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retour sur les meilleurs équipes du Brésil dans l'histoire du football

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00:00 [Bruits de foule]
00:08 Il y a deux choses fondamentales au Brésil.
00:11 La religion et le football.
00:14 Et il est bien difficile de savoir laquelle passe avant l'autre.
00:17 Pour tout Brésilien, sachez bien que le rectangle vert où officient les joueurs de la sélection,
00:21 la "seneçao", comme on dit là-bas, constitue le paradis terrestre.
00:23 Bien sûr, les joueurs qui se trouvent sur celui-ci sont considérés comme des dieux,
00:27 et finalement, les supporters sont en quelque sorte leurs dixièmes.
00:31 Là-bas, le football est synonyme de fête, et la fête, cela se fait bien évidemment en musique.
00:38 Cette musique au rythme saccadé et répétitif,
00:40 cette musique enivrante qui accompagne ces danseurs, jongleurs, prestidigitateurs que sont les joueurs brésiliens.
00:46 [Bruits de foule]
00:56 Par leur jeu, les Brésiliens sont toujours allés de l'avant.
00:59 Bien souvent, les bras en signent du "V", de la victoire,
01:02 et suite à leur quatrième victoire en Coupe du Monde,
01:04 on peut affirmer qu'ils ont marqué le siècle de leur empreinte,
01:07 une empreinte de géant.
01:10 [Bruits de foule]
01:23 C'est en 1950 que le Brésil atteint pour la première fois une finale de Coupe du Monde,
01:27 une progression des plus logique, puisqu'en 1930, date de la première épreuve,
01:30 la Célescent avait été éliminée dès le premier tour,
01:33 avant d'atteindre les huitièmes de finale en 34, et la demi-finale en 38.
01:37 Le 16 juillet, à Rio de Janeiro, la victoire du Brésil sur le rugby ne fait aucun doute,
01:41 mais après avoir ouvert la marque, le Brésil est rejoint une première fois,
01:45 avant d'encaisser ce deuxième but de Guiguia.
01:48 Ce ballon dans les filets, cette étresse du gardien Barbosa,
01:51 et le départ de 200 000 personnes dans le stade légendaire du Maracanã,
01:54 on dirait que la fin du Monde est proche. Ne souriez pas,
01:57 cette défaite de Buzahin plongera tout le pays dans un profond désespoir des jours durants,
02:00 et la blessure ne se cicatrisera réellement que huit ans plus tard.
02:04 Mais tout d'abord, la Coupe du Monde 1954 en Suisse,
02:07 avec un premier match contre le Mexique.
02:09 Cela tournera rapidement à la démonstration, grâce à des buts de Balthazar, Didi et Binga par deux fois.
02:13 Le Brésil, qui busait un traitable en défense, avec notamment le numéro 4, Chalma Santos,
02:18 le Brésil, donc, mènera 4-0 à la mi-temps.
02:21 En deuxième période, les tours de Passe-Passe, Rato et Fendecorps seront encore au rendez-vous,
02:25 et ce cinquième but de Giulinho parachèvera le succès de la Célestin-Hawk,
02:28 qui suite à un match nu contre la Yougoslavie un peu plus tard, se qualifiera pour les quarts de finale.
02:32 Mais les Brésiliens ne sont pas gâtés par le sort.
02:35 Ils sont en effet opposés à la meilleure équipe du Monde, c'est-à-dire la Hongrie.
02:38 La Hongrie, première équipe à battre l'Angleterre sur son sol le 25 novembre 1953,
02:41 c'est-à-dire quelques mois seulement avant ce match.
02:44 La Hongrie qui va mener rapidement 2-0 grâce à Hiddegkuti, et ici Coxich,
02:48 qui confirme encore une fois son surnom de tête d'or.
02:51 Chalma Santos sur Penati réduira la marque, mais si le jeu est dans un premier temps de grande qualité,
02:55 ils se dirigent si sérieusement ensuite, et l'arbitre expulsera le Brésilien Niltos Santos,
03:00 et l'Hongrois Josep Bosi.
03:02 La tension est à son comble, car si la Hongrie a marqué un troisième but,
03:05 le Brésil en a également réussi un deuxième, mais ce tir puissant de Coxich à 2 minutes de la fin
03:09 élimine définitivement les Sud-Américains.
03:12 Il faudra donc attendre encore 4 ans.
03:15 4 ans durant lesquels le football brésilien progresse régulièrement,
03:18 le championnat est d'une très grande qualité,
03:20 et de Rio à São Paulo, de Curitiba à Porto Alegre, et de Recife à Bahia,
03:24 les gestes les plus beaux se succèdent.
03:27 L'histoire raconte qu'il y a encore plus d'or sur les terrains brésiliens
03:30 que dans les rivières de Minas Gerais.
03:32 Il y a également une paire,
03:34 elle s'appelle Manuel Francisco dos Santos, plus connu en Europe,
03:37 sous le nom de Garincha.
03:39 Garincha, l'éliet droit de Botafogo, l'une des plus prestigieuses équipes de Rio.
03:42 Garincha, découvert par les recruteurs sur le sable fin des plages d'Ipanema et Copacabana.
03:46 Garincha, surnommé le petit oiseau, parce qu'il était la joie de vivre d'une part,
03:50 parce qu'il survolait de son talent partenaire et adversaire d'autre part.
03:54 Avec un tel joueur en attaque, avec un milieu de terrain aussi talentueux que Didi,
03:58 et une défense aussi sûre, avec comme dernier rempart un certain Gilmar,
04:01 tous les espoirs semblent permis pour la Coupe du Monde en 1958 en Suède.
04:05 Après avoir battu l'Autriche et avoir fait match nul avec l'Angleterre,
04:08 Garincha, il va prendre son embole devant l'URSS.
04:12 Orlando pour Vava, qui prend de vitesse la défense et tombe facilement le célèbre Levi Yashin.
04:18 On retrouvera l'avant-centre brésilien en deuxième mi-temps.
04:21 Vava, en effet, suite à un une-deux avec un jeune inconnu qui fêtait alors sa première sélection,
04:25 marquera une nouvelle fois.
04:27 Mais qui est donc cet adolescent qui saute de joie comme un fou
04:30 avant de bondir tel une panthère sur les épaules de ses deux partenaires,
04:33 son jeu en tout cas enthousiasmer les 35 000 personnes présentes cet après-midi-là à Godebourg.
04:37 Au nom de la légendaire devise "Hold on, il progresse",
04:40 le drapeau brésilien flotte sur le stade de Stockholm en cet après-midi pluvieuse du 29 juin 1958.
04:46 Vainqueur de la France en demi-finale, le Brésil se retrouve à 90 minutes du bonheur face à la Suède
04:51 qui a tout de même éliminé l'Allemagne tenant du titre
04:54 et qui a de plus le considérable avantage d'évoluer à domicile.
04:57 Le Brésil et ce jeune homme partent largement favoris,
04:59 mais tout le monde se souvient de la mésaventure de 1950.
05:02 Du coup, on joue la sécurité, on joue contre nature
05:04 et la Suède va en profiter pour marquer le premier but par l'idole.
05:08 C'est la première fois que le Brésil est mené à la marque depuis le début de la compétition.
05:12 Mais la réaction de nos artistes sera superbe
05:14 et c'est Garrincha qui donnera tout d'abord le tournis à son adversaire direct
05:18 et Vava qui trompera ensuite Svensson.
05:20 Garrincha avait toujours la même feinte et pourtant il passait 9 fois sur 10.
05:24 Son entente avec l'opportuniste Vava était incroyable.
05:27 On allait retrouver les deux mêmes acteurs juste avant la mi-temps.
05:30 Les mêmes acteurs mais également le même scénario.
05:32 La fameuse feinte de Garrincha, le centre à ras de terre et l'intérieur du pied de Vava.
05:37 Les supporters suédois ont la tête des mauvais jours.
05:42 Un petit but de retard, cela n'est certes pas insurmontable en football,
05:45 surtout lorsqu'il reste 45 minutes à jouer.
05:47 Mais Sigmund Freud vous expliquerait cela beaucoup mieux que moi
05:51 car c'est dans la tête que cela se passe désormais
05:53 et au moment de faire l'engagement, les pensées les plus folles s'entrechoquent dans les cerveaux suédois.
05:57 C'est une évidence, les Brésiliens ne jouent pas la même partition.
06:01 Ils sont trop forts.
06:02 Bien sûr, on peut toujours essayer d'attaquer, on peut toujours essayer de dominer son inconscient
06:06 mais cela finalement ne fera qu'aggraver votre impuissance face à l'obstacle réel, mais surtout psychologique.
06:12 Ce trophée qui n'est finalement, c'est vrai, qu'un obscur objet, les Brésiliens le désirent tant.
06:17 Cet obscur objet du désir qui fait que vous ne tenez plus en place.
06:20 Les Brésiliens ont le mental et leur jeu est d'une grande sensualité.
06:24 Ils atternent avec bonheur, la douceur et dans certaines de leurs accélérations,
06:30 comme ici avec Garrincha, il y a comme une forme de brutalité, de bestialité.
06:37 Le jeune adolescent qui découvre cette forme de sexualité footballistique
06:40 voudrait bien ressentir dans cette finale ce qu'on appelle la jouissance du buteur.
06:44 Ces choses faites à la 55e minute et de la plus belle façon qui soit.
