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00:00 - Vérifier les personnes âgées à domicile, mission impossible ou pas, manque de personnel,
00:05 c'est ce que vous nous dites notamment sur la page Facebook.
00:07 Venez nous raconter les difficultés auxquelles vous êtes confrontés
00:10 ou à l'inverse si ça se passe bien aussi, n'hésitez pas, 0476 46 45 45,
00:14 on parlait de personnel et justement c'est de certains personnels dont nous avons parlé ce matin.
00:18 - Voilà, on a déjà eu l'occasion d'aborder la difficulté de se maintenir à domicile
00:22 alors qu'une majorité de Français souhaitent vieillir à domicile.
00:25 Il y a deux dimensions, il y a l'aide à la personne,
00:27 c'est-à-dire les personnes qui viennent faire le ménage, faire les toilettes non médicalisées,
00:31 en tout cas des acquis non-rien de médicaux,
00:33 et puis il y a une autre dimension, ce sont les infirmiers et infirmières libéraux
00:36 qui interviennent au domicile et qui sont évidemment essentiels au bien vieillir à domicile.
00:40 Et l'une d'entre elles et d'entre eux est avec nous, Alexandra Véret, bonjour.
00:44 - Bonjour, merci de votre invitation.
00:46 - Je vous en prie, vous êtes infirmière libérale donc sur le plateau Matheysin en Isère
00:51 et vous êtes également responsable régionale du collectif infirmiers libéraux en colère
00:57 qui a prévu de manifester aujourd'hui devant la CPM, devant l'assurance maladie à Grenoble.
01:01 Alors si j'ose dire, qu'est-ce qui vous met en colère ?
01:04 - Ce qui nous met en colère c'est qu'aujourd'hui on est à la conjoncture de plusieurs problématiques
01:09 qui s'accumulent au fil des années.
01:11 Quand on voit que nos tarifs par exemple n'ont pas été réévalués depuis 2009,
01:15 on est quand même en 2024, l'inflation est passée par là à la hauteur à peu près de 28%.
01:20 On a aussi l'impression d'être complètement invisibles alors que pendant la pandémie,
01:24 sur le maintien à domicile justement pour ne pas saturer les hôpitaux,
01:27 on a fait partie des maillons essentiels et là on avait reconnu nos missions primaires et secondaires.
01:32 Et aujourd'hui on est revenu à une espèce de normalité,
01:35 c'est-à-dire qu'on a disparu complètement des écrans radars.
01:38 - Le problème de tout ça, la conséquence, c'est un problème d'attractivité pour vos métiers,
01:42 vous êtes surchargé dans vos interventions, vous devez y passer de moins en moins de temps
01:47 alors qu'il faut du temps auprès des personnes ?
01:49 - Alors je vais surtout dire, là c'est surtout un problème institutionnel
01:53 et c'est surtout un problème de politique de santé,
01:56 c'est qu'aujourd'hui nos instances n'ont pas décidé de miser sur les soins à domicile,
02:01 notamment sur les infirmiers libéraux,
02:03 mais comme ils n'ont pas décidé de miser non plus sur les cliniques à domicile, les médecins,
02:08 en gros c'est toute l'affaire du maintien à domicile aujourd'hui qui n'est pas revalorisé
02:15 et surtout qui n'est pas soutenu par toutes nos instances institutionnelles.
02:19 - Alors on va revenir dans quelques instants avec vous sur ce que vous souhaitez pour améliorer,
02:23 sans doute, et peut-être la situation.
02:26 On va d'abord prendre une première intervention au téléphone.
02:29 - Oui, Béatrice qui est à Iseron, bonjour Béatrice.
02:31 - Bonjour Béatrice.
02:32 - Bonjour.
02:33 - Béatrice, justement avec vous, vous êtes bénéficiaire et vous vouliez témoigner de ce que vous vivez.
02:39 - Ah oui, alors ça tombe très bien avec la chirmia précédente
02:43 et je voulais expliquer un petit peu le manque de moyens financiers,
02:46 parce que ça c'est évident, c'est scandaleux,
02:49 parce que quand on est à domicile, en manque d'autonomie,
02:52 que ce soit une personne âgée, une personne handicapée, une personne malade,
02:55 on est dans une dépendance totale au niveau physique, au niveau affectif,
03:01 on a besoin de tout, on est dépendant de tout le monde.
03:04 Et moi ce que je voulais dire c'est qu'il y a beaucoup de maltraitance de ce côté-là,
03:08 dans la mesure où les gens n'ont pas le temps, parce que c'est une course à l'argent,
03:12 c'est une course à vite finir sa journée, vite satisfaire tout le monde.
03:15 Donc tout le monde agit dans la vitesse, dans la précipitation,
03:18 et le bénéficiaire, lui, quand il est au ralenti, il a besoin d'attention,
03:22 il a besoin de temps d'amour, de compassion.
03:25 Ça, ça n'existe plus chez les gens.
