RTL À LENS - Annabelle Ténèze, directrice du Louvre-Lens, est l'invitée de Yves Calvi

  • il y a 7 mois
Le Louvre-Lens a accueilli 555.000 visiteurs en 2023, plus qu'avant l'épidémie de Covid. 75% des visiteurs habitent les Hauts-de-France. Un musée implanté dans son territoire. Un musée pas comme les autres. Des médecins prescrivent même à leur patients à une visite gratuite pour "faire du bien à votre esprit" !
Regardez L'invité d'Yves Calvi du 09 février 2024 avec Yves Calvi.

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00:06 Yves Calvi, Amandine Bégaud
00:08 RTL Matin en direct de Lens
00:12 Absolument, il est 8h23, bonjour Annabelle Tenez.
00:14 Bonjour.
00:15 Merci beaucoup d'être avec nous sur RTL depuis l'office du tourisme de Lens pour cette matinale spéciale.
00:19 Vous êtes la directrice du musée Louvre-Lens depuis septembre dernier.
00:22 Avant cela, vous dirigez le musée des abattoirs de Toulouse.
00:25 Quel choc thermique dites donc, ça allait vous faire bizarre au début non ?
00:28 Alors, il s'avère qu'en fait je suis du limousin.
00:30 Donc j'étais peut-être déjà adaptée.
00:32 Donc vous saviez vous équilibrer.
00:33 Ce deuxième Louvre a 11 ans d'existence maintenant.
00:36 Quel est son lien avec le Louvre parisien ? Vous échangez des œuvres ?
00:39 Alors, on est un Louvre autrement.
00:41 Le Louvre des habitants, le Louvre avec l'âme lancoise.
00:46 Et on a notamment cette incroyable galerie du temps
00:49 qui est une manière de découvrir les collections du Louvre différemment
00:52 puisqu'on traverse librement 5000 ans d'histoire.
00:55 Voilà, et c'est un parcours particulier ou d'une certaine façon,
00:58 enfin je ne sais pas si on peut dire qu'on comprend tout,
01:00 mais en tout cas on a une vision globale, on est d'accord ?
01:02 On a une vision globale de l'histoire de l'humanité.
01:04 Comment êtes-vous financée ?
01:06 Alors, nous sommes financées par nos partenaires
01:09 que sont les collectivités territoriales, la région pour 80%,
01:14 ensuite le département et également la CAL.
01:19 Et nous avons aussi nos ressources propres pour 15% par rapport à 85% du budget.
01:23 Alors quand vous avez pris les commandes en septembre 2023,
01:26 vous expliquez vouloir écrire une nouvelle page. Laquelle, Annabelle Thénèse ?
01:29 Eh bien, en arrivant, ce dont je me suis aperçue, c'est que cette utopie concrète,
01:33 cette idée de se dire qu'on va construire un Louvre sur un carreau de mine,
01:37 qu'on va traverser les collections sur 5000 ans,
01:41 je me suis dit que cette utopie concrète, en fait, elle existe, elle est réalisée.
01:44 Ce Louvre autrement, on ne poserait plus la question de sa pertinence.
01:47 Et donc l'idée, c'est comment on écrit cette deuxième décennie
01:50 avec cette idée du Louvre en partage,
01:52 car la grande force de ce Louvre-Lens, c'est qu'il se construit avec les habitants,
01:58 c'est que le public y est central,
02:00 et que le public y est même un acteur principal de la programmation et de la médiation.
02:05 En tout cas, il est clair que les Pas-de-Calaisiens,
02:07 ils sont particulièrement sensibles sur les 550 000 visiteurs annuels.
02:11 70% viennent de la région. Alors moi, j'avais déjà fait le déplacement avec plaisir.
02:14 Un quart sont des voisins locaux.
02:16 Le Louvre-Lens, c'est un musée qui est ancré dans un territoire, c'est ça qu'il faut retenir ?
02:19 Oui, qui est ancré dans un territoire, et je dirais vraiment que le territoire
02:22 et le Louvre-Lens avancent ensemble.
02:24 On a régulièrement des cafés, des voisins, des cafés potagers.
02:29 On travaille aussi bien avec France Travail qu'avec le CHU de Lens,
02:35 qu'avec les centres sociaux.
02:37 On a un nombre de partenariats.
02:39 Je pense qu'on pourrait tenir jusqu'à encore une demi-heure, si vous voulez rester tous.
02:43 Je vous interromps, votre partenariat justement avec Pôle emploi,
02:46 de quoi s'agit-il ? Expliquez-nous.
02:48 C'est un programme qui s'appelle "L'art d'accéder à l'emploi"
02:52 et où des chômeurs de longue durée construisent leur CV et leur manière de parler