06:48 Même les supporters suédois prennent du plaisir devant les prouesses des joueurs de la Selle Sao.
06:54 Mais ce voyeurisme peut-il réellement être synonyme d'adultère ?
06:57 C'est à vous de voir. Et les ébats se poursuivent.
07:00 Chaque feinte de Garrincha est un hymne à l'amour.
07:02 Oh, les femmes fondent une à une sous les caresses.
07:05 Oui, madame, les envahisseurs brésiliens sont aujourd'hui plus civilisés
07:07 que ne l'étaient naguées à vos ancêtres vikings.
07:09 Et que ce soit le noir Didi qui reprend ici ou le blanc Zagallo qui marque ensuite,
07:13 vous réalisez enfin que l'amour n'a pas de couleur et qui n'a donc pas non plus de frontière.
07:17 4 à 1, mais l'amour c'est aussi le partage.
07:20 Cela semble plus que jamais le cas sur le deuxième but suédois marqué par un Simonson,
07:23 visiblement laissé bien gentiment seul par la défense brésilienne.
07:27 C'est la fête et on en veut encore et toujours.
07:31 Alors Garrincha fait l'amour avec le ballon et celui-ci le lui rend bien.
07:34 D'ailleurs souvent les deux ne font qu'un.
07:36 C'est l'amour vache, monsieur ?
07:39 Le croyez-vous vraiment ? Oui, peut-être.
07:41 Mais après tout, quelle importance à chacun sa manière de faire.
07:43 Et ce n'est pas Pelé ici qui nous contredira.
07:45 Oui, la façon de monter au septième ciel, elle se passe avant tout dans la tête.
07:49 Et dans celle des vainqueurs et des vaincus, il y avait peu de temps après le coup de sifflet final, le respect.
07:53 Comme dit l'autre, "Yes, eh, en amour il faut toujours un perdant".
07:58 Et en football c'est pareil.
07:59 Notre jeune prodige fond alors en larmes,
08:01 quoi de plus symbolique que la naissance d'un enfant lorsqu'on en parle d'amour.
08:05 Un champion est né cet après-midi là à Stockholm, son nom, Edson Arantes Donacimento.
08:09 On l'appelle rappelé, c'est moins romantique certes, mais tellement plus simple.
08:13 Plus simple également de ne pas prendre sa voiture pour emprunter les grandes artères de Rio
08:16 à l'occasion du retour des héros deux jours plus tard.
08:19 C'est de la folie, même les militaires, vous allez le voir, retombent en enfance.
08:22 Remarquez, il n'y a plus de dictature depuis quatre ans, on ne sait pas alors qu'elle reviendra huit ans plus tard.
08:27 Mais ne parlons pas des choses qui fâchent et revenons à Pelé.
08:30 Plus jeune joueur de l'histoire à remporter une Coupe du Monde, 17 ans, 8 mois et 6 jours,
08:34 Pelé allait confirmer les années suivantes l'étendue de son immense talent.
08:37 Que ce soit avec le maillot jaune de la sélection ou le blanc de son club de Santos,
08:41 avec notamment les légendaires 1-2 avec la Vincente Coutinho,
08:44 Pelé allait rapidement devenir le joueur le plus fameux de la planète football.
08:48 Tout le monde connaît ce geste exécuté après chacun de ses buts, c'est-à-dire 1281 fois.
08:53 Rendez-vous compte, 1281 buts.
08:56 Tous les Parisiens présents à Colombes ce 28 avril 63 se souviennent de ces trois coups de patte au nez et à la barbe de Georges Karnus.
09:01 Pelé était un félin, on le surnommait d'ailleurs entre autres la Panthère Noire et il alliait la finesse à la puissance.
09:11 Quelle revanche éclatante pour cet homme né dans la pauvreté la plus totale.
09:14 Lui, le petit sireueur de chaussures de Baoru, allait devenir le plus grand, bien plus grand qu'un John Fitzgerald Kennedy par exemple.
09:20 Car Pelé avait une force inestimable par rapport à tous ces messieurs du grand monde.
09:24 Son langage à lui était en effet universel.
09:27 Ici, il n'est question que de talent, rien que du talent, toujours du talent,
09:35 car sur le terrain, de football, contrairement à bien d'autres métiers, si vous trichez, cela se voit ouvrant le genou.
09:41 Avec son club de Santos, il remportera tous les titres possibles et imaginables, et cela, à maintes reprises.
09:47 Avec l'équipe nationale, il est donc déjà une fois chanteur du monde, mais vous le savez, nous n'allons pas en rester là.
09:59 Nous ne sommes qu'au tout début des années 60, et le meilleur reste à venir, même s'il faudra passer, c'est vrai, par des étapes bien douloureuses.
10:07 La violence, bien sûr, tout footballeur talentueux en est victime, et donc Pelé encore plus que les autres.
10:11 Pourtant, il se montre bien souvent compréhensif.
10:13 Ici, par exemple, il tente de dissuader l'arbitre d'expulser le joueur chilien, un joueur qui défend avec véhémence son agresseur auprès de l'arbitre.
10:19 Pelé est unique. Sur les pelouses, c'est souvent la guerre, et face à Pelé, les adversaires peuvent même porter à l'occasion le masque de la haine, comme ce défenseur de Basco des Gammes.
10:27 Le sport parait bien loin, et ce visage aurait pu inspirer le précurseur du réalisme, Antonio de Almeida, dans son célèbre "Mémoire d'un sergent des milices".
10:35 Pelé, ici, se fait crocheter et tombe sur le gardien. Le ballon n'est pas encore perdu, alors il le joue, et un défenseur lui adresse un violent coup au tibia.
10:41 Pelé se venge, ce qui est assez rare chez lui.
10:44 "La violence est un combat sans fin, comme la terre, la terre sans fin, terraz do se in fin", œuvre célèbre du romancier Giorgia Mado.
10:51 Alors si Pelé a eu parfois l'instinct de survie, le plus souvent il se montrait d'une élégance rare, comme avec le petit arrière-chilien, qui voulait l'arrêter absolument, mais au moins, contrairement aux autres, d'une manière moins violente.
11:01 1962, c'est la Coupe du Monde au Chili. Le début de la compétition se présente plutôt mal pour les Brésiliens. Pelé, en effet, est victime d'une profonde déchirure musculaire à l'aine, et cela dès le deuxième match contre la Tchécoslovaquie, déclare définitivement forfait.
11:13 Après une victoire et un nul, le Brésil, dans son troisième match du groupe 3, se doit de l'emporter contre l'Espagne. Comme on pouvait s'y attendre, il connaîtra certaines difficultés, mais grâce au dribble de folie de Garrincha et à deux buts du remplaçant de Pelé, le jeune Amarildo, il se qualifie finalement.
11:26 Garrincha, le petit oiseau, de toutes les couleurs bien sûr. "Où tu m'emmènes-tu, où tu m'entraînes-tu, va pas si vite, attends-moi, la la la la la la la la", but d'Amarildo.
11:36 En quart de finale, le Brésil élimine l'Angleterre 3-1 avec notamment deux buts de Garrincha, et en demi-finale, c'est le Chili qui passe à la trappe, 4-2, encore deux buts du petit oiseau.
11:46 A Santiago, le 17 juin, le Brésil retrouve en finale la Tchécoslovaquie, vainqueur de la redoutable équipe de Yugoslavie, 3 buts à 1.
11:53 Première mi-temps, Josef Mazopust est bien parti de derrière, le génial meneur de jeu tchèque trompe Gilmar, mais le Brésil va réagir très vite.
12:00 Et si Garrincha, grippé, n'est pas dans un grand jour, son partenaire d'attaque de la sélection, mais également de Botafogo, Amarildo, sort le grand jeu.
12:07 Sur cette action, Shroïf, le gardien de but tchécoslovaque, n'a pas bouché l'angle, il s'attendait bien sûr à un centre d'Amarildo.
12:12 Un partout, c'est le score à la mi-temps.
12:14 Dès la reprise, le milieu de terrain brésilien impose sa loi.
12:18 Appel de balle d'Amarildo sur le côté gauche.
12:21 Ça y est, il est lancé à la perfection.
12:24 Il feinte le centre devant Popuard, prend tout son temps pour déposer le ballon sur la tête de Zito.
12:29 Dès lors, le Brésil ne lâchera plus sa proie.
12:31 Le soleil, vous l'avez constaté, l'a parti, et malgré sa casquette, Shroïf va être aveuglé.
12:35 Une fraction de seconde, c'est peu, mais finalement beaucoup.
12:38 Et les conséquences sont terribles, puisque Vava en profite pour marquer le troisième et dernier but.
12:43 C'est terminé.
12:45 Le Brésil conserve son titre.
12:48 Dans le délire que vous imaginez.
12:50 Il y a quatre ans, c'était sur le continent européen, mais cette fois à Santiago du Chili.
12:54 Les Brésiliens évoluaient en quelque sorte.
12:56 À domicile.
12:58 Ils sont "Bicampeon Mundial".
13:04 Quatre ans plus tard, lorsque l'avion de la délégation brésilienne se pose sur le sol anglais,
13:11 le sourire est bien entendu de sortie.
13:13 Pelé est toujours le meilleur joueur du monde.
13:15 Schillmard, Giammasantos et Garrincha sont encore là.
