• l’année dernière


Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Et on ouvre donc cette Europe 1/13h avec la disparition d'un géant.
00:03 Robert Badinter s'est donc éteint la nuit dernière à l'âge de 95 ans,
00:07 un homme de combat.
00:09 Le plus emblématique, Alexis de La Fontaine,
00:11 la suppression de la peine de mort en 81.
00:14 Cette justice d'angoisse et de mort,
00:18 nous la refusons parce qu'elle est la passion et la peur.
00:24 1981, Robert Badinter, l'ex-avocat devenu garde des Sceaux,
00:28 plaide l'abolition de la peine de mort devant les députés.
00:31 L'apogée d'un combat commençait lorsqu'il portait la robe noire dans les prétoires.
00:35 Dix ans plus tôt, Robert Badinter assiste à l'exécution de Roger Bantan,
00:38 son client coupable de complicité de meurtre.
00:41 Je n'oublierai en tout cas pas que j'ai vu exécuter en France
00:47 un homme dont la cour d'assises avait reconnu qu'il n'a jamais tué personne.
00:54 Un tournant dans sa vie qu'il évoquera toujours avec autant d'amertume,
00:58 même des décennies plus tard.
00:59 De ce jour-là, je me suis juré que quel que soit l'accusé
01:07 qui me demanderait de le défendre s'il encourait la peine de mort,
01:10 je le défendrais.
01:11 Parole tenue, il évite la peine capitale à cinq hommes
01:14 alors que les Français sont majoritairement pour la peine de mort.
01:17 L'avocat résiste, devenu ministre, il fait voter l'abolition de la peine capitale.
01:21 Elle est gravée dans la Constitution en 2007 et devient quasiment irréversible.
01:26 Si la France sombrait dans les mains d'un politicien fasciste,
01:30 mais cette hypothèse-là, je la refuse.
01:32 Personne ne peut penser que l'Europe va devenir un continent fasciste.
01:36 Elle est purgée de la peine de mort.
01:38 Mais l'abolition n'est pas encore universelle
01:41 et c'est pour cela que Robert Badinter s'est toujours battu jusqu'à la fin de sa vie.
01:45 Et depuis 11h30 ce matin, les réactions, les hommages affluent.
01:48 Emmanuel Macron salue une figure du siècle,
01:50 une conscience républicaine, l'esprit français.
01:53 Robert Badinter ne cesse jamais de plaider pour les Lumières.
01:57 Le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti,
02:00 lui, honore l'immense avocat, garde des seaux visionnaire et courageux.
02:03 Robert Badinter incarnait notre République
02:06 et ses valeurs, profondément épris de justice, artisan de l'abolition,
02:10 homme de droit et de passion, il laisse un vide
02:13 à la hauteur de son héritage incommensurable.
02:17 À les 13h03, je vous propose maintenant d'écouter sa voix,
02:19 celle de Robert Badinter, ténébreuse.
02:22 Le 17 septembre 1981, lors de ce fameux discours historique
02:26 à la tribune de l'Assemblée nationale,
02:28 au moment du vote pour l'abolition de la peine de mort.
02:31 Le choix qui s'offre à vous, en cet instant, à vos consciences,
02:36 car vous allez vous prononcer, ce choix est clair.
02:42 Où notre société refuse une justice qui tue
02:49 et elle accepte d'assumer, au nom de ses valeurs fondamentales,
02:55 celles qui l'ont faite grande et respectée entre toutes,
03:01 la vie de celui qui fait horreur, dément ou criminel,
03:09 ou les deux à la fois, et c'est le choix de l'abolition.
03:14 Où elle croit, cette société,
03:17 faire disparaître en dépit de l'expérience des siècles,
03:21 le crime avec le criminel, et c'est l'élimination.
03:27 Cette justice d'élimination,
03:31 cette justice d'angoisse et de mort,
03:35 décidée avec sa marge de hasard, nous la refusons.
03:41 Nous la refusons parce qu'elle est pour nous l'antijustice,
03:46 parce qu'elle est la passion et la peur,
03:51 triomphant de la raison et de l'humanité.
03:55 Le vibrant plaidoyer de Robert Badinter
03:58 pour l'abolition de la peine de mort le 17 septembre 1981.
04:03 Parmi les très nombreuses réactions à cette disparition,
04:06 celle de l'ancien ministre de l'Intérieur
04:08 et président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré.
04:11 Je vous propose de l'écouter.
04:12 En tant qu'ancien magistrat, je voudrais rendre hommage à l'avocat,
04:18 à l'avocat qui, dans les circonstances difficiles,
04:21 a toujours défendu le droit, la liberté.
04:25 Et puis, Badinter, c'est plus qu'un avocat,
04:30 c'est une voix, une voix qui interpelle,
04:32 qui interpelle les uns et les autres sur la construction d'un monde
04:38 qui est un monde de liberté.
04:40 Alors, avec l'aide de François Mitterrand,
04:44 il a eu ce rôle essentiel,
04:48 qui était l'abolition de la peine de mort dans un moment difficile.
04:53 Et il a su, dans ce moment difficile, être celui qui s'élève au-dessus de tout
04:59 et qui, contrairement à ce que l'opinion publique croit,
05:04 monte la direction.
05:05 Et la direction, c'était la fin de la peine de mort.
05:09 La réaction de l'ancien ministre de l'Intérieur, Jean-Louis Debré.

Recommandations