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Nous avons suivi les mille vies de Fred, un brocanteur normand inépuisable. ‍

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00:00 Je démarre, on me demande pas mon avis, Garçon Boucher, à Paris, dans le 15e arrondissement.
00:05 Après ça, j'en avais marre. Bon, ok.
00:09 Je me tire en Normandie. "Viens là mon petit Charolais, viens là, doucement, doucement."
00:14 Et là je réfléchis.
00:17 Sur quoi ? Je sais pas. Et je monte un premier petit restaurant. "Ça Fred, c'est l'un des plus grands restaurants." "Arrêtez, arrêtez, je suis le seul en Europe comme ça."
00:24 Ça marchait bien, mais bon, j'avais envie encore d'autre chose.
00:29 Et je me fais embaucher au tennis de Cabourg, comme jardinier.
00:32 Et là on me confie le bar-restaurant.
00:35 Quand quelque chose lui plaisait pas, il me disait "toi tu vas dehors, tu m'intéresses pas, la viande est dure."
00:39 Non, la viande est pas dure, c'est que tu sais pas manger. Là-dessus ma vie change encore. Et comme j'avais appris des notions de cuisinier,
00:44 je monte le bistrot que tu as filmé ce matin. On avait la terrine sur la table, on avait
00:49 des entrecôtes qui faisaient un kilo.
00:52 On dit les gars, allez, vous allez manger ça, vous allez vous régaler. Je suis quand même resté dix ans.
00:56 Et c'est là que je suis devenu brocanteur.
00:58 Il n'y a pas de logique. Il n'y a pas du tout de logique.
01:01 Mais moi j'aime bien justement se fouiller.
01:04 Incroyable.
01:11 Attends deux secondes, je vais filmer, c'est drôle.
01:14 C'est dingue ici.
01:17 C'est une vie de souvenir.
01:19 C'est une curiosité.
01:21 Il y a même les cuvettes d'autrefois pour se laver.
01:26 Je continue tous les jours à faire des nouveaux trucs. Voilà, c'est ça l'avenir.
01:30 Ça fait 20 ans que j'ai ouvert cette petite boutique.
01:37 Parce que c'était ma grand-mère
01:40 avec laquelle je
01:42 passais une partie de ma jeunesse à Paris, qui m'a développé ce goût de brocanteur
01:47 en allant au marché d'Alligat, dans le 12e arrondissement.
01:50 - Comment tu l'as appelé ?
01:51 - Le passé singulier.
01:52 - Est-ce que ça a changé en 20 ans les gens qui viennent dans les brocantes ?
01:55 - Pas vraiment. Ça, ça me fait plaisir.
01:57 Si.
01:59 Je suis contaminé par les ordinateurs.
02:03 Bonjour.
02:04 - C'est-à-dire ?
02:05 - Parce que les gens savent tout, connaissent tout avec Internet.
02:07 Entre guillemets.
02:08 Mais ils effleurent.
02:10 Ils ne vont pas en profondeur.
02:11 Mais moi, je n'achète jamais rien sur Internet ou sur ordinateur.
02:14 Il faut que je touche.
02:16 Il faut que je sente une peinture, un dessin, un objet.
02:19 Il faut que justement, c'est pour ça que c'est singulier.
02:21 Un objet qui est singulier, je ne peux pas résister.
02:24 Oui, madame. Vous permettez que je regarde ?
02:27 - Oui, bien sûr.
02:28 - Excuse-moi, journaliste.
02:31 Oui, alors voyez, là, c'est une carte postale.
02:37 C'est un tirage offset.
02:38 Donc, c'est simplement imprimé.
02:40 Bon, mais j'avais trouvé ça marrant.
02:41 Mais ça, il me faut le prix du cadre.
02:42 Il me faut 25 euros, si ça vous fait plaisir.
02:44 Mais c'est vachement agréable.
02:46 - Vous me laissiez à 20, peut-être ?
02:47 - Pardon ?
02:48 - À 20 ?
02:49 - Mais non.
02:50 Vous voyez, là, c'est le genre de truc pour lequel je vous ai pas attaqué trop cher.
02:53 Vous le prenez ?
02:54 - Non.
02:55 - Ben, vous ne le prenez pas, c'est pas grave.
02:56 Ce n'est pas une affaire conclue, vous voyez ?
02:58 - Bon, d'accord.
02:59 - Au revoir, madame.
03:00 Et voilà, monsieur journaliste.
03:03 Vous voyez que ce n'est pas toujours un métier facile.
03:05 On va le remettre...
03:08 Bon, j'en mettrai à sa place plus tard, c'est pas grave.
03:10 C'est une carte postale.
03:11 Bon, ok.