13:18 Et il y a, paraît-il, de jeunes joueurs très talentueux.
13:21 Lors du premier match contre la Bulgarie à Liverpool, Pelé en première mi-temps et Garrincha en seconde
13:26 donnent une victoire relativement facile au Brésil.
13:29 Cela étant, remarquez bien que les deux buts n'ont finalement été inscrits que sous coup de priorité
13:34 et non suite à un jeu en mouvement, comme le plus souvent avec cette formation.
13:38 Est-ce un signe ? Oui, et on en aura la preuve quelques jours plus tard,
13:42 avec la défaite 3 buts à 1 devant la Hongrie.
13:44 Mais il est vrai que Pelé, blessé, ne jouait pas cette rencontre.
13:47 Et maintenant, le Brésil doit remporter son troisième match contre le Portugal.
13:50 Et ça va se présenter plutôt mal, puisqu'en début de partie,
13:54 suite à une superbe accélération du jeune Eusebio, le ballon va arriver sur la tête de Simoes.
14:00 Pas de chance, le jeu de tête, c'est sa spécialité.
14:03 Dans cette même première mi-temps, un coup franc est ensuite tiré par le capitaine Coluna.
14:12 Première tête de Torres, une deuxième d'Eusebio, la perle du Mozambique.
14:17 Et puis, et puis ensuite, c'est le geste de la honte.
14:21 Moraes poche une première fois la jambe d'appui de Pelé.
14:24 Ça ne suffit pas, alors allons-y, une deuxième fois.
14:26 Le Daily Mirror, célèbre quotidien anglais, titrera le lendemain,
14:30 "Pelé a été cisaillé par un boucher".
14:33 L'arbitre n'expulsera même pas le défenseur portugais.
14:36 Pelé est évacué du terrain dans un premier temps, mené 2-0 et réduit à 10.
14:41 Les dés sont définitivement jetés, surtout qu'à cette époque, vous n'aviez pas le droit de remplacer un joueur.
14:46 Du coup, Pelé regagnera la pelouse ensuite, mais malheureusement, sur une jambe et dans ces conditions.
14:53 Il n'aura pas l'ombre d'une chance de se montrer décisif.
14:56 En deuxième mi-temps, Eusebio inspirera un troisième but pour le Portugal,
15:02 alors que Rildo s'offre à l'honneur pour le Brésil, qui quitte ainsi la compétition par la petite belle.
15:09 Pelé, lui, préfère la grande. En effet, alors qu'il souffre donc au plus profond de sa chair,
15:13 mais également de son cœur compte tenu de l'élimination, il accepte de poser avec les Portugais pour une photo souvenir.
15:19 Mieux même, il signale au gardien du Portugais, José Parreira, que son équipe est superbe.
15:24 Pelé est de la race des seigneurs.
15:27 C'était la première fois depuis 1930 que le Brésil ne passait pas un premier tour de Coupe du Monde.
15:37 Vexé par un tel affront, les Brésiliens vont mettre les petits plats dans les grands au niveau de la préparation en altitude,
15:42 quatre ans plus tard, en vue de la Coupe du Monde au Mexique.
15:46 Plus de deux mois de stage et un travail intensif, réalisé avec le plus grand sérieux qui soit, par toutes les stars du pays.
16:03 Des stars qui ont pour nom Pelé et Tostão.
16:07 Les deux hommes étaient déjà présents en Angleterre, mais Tostão n'avait disputé qu'un seul des trois matchs,
16:12 tout comme Gerson, ici, qui va se retourner.
16:15 Finalement, seul Pelé et Jairzinho étaient considérés comme titulaires à part entière, quatre ans auparavant, en Angleterre.
16:21 C'est donc avec essentiellement de nouveaux joueurs que la Célestin va se présenter au Mexique.
16:26 Bien entendu, tout un peuple est rongé par le doute.
16:29 Cette nouvelle génération sera-t-elle aussi performante que ses illustres devancières ?
16:33 Et puis, une catastrophe est survenue quelques semaines avant le début du stage.
16:37 Tostão, le génial avancentre remiseur de Curitiba, est penchant idéal de Pelé au centre de l'attaque brésilienne.
16:44 Tostão a été victime d'un léger décollement de la rétine, suite à un ballon reçu violemment en plein visage,
16:50 lors d'une rencontre de championnat paulista.
16:53 Tostão ne sera-t-il pas trop handicapé à l'occasion d'un mondial où les combats s'annoncent particulièrement ardus ?
16:59 Si l'on tient compte de l'évolution du football, nous verrons bien.
17:03 1970, nous y voilà.
17:06 La Tchèque-Slovakie, victorieuse de l'Irlande, le Danemark et surtout la Hongrie,
17:10 lors des éliminatoires européens, ne semble pas l'adversaire rêvé pour aborder en toute sérénité une Coupe du Monde.
17:16 Ce sera donc finalement une demi-surprise de voir dès la 11e minute le rapide attaquant Ladislas Petras
17:22 laissé sur place, brito, avant de tromper le gardien brésilien Félix.
17:27 Toujours dans cette première mi-temps, nous allons nous retrouver un peu plus tard avec ce couffrant bien placé pour le Brésil.
17:31 C'est généralement Pelé qui l'étire, mais le monde entier va découvrir la frappe extraordinaire du gaucher Rivellino.
17:37 Un partout à la pause, mais en deuxième période, le Brésil pratique un football de rêve et Pelé donne rapidement l'avantage à son équipe.
17:45 Un peu plus tard, Jairzinho, parti à la limite du hors-jeu, il était d'ailleurs peut-être, ajoute un troisième but.
17:50 Jairzinho, roi de la descente, Jairzinho, roi également du slalom géant, les défenseurs tchèques font office de piquets
17:55 et la Tchécoslovaquie s'y retrouve carrément au piquet.
17:58 4 à 1 contre une équipe qui faisait office de sérieux outsiders. Le Brésil de Pelé fait déjà figure de faveur.
18:04 Quelques jours plus tard, sur cette même pelouse du stade Jalisco à Guadalajara,
18:08 on se dit que l'on pourrait bien même assister avec le match Brésil-Angleterre à une passation de pouvoir.
18:13 Vainqueur en 66, les Anglais sont souvent débordés et suite à ce centre, 3 au but, mais c'est l'arrêt de légende de Gordon Banks.
18:19 La légende qui précise également que Pelé, juste après son coup de tête, avait déjà hurlé "Goal"
18:24 et de goal, il n'y en eut point dans cette première mi-temps.
18:27 Pourtant, ce n'est pas faute d'essayer, mais les défenseurs anglais protègent leur but avec férocité
18:32 et Rivellino, puis Tostão sont encore contre eux.
18:36 Les Anglais sont héroïques.
18:40 Le capitaine Baumimour, bien sûr, ne sait plus toujours où donner de la tête.
18:44 Une tête, en voici une, encore celle de Pelé, encore il prend le dessus sur Molri et puis ce numéro,
18:49 digne des plus grands jongleurs, signé Jairzinho.
18:52 Oui, la garde victorienne est en danger, cela dit, elle fléchit quelque peu, mais ne rompt toujours pas.
19:00 Les spectateurs vivent un grand moment et malgré la chaleur insoutenable,
19:09 la deuxième mi-temps repartira sur ce même rythme infernal.
19:13 La frappe lourde de Rivellino met toujours la main ferme de Gordon Banks, le meilleur gardien du monde.
19:19 La défense brésilienne est rarement sollicitée et les jaunes vont encore de l'avant.
19:23 62ème minute, Tostão résiste à Bol, efface Mour, puis Labone, sur le centre, il va trouver Pelé,
19:29 un coup de patte et Jairzinho se retrouve sur orbite, goal !
19:33 C'est du grand art, c'est fabuleux, oui c'est fabuleux, ce but dans sa conception, dans sa finition.
19:42 Bien sûr, il y a le slalom de Tostão, bien sûr, le coup de poignard de Jairzinho met le point d'orgue,
19:48 la pierre angulaire de l'édifice est évidemment cette passe majestueuse,
19:51 cette passe de l'extérieur donnée avec tant de grâce par le roi,
19:54 qui en une fraction de seconde met hors de position trois défenseurs en l'occup.
19:59 Quelle classe, mes aïeux, quelle classe.
20:04 La chaleur est terrible, les spectateurs ont des casquettes, des visières, un sombrero,
20:09 et Monks, lui, fait ce qu'il peut avec une poche de glace.
20:12 La fin de match sera plus équilibrée et l'Angleterre par un seul sera bien prédégalisée.
20:17 C'est terminé, qui pourra battre le Brésil ?
20:20 Pas la Roumanie en tout cas, qui encaissera trois buts un peu plus tard,
20:23 alors peut-être, peut-être le Pérou, en quarte finale.
20:27 Nous allons bien voir, le football est parfois si curieux, enfin,
20:34 le Brésil, à l'image de cette frappe de Rivelino, paraît déjà trop puissant,
20:38 trop précis, déjà 1-0, alors que le match ne fait que commencer.
20:42 Le Brésil adopte encore un 4-2-4 qui se transforme parfois en 4-3-3,
20:47 lorsque Rivelino au pelé décroche légèrement,
20:49 voire un 3-3-4 lorsque l'arrière aîné Carlos Alberto monte d'un cran.
20:54 Dans cette attaque, Jairzinho a déjà marqué quatre fois, Pelé trois fois, Rivelino deux fois.