03:27 Vous avez les trois quarts des intervenants à domicile qui font ce qu'ils peuvent avec ce qu'ils ont,
03:31 et puis souvent ce sont des gens qui fonctionnent comme dans la vie.
03:35 Alors quand vous tombez sur une bonne personne, pleine d'amour, de gentillesse, de compassion,
03:39 vous avez gagné le gros lot.
03:42 Mais quand vous tombez sur des gens qui font ça pour pouvoir survivre,
03:45 et que pour eux c'est une course à la survie, je peux vous dire que c'est très dur pour le bénéficiaire.
03:50 Alors, moi, vraiment, je ne comprends pas que l'État, le gouvernement,
03:55 ne prenne pas plus attention sur le vieillissement des personnes,
03:59 sur le maintien à domicile des personnes malades, handicapées.
04:03 La médecine fout le camp, la science fout le camp, tout fout le camp.
04:07 Tout est à l'image de ce que fait le gouvernement, et malheureusement,
04:10 c'est nous, au fond du lit, qui recevons tout ce qui ne va pas.
04:16 - Merci pour votre témoignage ce matin.
04:20 Je vous interromps légèrement, on va revenir peut-être vers Alexandra Véret.
04:23 Ça rejoint ce que vous disiez sur le manque d'organisation, de cohérence peut-être,
04:27 du soin, du vieillissement à domicile et des soins à domicile.
04:31 - Déjà, je vous remercie pour ce témoignage,
04:34 parce qu'il est justement sur ce que nous dénonçons,
04:37 et surtout sur ce que nous soignons, nous ne voulons pas.
04:40 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, nos tarifs pour la dépendance,
04:43 et je vais vous éviter le jargon technique pour que ça soit compris par tout le monde,
04:47 on a des forfaits, et ces forfaits ont été baissés par nos institutions,
04:51 et du coup, nous soignants, on est obligés d'augmenter la cadence.
04:55 C'est-à-dire qu'avant, quand on prenait du temps,
04:58 parce que financièrement on était à l'équilibre,
05:00 aujourd'hui, on ne peut plus se permettre.
05:02 Et je pense que c'est ça aussi qui a mis le feu aux poudres,
05:05 c'est qu'aujourd'hui, on est dans une espèce de course aux patients
05:08 pour qu'on puisse financièrement être à l'équilibre.
05:10 Et ça, clairement, ça touche atteinte à nos valeurs de soignants,
05:14 à nos valeurs d'engagement, et de prendre le temps,
05:16 parce que justement, prendre en charge un patient à domicile,
05:18 c'est prendre en charge un patient dans sa globalité.
05:21 - Effectivement, et Béatrice le ressentait...
05:23 - C'est vraiment une grande sphère.
05:24 - Et Béatrice le ressentait quasiment comme de la maltraitance,
05:26 c'est le mot qu'elle a utilisé.
05:28 - Indirectement, nos institutions nous demandent d'être maltraitantes,
05:31 parce qu'ils nous demandent d'augmenter la cadence de soins.
05:34 Et je crois que ça, au-delà du problème financier,
05:38 quand on touche à des valeurs de soignants,
05:40 souvent c'est là qu'ils se mettent en colère,
05:41 et c'est là souvent qu'ils descendent dans la rue.
05:43 Parce que c'est vraiment la dernière chose qu'on veut renier,
05:45 c'est nos valeurs de soignants, nos valeurs d'aller vers, d'engagement.
05:49 Moi, j'aime prendre le temps avec mes patients,
05:50 mais comme tous les infirmiers, et ce temps-là, aujourd'hui,
05:53 les renier, parce qu'on est obligés de payer aussi nos factures,
05:55 mais comme tout le monde.
05:57 - Tu viens d'en parler, Alexandra, justement,
05:59 je rappelle que vous êtes notre invitée ce matin,
06:01 Alexandra Véret, infirmière iséroise,
06:02 responsable du collectif Infirmiers libéraux en colère.
06:04 Et on a aussi Marie-Claude qui est avec nous.
06:06 - On a notre témoignage, Marie-Claude qui est avec nous depuis Vienne.
06:09 Bonjour Marie-Claude.
06:10 - Exactement. Bonjour Marie-Claude.
06:11 - Oui, bonjour.
06:12 - Vous êtes dans la profession, si j'ai bien compris.
06:14 - Pardon ?
06:15 - Vous êtes dans la profession, dans une des professions.
06:17 - Je suis dans la profession, je suis aide à domicile,
06:19 donc à la DPH à Vienne.
06:21 - Qui attend une décision aujourd'hui, on le rappelle,
06:23 du tribunal de commerce, et vous êtes déléguée syndicale, c'est ça ?
06:25 - Oui, c'est ça.
06:27 Donc oui, moi je déplore qu'ils ne veuillent plus nous aider.
06:30 La DPH, on a un service quand même qui est très proche des patients,
06:33 justement, comme disaient les personnes avant.