03:12 Mais si tu reprends l'objet, regarde le cadre.
03:15 On dirait du tilleul.
03:16 Bon, c'est magnifique comme bricole.
03:18 25 euros.
03:19 Bon, ok.
03:20 On va aller acheter 4 beefsteaks pour bouffer.
03:22 J'en aurai pour 30 balles.
03:23 Bon, ben, la fille, elle va...
03:25 Bon, voilà.
03:26 Je m'en fous.
03:27 Je préfère garder mon bateau.
03:28 Voilà.
03:29 Ah, ça te fait marrer, hein ?
03:32 Parce que moi, tu vois, je vais te tenir un verre.
03:34 À l'époque, j'avais un maçon, c'était un alcoolo.
03:36 Mais bon, je me suis débrouillé avec lui.
03:37 J'y allais tout le temps avec lui.
03:38 On a remonté une façade de boucherie à Renouveau.
03:41 Tu vois le truc, là ?
03:42 - C'est sympa.
03:43 - Mais c'est les plus belles années de ma vie, le tennis.
03:45 - Le tennis ? Le garden ?
03:46 - Ah, oui, oui, oui.
03:47 - C'était extraordinaire.
03:48 - Ça me faisait marrer, moi.
03:49 - On était tous au calva.
03:50 - Ah, ben, oui.
03:51 - On se monte là-haut.
03:52 Je mets la main devant, je mets la main derrière.
03:54 Je fais les tout petits ronds.
03:55 - Oui, oui.
03:56 - Nanana.
03:57 - Ah, c'était sympa, le tennis.
03:58 - Ah, c'était sympa.
03:59 - Ah, oui, la vie passe.
04:00 C'est comme ça, tu vois.
04:01 - Eh, oui.
04:02 - Bon.
04:03 - Ah, les 2 amis.
04:04 - Ben, tu vois, c'est...
04:05 Tout ça, c'est des vieux souvenirs du tennis.
04:07 Quand on avait le bar restant,
04:09 on prenait des étudiants l'été
04:11 qui me donnaient un coup de main l'après-midi
04:13 pour tenir le bar pendant que j'allais me reposer.
04:15 C'est...
04:16 J'ai le blues, là,
04:17 quand ils me racontent des histoires comme ça.
04:19 C'est normal, hein.
04:20 Ben, ouais.
04:21 Mais c'est la vie.
04:22 C'est votre tour, maintenant.
04:23 C'est votre tour de...
04:25 de prendre les rênes.
04:27 Tu vois un peu le bazar que j'ai à rentrer, là.
04:31 Tu vois ?
04:34 Donc, elle a 69 ans.
04:35 OK ?
04:36 Et elle est ruinée.
04:37 Et elle refait une dernière revue
04:40 pour essayer de refaire un peu d'argent
04:42 pour son orphelinat.
04:43 Voilà.
04:44 Bon, OK.
04:45 Et malheureusement, il reste 2 répétitions.
04:48 Et elle fait un AVC, elle meurt.
04:50 Et le spectacle n'a jamais eu lieu.
04:52 Voilà.
04:53 C'est dommage
04:54 parce que ça a été formidable de la revoir.
04:56 Elle a connu les grandes, grandes années à Paris, cette femme.
04:58 Et elle avait un coeur d'or
04:59 et un courage extraordinaire
05:00 puisque pendant la guerre de 40,
05:02 elle a vraiment pris position.
05:04 Hein.
05:05 Elle a pris position pour les résistants.
05:07 C'était une femme fabuleuse.
05:09 Bon, voilà notre Joséphine qui rentre.
05:11 Quand on s'est connus, toi et moi, au tennis de Cabourg,
05:15 après je suis parti du tennis,
05:17 et puis il y avait une quincaillerie abandonnée.
05:19 Et je trouvais qu'elle était originale,
05:21 comme le passé Saint-Gullier,
05:23 avant que j'ai le passé Saint-Gullier.
05:24 Et tu vois, d'une quincaillerie abandonnée,
05:26 on a fait un resto.
05:27 Si tu veux, cette maison, elle était 1930.
05:29 J'étais en train de dire
05:30 que c'était une quincaillerie abandonnée
05:32 et qu'on en a fait un restaurant.
05:33 Tu as fait, tu as fait quelque chose.
05:35 Arrêtez, arrêtez, arrêtez.
05:36 Vous me gênez, vous me gênez tous, là.
05:38 Le piano, c'est tout dive, quoi.
05:40 Quand j'avais 20 ans, je venais manger ici.
05:42 Et il était comme ça.
05:44 Quand quelque chose ne lui plaisait pas,
05:45 il me disait, toi tu vas dehors,
05:46 tu ne m'intéresses pas.