21:01 Seul Tostao n'a pas encore trouvé le chemin défilé.
21:04 Tout arrive à qui s'est attendu.
21:07 But de Tostao, bien placé au premier podium.
21:12 Brésil 2, Pérou 0.
21:14 Il n'y a plus de match, enfin on le pense, car entraîné par le Brésilien Didi,
21:17 deux fois champion du monde en 58 et 62, le Pérou ne se laisse pas intimider pour autant.
21:21 Il joue comme le plus souvent depuis le début du tournoi, un football d'attaque,
21:25 et il réduit finalement fort logiquement la marque par son aîné gauche, Galliardo.
21:30 De 1 à la mi-temps, allez savoir, et si on assistait à l'un des renversements
21:35 les plus incroyables de ce sport en deuxième période.
21:38 Chers auditeurs, qu'en pensez-vous ?
21:40 Allô ? Allô Lima, vous m'entendez ? Ah oui, tout va bien, t'inquiète.
21:43 Ce scénario catastrophe, le Brésil n'y pense pas, une seule seconde,
21:46 il asphyxie littéralement son adversaire dès la reprise, frappe de Jairzinho,
21:50 il s'en est fallu de quelques centimètres.
21:52 Les photographes et caméramans sont à l'affût, les radioreporters consomment beaucoup de salive
21:56 et les Brésiliens beaucoup d'énergie. Finalement c'est Tostao qui va libérer son équipe,
22:00 et par là même tout un peuple. Une passe subtile de l'extérieur signé Jairzinho,
22:03 un ballon piqué de Pelé, et un coup de Tibia de Tostao.
22:06 Par les temps qui courent, on s'en contentera.
22:09 3-1, c'est gagné. La qualification, in the pocket, et le film de l'action, in the box.
22:19 Mais les périviens sont de véritables census, le ballon ricoche ici et là,
22:22 et se retrouve finalement sur le pied droit de Kubias.
22:24 3-2, quel match, quelle coupe du monde. La plus belle d'entre toutes, selon les spécialistes.
22:30 Maintenant que faire ? Tenter de se mettre à l'abri, ou jouer tous derrière ?
22:34 Les Brésiliens ne veulent pas prendre de risques, et c'est bien connu, la meilleure défense, c'est l'attaque.
22:38 Alors attaquons ! Avec Jairzinho à la 78ème minute, il replace son ballon sur son bon pied,
22:42 le reste est un jeu d'enfant.
22:44 4-2, le compte est bon.
22:49 Pour l'anecdote, Jairzinho sera le seul joueur à avoir marqué au moins un but à chaque rencontre,
22:54 lors d'une même phase finale de Coupe du Monde.
22:56 Son exploit est d'autant plus méritoire que le Brésil va discuter, vous le savez,
23:00 le plus grand nombre de matchs possibles dans cette Coupe du Monde 1970, au Mexique.
23:06 Oui, le Brésil ira en finale, c'est clair, dans toutes les mémoires.
23:09 Ce qu'il est sans doute beaucoup moins, c'est la difficulté rencontrée par Pelé et les siens
23:13 contre l'Uruguay en demi-finale.
23:15 Encore une opposition d'équipe sud-américaine donc, mais si celle avec le Pérou s'était jouée
23:20 dans le plus parfait esprit, celle qui arrivait sentait vraiment la poudre.
23:24 L'Uruguay ouvre la marque à la 21ème minute par Kubilla, ne pas confondre avec le Pérouvien
23:29 dont le nom se termine, lui, par un S.
23:31 Enfin là, il y aurait plutôt un hic pour les Brésiliens, qui attendent pourtant ce moment
23:35 depuis 20 ans.
23:36 Vengez enfin Barbosa, D'Agno, Zizinho et autres adhémires, 20 ans c'est long.
23:40 Mais en matière de football, les gens ont une très grande mémoire,
23:43 surtout lorsqu'il s'agit d'une véritable humiliation.
23:47 Les Uruguayens, rapidement débordés par les événements, pratiquent un football violent
23:52 et comme l'arbitre espagnol M. Holtis de Mandibil, ferment chaque fois les yeux.
23:56 Pourquoi se gêner ?
23:57 C'est incroyable, pourtant les fautes ne sont pas vraiment discrètes, mais pas la moindre exclusion
24:01 côté Uruguayens et pas la moindre blessure côté Brésiliens.
24:05 Certaines fois, cela tient du miracle, comme ici suite à cette agression sur Rivellino.
24:10 La mi-temps approche, et alors que l'on s'achemine vers ce score très flatteur pour les joueurs de la Céleste,
24:18 Claude Waldo profite d'une ouverture lumineuse de Tostão pour tromper Mazurkiewicz.
24:22 Les attaquants étaient régulièrement matraqués, il fallait donc qu'un milieu de terrain parte de loin
24:26 et s'intercale comme ici à Bonetian, pour enfin égaliser.
24:29 A ce sujet, il est intéressant de remarquer qu'il aura fallu attendre le 13ème but
24:34 pour que ce soit un joueur du milieu qui se retrouve à la conclusion d'une action offensive.
24:39 "Mais Dieu que ce match est crispant ! Dès la reprise, les Brésiliens sont survoltés,
24:43 et sur cette accélération phénoménale de Pelé, nous ne sommes pas très loin du pénalty,
24:46 et ensuite le numéro 15 uruguayen marchera sur la cheville droite de Pelé, ça c'était encore vraiment intelligent.
24:52 Que sont devenus les chef-finaux, Guiguia, Andrade dont nous parlaient nos grands-pères ?
24:55 Tout cela semble si loin, aujourd'hui l'Uruguay est indigne de son glorieux passé,
24:59 heureusement il y a une justice, puisque suite à ce contrôle merveilleusement orienté,
25:03 Jairzinho laisse sur place son adversaire.
25:06 C'est vraiment sur son contrôle que Jairzinho a fait toute la différence.
25:15 Enfin, ce qui suit était évidemment de très grande classe également.
25:22 Histoire d'enfoncer un peu plus le clou, Pelé s'amuse avec celui-ci,
25:29 et attendra ensuite le moment le plus opportun pour le placer sous le marteau.
25:33 Regardez, le marteau en question va bientôt arriver dans le champ de vision de la caméra,
25:39 attention, le voici à bon coup, PAN !
25:42 Troisième but de la partie signé Rivellino, et 15ème but brésilien depuis le début du tournoi,
25:47 15 buts en 5 matchs, le Brésil tourne donc à 3 buts de moyenne, cela paraît irréel.
25:51 Pour terminer n'oublions pas la fin de décor mémorable de Pelé,
25:55 qui sans toucher le ballon va faire un grand pont à Mazurkiewicz,
25:58 ce ballon il fait mine de s'en emparer, il contourne, gardien de but,
26:01 on le voyait avec tel dommage que le roi gêné par le retour d'un défenseur ait trop croisé son tir.
26:06 Mais quelle présence d'esprit, quelle qualité physique,
26:09 Pelé sera reçu 5 années plus tard dans les studios de la BBC,
26:12 on lui repassera les images mais grâce à un habile trucage,
26:15 on fera en sorte que le ballon termine sa course à l'intérieur des buts, et non à l'extérieur.
26:30 C'est terminé, direction maintenant la capitale et le stade Aztèque,
26:34 nous sommes le 21 juin, l'Italie véritable miraculée des demi-finales contre l'Allemagne
26:39 avec la fameuse prolongation de rêve, constitue donc l'ultime obstacle à un 3ème succès brésilien.
26:44 Mais les Italiens, déjà vainqueurs de l'épreuve en 34 et 38, font le même rêve,
26:48 celui de ramener, et cela tout jamais, le fameux trophée dans leur pays.
26:52 Le pied gauche de Djidji Riva fait rapidement frémir les supporters brésiliens,
26:57 ces mêmes supporters qui resteront quelques secondes en haleine à la suite de cette action
27:02 ponctuée par un coup de sifflet de l'arbitre.
27:04 Un coup franc aussi bien placé pour le cocher Rivellino, cela peut faire de sérieux dégâts,
27:09 mais pour l'instant, les photographes placés derrière les buts d'Albertozzi
27:13 passent une première mi-temps bien paisible, et ce sont plutôt les confrères d'en face
27:16 qui sont mis le plus souvent à contribution, mais Félix, si fébrile jusqu'alors,
27:20 réussit chaque fois le bon geste.
27:22 Ça y est, Gerson commence enfin à distiller le bon ballon, et à la 17e minute,
27:27 Tostao donne le mal de mer à Rosato, et à la réception du centre,
27:30 la tête piquée de Pelé déclenche l'enthousiasme des 110 000 spectateurs.
27:34 Mais la défense brésilienne joue parfois trop facile, et à la 37e minute,
27:47 erreur de Brito et égalisation de Roberto Bollinsegna.
27:52 Un partout à la mi-temps, les Italiens, qui n'ont visiblement pas complètement récupéré
28:00 de leur demi-finale particulièrement éprouvante, vont connaître un début de seconde période
28:04 des plus délicats. Peu à peu, ils retrouvent néanmoins leur marque,
28:07 c'est vrai qu'ils ne sont guère menaçants en phase offensive,
28:09 mais bien que monopolisant le ballon, les Brésiliens le sont également bien peu dans ce domaine,
28:13 et cela paraît s'aggraver au fil des minutes.
