• il y a 9 mois

Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent des propos de la députée écologiste Sandrine Rousseau, qui estime qu'"on ne peut compter sur aucun homme" suite aux accusations de viols portées contre le psychanalyste Gérard Miller.
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Transcription
00:00 Il est 18h02, on est en direct sur Europe 1 et sur CNews avec Eric Nolot.
00:03 Bonsoir Eric, journaliste.
00:04 Nous sommes avec Eugénie Bastier, grand reporter au Figaro.
00:08 Bonsoir à vous, Louis de Ragnel, chef du service politique.
00:10 Bonsoir Laurence.
00:11 Nathan Devers est là, écrivain. Bonsoir Nathan.
00:13 Céline Pina qui est politologue et journaliste à causeur,
00:16 ainsi que Jean-Sébastien Fergiou, directeur du site Atlantico.
00:19 Est-ce que vous êtes inspiré, Eric Nolot, par Sandrine Rousseau ?
00:21 Toujours.
00:22 Je sais que vous êtes inspiré.
00:23 Elle m'a inspiré un livre entier, mais je vais faire une édition revue augmentée
00:27 parce que chaque semaine ou presque, elle ajoute quelque chose.
00:29 Parce que là, la phrase qu'elle a prononcée est peut-être sous le coup
00:32 du désespoir, de la déception face à un Gérard Miller
00:37 qui était son soutien politique.
00:38 Il la soutenit très activement et qui est aujourd'hui accusée,
00:41 vous le savez, par des dizaines de femmes de viol et d'agression sexuelle
00:43 lorsqu'elles étaient sous hypnose.
00:45 Elle estime donc qu'on ne peut faire confiance à aucun homme.
00:48 - Aucun homme de gauche. - Voilà.
00:51 Non, elle dit que c'est un problème humain.
00:52 Le combat contre les violences sexuelles,
00:55 c'est un combat dans lequel on ne peut compter sur aucun homme.
00:57 Même si même nos alliés s'avèrent être des agresseurs ou des violeurs,
01:01 potentiel sur qui s'appuyer ?
01:02 Eric Nolot, cette phrase est sidérante.
01:04 En réalité, elle me...
01:05 Oui, ça s'aggrave parce qu'une autre néo-féministe de choc,
01:09 Caroline Dehaes, avait dit que deux hommes sur trois étaient des violeurs.
01:12 Alors, il restait un tiers.
01:13 Maintenant, il ne reste plus personne.
01:14 Donc, nous sommes tous dans le même sac.
01:16 Non, je ne pense pas que ce soit le désespoir ou un mouvement d'humeur.
01:21 Elle a trouvé un moyen pour ne pas condamner formellement...
01:24 - Gérard Miller ? - Gérard Miller.
01:25 C'est-à-dire que ce n'est pas un problème de Gérard Miller.
01:27 En fait, c'est tous les hommes.
01:28 C'est intéressant.
01:29 Et ce qui est encore plus intéressant,
01:30 c'est qu'elle tombe dans une forme d'essentialisation
01:33 qu'on a beaucoup reproché aux beaufs par le passé,
01:36 qui parlaient des femmes en général.
01:37 "Les femmes, c'est ceci. Les femmes, c'est cela."
01:40 Comme si ce n'étaient pas des individus, mais une sorte d'espèce à part.
01:43 Et elle tombe exactement dans le même cliché à l'envers.
01:45 Non, vraiment, je pense qu'il y a peu de femmes
01:48 qui font autant de mal au féminisme
01:51 que Sandrine Rousseau, semaine après semaine,
01:53 parce qu'elle en éloigne les esprits les plus sensés.
01:55 Ce discours, ça ne peut que séduire Madame De Haas ou Alice Coffin,
01:58 qui dit "moi, je ne dis plus un livre écrit par un homme".
02:00 Donc des néo-féministes, que vos amis ne connaissent pas forcément.
02:03 Non, je fais une distinction entre les féministes et les néo-féministes.
02:05 Je pense qu'en effet, ceux qui pourraient être séduits par ces combats
02:09 s'en éloignent parce qu'on a vraiment l'impression
02:12 d'être chez des idéologues jusqu'aux bouddhistes.
02:15 Eugénie Bastie, ça vous fait réagir, je l'ai vu.