05:47 La viande est dure.
05:48 Non, la viande n'est pas dure,
05:49 c'est que tu ne sais pas manger.
05:50 Et on avait la terrine sur la table.
05:52 On avait des entrecôtes qui faisaient un kilo.
05:55 On dit, les gars, allez, vous allez manger ça,
05:57 vous allez vous régaler.
05:58 Et c'était le crayon derrière l'oreille.
06:00 C'était l'addition sur le set.
06:02 Voilà, tu me dois ça,
06:03 et puis tu ne me fais pas chier.
06:05 Un langage que vous faites maintenant,
06:07 je ne peux même pas le faire.
06:09 Voilà mes voisins.
06:13 Le chef, le premier couteau,
06:16 un magnifique serveur.
06:18 Regarde ce qu'on fait.
06:19 Ah regarde, tiens, montre lui.
06:20 Tiens, regarde.
06:21 Tu n'as pas des beaux produits comme ça.
06:22 Ça, ça vient de...
06:24 Ça, c'est en chalots.
06:25 Ça vient de Chine.
06:27 Ma vie de Taïwan, ils sont venus en bateau.
06:29 Et voilà, c'est quand même cet homme-là
06:31 qui a créé cet établissement.
06:33 Mais lui, c'est un fou furieux au boulot.
06:35 C'est complètement dingue.
06:36 Et lui, c'est pareil.
06:37 On a l'impression qu'il vaut leur vie à la cuisine.
06:39 C'est un sacerdoce.
06:40 C'est des vrais cons, je te l'ai dit.
06:42 Et toi, ce n'était pas le cas ?
06:43 Moi, je suis un branleur.
06:45 Allez.
06:49 Viens là, viens.
06:52 Oh, oh.
06:53 Viens, petit pépette.
06:55 Viens là, toi.
06:57 Tiens.
06:58 Viens là.
07:00 Tu vois, c'est comme les hommes.
07:04 Ça fait 50 fois que je le fais,
07:06 1000 fois que je le fais,
07:07 il y en a toujours qui sont aussi cons.
07:09 Ils ne passent pas par la porte.
07:10 Ils vont de l'autre côté.
07:11 Je pense qu'ils vont passer là-bas.
07:13 Viens là, toi.
07:14 Oui, doucement, doucement.
07:15 Tu l'as vu, c'est Pavlov.
07:17 Je les appelle, ils viennent.
07:18 Puis tu as des hommes qui ne viennent pas.
07:20 C'est pour ça que dans les manifs, c'est Pavlov.
07:22 Il y en a un qui court devant,
07:23 les autres qui courent derrière.
07:25 Tu vois, lui, c'est typique d'un normand.
07:27 Il a ce qu'on appelle des œillères, là.
07:29 Tu vois, autour des yeux.
07:30 Mais il est gentil comme tout.
07:31 C'est mon sport et je lui ai pris goût
07:33 parce que ça fait partie de ma vie maintenant.
07:35 Tu m'as vu ce matin dans ma petite boutique.
07:37 C'est autre chose, c'est un autre boulot.
07:38 J'ai attendu un tout petit peu pour essayer de comprendre
07:41 et de me faire baiser par les normands.
07:43 Je ne veux pas excuser moi, les normands,
07:44 mais bon, c'est vrai.
07:45 Donc, comme d'habitude, j'ai payé pour savoir.
07:48 Et au début, j'ai fait des vaches à l'étante.
07:50 Et je me suis aperçu que c'était beaucoup plus compliqué
07:52 que d'avoir des bœufs
07:53 parce qu'il y a les problèmes de vélage.
07:56 Et ça, c'est compliqué.
07:57 J'avais de la peine, là.
07:58 J'ai arrivé à récupérer un veau.
08:00 La mère était morte au vélage.
08:02 Et je l'ai nourrie au biberon.
08:04 Alors après, comment faire ?
08:05 Celui-là, je l'ai gardé 7 ans.
08:07 - Ça ne repose jamais, en fait ?
08:08 - Si.
08:09 Si je suis sur le tracteur et que je n'ai pas d'ennuis mécaniques,
08:12 vous allez les chercher le matin, tranquille,
08:14 quand il n'y a pas un chat, pas un bruit.
08:16 Ça me repose.
08:18 Tiens, c'est une de mes clientes qui fait ça, tu vois.
08:20 Ça, c'est une lame de tondeuse.
08:23 Ah là là !
08:26 Il me branche, ce con-là.
08:27 Depuis ce matin, il me branche.
08:29 Je me demande bien ce qui va sortir comme film.
08:31 Sous-titrage Société Radio-Canada
08:33 Sous-titrage Société Radio-Canada
08:35 [Musique]

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