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Transcription
00:00 Et le chef de l'État Emmanuel Macron salue une figure du siècle, une conscience républicaine,
00:04 l'esprit français, fin de citation.
00:06 On en parle avec Jean Garrigue, historien spécialiste de politique française.
00:10 Bonjour.
00:11 On se souviendra évidemment de son discours pour l'abolition de la peine de mort.
00:15 Ce fut son principal et grand combat.
00:17 Oui, bien sûr, c'est peut-être le dernier des grands qui nous quitte,
00:23 parce qu'il est associé à cette abolition de la peine de mort.
00:30 Lui qui avait sauvé six condamnés à mort dans sa carrière d'avocat.
00:36 Il est sans doute, on peut le dire aujourd'hui,
00:40 le plus grand garde des Sceaux que la Ve République ait connu.
00:46 Et il est une des grandes figures politiques du XXe et du XXIe siècle qui commencent.
00:56 Il était garde des Sceaux sous l'ancien président François Mitterrand.
00:59 Quels étaient ses liens avec François Mitterrand ?
01:03 Des liens très proches, des liens d'amitié, je dirais même des liens d'intimité,
01:08 au point qu'il était l'un des rares à être dans la confidence
01:13 sur ce qu'on pourrait appeler la double vie de François Mitterrand,
01:17 l'existence de Mazarine.
01:19 Non, il était quelqu'un qui avait été un compagnon de route
01:25 depuis les années 60 de François Mitterrand et des socialistes,
01:30 même si lui venait plutôt d'une famille radicale.
01:33 Et il a été très, très proche, oui, l'un des plus proches de François Mitterrand,
01:39 tout en ayant des désaccords, notamment sur les amitiés
01:45 que François Mitterrand pouvait conserver avec les hommes de Vichy,
01:50 comme René Bousquet, par exemple.
01:52 Oui, Robert Badater était également très engagé dans la lutte contre l'antisémitisme.
01:56 Et sur la rafle du Veldiv, Robert Badater estimait que l'État français
02:00 n'avait pas à demander pardon, car Vichy, selon lui, n'était pas la France.
02:04 La France, pour lui, était à Londres avec de Gaulle.
02:06 Mais sa position à l'époque, elle n'a pas été comprise.
02:11 Non, c'est vrai, c'est vrai que sa position n'a pas été comprise,
02:16 y compris dans la gauche française.
02:21 Il était en cohérence avec lui-même pour avoir souffert dans sa chaire
02:26 et dans sa famille de ce qu'avait été la Shoah, l'Holocauste.
02:32 Mais c'est vrai qu'il était, comme François Mitterrand d'ailleurs,
02:36 dans cette idée, dans cette cohérence de refuser à Vichy, finalement,
02:43 cette idée d'avoir été une sorte de transition entre deux républiques.
02:50 Vichy, ça n'était plus la République,
02:53 et la République n'avait pas à s'excuser pour les crimes de Vichy.
02:59 C'est une conception qu'on pouvait contester,
03:03 que le discours du Veldiv de Jacques Chirac a battu en brèche.
03:08 Et c'est lui qui, d'après vous, a convaincu François Mitterrand
03:11 pour l'abolition de la peine de mort ?
03:15 Je ne sais pas si c'est lui qui l'a convaincu,
03:18 mais en tout cas, il a été très convaincant.
03:21 Et il a très habilement d'ailleurs défendu cette idée
03:27 à la tribune de l'Assemblée nationale et au Sénat,
03:32 en montrant à quel point la peine de mort était une peine
03:37 qui n'avait aucun effet bénéfique en réalité,
03:40 qui n'était pas du tout dissuasive,
03:43 et qui était surtout assimilée à la barbarie.
03:47 Et cette idée de barbarie, elle était ancrée dans sa réflexion philosophique,
03:52 par rapport à ce qu'il connaissait d'abord de la pensée des Lumières,
03:57 il était un grand connaisseur de Condorcet par exemple,
04:00 et par rapport, je le répète, à l'expérience de la solution finale,
04:06 de la barbarie humaine pendant la Seconde Guerre mondiale.
04:09 Donc voilà, quelqu'un qui a justement convaincu ses amis socialistes,
04:17 et même une partie de la droite, que finalement,
04:21 ce que Jaurès voulait déjà à son époque,
04:23 que l'abolition de la peine de mort était à la gloire de la République.
04:28 Et les conditions carcérales, c'était aussi un de ces combats en tant qu'avocat,
04:34 l'amélioration des conditions de vie dans les prisons.
04:37 Oui, parce que c'est vrai que l'abolition de la peine de mort
04:40 a un peu éclipsé tout le reste de son action,
04:42 mais le petit reportage que vous avez passé l'a rappelé.
04:46 Il y a aussi tout ce qui concerne effectivement l'amélioration des conditions carcérales,
04:52 la suppression d'un certain nombre de lois d'exception,
04:55 une loi qui s'appelait "loi sécurité et liberté",
04:58 la dépénalisation de l'homosexualité,
05:02 qui était quelque chose de très important à l'époque
05:05 pour une grande partie de la communauté homosexuelle,
05:09 qui avait été véritablement humiliée et persécutée à cause de ses inclinations.
05:17 Et donc, il y a tout un pan humaniste en réalité,
05:22 de l'action de Robert Bavinter, parce que c'est le maître mot.
05:25 Chez lui, c'est l'humanisme hérité des Lumières
05:29 et je dirais imprégné par l'expérience tragique de la Seconde Guerre mondiale.
05:35 Et qu'on voit bien d'ailleurs dans son livre consacré à sa grand-mère,
05:37 "Idis", son dernier ouvrage.
05:39 Merci beaucoup Jean Garrigue d'avoir été avec nous.
05:42 Merci à vous pour votre témoignage.

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