02:17 Non, parce que j'allais ajouter,
02:19 on ne peut faire confiance à aucun homme de gauche, visiblement,
02:21 parce qu'on voit dans ces milieux culturels
02:25 qu'ils professent la vertu, souvent,
02:27 mais on a des surprises sur leur comportement en privé,
02:30 que ce soit Adrien Quatennens, Gérard Miller,
02:32 même Weinstein aux États-Unis,
02:34 qui était un grand donateur du Parti démocrate.
02:37 Denis Bopin aussi, vous vous souvenez,
02:38 qui mettait du rouge à lèvres
02:40 pour dire qu'il était avec les femmes le jour du 8 mars.
02:43 Andrée de Rousseau a d'ailleurs porté plainte contre Denis Bopin.
02:45 Donc je m'interroge,
02:46 quand on dit qu'il y a des violences sexuelles dans l'Église,
02:49 on dit que c'est un problème systémique,
02:50 mais quand c'est dans la gauche morale,
02:52 d'un coup, on globalise encore pour noyer les responsabilités.
02:55 Je crois effectivement qu'elle est représentative
02:58 d'un, je dirais même pas de néo-féminisme,
03:00 peut-être post-féminisme,
03:02 qui est effectivement misandre
03:03 et qui n'hésite pas à pratiquer l'amalgame,
03:06 qu'il dénonce par ailleurs sur plein d'autres sujets.
03:09 Bon, c'est pas nouveau,
03:10 mais ce que je note, oui,
03:12 c'est cette indulgence pendant longtemps pour Gérard Miller.
03:16 Alors, est-ce qu'elle n'était pas au courant ? Sans doute,
03:18 mais en tout cas, il est passé entre les mailles du filet assez habillement.
03:21 Oui, dingue d'elle.
03:22 C'est intéressant ce que dit Eugénie Bastiais,
03:24 parce que ce qui est vrai, dans toute l'affaire #MeToo,
03:27 il y avait une surreprésentation de gens marqués à gauche.
03:30 Moi, ce que je trouve terrifiant et en même temps intéressant,
03:33 dans la mesure où Sandrine Rousseau
03:34 ne côtoie quasiment que des gens qui pensent comme elle,
03:37 ça veut dire qu'il y a un énorme problème,
03:38 il y a quelque chose de très toxique et de très malsain,
03:41 sans doute chez les hommes, mais aussi chez certaines femmes.
03:44 Quand on en vient à penser ça,
03:45 je me dis que vraiment, c'est qu'on va pas très, très bien.
03:48 Et il faudrait peut-être que Sandrine Rousseau
03:49 aille voir ailleurs politiquement,
03:51 parce qu'effectivement, on en voit tous les jours,
03:55 heureusement, il y a des hommes qui se comportent bien
03:57 et qui ne sont pas forcément écologistes,
03:59 et la France Insoumise,
04:00 donc un petit bol d'air lui ferait peut-être un peu de bien.
04:02 Mais elle condamne très clairement les agissements de Gérard Miller,
04:05 même s'il est, on le rappelle, toujours sous l'insime,
04:07 de la présomption d'innocence.
04:08 Nathan Devers, quelle réflexion philosophique vous en tirez ?
04:11 On ne peut vous faire confiance à aucun homme.
04:13 Ça me rappelle un roman de Chateaubriand,
04:15 qui est sous-estimé qu'il est René,
04:16 où Chateaubriand, enfin le père René,
04:19 raconte qu'il a eu une déception quand il était jeune,
04:21 et il dit que quand on a une déception amicale,
04:22 c'en est fini de l'amitié.
04:23 On ne peut plus faire confiance à personne,
04:25 il n'y a plus d'amis sur Terre.
04:26 C'est exactement, j'ai l'impression,
04:27 la réaction que Sandrine Rousseau...
04:30 Qui est une grande lectrice de Chateaubriand.
04:32 Pardon ?
04:33 Qui est sans doute une grande lectrice de Chateaubriand.
04:34 Ça, je ne sais pas, il faudrait lui...
04:36 Je le sens.
04:37 Je ne sais pas si c'est une référence explicite,
04:38 mais en tout cas, c'est sûr qu'elle a dû être
04:40 profondément déçue, blessée,
04:42 de voir que Gérard Miller était ça.
