistes, s’apprête à prendre la parole pour présenter une délibération sur l’aménagement des canaux au Nord de Paris. Dans ses bras, l’élue ne tient pas ses dossiers mais sa fille âgée d’à peine trois mois. Une scène exceptionnelle dans cette salle où résonnent plus souvent les échanges (parfois tendus) entre les élus que les gazouillis des nourrissons. « Ça a adoucit l'atmosphère du Conseil de Paris sur tous les bancs de gauche comme de droite. On m’a même proposé de l’aide », avoue en souriant Léa Vasa.


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Transcription
00:00 Merci Madame la maire de m'avoir permis de rentrer en séance avec ma petite fille
00:03 qui n'a pas trois mois et qui n'est pas encore gardée.
00:06 Et qui s'endormait dans mes bras et comme chaque parent sait, c'est le moment le plus critique,
00:09 donc absolument pas le moment de la poser ou de la confier, donc je vous remercie beaucoup.
00:12 Je n'avais pas le choix ce jour-là parce qu'effectivement je n'ai pas de place en crèche,
00:16 je n'ai pas encore d'assistante maternelle,
00:18 mais je revendique aussi le fait que ça puisse être un choix pour les parents,
00:22 d'ailleurs pas que les mamans, qui le souhaitent, de pouvoir venir ponctuellement au travail,
00:26 et en particulier quand on fait de la politique, de pouvoir afficher aussi d'autres profils
00:30 qu'on n'a pas l'habitude de voir, ni en politique, ni dans la vie professionnelle.
00:33 Des jeunes, des mamans, qui sont puissantes, qui prennent toute leur place dans ces institutions-là,
00:38 parce qu'en général un congé maternité c'est plutôt une punition quand on revient,
00:42 qu'un symbole de puissance.
00:45 Ça a même, je pense, peut-être adouci l'atmosphère du Conseil de Paris sur tous les bancs,
00:50 de la gauche comme de la droite, on m'a proposé de l'aide,
00:52 parce que pendant trois jours je suis venue aussi travailler avec elle,
00:56 donc tout le monde est très compréhensif de la situation.
01:00 Je pense que la société a aussi évolué il y a quelques années,
01:03 peut-être que ça n'aurait pas été le même accueil,
01:05 mais à Paris, en politique aujourd'hui, on peut être jeune, femme, mère,
01:09 et essayer de concilier tout ça.
01:11 Aujourd'hui, dans la vie professionnelle, c'est pas vraiment adapté pour pouvoir allaiter son enfant,
01:15 les femmes ont droit à deux fois trente minutes dans la journée pour allaiter,
01:18 ce qui ne correspond pas du tout au rythme naturel du bébé.
01:22 Les prescriptions médicales, les aides de la sécurité sociale
01:26 ne sont pas forcément pour du matériel qui est très adapté à la vie mobile, au travail, etc.
01:30 Donc c'est vrai qu'il y a encore de grands pas qui restent à faire pour pouvoir accompagner l'allaitement,
01:34 qui reste recommandé par l'Organisation mondiale de la santé jusqu'aux six mois du bébé,
01:38 et concilier vie professionnelle et, de façon générale,
01:41 vie avec un enfant et allaitement, ça reste aujourd'hui très compliqué.
01:44 De manière générale, le monde professionnel, le monde du haut niveau,
01:48 quel que soit le secteur, n'est pas prévu pour les femmes.
01:51 On s'est imposé, on arrive là depuis pas si longtemps.
01:54 Et donc rien n'est prévu autour de la maternité, du maternage,
01:58 qui est principalement aujourd'hui encore assumé par les femmes.
02:01 Il y a une famille sur cinq aujourd'hui, par exemple, qui, faute de moyens, de garde alternatif,
02:05 doit garder son enfant soi-même, alors qu'il souhaiterait pouvoir faire autrement.
02:09 La plupart du temps, ce sont les femmes qui sacrifient leur emploi,
02:12 parce que souvent leur salaire est déjà bien moindre,
02:14 donc autant finir de sacrifier ce travail-là,
02:16 souvent la vie sociale qui va avec et le revenu aussi qui va avec.
02:19 Ce n'est pas évident de concilier toujours les fonctions d'élu avec la vie de parent.
02:23 Et donc peut-être que ce conseil peut aussi inscrire dans son règlement
02:26 la possibilité de venir en séance avec ses nouveau-nés,
02:29 notamment quand ils sont à l'été, puisque c'est toute une organisation à repenser.
02:32 Donc merci encore.
02:33 On verra au prochain Conseil de Paris si mes collègues souhaitent pouvoir inscrire
02:39 officiellement la possibilité dans le règlement de venir avec son nourrisson ponctuellement,
02:42 parce que ça arrive régulièrement en fait.
02:44 J'ai reçu beaucoup de témoignages de collègues élus,
02:47 mais aussi des professionnels, des agents de la fonction publique,
02:49 ou même dans d'autres branches, de gens qui m'ont dit
02:51 « moi je l'ai déjà fait, je suis déjà venue au travail parce que je n'avais pas le choix,
02:54 et que j'avais par ailleurs la capacité de tenir cette réunion,
02:57 de tenir ce dossier avec mon bébé. »
03:00 Donc ponctuellement, les femmes le font, souhaitent pouvoir le faire sereinement.
03:03 Donc ça doit être ouvert à la fois dans les institutions,
03:06 je pense que c'est important pour envoyer un signal à la société,
03:09 mais aussi dans les entreprises, parce que c'est là où on en a besoin également.
03:12 [SILENCE]

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