Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous
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00:00 - Monsieur Alex, euh, monsieur Axel, pardon, Axel Persson, conducteur en train et secrétaire général CGT Chemineau.
00:07 Je vais vous faire écouter, je vais vous faire dialoguer plus exactement avec Annick.
00:10 Alors je vous préviens parce qu'Annick, elle nous appelle régulièrement et elle est généralement assez remontée
00:14 contre ceux qui prennent les voyageurs,
00:18 même si l'expression n'est pas belle, en otage durant les vacances.
00:23 Alors je vais passer la parole à Annick. Bonjour Annick !
00:26 - Bonjour Pascal !
00:28 - Et vous avez écouté Martin, vous avez écouté monsieur Persson,
00:31 et je crois que vous n'êtes pas très contente de ce que vous avez entendu.
00:34 - Mais je suis offusquée monsieur de ce que j'entends, mais offusquée !
00:37 Mais dans quel monde vivent-ils ces gens-là ? Dans quel monde vivent-ils ?
00:41 Enfin franchement, 38 000 euros à 23 ans pour un bac +2 ?
00:45 Non mais écoutez, mais on privatise la SNCF et puis c'est tout !
00:48 Et c'est la seule chose à faire. Quelle est la dette de la SNCF ?
00:51 Hein, quelle est la dette ? Combien est-ce que l'État remet au pot tous les ans ? Combien ?
00:55 Non mais enfin dans quel monde est-ce qu'on vit ?
00:57 Avec 3 000 milliards de dettes qu'on a ?
00:59 - Alors qui répond ? Martin ou monsieur Persson ?
01:03 - Moi je m'en fiche, l'un ou l'autre c'est les mêmes. Ce sont les mêmes.
01:06 - Allez, monsieur Persson vous répond Annick.
01:08 - Oui s'il veut, s'il veut ce sont les mêmes.
01:10 - Je réponds. C'est-à-dire que à la question de la dette de la SNCF,
01:14 disons que l'année dernière la SNCF a déclaré 2,3 milliards de profits,
01:18 je dis bien de profits, et dans une bonne partie en effet reversés en dividendes
01:22 auprès de l'État qui est l'actionnaire unique pour l'instant.
01:24 Quant à la privatisation qu'elle appelle de ses voeux, en fait elle est déjà en cours.
01:27 Aujourd'hui justement la SNCF qu'elle appelle encore un peu par abus de langage
01:30 n'existe plus puisque maintenant le chemin de fer est composé de différentes sociétés anonymes,
01:34 donc justement de droits privés comme n'importe quelle autre entreprise,
01:37 et fonctionne comme n'importe quelle autre entreprise privée.
01:39 Mais quand elle demande quel monde on vit, moi je vous réponds dans lequel monde on vit,
01:42 c'est-à-dire le même que n'importe quel salarié, c'est-à-dire que si vous voulez vous faire respecter,
01:46 si vous voulez imposer des augmentations de salaires, si vous voulez vous faire respecter,
01:49 ben vous faites grève et vous mobilisez.
01:50 Il y a tous ceux qui aujourd'hui refusent d'accepter cette situation, vous vous battez.
01:56 Mais ceux qui l'acceptent, ben en fait vous continuez comme vous voulez.
01:59 - Non mais vous rigolez ou quoi là ?
02:01 Vous rigolez là hein ?
02:03 - Non je ne rigole pas, par contre je ne m'excuserai certainement pas d'être en grève.
02:05 - Tout le monde n'a pas les moyens de faire grève.
02:07 - D'ailleurs mes enfants aussi d'ailleurs qui vont partir en vacances
02:10 ne pourront pas prendre le train ce week-end.
02:12 - Oui c'est ça, vous allez pas me faire pleurer non ?
02:15 Vous allez quand même pas me faire pleurer non hein ?
02:16 Heureusement que je ne prends jamais le train,
02:18 mais heureusement, je vais mieux prendre l'avion, ça coûte moins cher.