28:15 Alors, tout comme contre l'Uruguay, c'est un joueur du milieu de terrain
28:18 qui va débloquer la situation. Rivellino a un marteau à la place du pied gauche,
28:22 sur celui de Gerson, voyez-vous, on a greffé un bâton de dynamique.
28:26 Voilà, le tout était bien sûr d'allumer la mèche.
28:35 Le coffre-fort italien a enfin explosé, maintenant il n'y a plus qu'à se servir,
28:40 enfin façon de parler, car devant un adversaire aussi valeureux,
28:43 cela reste encore plus facile à dire qu'à faire,
28:45 mais les Brésiliens possèdent tellement de combinaisons.
28:48 Gerson, il prend tout son temps, sur un plateau pour Pelé, Pelé sur un plateau pour Jairzino,
28:54 M. Jairzino est servi.
28:56 Gerson, Pelé, Jairzino, Tostao, Rivellino, qui dit mieux ?
29:01 Peut-être la Hongrie de 54, peut-être la Hollande de 74, oui,
29:05 c'était également particulièrement impressionnant, un petit détail néanmoins,
29:09 ces deux équipes avaient chaque fois trébuché sur l'ultime marche.
29:13 Trois buts, la moyenne est respectée, mais l'ogre brésilien n'est jamais complètement rassasié.
29:17 Pelé, c'est la classe et l'état pur, il peut faire la différence tout seul,
29:20 mais aussi être le plus élégant des majordomes.
29:22 Nous allons nous retrouver à quelques minutes du coup de sifflet final,
29:25 voilà sur un plateau M. Carlos Alberto est servi, mais quel coiffre celui-là !
29:29 Oui, bien sûr, il était quelque peu infamé, puisque les quatre attaquants de son équipe,
29:33 rendez-vous compte, ont marqué 16 des 19 buts.
29:36 Alors, pour ce dernier du mondial, j'attends, tu es dans mon dos, allez, régale-toi à ton coup.
29:42 Quatre buts à un, on ne pouvait rêver mieux pour cette fameuse scène finale.
29:54 Un peu fatigué d'avoir été balader 40 ans durant, de continent en continent,
29:59 la coupe Jules Rimet a donc enfin trouvé un havre de buts, et ce sera...
30:05 au Brésil !
30:07 1974, un nouveau trophée voit le jour, un nouveau trophée, pas une nouvelle compétition,
30:18 encore que les éliminations directes dès le deuxième tour aient disparu.
30:22 Cela fait ainsi 38 matchs, et non 32, c'est le business, mon bon monsieur.
30:26 Dans ce troisième match de poules du deuxième tour, ça devient compliqué,
30:29 le Brésil-Pays-Bas fait malgré tout office de demi-finale,
30:31 les deux équipes ayant largement distancé la RDA et l'Argentine.
30:35 Les Pays-Bas viennent d'ouvrir la marque par Nisquenz, et ce n'est que justice,
30:38 d'ailleurs c'est plus par un concours de circonstances favorables que par leur talent
30:42 que les Brésiliens sont arrivés à ce stade de la compétition,
30:44 et c'est finalement dans la logique des choses que Johan Cruyff ajoute un peu plus tard un deuxième but.
30:50 Pelé a pris sa retraite internationale quelques années auparavant,
30:53 lors d'un match amical contre la Yougoslavie à Maracana.
30:56 Le maillot de la Célestin en haut à la main, il a fait un dernier tour d'honneur,
30:59 devant 200 000 personnes qui criaient à gorge déployée "fica, fica", c'est-à-dire "reste, reste",
31:05 et le roi est parti, et avec lui toute la magie du football brésilien.
31:08 Durant toute cette Coupe du Monde, le Brésil pratiquera en effet un jeu violent,
31:12 essentiellement basé sur la défensive.
31:14 1974, une Coupe du Monde, à oublier au plus vite.
31:18 1978 ne restera pas non plus dans les annales, même si le football pratiqué est légèrement plus attrayant.
31:25 Ici contre l'Italie, qui ouvre la marque par Causio, le Brésil l'emportera finalement en 2-1,
31:30 s'adjugeant au passage la troisième place de l'épreuve.
31:33 On notera ce tir incroyable de puissance de l'arrière-droite Nelinho,
31:37 sur lequel Zoff ne peut qu'effleurer le ballon.
31:39 Ensuite, le sélectionneur brésilien fera entrer Rivellino, histoire de laisser s'exprimer un peu la nostalgie.
31:47 Mais que cette équipe de 70 semble bien loin, et malgré un joli but de Dilceu en fin de match,
31:53 ce Brésil, non, ce Brésil, ne nous fait plus rêver.
31:57 Le football de ce pays n'a toujours pas digéré le retrait de Pelé,
32:11 et quelque chose nous dit que nous ne sommes pas près de retomber sur une génération aussi exceptionnelle,
32:16 la génération des Jairzino, Gerson, Tostao, semble malheureusement bien loin d'être remplacée.
32:22 (musique)
32:28 1982 en Espagne, une bonne nouvelle, le football s'enbat et paraît-il de retour.
32:33 De nouveau les supporters et supportrices arborent le plus joli des sourires.
32:37 Musique maestre !
32:39 (musique)
32:51 Ils ont pour nom Eder, Zico, Leandro, Junior, Falcao ou encore Socrates, comment dites-vous madame ?
32:57 Ah oui, pardon, le docteur Socrates.
33:00 Il n'y a plus 16 équipes mais 24, ça se complique et pour ne rien arranger,
33:04 le Brésil est tombé dans une poule redoutable avec notamment l'Écosse et l'URSS.
33:07 Après avoir été mené 1-0 par les soviétiques, les brésiliens ont réalisé une deuxième mi-temps magnifique
33:11 et l'ont finalement emporté grâce à deux buts de Socrates et Eder.
33:14 Mais contre l'Écosse, 4 jours plus tard, c'est la même chanson,
33:16 c'est-à-dire que le Brésil se retrouve encore mené au score suite à ce but splendide de l'arrière-droit, Neylé.
33:22 Mais cette fois, il ne faudra pas attendre la deuxième période pour assister à l'égalisation brésilienne.
33:27 Socrates est un joueur de très haut niveau et avec ses allures de Che Guevara,
33:31 il a d'ailleurs aussi de par ses prises de position un petit côté révolutionnaire,
33:34 il organise des guérillas ici et là.
33:37 La forteresse écossaise tient le choc mais on sent bien alors qu'il ne s'agit que d'une question de minutes.
33:42 Roff place son mur, mais un mur c'est comme une ligne Maginot, ça se contourne et il nous lucarne une de Zico,
33:48 l'étoile de Flamengo sur ce genre de tir, pas grand-chose à faire en vérité, alors autant le prendre avec le sourire.
33:53 Et ça s'envole, et ça s'agite, et ça danse la poitrine arrogante.
34:00 En deuxième mi-temps, les écossais montrent régulièrement des signes de panique, annonciateurs de proches catastrophes.
34:04 Tiens, en voici une de catastrophe à la 48e minute avec cette tête du défenseur Oscar.
34:11 Il y a plus que jamais le feu au lac, les écossais sont débordés techniquement, aussi attendez, mais également physiquement,
34:18 et cela c'est très inquiétant car assez rare en ce qui les concerne.
34:21 65e minute, Eder, magnifique de vista et de précision, c'était donc vrai, oui, le football s'en bat, et de retour, qu'on se le dise.
34:29 Et oui, il faudra s'y faire.
34:37 87e minute enfin, Cerezo, Socrates, Telpelet, 12 ans auparavant, tranquillement du plat du pied, Falcao qui sort dans la coeur, joue à 4 à 1.
34:44 Le football offensif prôné par le sélectionneur Telesantana est bien parti pour faire des ravages.
34:49 Après une dernière démonstration face à la Nouvelle-Zélande, victoire 4-0, le Brésil se retrouve dans sa poule du deuxième tour face à son ennemi numéro 1, l'Argentine.
34:56 Frappe terrible d'Eder, et Zico qui assure le coup.
35:00 L'Argentine déjà battue par l'Italie, 2-1, et oui, il y a également l'Italie dans cette poule, ce qui n'est pas rien.
35:04 L'Argentine donc va être surclassée par une équipe brésilienne qui survole littéralement la compétition.
35:11 Au stade de la Sierra, à Barcelone, les champions du monde en titre sont parfois même ridiculisés.
35:18 Ça va trop vite.
35:20 Ça part de la gauche, ça termine sur la droite, et ça retourne au deuxième poteau.
35:25 Falcao pour Serginho, 2-0.
35:28 Zico est fou de joie, Leandro fait des cabrioles dans le dos du jeune Maradona.
35:33 Tout le monde est sur un nuage, et ne comptez pas sur les 22 dernières minutes pour calmer les esprits.
35:39 Ce Brésil est complet, son jeu est des plus variés, les joueurs se débarrassent rapidement du ballon car il y a toujours des possibilités de passes,
35:46 et puis on l'a rarement vu dans l'histoire du football un défenseur latéral aussi technique que Junior.
35:51 3-0, ça vaut bien quelques petits pas de danse, non ?
35:58 Il y aura certes un but de l'Argentin Diaz à 2 minutes de la fin, mais quelle importance ?
36:02 Les Brésiliens se voient depuis longtemps en haut de l'affiche.
