Grève des enseignants : Sarah prof de collège à Marseille

Maritima Médias

Enseignants et lycéens sont dans la rue aujourd'hui encore à Marseille. Une nouvelle journée d'action après celle de jeudi dernier. Au cœur des revendications : la défense des salaires et l'opposition à la politique éducative au collège. ...  Vidéo publiée le : 06/02/2024 à 12:11:00  Lien vers l'article de Maritima.info : https://www.maritima.info/actualites/education/marseille/15849/greve-des-enseignants-ils-sont-en-train-de-detruire-la-foi-qu-on-avait-.html

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00:00 Tout à fait, effectivement. Il faut avoir de plus en plus la foi,

00:02 mais je pense qu'ils sont d'ailleurs en train de finir de détruire la foi qu'on avait.

00:06 Nous, dans notre équipe, la dernière réforme qui est prévue pour le collège,

00:10 on est tous en train de se dire que si c'est pour transformer l'éducation en ce qu'ils veulent la transformer,

00:16 si c'est pour continuer à essayer de compenser nous avec nos petits bras musclés les pertes de moyens,

00:20 parce que c'est encore une perte de moyens cette réforme des groupes de niveau,

00:24 on est tous en train de se dire qu'on va faire autre chose parce que ça détruit totalement nos valeurs.

00:28 Donc en général, oui, on travaillait encore dans des mauvaises conditions avec des mauvais salaires,

00:33 mais on avait encore l'impression de faire quelque chose d'utile.

00:36 C'est de moins en moins le cas avec les successions de réformes qui se sont enchaînées sur 7 ans.

00:42 Vous vous sentez démotivée, pourtant vous êtes très jeune.

00:44 Tout à fait. Ça fait 12 ans que j'enseigne, mais oui, je suis assez démotivée, effectivement.

00:50 Mais comme beaucoup d'enseignants, je pense que je représente l'état d'esprit de la profession.

00:56 Actuellement, de toute façon, à force de diminuer les moyens, année après année,

01:02 notamment nous dans les collèges, ça a commencé dès 2016 d'ailleurs,

01:05 finalement on devient comme les soignants, maltraitants en fait.

01:09 C'est-à-dire qu'on gère des flux d'élèves, on prend des heures supplémentaires,

01:12 mais au détriment de la qualité des cours.

01:14 Et c'est ce qui est prévu puisque là, pour l'instant, les groupes de niveau,

01:18 ça va se faire en fait à moyen constant.

01:20 Et donc c'est nous, professeurs de l'aide, professeurs de maths,

01:22 on va les prendre en heures supplémentaires, ça coûte moins cher que des heures professeurs.

01:26 Et en fait, on va enchaîner des heures pour diminuer la qualité des cours.

01:30 Finalement, c'est une diminution de qualité des cours.

01:32 On a les effectifs les plus chargés d'Europe, les plus chargés de l'OCDE.

01:36 Et en fait, ça va encore s'aggraver puisqu'en fait,

01:38 on voit les groupes faibles en effectifs réduits, mais comme c'est à moyen constant,

01:43 les autres groupes, en fait, il n'y a plus de dédoublement, on les supprime tous.

01:46 Et eux, ils se retrouvent dans des classes beaucoup plus chargées.

01:49 Donc voilà, à un moment donné, oui, trop c'est trop.

01:51 C'est comme des soignants, en fait, à qui on demande de faire plus de soins dans un minimum de temps.

01:55 Au bout d'un moment, ils deviennent maltraitants, donc ils perdent leur valeur.

01:57 Ils ont l'impression de ne plus travailler réellement pour l'État.

02:00 Et c'est pour ça qu'on s'engage en tant qu'enseignant.

02:02 Et là, nous, on est un peu dans les mêmes conditions.

02:05 Heureusement, on n'a pas encore de mort.

02:06 Ça ne se voit pas, ça se voit moins, mais c'est vraiment la même chose.

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