La station de métro Stalingrad, dans le 19e arrondissement de Paris, est de nouveau envahie par le trafic et la consommation de crack. Dealers et consommateurs se retrouvent dans la station de métro, au grand dam des usagers
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00:00 Alors moi, à l'époque j'étais sans abri, sans domicile fixe, c'est dans les années 90 où on parlait principalement de l'héroïne
00:07 parce qu'il y avait énormément de gens qui mouraient du sida, mais le krach était déjà là à Stalingrad.
00:12 Et qu'est ce que ça vous a fait concrètement ? Quels ont été les symptômes de cette consommation ?
00:20 Alors,
00:22 alors moi je vais être honnête avec vous, la première fois que j'ai pris du krach ça m'a rien fait,
00:27 la deuxième fois ça m'a rien fait, parce que la cocaïne ça vous rend puissant, vous vous rendez pas compte,
00:32 et c'est au bout d'un certain temps que là j'ai compris que c'était quand même pas mal,
00:37 mais je suis pas tombé addict dès la première pipe,
00:40 pipe à krach je parle, et donc c'est au bout de peut-être de six mois que je suis tombé accro,
00:45 et après mes dents ont commencé à tomber au bout d'un an et demi,
00:49 et là les dents que j'ai, je vais pas vous les montrer, mais c'est quand même quatre ans intensifs
00:55 de réparation.
00:57 Alors première question, déjà comment vous vous en êtes sorti ?
01:01 Alors je m'en suis sorti parce qu'un jour j'ai rencontré une dame,
01:08 dont je n'ai pas peur de dire son nom, c'est Marie Despleuchins,
01:11 qui m'a proposé une chambre de bonne,
01:13 et qui s'est aperçue que je prenais du krach, et elle m'a dit "Elina c'est bien simple, soit tu préfères le krach, tu retournes à la rue,
01:20 soit
01:22 tu gardes ta chambre de bonne", et moi la rue j'en voulais plus, mais si je m'en suis sorti c'est grâce aux psychiatres,
01:27 aux antidépresseurs, et à un toit, même s'il faisait 12 mètres carrés, il n'y a pas de secret, sans toit on s'en sort pas.
01:34 Vous étiez à Stalingrad dans les années 90 je crois, qu'est ce qui a changé depuis ? Est-ce que les choses ont vraiment évolué ?
01:43 En fait ce qui a évolué c'est surtout l'architecture.
01:50 Stalingrad maintenant c'est devenu quand même
01:52 boboïtisé, c'est beaucoup. Moi à mon époque Stalingrad c'était quand même un coup de gorge.
01:58 Aujourd'hui c'est quand même, voilà, ça devient de plus en plus riche. C'est pour ça que pour les JO, ils veulent que ce soit nickel-chrome.
02:05 Caroline Diodonné, une question à vous poser sur ce plateau.
02:08 On ne s'en sort pas sans logement, on ne s'en sort pas non plus sans soins, on sait qu'il n'y a pas vraiment de
02:14 substituts pour le krach, comment justement vous avez pu vous en sortir et être prise en charge ?
02:20 Alors en fait, en effet,
02:22 contrairement à l'héroïne qui a le subutex
02:24 ou la méthadone, pour la cocaïne en général, dont le krach, il n'y a pas de substitut. Seuls les antidépresseurs.
02:32 Alors il y a très longtemps je prenais jusqu'à 200 mg
02:36 d'antidépresseurs et d'autres médicaments pour calmer mes angoisses.
02:43 Il faut savoir que j'ai un traitement à vie, sauf qu'aujourd'hui j'ai 50 ans,
02:48 aujourd'hui j'ai 50 mg parce que j'ai développé des crises de panique,
02:52 l'agoraphobie, la claustrophobie, la paranoïa, enfin entre guillemets, je ne suis pas paranoïaque non plus, mais en tout cas
02:58 après on est addict à vie et on a des soins à vie. Aujourd'hui encore je continue d'aller voir un psychiatre une fois par
03:06 semaine et un addictologue une fois tous les mois.
03:09 C'est à vie qu'on est soigné parce que rien n'est jamais acquis dans la vie et quand les vieux monstres, les vieux démons reviennent,
03:17 vaut mieux être accompagné.