36:05 La qualification pour les demi-finales au départ de l'Italie vous plaisantez, c'est comme si c'était fait.
36:09 Surtout qu'en plus, même un match nul serait suffisant compte tenu du gol avérage légèrement supérieur des Brésiliens.
36:14 Tiens, les Italiens attaquent, Conti, Cabrini, tête et but de Rossi.
36:20 Ça, ça n'était pas vraiment prévu au programme, mais bon, on va faire avec.
36:24 De toute manière, il reste 85 minutes, et être mené à la marque, on connaît.
36:29 Souvenez-vous des matchs contre l'URSS et l'Écosse par exemple.
36:33 Tiens, les Italiens paniquent déjà, Zico, Zerguinho.
36:36 Ah, ça passera la prochaine fois.
36:39 De toute manière, quand le Brésil est légèrement souffrant, il suffit d'aller consulter le docteur Socrates.
36:44 Vous pouvez compter sur lui pour trouver chaque fois le remède adéquat.
36:49 12 minutes de jeu seulement et déjà un but partout, et le Brésil rit, et le Brésil crie, et le Brésil chante, et le Brésil danse.
37:01 Il danse sur son petit nuage, pensant sans doute déjà aux conquêtes futures.
37:06 Le Brésil attaque, les supporters sont ailleurs. Combien sont-ils par exemple à avoir vu ce deuxième but de Paolo Rossi ?
37:12 Deux buts encaissés en 24 minutes alors qu'il n'y en avait eu que trois en 360.
37:17 Les Brésiliens commencent enfin à se poser des questions.
37:19 Zico est furieux, mais les supporters, moins conscients du danger qu'ils plaintent désormais, dansent toujours.
37:23 Quant à ces deux-là, c'est encore plus simple, ils ne regardent jamais le match.
37:26 En deuxième période, les Brésiliens sont de plus en plus crispés.
37:29 Des espaces de plus en plus rares, mais heureusement à la 68e minute, Falcao profite d'une fausse piste lancée par Cerezo pour s'ouvrir un bon angle de tir.
37:36 Le Brésil est de nouveau qualifié pour les demi-finales.
37:39 Falcao, le meneur de jeu de la S-Roma, emmène la Celesao au paradis.
37:43 Mais attention, il reste tout de même 22 minutes.
37:46 Oh, allez, pourquoi avoir toujours le mal ? Les Italiens sont au bord du chaos.
37:50 Ici, il va y avoir une frappe de Zico, deux minutes seulement après le but de Falcao.
37:54 Et 45 secondes plus tard, Eder puis le même Falcao seront à leur tour bien prêts de rompre définitivement le suspense.
38:01 Mais plus le match avance, plus les Brésiliens jouent la peur au ventre.
38:04 Sur un corner tiré par l'Italie, ils sont pourtant 10 dans leur propre surface de réparation pour seulement 4 Italiens.
38:10 Et malgré tout, ils encaissent ce 3e but de Paolo Rossi.
38:13 C'est l'Italie qui disputera les demi-finales.
38:16 Les supporters ont enfin compris l'ampleur du désastre.
38:19 Le ciel leur est tombé, pour ainsi dire, sur la tête.
38:21 Cela dit, nos amis, ils sont un peu longs à la détente, force est de le constater.
38:25 Mais cette équipe était si belle, c'est vrai, oui.
38:27 C'est vrai que ce football est impitoyable et on se doit de le respecter.
38:30 Les joueurs brésiliens ont mis 45 minutes à le réaliser.
38:33 Dans les minutes qui suivront le coup de sifflet final, ils resteront longtemps.
38:37 "Saudade, saudade"
38:39 Difficile à traduire en français.
38:41 Disons qu'il s'agit d'un sentiment plus fort que la mélancolie et légèrement moins fort que le désespoir.
38:46 Allez, 1986, retour sur le continent sud-américain.
38:49 C'est le Mexique, et pour ses quart de finale, le fameux stade de Jalisco à Guadalajara,
38:53 pour un France-Brésil qui passionne la planète entière.
38:56 16 ans après les pelées Tostao-Rivellino, revoici donc nos artistes,
39:00 qui ont déjà parti pour bâtir les plus belles pyramides sur les terres aztèques.
39:03 Finalement, cela leur fera mieux passer la pilule des châteaux en Espagne,
39:06 bâtis uniquement, on le sait, dans les esprits, 4 ans plus tôt, du côté de Barcelone.
39:10 17ème minute, écoutez le radio-reporter brésilien.
39:13 [Radio]
39:31 Le Brésil, après une première partie de compétition plutôt moyenne,
39:34 prouve peu à peu sa vitesse de croisière, parlaisant par exemple au Polonais,
39:37 écrasé en 8ème de finale 4 à 0.
39:39 Nous sommes revenus en effet au bon vieux temps des éliminations dès le deuxième tour.
39:42 Le passé revient toujours à la mode.
39:44 Peu de temps avant la fin du temps réglementaire, Bats va faucher Branco,
39:47 et le Brésil va bénéficier d'un pénalty, ce qui compte on ne peut mieux,
39:50 puisque Platini, mine de crayon, avait égalisé en fin de première mi-temps.
39:54 L'angoisse du gardien de but au moment du pénalty.
39:57 Zico, non, Bats qui repousse le ballon, est-ce un signe ?
40:01 Oui, car les prolongations qui suivent ne changeront rien.
40:05 Et puis, lors des tirs au but qui suivront, Socrates, lui aussi, se montrera maladroit.
40:11 Heureusement pour le Brésil.
40:13 Platini également.
40:15 Alors, alors, la pression est à son maximum,
40:20 lorsque Julio César prend tranquillement son élan,
40:22 et face à lui, ce gardien qui a déjà pris le meilleur sur Zico et Socrates.
40:27 Ce gardien qui fait peur, si peur qu'il pousse Julio César à la faute !
40:30 Julio César inquiet par la réussite, et le talent de Bats a tenté le tir parfait.
40:39 Si Luis Fernandez marque maintenant, il fait le vide,
40:44 il peut aussi se rassurer, car même en cas d'échec, son équipe n'en serait pas pour autant éliminée.
40:49 À côté ? Non.
41:03 Sondage, sondage, il y a un problème.
41:07 En 82, le Brésil était en qualité pure, supérieur à l'Italie.
41:10 Idem en 86 par rapport à la France, mais le jour J.
41:13 Il y a un problème, et 4 ans pour le résoudre.
41:17 Malheureusement, en 1990, en Italie, la nouvelle génération brésilienne n'a rien d'exceptionnel.
41:22 Il faut dire aussi que depuis près d'une quinzaine d'années,
41:25 les meilleurs footballeurs du pays s'exilent en Europe,
41:27 et par voie de conséquence, le niveau du championnat local devient de moins en moins élevé.
41:31 Dans ces circonstances aussi, ce n'est pas l'idéal pour la progression des jeunes talents,
41:34 et le football brésilien perd un peu son âme, son identité.
41:39 Et puis, le fait que 7 à 8 joueurs de la sélection évoluent sur le vieux continent
41:43 crée un problème d'homogénéité et d'automatisme,
41:45 puisque les 3 ou 4 autres pratiquent un autre football.
41:48 Et n'oublions pas qu'on adopte, par exemple, au Portugal, une tactique différente qu'en Italie.
41:52 D'une chatte, il perdrait ses petits.
41:53 Pas étonnant que dans ces conditions, le Brésil ne batte que par le plus petit écart possible.
41:57 La modeste équipe du Costa Rica.
41:59 Même chose contre une équipe certes plus réputée, mais qui finalement n'a jusqu'alors jamais passé un premier tour de phase finale de Coupe du Monde.
42:06 Je parle bien sûr de l'Ecosse.
42:08 Non, il n'y a plus de rythme, et on ne ressent pas de joie particulière dans le jeu pratiqué par les Ricardo, Branco, Alemao ou Careca.
42:25 Il y a eu l'après Pelé, maintenant il va falloir gérer l'après Zico, l'après Socrates, tout comme en 1974, le Brésil est redevenu une équipe comme les autres.
42:33 Coup de chance pour son 8ème de finale, il tombe contre l'Argentine, une équipe également à la dérive, qui a entre autres perdu le match inaugural contre le Cameroun.
42:40 Il n'y a que Maradona dans cette équipe, mais El Pibe de Oro, victime d'une grosse entorse à la cheville, qui date précisément du premier match,
42:48 ne possède plus les moyens physiques pour faire la différence.
42:51 Sans pour autant pratiquer un football de qualité, le Brésil domine cette partie, mais sur 3 de ses tentatives, le ballon sera envoyé soit par le poteau, soit par la transversale.
42:58 Rien de bien génial en vérité, et de toute manière sur cette pelouse, il n'y a qu'un génie, lui, Maradona.
43:03 Il y avait au départ 7 Brésiliens pour contrer 2 Argentins, Maradona lui seul a mis 6 joueurs hors course, il ne reste qu'un seul pour Caniggia.
43:10 Victoire de l'Argentine, 1-0.
43:13 Le Brésil aura été à l'image de cette Coupe du Monde en Italie, médiocre, et même plus que cela encore.
43:20 1994, bienvenue aux Etats-Unis, et direction la côte ouest.