04:44 Et en plus, dans le cas de Gérard Miller,
04:45 ce qui est intéressant,
04:46 c'est qu'il a fait beaucoup de documentaires
04:48 psychanalytiques sur des politiques,
04:50 et notamment sur des imposteurs un peu,
04:51 ou sur des gens, par exemple Dominique Strauss-Kahn,
04:53 je me souviens de son documentaire sur lui
04:54 qui était assez intéressant,
04:55 où il essayait de rentrer dans sa tête,
04:56 de voir ses névroses, de voir comment...
04:58 C'est un imposteur, Dominique Strauss-Kahn ?
04:59 Non mais c'est une vraie question que je me pose
05:00 dans le cas de Gérard Miller.
05:02 Bon alors, on verra, là,
05:03 il y a une fonction d'innocence, etc.
05:05 Avec Benoît Jacot.
05:05 Et en plus avec Benoît Jacot, mais dans le cas...
05:07 - Vous avez la parole de Madame Godrej. - Bien sûr.
05:09 Mais dans le cas des politiques, des double vif,
05:11 c'était des sujets qui intéressaient beaucoup Gérard Miller.
05:13 Et en effet, avec les faits qui lui sont reprochés,
05:15 on se pose la question, je pense,
05:16 de ce qu'il avait dans sa tête
05:17 quand il a tenu...
05:18 Enfin, quand il a été un des plus ardents défenseurs de MeToo,
05:22 quand il a tenu les propos
05:23 dont on se souvient sur Gérard Le Dermanin.
05:25 Il avait autant décocté à l'époque sur les plateaux télé
05:27 contre les agresseurs, contre ceux-là.
05:29 - Gérard Depardieu. - Oui, mais c'est très intéressant
05:32 d'imaginer, parce que c'est sûr qu'il devait avoir conscience
05:34 des faits qui lui étaient reprochés, que ça finirait par sortir,
05:37 parce qu'aujourd'hui, tout finit globalement par sortir.
05:40 On ne peut pas avoir une vie cachée aussi grave comme ça,
05:44 sans que les choses ressortent à la surface.
05:46 Donc c'est intéressant.
05:47 Maintenant, évidemment, je pense que ce qu'il faut se dire,
05:49 c'est que fondamentalement, notamment dans les luttes politiques
05:52 et surtout dans les luttes morales,
05:53 on ne peut faire confiance évidemment à personne.
05:55 Ça ne veut pas dire que tout le monde est corrompu,
05:56 ça ne veut pas dire que tout le monde est pourri,
05:57 mais ça veut dire que derrière chaque moraliste peut se cacher
06:00 la personne, derrière chaque Dr Jekyll peut se cacher un Mr Hyde.
06:05 - Céline Pilla, est-ce que vous y voyez autre chose
06:07 que ce qu'on vient de décrire ?
06:09 - Oui. Moi, je serais beaucoup plus cynique.
06:12 Si j'étais à la place de Sandrine Rousseau,
06:15 étant donné son électorat, il faut tout de suite
06:19 que je coupe de façon radicale le lien qui munit à Gérard Miller
06:24 et cette photo qui sort et qui montre une complicité.
06:27 Comment est-ce que je fais ? Je crée du buzz.
06:30 - Donc on est tombés dans le panneau.
06:33 - Il ne s'agit pas simplement de condamner Gérard Miller,
06:35 il faut le faire suffisamment violemment
06:37 pour que la polémique se déplace.
06:39 Et ensuite, cette polémique-là est tellement absurde
06:41 qu'elle finira par s'éteindre d'elle-même
06:44 et la coupure aura été notée.
06:46 - Technique de communication.
06:48 - Elle est dans une démarche politique.
06:49 - Vous surestimez ses qualités de politicienne
06:51 et vous sous-estimez sa psychologie de militante.
06:54 - Après la psychologie de militante,
06:56 il y a un truc qui fonctionne et qui montre
06:58 pourquoi elle pense que tous les hommes sont ainsi.
07:00 C'est que dans sa tête, toute relation humaine
07:02 est avant tout une relation de domination.
07:04 Et donc de façon systémique, les hommes dominent les femmes,
07:08 donc l'homme est mauvais et la femme est bonne.
07:11 Point barre. C'est très simple de raisonner comme ça.
07:14 Malheureusement, dans le réel, ça ne fonctionne pas.