02:20 Ça coûte vraiment moins cher.
02:21 C'est vrai qu'on a des compagnies privées, ça c'est sûr.
02:24 - C'est bien connu, les pilotes et les contrôleurs arrière ne font jamais grève.
02:27 - Ben à tous les cas, je n'ai pas de problème quand je prends l'avion monsieur.
02:30 Il y a assez de sociétés privées.
02:31 - Ben donc en fait on a une interlocutrice qui me dit qu'elle ne prend jamais le train
02:34 et qu'elle s'énerve contre les grèves sur un bon transport qu'elle n'utilise pas.
02:37 - Ben évidemment, parce que je pense aux autres,
02:39 parce que je pense aux autres, je pense aux gens qui vont partir en vacances dans une semaine.
02:42 - Avec plaisir, évidemment, je vais continuer à l'engager.
02:44 - Oui, je pense aux gens qui vont normalement aller faire du ski cette semaine.
02:48 Je pense à eux, mais pas à moi parce que je ne prendrai pas le train, certainement pas.
02:51 - Bon, ben écoutez...
02:52 - Ben tant mieux, ça veut dire que vous ne serez pas perturbés par la grève,
02:54 donc tant mieux, vous avez de très bonnes vacances.
02:56 - Et d'ailleurs, je tiendrai aussi à préciser que tout aujourd'hui,
02:59 les salariés aujourd'hui, pour les salariés aujourd'hui qui gueulent quand il y a des grèves,
03:03 je tiendrai quand même à leur rappeler que les congés payants ont été généralisés suite à des grèves,
03:06 notamment les grèves de 1936 et de 1968.
03:09 Donc aujourd'hui, les salariés qui prétendent bénéficier des congés payés tout en criant sur les grèves listes,
03:14 aujourd'hui, je pense que ce sont des gens hypocrites.
03:16 - Vous savez quelle est la dette de la France ? Vous le savez ?
03:19 Vous le savez ? Quelle est la dette de la France ?
03:22 - Ah ben, vous allez me le dire, la dette de la France, et vous allez m'expliquer en quoi nous, les salariés,
03:25 nous sommes responsables.
03:26 - Plus de 3 000 milliards. Et à quel prix on va rembourser ces 3 000 milliards ? À quel prix ?
03:31 Alors arrêtez, arrêtez ! 38 000 euros annuels ? Non mais franchement, à 23 ans ?
03:35 Non mais c'est pas possible ! N'importe quel salarié en France s'offuse de ce que vous nous racontez.
03:41 Vous devriez avoir honte de parler de ça, honte ! Et honte de faire la grève !
03:45 - Bon, ben écoutez, tout est dit, si j'ose dire, chacun a pu s'exprimer.
03:49 Ce qui est vrai, M. Person, c'est que convenez que le salarié que vous êtes a, avec la grève,
03:57 un rapport de force que n'a pas, par exemple, un salarié d'une boulangerie.
04:03 C'est ainsi, mais on le sait, donc vous en profitez, bon, vous êtes dans votre rôle, si j'ose dire.
04:13 Vous en profitez, ça s'appelle un privilège. Bon. Et vous allez au bout de votre privilège.
04:17 - Si vous le dites, en fait, parce que le privilège d'un point de vue historique, en fait,
04:19 renvoie à des pouvoirs spéciaux contenus par la noblesse et le clergé.
04:23 Donc en fait, apparemment, on peut parler du privilège du point de vue, justement, d'une classe qui ne détient pas le pouvoir.
04:28 En revanche, ce que je peux dire, c'est qu'aujourd'hui, il y a des grèves qui ont lieu dans tout un intérêt d'entreprise,
04:32 y compris dans des entreprises où les salariés sont très mal payés.
04:35 Et la seule façon d'imposer de l'augmentation de salaire, qu'on soit chemin de far-wire,
04:38 c'est de se mobiliser et c'est de l'imposer de la satisfaction.