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00:00 Il est 8h moins le quart. Comment vont nos artisans ? Et bien pas si mal que ça.
00:04 En croire une enquête de la Chambre des métiers de la Nouvelle-Aquitaine, 54% d'entre eux disent avoir confiance en l'avenir.
00:10 Un chiffre à peu près stable par rapport à il y a un an, malgré le contexte économique de plus en plus difficile.
00:16 Ce matin, nous recevons Gérard Gomez, le président de la Chambre des métiers de l'Artisanat de Nouvelle-Aquitaine. Marie Roach.
00:22 Bonjour Gérard Gomez.
00:23 Bonjour.
00:23 Jeannette, vous disiez le contexte économique est difficile, ça c'est une surprise pour personne.
00:27 Est-ce que ça vous surprend justement ce fameux chiffre de 54% d'artisans qui ont confiance en l'avenir dans la région ?
00:33 Alors ça surprend toujours parce qu'effectivement on entend beaucoup des artisans s'inquiéter sur leur avenir.
00:40 Malgré tout, le chiffre de 54% reflète assez bien la réalité puisque c'est l'ensemble de l'artisanat et où on voit aussi des disparités selon les secteurs à l'intérieur.
00:52 C'est extrêmement vaste et évidemment l'artisanat, avant de revenir peut-être un petit peu plus en détail, quels sont les facteurs qui rendent optimistes ces artisans en Nouvelle-Aquitaine ?
01:01 Les facteurs c'est qu'ils croient en leur métier, c'est que souvent ce sont des métiers passion.
01:08 Ils ont pour certains des carnets de commandes qui sont assez bien remplis et puis ils ont une clientèle aussi fidèle qui leur permet justement de se projeter et de croire en l'avenir.
01:21 Alors vous le disiez, c'est très disparate, l'artisanat ça couvre un nombre de métiers extrêmement important et très divers.
01:27 Est-ce qu'il y a un secteur qui se porte mieux que les autres si on devait en distinguer un aujourd'hui ?
01:31 Alors un secteur qui se porte peut-être un peu mieux c'est celui des services par rapport aux autres
01:38 puisque dans les services on n'observe pas tout à fait les mêmes difficultés, notamment en ce qui concerne le coût des matières premières où il est moins important que dans les autres secteurs.
01:51 Cependant c'est à peu près le seul aujourd'hui qui tire un peu son épingle du jeu.
01:57 Cette hausse du coût des matières premières elle frappe de plein fouet, notamment l'artisanat alimentaire, nos bouchers, nos boulangers, nos pâtissiers.
02:06 Il y a l'inflation aussi, donc ça veut dire que les gens peuvent consommer peut-être un petit peu moins.
02:11 On a demandé à nos auditeurs ce matin s'ils continuaient malgré tout à aller voir leurs artisans dans le quartier.
02:17 Par exemple on va écouter l'avis de Gilles qui habite à la Benoge à Bordeaux.
02:20 Je ne vais absolument pas dans les supermarchés, je fais mes courses un petit peu tous les jours et je fais vraiment travailler le commerce de proximité.
02:26 En plus des commerçants avec qui j'ai d'excellentes relations, on n'est pas amis mais pas loin.
02:31 Alors évidemment ça paraît un petit peu plus cher mais les qualités nutritives sont tellement différentes qu'il n'y a pas photo.
02:37 Et puis il y a ceux et ceux qui réagissent également sur notre page Facebook comme Hugues qui dit "Réveillez-vous c'était le monde avant, 3 boulangeries dans mon village, plus aucune et la liste est longue.
02:46 Non vous n'allez pas m'endormir avec votre grande surface."
02:48 Pourtant il aimerait accéder à des commerces de proximité.
02:50 On a Patrick qui dit "Difficile mais pour les occasions, lorsqu'on a des invités, c'est vrai qu'on est sûr d'avoir de la qualité."
02:56 Et puis on a Astré qui dit "Pas beaucoup, moi j'y vais pas beaucoup, surtout depuis que notre boucher a fermé."
03:01 Et puis enfin Jean-René nous dit "Malheureusement très peu et je le regrette."
03:04 Alors on a un artisan dans le secteur de l'alimentaire sur deux qui dit se battre pour la survie de son entreprise.
03:10 C'est ça l'état des lieux aujourd'hui en Nouvelle-Aquitaine Gérard Gomès ?
03:12 Oui c'est ça et c'est assez inquiétant pour le coup.
