• il y a 10 mois
Arrêtez de parler “aux vieux” comme à des enfants ! Madeleine Melquiond, 79 ans, dénonce les clichés sur les personnes âgées et demande de respecter les plus vieux plutôt que de les infantiliser : “Il y a vraiment des moments pénibles où on sent discriminés”.
Son livre "À ceux qui nous parlent comme à des enfants" est disponible aux éditions MaxMilo.

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Transcription
00:00 Vraiment, on est très souvent appelé "ma petite dame" ou "ma pauvre petite dame".
00:03 Par politesse, peut-être on nous dira "seigneur" pour pas nous dire "vieux".
00:06 Mais au fond d'eux-mêmes, les gens pensent qu'on a passé une limite.
00:10 Je suis une dame de 79 ans.
00:13 Je pense que c'est un âge très dur où on rencontre énormément de choses nouvelles
00:19 qui sont la source de moqueries.
00:21 Entre 60 et 70 ans, je n'avais pas ressenti de tel moment
00:26 où on est vraiment pris pour une personne sans importance,
00:29 ou une personne qui ne peut être qu'une chose dans la nuit.
00:33 J'ai vécu par exemple le jour où une caissière de supermarché,
00:36 comme il y avait pas mal de queues, elle a trouvé que j'étais trop lente,
00:39 elle est allée directement fouiller dans mon porte-monnaie.
00:42 Les gens ne parlent qu'on a des enfants, c'est-à-dire qu'ils ne nous considèrent pas
00:45 comme une personne qui a vécu de nombreuses années, qui a de l'expérience.
00:49 C'est comme s'il y avait une coupure totale,
00:51 et on se met à nous parler comme à une catégorie de gens.
00:54 Donc il y a toutes sortes de mots à usage des vieux.
00:58 Vraiment, on est très souvent appelé "ma petite dame" ou "ma pauvre petite dame".
01:01 Celle qui a un amant, franchement, ça déconcerte énormément les gens.
01:05 En ce qui me concerne, je ne trouve pas de différence avec ce que j'ai connu plus jeune.
01:10 J'avais un amant à 74 ans qui avait lui 10 ans de moins que moi.
01:15 On était très amoureux, mais qui l'a prise dans un Ehpad, celle-là.
01:18 Des choses comme ça qui sont dures.
01:19 Nous sommes l'objet de beaucoup d'attention.
01:22 Le 3ème âge, il va y avoir un débat au Parlement.
01:25 Donc on dit des choses, on nous caresse dans le sens du poil,
01:28 on est gentil avec nous.
01:29 Dans la réalité, on ne le fait pas.
01:31 Le plus fréquent, c'est en voiture.
01:34 Parce que je conduis lentement maintenant.
01:35 Avance mémé !
01:37 Au début, ça me touchait.
01:38 Il y a vraiment des moments pénibles.
01:40 Des moments où on se sent discriminé.
01:42 J'étais dans une file d'attente, dans un labo.
01:44 Et un monsieur qui s'est levé, qui était dans la salle d'attente,
01:47 qui désignait du doigt, je ne sais pas pourquoi moi.
01:49 C'est vous les vieux qui nous avez envoyé cette saleté !
01:52 C'est vous les vieux, c'est de votre faute !
01:54 D'abord, on n'a plus de valeur marchande.
01:56 On n'apporte pas de plus à la société.
01:58 On est vus comme des consommateurs.
02:00 Entre 60 et 70, c'est la folie.
02:03 Il faut faire le tour du monde,
02:04 il faut monter au Kilimanjaro.
02:06 C'est depuis mes 70 ans.
02:08 C'est là la rupture pour moi.
02:10 C'est le contact vraiment avec la vieillesse au jour le jour.
02:14 On change ses habitudes, on change ses parcours.
02:17 On change la difficulté des choses.
02:19 En général, par jour, je me fixe un seul but.
02:22 Il y a un ralentissement général
02:24 et il y a une sorte de lassitude, de fatigue.
02:28 Tout simplement que le corps ne nous obéit plus exactement.
02:31 Il y a quelque chose qui se dérobe.
02:33 J'ai comparé l'âge de 60 à 70 ans
02:36 à un chemin en pente qui monte.
02:40 On a passé un petit cap, on marche plus doucement.
02:43 Mais c'est quand même un chemin bien entretenu.
02:46 Alors qu'à partir de 70 ans,
02:47 c'est cette image d'un chemin mal commode
02:50 avec des grosses pierres partout
02:53 qu'on est sans arrêt obligé de contourner.
02:55 Ça demande beaucoup d'énergie.
02:57 Moi, j'ai des moments où il ne faut plus rien que je fasse.
02:59 L'autre côté, c'est que c'est vrai que j'ai une période de la vie
03:03 où j'ai pu faire évidemment tout ce que je voulais.
03:05 *BIP*

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