43:27 Si vous allez à San Francisco, vous y verrez des gens que j'aime bien, des gens avec des fleurs dans les cheveux, oui on les aime bien ces Brésiliens.
43:35 Et lors du premier match contre la Russie, on sent chez le buteur Romario, et chez 60 à 70% du reste de l'équipe, une volonté de bien jouer au football,
43:42 et des qualités techniques le plus souvent à la hauteur de leurs ambitions.
43:46 Bebeto le 7, Romario le 11, c'est le ticket gagnant de cette formation.
43:51 Malheureusement, juste derrière, cela ne suit pas toujours.
43:54 Par exemple, le gaucher Zinho, meneur de jeu de Palmeiras, est bien trop lent dans ses transmissions de balles, mais Romario est l'arbre qui cache ce que vous savez.
44:02 Pénalty pour le Brésil, l'arbitre d'un calve olympien, tout comme Karine, le gardien russe, qui canalise son énergie afin de la déclencher au moment opportun,
44:10 mais le contre-pied de Raï était parfait.
44:14 2-0, le score aurait pu être plus sévère, mais on ne va pas faire la fine bouche pour un premier match.
44:19 Bien sûr, nous sommes à des années-lumières de 70, loin également de 82, mais ce Brésil est au moins l'égal de 86,
44:24 et il paraît déjà largement supérieur à ceux de 74, 78 et surtout 90.
44:30 Contre le Cameroun, révélation de la précédente Coupe du Monde, c'est encore le meilleur joueur brésilien qui va montrer la voie.
44:35 Contre l'orienté, parfait. Accélération introduite de balle, parfait. Le coup de patte au dixième de seconde près, parfait.
44:40 1-0 à la 43ème minute.
44:43 En deuxième mi-temps, il y aura forcément un peu plus d'espace, mais regardez ce que peut faire Romario dans un périmètre aussi réduit.
44:53 Deuxième période, nous y voici. Face aveugle du capitaine Dunga, centre bien travaillé de Jorginho à destination du meilleur joueur de tête de la formation,
45:04 Marcio Santos, 2-0, l'incident est coupé.
45:08 Peu de temps après, Romario fait l'essentiel du travail pour son associé Bebeto. Bebeto est son adresse diabolique de l'intérieur du pied droit, qu'il réussisse ou qu'il rate, Romario se signe toujours.
45:20 Romario Bebeto, du travail de boule.
45:26 On quittera alors la Californie, direction la côte Est et la ville de Détroit.
45:33 Déjà qualifié pour le deuxième tour, le troisième match contre la Suède a tout de même son importance. La première place du groupe est en jeu, question de prestige et surtout cela permettra de rencontrer en huitième de finale un adversaire a priori de calibre inférieur.
45:44 Tout au long de la première mi-temps, les Brésiliens se contentent de faire circuler le ballon, ils sont vigilants aussi par rapport à une éventuelle blessure. En cas de coup dur, ils auront, on le sait, de gros et solides arguments à faire valoir.
45:59 La fin de la première mi-temps approche, Brolin échappe à Aldair, un rapide coup d'œil histoire de voir la position de son avanceur, Anderson qui réussit dans la foulée l'un des plus beaux buts de ce mondial.
46:09 Pour la première fois, le Brésil se retrouve légèrement le dos au mur. Intéressant.
46:14 Si Kenneth Anderson avait repris ce ballon du pied gauche, il aurait été inéluctablement contré par Mauro Silva, l'extérieur du pied droit, oui, c'était la bonne solution.
46:25 Deuxième période maintenant, il va falloir tromper au moins une fois Thomas Ravelli et ce ne sera pas sur cette action.
46:31 Ce stade du Silverdome à Détroit est entièrement couvert, vous le savez, et si ce sauna est plutôt une bonne chose pour certains supporters légèrement enveloppés, il est un véritable enfer pour les joueurs qui souffrent énormément.
46:41 Mais un enfer, c'est le paradis pour un diablotin tel que Romario, surnommé également le lutin infernal.
46:47 Comme passe Muraille, il est difficile de trouver mieux. La conduite de balle de l'attaquant brésilien est vraiment à montrer dans toutes les écoles de football.
46:57 Le ballon lui colle littéralement au pied, il a ainsi tout loisir de changer de direction au tout dernier moment et il en est de même lorsqu'il choisit de réaliser le geste final.
47:04 En huitième de finale, jour de l'indépendance-té, le Brésil rencontrera les États-Unis.
47:09 Toujours cette conduite de balle fabuleuse de Romario et tout comme contre le Cameroun, l'intérieur du pied droit de Bebeto.
47:16 Un zéro, cela peut paraître légèrement décevant, mais les États-Unis n'avaient rien à perdre, ils jouaient à domicile et sur l'un des tirs de Romario, le ballon avait été renvoyé par le poteau.
47:25 De plus, le Brésil joua à 10 durant plus des deux tirs de la partie suite à l'expulsion de son arrière-gauche, Leonardo.
47:32 Lors de son quart de finale contre les Pays-Bas à Dallas, la victoire du Brésil ne fait aucun doute.
47:38 Sanguli-Téven-Bastène et avec un riche quart, vieillissant, l'équipe des Pays-Bas ne fait plus peur à grand monde, si ce n'est à elle-même.
47:44 Lors des trois matchs de poule, on a frôlé la catastrophe avec notamment une défaite 1-0 devant la Belgique et une victoire acquise à cinq minutes de la fin seulement devant l'Arabie Saoudite.
47:52 Enfin, contre le Maroc, ce n'était guère plus fameux, tout comme lors des huitièmes de finale devant l'Irlande.
47:57 0-0 à l'issue d'une première mi-temps assez équilibrée, mais la supériorité brésilienne se fait ensuite de plus en plus sentir.
48:03 Juste une petite question de réglage à peaufiner entre Bebeto et Romario.
48:08 Les permutations incessantes de l'attaquant de la corogne déséquilibrent régulièrement la défense néerlandaise.
48:13 Cette fois, ça venait de la gauche et cette fois, Romario était à la chute du ballon.
48:17 C'est beau, c'est fin et pour conclure, si gracieux, ce petit fouetter du buteur brésilien.
48:22 Pas évident tout de même d'aller ainsi au devant du ballon et vous l'avez constaté, juste à la sortie d'un rebond.
48:28 Le Brésil est sur les bons rails et le TGV Jorginho peut alors donner sa pleine mesure.
48:34 Bebeto, le coup passe à si près. Le même Bebeto qui partira ensuite à la limite du hors-jeu.
48:42 Résistera au tacle de Wouters avant d'effacer d'un coup de gomme le gardien de Gueye.
48:47 Regardez, c'est magnifique.
48:49 2-0, Bebeto lance à sa femme qui vient de mettre un petit garçon au monde le traditionnel message.
48:56 "Fais dodo, gros lame, mon petit frère, fais dodo, t'auras du dolo"
48:59 et il est aidé ici par Mazillo puis Romario.
49:02 Finalement, ce sont les néerlandais qui se sont laissés endormir par cette petite berceuse,
49:06 une berceuse légèrement endiablée, sur la fin.
49:09 Mais la fin, oui, est-ce vraiment la fin du film ? Pas sûr, puisque quasiment dans la minute suivante,
49:15 Berckamp va réduire la main.
49:17 Les Brésiliens retombent donc dans leur péché mignon, la facilité.
49:22 La sélection brésilienne a considérablement été échaudée lors des précédentes éditions.
49:26 C'est vraiment à désespérer de tout.
49:28 Et quand un peu plus tard, Winter égalise pour les Pays-Bas,
49:31 on se dit que outre leur éternelle insouciance, les Brésiliens doivent être légèrement maudits quelque part.
49:35 Les vieux démons ressurgissent, c'est dans la tête, docteur, on leur a tellement rabâché la défaite de 1950.
49:40 Et alors qu'ils étaient encore jeunes adolescents pour la plupart,
49:43 ils ont tous pleuré après le troisième but de Paolo Rossi en 82.
49:46 Cela fait 24 ans que le peuple brésilien attend les successeurs de Pelé,
49:50 il faudra encore se montrer patient, car à cet instant de la partie, cela ne fait plus aucun doute,
49:54 les mouches ont changé d'âne, et une fois encore, les Brésiliens vont quitter la scène plus tôt que prévu.
49:59 Dallas, ton univers impitoyable.
50:01 Et puis, il y a ce couffant accordé par l'arbitre,
50:05 et puis il y a cette frappe très puissante, bien que légèrement travaillée de Branco,
50:08 cela sera encore plus net avec la caméra placée au ras du sol,
50:11 elle nous permettra également d'apprécier le déhanchement fort à propos du fameux gros Mario.
50:16 Compte tenu de l'évolution curieuse de ce match, cette qualification est un vrai petit miracle.
50:24 Direction Los Angeles, on garde les maillots bleus, et on repart pour un tour de piste.
50:31 L'adversaire du jour est la Suède, tiens tiens, je commence à me retrouver.
50:34 Mais contrairement au match de Dallas, le Brésil va rentrer dans cette partie tel un taureau dans l'arène.
50:38 Ravelli n'a pas une seconde de répit, il y a toujours un ballon sur le feu,
50:41 et sur cette action, il pourra toujours remercier Romario qui n'avait pas vu un défenseur suédois se replier au tout dernier moment sur la ligne.
50:48 Enfin, quitte à remercier quelqu'un, autant que ce soit son défenseur.
