À travers ses expériences, poussée par ses convictions et sa motivation à contribuer à la société, Marthe de Laclos nous raconte comment se passent les rencontres auteurs/victimes dans le cadre de la justice restaurative.
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00:00 C'est bien d'aller là où personne ne veut.
00:02 Et puis oui, j'ai un petit côté un petit peu provocateur.
00:06 J'ai travaillé comme animatrice de prévention pendant 15 ans.
00:13 C'est là que j'ai eu ma certification au conseil conjugal et familial.
00:18 Et ce métier d'animatrice de prévention m'a amenée en détention,
00:21 à travailler, à faire de la prévention et de l'accompagnement auprès des personnes détenues.
00:25 Et c'est à ce moment-là que j'ai fait connaissance avec la justice restaurative.
00:29 C'est d'amener un espace de dialogue totalement inédit puisque la société, la loi,
00:39 enfin tout ce que vous voulez d'ailleurs, ne permettent pas aux personnes auteurs
00:43 et aux personnes victimes de pouvoir parler.
00:45 Le procès va régler les questions de conséquences.
00:50 La justice restaurative permet d'initier un dialogue sur les répercussions d'un acte subi ou causé.
00:58 Si je souhaite être bénévole, si j'y tiens, c'est parce que les personnes en face qui sont dans cette mesure,
01:11 mis à part de la restauration personnelle, elles n'ont rien à y gagner.
01:16 Et le fait que je sois bénévole montre que la mesure a du sens.
01:20 J'ai trouvé le principe de la justice restaurative hors du commun.
01:25 En fait, on est dans une société où même les travailleurs sociaux ne donnent pas la place
01:31 aux personnes qui s'accompagnent dans leur parcours de vie.
01:34 Et la justice restaurative remet à la personne au centre de son parcours.
01:38 C'est elle qui décide quand elle y vient, si elle y vient, quelles sont ses attentes et si elle y reste.
01:43 Voilà pourquoi ce côté travail social m'y a emmenée et pourquoi j'ai été séduite.
01:50 Parce que pour moi, l'humain, c'est tout ce qui faut, c'est tout ce qui vaut et c'est tout ce qui va permettre
01:56 à une personne, un détenu, victime, de retrouver sa place de personne et de ne plus avoir ce statut, victime ou auteur.
02:02 Pour animer aussi bien des rencontres de groupe que des rencontres auteurs et victimes d'une même affaire,
02:14 j'ai 90 heures de formation.
02:17 La première semaine, on va nous apprendre ce qu'est la justice restaurative et sur les deux autres modules.
02:23 Il y a 30 heures de formation pour ce qu'on appelle la médiation restaurative.
02:26 Donc c'est amener une personne auteur et une personne victime à un dialogue, en face à face ou pas,
02:31 par téléphone, par écrit, c'est eux qui choisissent.
02:34 Et 30 heures de formation pour ce qu'on appelle les rencontres de groupe, rencontres condamnées, victimes.
02:39 Donc en milieu ouvert, personne n'ayant été condamnée mais qui n'est plus en détention
02:44 ou en rencontre détenue/victime, donc personne condamnée ou prévenue mais qui est en détention.
02:48 Sur les mesures de groupe, les personnes auteurs et les personnes victimes ne sont pas liées par la même affaire,
02:53 mais par une thématique.
02:55 Donc pour celle que j'anime, violence conjugale.
02:57 Dans une médiation restaurative, c'est une mesure qui va mettre en dialogue, si elle le souhaite,
03:02 la personne auteur, la personne victime qui est liée par la même affaire.
03:11 Il faut y être pour le comprendre, c'est indescriptible ce qui se joue.
03:15 Si je dis magie, quand on va me dire que je suis fleur bleue, c'est pas grave,
03:19 mais les gens sont transformés.
03:22 Et ce n'est pas une métaphore.
03:25 On voit des auteurs pleurer, on voit des victimes pleurer,
03:29 on voit des auteurs tendre les boîtes de mouchoirs aux victimes,
03:33 on entend les victimes dire "mais c'est bon, vous avez posé un acte, mais là on est entre êtres humains".
03:39 Et les animatrices, les membres de la communauté font partie de ce cercle.
03:44 C'est plus que de la neutralité, c'est n'amener aucune compétence professionnelle,
03:54 quelle qu'elle soit,
03:56 lors de nos entretiens de préparation et de l'accompagnement, au dialogue.
04:00 Mais vraiment aucune, aucune.
04:02 C'est ce qu'on appelle le mode avion, c'est juste magique, quand on arrive à le faire.
04:06 C'est l'autre qui est expert de sa vie.
04:08 Quand on prend une mesure, on ne connaît pas le passé judiciaire des gens.
04:12 Et ça c'est hyper important.
04:15 On connaît le type d'infraction, violence sexuelle, meurtre, violence conjugale, violence volontaire,
04:21 mais c'est la personne qui va nous dire ce qu'elle souhaite nous dire pour qu'on puisse l'accompagner.
04:27 Les faits ne sont pas au cœur du dispositif.
04:31 On n'est vraiment, vraiment pas là-dedans.
04:32 Les gens parlent, ils sont honnêtes avec vous, on se prend tout.
04:36 On apprend à tout prendre, mais on ne va pas aller,
04:40 il ne faut vraiment pas aller chercher ce que l'autre ne veut pas dire,
04:43 aussi bien chez les personnes auteurs que chez les personnes victimes.
04:47 Je n'ai pas de compassion, en fait.
04:49 Je vais voir des personnes qui sont capables d'eux.
04:52 Il faut juste appuyer sur le bouton qui fait des clics,
04:57 et souvent ce qui ressort, c'est le regard qui a été donné, c'est le sourire, c'est l'écoute.
05:02 S'il y a des personnes qui souhaitent aller vers de la formation justice restaurative,
05:07 il faut cette bienveillance dès le départ.
05:10 On n'est pas pro-auteur, on n'est pas pro-victime, on n'est pas là pour ça, on est pro-humain.
05:14 Je reste persuadée, mais ça c'est mon côté perso, c'est le professionnel,
05:17 je pense que j'ai la même personnalité des deux côtés,
05:21 c'est de permettre à l'autre de pouvoir se poser à un moment donné avec ce qu'il est,
05:24 avec ce qu'il a été et avec ce qu'il veut devenir.
05:27 Et la bienveillance pour moi, elle est innée.
05:30 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
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05:35 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]