03:16 Même si la chambre de métier est là pour les accompagner dans cette difficulté.
03:20 Le coût de l'énergie, le coût des matières premières n'ont pas été complètement digérés et c'est pas terminé malheureusement.
03:29 Et face à ça, comme viennent de le dire vos témoignages, le pouvoir d'achat qui est en diminution et qui fait qu'il faut faire des sacrifices à un moment ou à un autre.
03:41 Donc les artisans de l'alimentaire se trouvent au milieu de cet effet ciseau et c'est la difficulté qu'ils ont aujourd'hui.
03:49 Gérard Gomès, le président de la chambre de métier de la Nouvelle-Aquitaine et notre invité sur France Bleu Gironde.
03:54 Quelles sont les solutions qu'on peut envisager pour ces artisans dans l'alimentaire aujourd'hui ?
03:59 Alors les solutions c'est déjà de voir à ce que les prix de matières premières soient stabilisés.
04:09 Et puis l'énergie parce que je pense notamment aux boulangers.
04:14 Votre témoignage disait que les boulangers ont disparu. C'est vrai que eux ils prennent de plein fouet l'augmentation des coûts de l'énergie.
04:23 Et il faut continuer à les protéger sur cet aspect là pour qu'ils ne soient pas obligés de rogner sur leurs marges.
04:32 Parce que c'est ça aujourd'hui, ils ne se versent plus de salaire et ils sont obligés de rogner sur leur trésorerie
04:38 pour pouvoir continuer à proposer leur service dans un village, dans un centre-bourg.
04:46 Et puis de garder l'emploi qui est derrière aussi parce que souvent le boulanger ne travaille pas seul.
04:51 Il y a des salariés, il y a des apprentis et tout ça c'est important pour l'entreprise.
04:57 Ça veut dire que l'attrait des Néo-Aquitains qu'on a pu voir pendant le Covid, notamment pour les circuits courts, pour les petits commerces, la crise a eu raison de cet engouement ?
05:05 Alors pas complètement parce qu'on voit quand même que certains ont gagné aussi une nouvelle clientèle qui est arrivée justement dans la période Covid.
05:16 Mais c'est vrai que pour certains, ils sont retournés vers peut-être des produits qu'ils trouvent dans leur supermarché au lieu de continuer à aller chez leur artisan.
05:31 Certains aussi, comme l'a dit votre auditeur, ont préféré peut-être consommer moins mais mieux.
05:39 C'est aussi souvent le cas, ce qu'on retrouve dans les témoignages auprès de nos artisans.
05:44 Et le choix du consommateur, un autre secteur qui inquiète un peu en ce moment, Gérald Gomes, c'est celui du BTP, de la construction.
05:51 L'année 2024 s'annonce pas forcément très bien ?
05:55 L'année 2024 s'annonce tendue, effectivement, notamment face à la baisse des permis de construire, face à la tension sur les crédits.
06:08 Et puis aussi, il y a l'effet post-Covid, c'est-à-dire que les gens ont peut-être davantage investi pendant la période Covid, ont pris soin de leur intérieur, ont refait des travaux.
06:20 Mais on peut pas les faire tous les ans, ces travaux. Donc forcément, aujourd'hui, il y a peut-être ce contre-coup qui arrive, qui fait que le bâtiment rentre aussi en tension.
06:32 On perçoit déjà une hausse des défaillances d'entreprises dans ce secteur ?
06:36 Oui, on perçoit une hausse des défaillances et puis on perçoit surtout une baisse des carnets de commandes.
06:44 Et c'est là que c'est plus inquiétant parce que du coup, ça devient difficile de se projeter sur l'avenir.
06:52 Et quel type d'accompagnement vous pouvez proposer à ces entreprises inquiètes, aujourd'hui, Gérard Gomez, à la Chambre de métier et d'artisanat ?
06:58 Alors, on peut leur proposer de les suivre plus précisément dans leur gestion, peut-être même de leur proposer des formations sur du développement commercial.
07:11 On a une grosse demande aujourd'hui des artisans dans leur ensemble, développement commercial, recherche de clientèle.
07:17 Voilà, c'est ce qu'on peut aujourd'hui proposer.
07:20 Et puis, en parallèle, on travaille aussi avec les services de l'État pour, dans les cas où il peut y avoir des problèmes, URSAF et autres, d'accompagner ces entrepreneurs à passer ces périodes difficiles.