07:16 - Pas exactement comme ça. Vivant Sébastien Ferjou,
07:18 il n'en pense pas moins. J'espère.
07:21 - Elle pourrait peut-être se poser la question,
07:23 malgré tout, de l'idéologie justement des fameux alliés
07:25 qui l'ont accompagnée. Parce que quand on regarde,
07:27 que ce soit sur les abus sexuels sur les enfants,
07:29 que ce soit justement dans une forme de liberté sexuelle,
07:32 mais qui portait évidemment que la liberté sexuelle
07:35 a été une conquête que personne n'envisage, je pense,
07:38 de revenir dessus, mais portait jusqu'à la négation
07:41 des droits de l'autre, parce que c'est de ça dont il s'agit.
07:43 Et de voir que oui, il y a des êtres de pouvoir.
07:45 Gérard Miller lui-même, dans son espèce de pseudo-poste
07:50 d'excuses qu'il a mis sur les réseaux sociaux,
07:52 dit "je n'avais pas mesuré à quel point j'étais
07:54 un être de pouvoir". Mais parce que c'est la nature humaine,
07:57 tout simplement, peut-être que Mme Rousseau
07:59 pourrait relire Chateaubriand, elle pourrait lire aussi
08:01 les Évangiles, elle en apprendrait beaucoup.
08:03 D'autant qu'on pourrait lui rappeler aussi
08:05 que Monique Olivier existe, l'ex-femme de Michel Fourniray,
08:08 que les mères Macrel, ça existe,
08:10 que les femmes agresseurs sexuels, ça existe.
08:12 Et donc cette distinction qui est faite entre les hommes
08:15 et les femmes dans la vision politique de Mme Rousseau,
08:18 mais qui était peu à peu celle de Gérard Miller
08:21 dans un autre registre aussi. C'est pour ça que je dis
08:23 qu'il faudrait quand même questionner l'environnement
08:25 politique et idéologique de tous ces gens-là.
08:27 - Peut-être c'est ce qu'elle fait à travers ce qu'elle dit.
08:29 Elle présente ses victimes de Gérard Miller.
08:31 - Elle ne questionne pas l'idéologie, elle pointe
08:33 uniquement le fait qu'il soit un homme.
08:35 - C'est vrai, vous avez raison. Allez, dernier mot d'attention.
08:37 - Juste une toute petite réflexion qui va déplaire à Eric,
08:39 et je vous demande pardon par avance,
08:41 mais on a beaucoup parlé depuis le 7 octobre
08:43 de certaines associations ou certains représentants
08:46 du féminisme qui n'ont pas été clairs sur la question
08:49 de ce qui s'était passé le 7 octobre.
08:51 Je veux juste dire une chose, c'est que quand même
08:53 Sandrine Rousseau, elle a été vraiment d'une clarté
08:55 et d'un courage parce qu'elle est allée contre
08:57 beaucoup d'associations dont elle était par ailleurs proche,
09:00 assez exemplaire sur la question.
09:02 Ça me semble important de le relever parce qu'on remarque
09:04 souvent que ses interventions dans le débat public
09:06 sont originales, c'est le moins qu'on puisse dire,
09:08 mais là-dessus, elle a eu une boussole morale
09:10 du début à la fin. Il faut quand même le remarquer.
09:12 - Voilà, dit Eric Nolot.
09:14 - Ça ne me déplaît pas, mais ça ne me convainc pas
09:16 parce qu'elle essaie de faire un peu oublier
09:18 sa lamentable attitude envers les familles iraniennes,
09:21 par exemple. Donc comme elle a été beaucoup sous pression,
09:24 qu'on a été beaucoup à la critiquer, qu'elle s'est fait
09:26 prendre à partie par des familles iraniennes
09:28 quand elle a essayé de s'incruster dans une manifestation,
09:31 elle essaie un peu de rétablir l'équilibre.
09:33 Mais il y a beaucoup de calculs politiques
09:35 derrière tout ça, malheureusement.
09:36 - Allez, on va faire une petite pause, on va continuer à parler
09:38 de gourous cette fois-ci.
09:40 On était quasiment avec les gourous avec Jean,
09:42 mais là on va continuer. - Les dérives sectaires.
09:44 - Voilà, exactement, les dérives sectaires, vous avez tout compris.
09:46 Repas et sourcils dans le punchline.

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