02:58 en s'appuyant sur des œuvres d'art de la Galerie du Temps.
03:02 Nous avons un cercle de mécènes, notamment locaux,
03:05 qui s'appelle le Cercle du Louvre-Lens.
03:07 Ces entreprises, bénévolement, viennent faire les interviews avec ces chômeurs de longue durée.
03:13 Ce qu'on appelle des "job dating", c'est-à-dire des rencontres.
03:15 Il y a à peu près 50% de retour à l'emploi dans les 6 mois
03:18 pour les personnes qui participent à ces projets.
03:20 J'ai rêvé où il y a bien des cours de yoga où on essaie de reprendre la position des statues ou des sculptures.
03:26 Ça encore, c'est du jamais vu, non ?
03:27 Alors non, vous ne rêvez pas, on fait bien des cours de yoga au Louvre-Lens.
03:32 On aime l'art et le sport.
03:34 Comment ça vous est venue cette idée ?
03:36 Je crois qu'en fait, on peut tout faire au musée.
03:38 On peut vraiment tout faire au musée.
03:40 C'est un lieu de vie, c'est un lieu d'échange
03:44 et donc il n'y a aucun tabou d'activité.
03:46 Alors non, aucune, puisque Autre Innovation, des médecins psychiatres,
03:50 prescrivent à leurs patients une séance gratuite pour venir au musée.
03:53 J'ai l'ordonnance sous les yeux.
03:55 Donc ça, c'est une véritable ordonnance.
03:56 Expliquez-nous.
03:57 C'est une véritable ordonnance.
03:59 Depuis plusieurs années, et particulièrement depuis septembre,
04:01 on a un programme qui s'appelle le Louvre-Lens Therapy.
04:04 Il y a une partie bien-être,
04:06 vous pouvez venir faire de la muséothérapie le samedi matin,
04:10 et une partie qui est plus liée à la santé mentale,
04:12 qu'on travaille en étroite collaboration avec des médecins,
04:15 notamment psychiatres du CHU de Lens,
04:18 qui viennent accompagner et travailler,
04:21 échanger avec leurs patients au musée.
04:23 C'est une prescription muséale au sens premier du terme.
04:26 Alors depuis dix ans, vous travaillez également avec les scolaires.
04:28 80 000 enfants sont venus l'an dernier au Louvre-Lens.
04:31 Tous les enfants de Lens sont venus dans ce musée ?
04:33 Oui, et tous les enfants de Lens, ils viennent et ils reviennent.
04:36 C'est ce que nous, on appelle la génération Louvre-Lens,
04:38 puisque depuis dix ans, ils sont venus tous les ans.
04:41 Et donc c'est vraiment un public qui se construit avec nous.
04:45 Et régulièrement, moi, quand j'en reçois des groupes,
04:48 je pose la question "êtes-vous déjà venus ?
04:50 Je n'ai jamais vu un tel taux de mains levées".
04:52 Qu'est-ce que ça fait ?
04:54 C'est très émouvant.
04:55 C'est très émouvant.
04:57 En fin d'année, vous proposiez une exposition sur les animaux fantastiques, c'est ça ?
05:00 Oui, exactement, qui a eu 137 000 visiteurs,
05:03 et qui est la spécificité du Louvre-Lens,
05:06 ce sont ces grandes expositions transversales,
05:08 qui sont aussi bien de l'archéologie, de la grande peinture, beaux-arts,
05:11 que de la culture populaire ou de la musique.
05:13 C'est vraiment l'idée aussi de ce rassemblement de ce que sont les cultures.
05:17 Le public est invité, semble-t-il, à travailler en atelier de temps à autre.
05:20 Ce sont des cartels, je crois que vous les appelez comme ça,
05:22 avec des petites notices installées à côté des tableaux.
05:24 Mais qu'est-ce que vous leur faites faire ?
05:26 Alors, souvent, lorsqu'on va au musée,
05:28 on lit ce que produisent les historiens de l'art.
05:31 Et notre idée, c'est vraiment de partager les paroles
05:33 et que chacun apporte quelque chose à l'œuvre d'art.
05:36 Et donc, ce qui fait que dans les expositions,
05:38 mais aussi dans notre future galerie du temps renouvelée,
05:41 une partie des cartels seront co-écrits avec nos publics,
05:46 qui peuvent être aussi bien des associations comme Femmes en Avant,
05:49 de Liévin, des lycéens, notamment des métiers de l'industrie.
05:54 Toute une série de personnes qui sont avec nous pour comprendre l'art.
05:58 Vous venez de nous décrire un musée vivant et pour tous les gens.
06:00 et pour tous les gens.
06:01 [SILENCE]

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