06:36 On les aime ces gens, on les aide, ils ont besoin de nous.
06:40 C'est des gens qui ont peu de ressources la plupart du temps.
06:43 Et si le département ne nous aide pas au niveau de l'association,
06:48 ils n'auront plus les moyens financiers pour se payer nos filières de vie.
06:52 Ils vont se retrouver seuls, et ça nous fait très très peur.
06:55 - Aujourd'hui, est-ce que vous espérez en une reprise ?
06:58 Est-ce que vous avez des indices ?
07:00 - Si il y a un repreneur, nous craignons que les personnes aidées du secteur ruraux
07:04 soient isolées et délaissées.
07:07 Donc nous voulons une association.
07:09 S'il y a un repreneur, il vaut mieux que ce soit associatif.
07:12 - Voilà, en gros vous craignez la "rentabilisation" du service
07:16 et qu'on ne se concentre que sur les endroits où il y a moins de déplacements possibles.
07:18 - C'est ce que dénonçait un peu Béatrice aussi d'ailleurs.
07:20 - Merci Marie-Claude à Vienne, à DPH.
07:24 On va suivre aujourd'hui le sort qui est réservé à votre association
07:28 par le tribunal de commerce et on va suivre votre dossier.
07:31 - Merci de votre témoignage Marie-Claude.
07:33 - Je reviens Alexandra Averret, vers vous,
07:35 donc affirmée libérale sur le plateau Matizat.
07:37 D'autres acteurs, les affirmés libéraux de l'aide à domicile,
07:40 est-ce que finalement au fond de tout ça, il n'y a pas un manque de cohérence ?
07:43 On a annoncé des plans pour le vieillir à domicile,
07:45 mais on se rend compte, d'un côté il y a des associations,
07:47 d'un côté il y a la palette personnalisée et l'autonomie,
07:49 de l'autre il y a des soins infirmiers, ça dépend de la sécurité sociale,
07:52 d'autres du département.
07:53 Est-ce qu'on ne gagnerait pas finalement une espèce de dossier commun
07:56 et de cohérence dans tout ça ?
07:57 - Bien sûr, de toute manière là aujourd'hui,
07:59 les directives qui sont annoncées ne sont pas du tout en lien avec le terrain,
08:04 en tout cas avec la réalité du terrain.
08:06 Aujourd'hui on parle effectivement du virage domiciliaire,
08:09 on parle du bien vieillir, on parle du virage ambulatoire
08:12 et on s'aperçoit que les moyens sur les territoires
08:14 ne sont pas du tout mis à disposition.
08:16 Alors que ce soit sur les associations ou même sur les professionnels de santé,
08:19 quelles que soient leurs professions,
08:20 on se rend compte qu'on est à des années-lumière de ce qu'on doit faire.
08:23 Donc c'est là aussi où on a du mal à comprendre,
08:25 c'est qu'au lieu d'investir la sphère des soins à domicile,
08:28 et que ce soit, comme je vous dis, sur le système associatif
08:31 ou même sur le système des infirmiers libéraux, des kinés, des médecins,
08:35 eh bien on a l'impression qu'on nous met des strates administratives en plus
08:39 mais qui ne vont pas régler les problèmes de terrain
08:41 parce qu'on n'investit pas ces professionnels de terrain.
08:44 - Avec des compétences différentes, il y a l'État, le département, je le répète,
08:47 mais est-ce qu'il ne faudrait pas finalement qu'un seul des acteurs
08:50 prenne en charge la globalité ?
08:52 - Ça ne serait pas forcément une mauvaise idée,
08:55 mais ça doit se faire avec les professionnels de terrain.
08:58 Aujourd'hui on voit quand même que les décisions,
09:00 elles sont prises par des énarques,
09:02 alors certes, qui ont fait des études et qui connaissent le sujet,
09:06 mais qui ne connaissent pas la réalité du terrain.
09:08 Je pense qu'aujourd'hui ce qui ne va pas,
09:10 c'est qu'on n'interroge pas de façon précise
09:12 tous les professionnels de territoire.
09:14 - Partons des professionnels, réécoutons ce qu'ils ont à dire
09:17 et mettons en place les solutions en face.
09:19 C'est votre message, Alexandre Averra,
09:21 merci d'être venu ce matin nous éclairer
09:23 de vos positions d'infirmiers libéraux en colère.
09:26 Je rappelle que vous devez manifester aujourd'hui dans la CPAM
09:28 notamment pour une revalorisation de vos prestations
09:30 qui n'ont pas été augmentées depuis plusieurs années.
09:33 Merci beaucoup d'être intervenu ce matin sur France Bleu Isère
09:35 et dans Ici Matin.
09:37 - Et vous pouvez bien sûr réécouter et partager en ce moment,
09:40 surtout si vous partagez les valeurs qui ont été défendues ce matin,
09:44 en allant sur notre site internet.