50:54 0-0 à la mi-temps met une deuxième période qui ne laisse rien présager de bon aux Suédois,
51:00 si l'on en croit le déroulement de la première.
51:03 Les dieux de la mythologie suédoise font pourtant ce qu'ils peuvent pour repousser, pour retarder l'échéance.
51:08 Mais par Rodin, dieu de la poésie et de la mort, c'est une tornade.
51:11 Mais par Thor, dieu du tonnerre, c'est une avalanche.
51:13 Mais par Tyr, dieu de la guerre, c'est un cyclone.
51:15 Et que font les trolls, nains de la nature et des forêts, dont on ignore les pouvoirs mais dont on peut tout rebuter ?
51:21 Non, même les trolls ne peuvent rien, surtout face à leur altérigo brésilien.
51:28 Le nain, le nain infernal, Romario.
51:33 Et cette fois, histoire de bien l'agacer tout le monde, c'est de la tête.
51:38 Comme on dit au Brésil, "Dios é grande, e o Brasil também".
51:43 Autrement dit, Dieu est grand, et le Brésil également.
51:46 Ne parlons pas de Romario.
51:48 1-0, avec le temps, le Brésil a pris à compter, mais il finit tout de même péniblement cette épreuve.
51:53 17 juillet à Los Angeles, et plus exactement au Rose Bowl de Pasadena,
51:57 Pelé foule la pelouse, mais en costard cravate, il aurait tant aimé porter encore ce maillot,
52:02 qu'il se retrouvait au milieu des siens.
52:04 Mais l'espérance de vie d'un footballeur est vraiment trop courte,
52:06 quasiment aussi courte que celle de nos amis les chiens.
52:08 La vie est vraiment mal faite.
52:10 Le Brésil de Dunga, ou l'Italie de Barési.
52:15 Faites vos jeux.
52:17 En tout cas, c'est Dunga qui a choisi le bon côté de la pièce,
52:20 pour des gens aussi superstitieux que les footballeurs en général, et que les Brésiliens en particulier,
52:24 c'est toujours cette pièce.
52:25 Le début de match est passionnant.
52:27 D'un côté, les petits ponts et accélération du meilleur joueur du tournoi,
52:30 de l'autre, une défense italienne toujours redoutable d'efficacité.
52:33 Comme toujours, quand le Brésil est sur la pelouse, les gradins sont colorés,
52:38 l'ambiance est bonne enfant,
52:40 et pour une fois, la défense italienne se trouve mal placée,
52:43 puisque Romario était ici démarqué au point de pénalty.
52:46 Réponse quasi immédiate de la squadra azul,
52:49 avec cette bonne occasion que se procure Daniele Massar.
52:53 Mais peu à peu, les actions, tant italiennes que brésiliennes d'ailleurs,
52:59 manque de fluidité sous la chaleur caniculaire du soleil californien,
53:03 les organismes déjà mis à ruine épreuve depuis un bon mois,
53:07 ne répondent plus vraiment à toutes les sollicitations.
53:10 Les Italiens, qui comme en 82 sont partis piano-piano, n'ont rien à perdre,
53:18 ils paraissent beaucoup moins tendus que leurs adversaires,
53:21 et c'est sur ce 0-0 que s'achève la première mi-temps.
53:25 Si en deuxième période, les 1-2 brésiliens sont encore précis,
53:28 les autres le sont beaucoup moins, et plus le temps passe,
53:31 plus l'on comprend que cette finale va se jouer à un tout petit rire.
53:35 Ici, Pagliuca préfère assurer qu'à l'arbitre,
53:38 on n'avait pas encore signalé le hors-jeu de l'attaquant brésilien.
53:41 Evidemment, si les acteurs de ce match étaient autorisés à porter ce genre de chapeau,
53:44 ce serait plus agréable, quoique peu pratique.
53:47 Seul Romario ne semble pas touché par la chaleur,
53:51 mais on vous l'a déjà dit tout à l'heure, les flammes, lui, le diablotin,
53:54 il n'empêche qu'il lui manque toujours une petite fraction de seconde à l'arrivée.
53:58 Tous ces matchs, tous ces entraînements, toute cette sueur, toute cette souffrance
54:01 pourront terminer sur un coup de D, tir du bain au Rous-Sylvain,
54:03 faute de Pagliuca, le poteau !
54:06 Un petit bisou, oui, ça nous paraît être la moindre des choses.
54:11 Et si les dieux du football avaient fait leur choix ?
54:13 A cet instant précis, on mettrait bien une petite pièce sur l'Italie.
54:15 Enfin, le temps réglementaire est terminé, et finalement, c'est encore le Brésil
54:19 qui va se retrouver en phase offensive dans la première partie de la prolongation.
54:23 L'Italie qui se dégage mal.
54:26 Dunga ouvre bien sur Cafu, sur le centre, Pagliuca sera un peu court,
54:30 mais Bebeto n'a plus toute sa lucidité, et le coup de Rano Romario n'est plus le même.
54:34 Dernier quart d'heure de jeu, quoi qu'il arrive maintenant.
54:38 Mauro Sylvain, Mazinho, Cafu à la recherche d'un une-deux,
54:44 la défense italienne prend ensuite dehors-jeu à l'attente retard,
54:46 mais Romario lui avait un temps d'avance, il n'était pas sur ses bons appuis.
54:50 Il était écrit que l'on allait assister à la première finale de l'histoire sans le moindre but.
54:55 C'est au tour de l'Italie maintenant, avec Massaro, Baggio, Massaro,
55:01 mais les joueurs n'ont plus leur tête, et si le physique suit encore légèrement,
55:04 c'est plus mécanique qu'autre chose.
55:06 Oui, Taffarell avait bien trop d'avance sur cette action par rapport à Berti.
55:10 Seul un homme vrai pourrait peut-être faire la différence.
55:13 Viola pourrait être celui-ci, Romario, mais le vieux Parisien est toujours fidèle au poste.
55:18 C'est terminé, 120 minutes pour rien.
55:21 Là encore, ce sera une grande première.
55:24 Les tirs au but.
55:26 Baresi, star du football au crépuscule de sa carrière,
55:33 va voir son tir terminer sa course sur Sunset Boulevard.
55:38 C'est terrifiant, mais va-t-alors le tour de Marcio Santos.
55:46 Nerveux, le Brésilien.
55:49 Pas vraiment habitué à ce genre d'exercice.
55:53 On sent la suite, oui, Pagliuca a fait de bons choix.
55:57 On revient donc à la case départ, en fait, on ne l'a jamais quitté.
56:01 Albertini ou Taffarell ? C'est Albertini.
56:05 Romario ou Pagliuca ?
56:10 C'est Romario.
56:14 Et c'est Agassin.
56:17 Evani ou Taffarell ?
56:23 Encore un contre-pied.
56:28 Rien à faire.
56:35 Rancourt, il a toutes les chances de le tirer.
56:39 Alors pourquoi pas la finesse ?
56:43 Et bien voilà.
56:46 Massaro va prendre beaucoup de temps pour parcourir la distance
56:49 qui sépare le rond central du point de pénalty.
56:52 Il y a comme un mauvais présage dans l'air.
56:55 On ne saurait l'expliquer de manière très rationnelle,
56:58 mais on a senti à cet instant que le match allait basculer.
57:07 L'instant est grave.
57:11 Dunga, il marque à son tour.
57:14 Si Roberto Baggio échoue dans sa tentative,
57:17 les Brésiliens remporteront la 15e Coupe du Monde.
57:20 Regardez bien Baggio, celui-ci va tout d'abord placer le ballon dans un trou.
57:25 Il le repoussera ensuite à l'extérieur, mais pas suffisamment,
57:29 puisque le ballon retombe au même endroit.
57:31 En temps normal, Baggio aurait pris tout son temps
57:33 et placé ce ballon autant de fois qu'il aurait fallu le faire.
57:36 Mais le fardeau est si lourd et la pression est si forte à supporter
57:39 qu'il veut s'en dégager au plus vite.
57:42 Le ciel a choisi son plan.
57:45 C'est la quatrième fois pour le Brésil.
57:56 L'allégresse laisse la place à la détresse.
58:00 Oui, au football, il faut toujours un perdant.
58:03 Mais le gagnant attendait ce moment depuis si longtemps.
58:06 24 ans, vous vous rendez compte ?
58:08 24 ans pour un pays de football comme le Brésil, c'est une éternité.
58:13 Alors bien sûr, cette finale ne pouvait être qu'un poème de Vénicius de Moraes
58:17 où la tendresse, la mélancolie, mais aussi la chaleur
58:21 et les sentiments bien souvent violents font si bon ménage.
58:26 Le Brésil devient quadricampion mondial.
58:31 Et le petit Romario est contrairement aux apparences,
58:35 le dernier géant brésilien.
58:39 En attendant la suite.
58:43 Le Brésil est un pays de football qui est en train de se transformer en un pays de football.
58:49 Le Brésil est un pays de football qui est en train de se transformer en un pays de football.
58:54 Le Brésil est un pays de football qui est en train de se transformer en un pays de football.
58:59 Le Brésil est un pays de football qui est en train de se transformer en un pays de football.
59:04 Le Brésil est un pays de football qui est en train de se transformer en un pays de football.
59:09 Le Brésil est un pays de football qui est en train de se transformer en un pays de football.

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