Paul-Félix Benedetti, chef de file de " Core in Fronte "
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00:00 Donc notre invité est là, il arrive sur la corde.
00:03 J'ai eu peur à un moment donné que vous ayez vous aussi reporté votre déplacement
00:07 comme celui de Gérald Darmanin.
00:09 Alors justement, on va en parler de ce report de déplacement.
00:12 Il a donc donné un communiqué hier, le ministre de l'Intérieur était attendu.
00:17 Il estime que les conditions sereines ne sont pas réunies pour venir en Corse.
00:22 Comment interprétez-vous ce report ce matin ?
00:26 Ils sont à l'initiative de la déstabilisation de la Corse, avec un retour à une répression
00:37 brutale et archaïque, avec des arrestations dont on connaît la teneur, des convocations
00:46 judiciaires permanentes, des procès antérieurs pour les jeunes manifestants post-exécution
00:54 d'Ivan Cologne, avec des amendes exorbitantes qui dès le départ de leur vie d'adolescent
01:00 les met en marge de la société.
01:02 On parle de dizaines, centaines de milliers d'euros.
01:06 Et une non-réponse à la proposition politique ultra-majoritaire du courant nationaliste
01:15 Corse, toute tendance confondue, qui demande une évolution institutionnelle et constitutionnelle
01:20 à la hauteur des enjeux historiques.
01:22 Aucune réponse à ce jour.
01:23 Paul-Félix Bénédette, vous pensez très sincèrement que la stratégie de l'Etat
01:27 aujourd'hui c'est de faire échouer les discussions actuelles ?
01:29 Je ne sais pas, en tout cas ils ne prennent pas la voie d'une volonté d'apaisement
01:35 et de recherche d'une solution politique efficiente.
01:38 On est dans les atterroiements, on est dans les petites combinaisons.
01:42 Pour un exemple, on ne nous répond pas sur des choses simples comme l'enlèvement de
01:50 tous les Corses patriotes du fichier Fijet, qui est au départ exclusivement créé pour
01:56 les islamistes, ou les délinquants sexuels, parce que ce sont deux fichiers qui sont en
02:01 fait fusionnés lorsqu'on les traite au niveau analytique.
02:05 On ne nous répond pas pour la résorption des condamnations financières de plusieurs
02:11 millions d'euros, lorsqu'on fait l'addition de tout ce que les patriotes corses subissent
02:16 comme pression.
02:17 Et à côté de ça, sur des demandes qui viennent d'Ansezou, on répond en tribune
02:25 de l'Assemblée nationale de la part d'un Premier ministre qu'il va y avoir une métropole
02:30 à Ajaccio.
02:31 On vous semble bien loin aujourd'hui de toutes les considérations de l'autonomie, quand
02:36 je vous écoute là ce matin, vous êtes passé à autre chose ?
02:40 Non, pas du tout.
02:41 Je suis, avec d'ailleurs tous nos militants, ancré dans la volonté de sortir la Corse
02:50 de la situation où elle est, avec la recherche d'un espace politique consensuel chez les
02:57 nationalistes qui passe par une autonomie très forte, mais rien de moins.
03:00 Vous avez brandi la menace de ne plus participer aux discussions localement, pourtant vous
03:05 participez encore aux conférences des présidents, pourquoi ?
03:07 Je considère qu'on doit toujours chercher à convaincre ses adversaires les plus farouches
03:14 du bon sens de vos propositions.
03:16 Et lorsque, en qualité d'indépendantiste, de fervent indépendantiste, j'accepte une
03:22 étape transitoire qui est l'autonomie, qu'on propose un statut qui est calé sur le modèle
03:27 des assorts, que les assorts ont depuis quasiment 50 ans, ou au pire, calé sur le modèle de
03:33 la Sardaigne que nos voisins ont depuis 75 ans, je ne pense pas être dans l'excès,
03:40 je pense être dans la normalité politique.
03:42 Vous dénoncez toujours une dénaturation du texte du 5 juillet, est-ce que c'est toujours
03:45 le cas aujourd'hui ?
03:46 Moi, ce qui me choque, c'est un diktat politique qui demande un consensus alors qu'il y a une
03:54 ultra majorité qui a fait une demande politique.
03:57 La démocratie ce n'est pas le consensus.
03:58 Le consensus, qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire qu'on demande à M.
04:02 Le Pionnet de prendre tâche avec ses opposants permanents qui n'ont jamais été même
04:07 paris-journalistes et de leur demander de faire un pacte commun.
04:11 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire nous mettre sur la touche.
04:14 Ça veut dire nous bannir du protocole.
04:16 Donc moi, si je dois sortir du protocole, je n'ai pas besoin d'un accord d'opportunité.
04:21 J'ai ma conviction politique et aujourd'hui je dis voilà, ou on nous donne l'autonomie
04:25 ou on nous donne rien, mais qu'on nous le dise et qu'on nous réponde.
04:28 Donc vous voulez une solution pluralité globale ou rien ?
04:30 Je veux une vraie solution politique.
04:32 Je ne veux pas d'intermédiation, je ne veux pas des fausses mesures, je ne veux pas une
04:35 mesurette, je veux sortir d'un cycle.
04:36 Je veux que pour quelques années, on ait une bouffée d'oxygène politique qui nous
04:40 permette de visualiser, de conceptualiser ce qu'on revendique depuis 50 ans et aujourd'hui
04:46 ne pas nous le donner, c'est nous nier, c'est nier la démocratie, mais c'est chercher
04:50 à faire la place à autre chose.
04:52 Et c'est là où la malheur de l'État est très sournoise.
04:54 Est-ce qu'il y a un texte commun qui sera présenté normalement ? Enfin, il devrait
04:59 y avoir un texte présenté lors de la prochaine session de l'Assemblée de Corse, vous pourriez
05:02 ne pas le voter ce texte ?
05:03 Il n'y aura pas de texte commun.
05:05 C'est la volonté du gouvernement, c'est la volonté de faire moins de corse, et il
05:10 y a également.
05:11 Le gouvernement aujourd'hui a une demande patriotique qui a été validée démocratiquement
05:15 lorsque les Corses ont voté nationaliste.
05:17 Ils n'ont pas voté pour faire plaisir, ils ont voté pour changer de cycle, pour avoir
05:22 cette évolution politique.
05:23 Moi j'admets qu'en ne votant pas majoritairement indépendantiste, le peuple corse aujourd'hui
05:29 n'est pas prêt pour cette étape d'émancipation, il le sera peut-être prêt un jour, et par
05:33 contre que l'autonomie est devenue le curseur, le barricentre de toutes nos revendications.
05:38 Et on doit avoir cette réponse politique.
05:41 On ne peut pas nous expliquer qu'il va y avoir une autonomie à la Corse qui ne sera
05:45 pas l'autonomie mais qui s'appellera l'autonomie.
05:47 On ne cherche pas un Erzat d'autonomie.
05:49 Donc pour l'instant on est quand même loin d'un accord entre vous localement, très
05:54 rapidement puisque cette interview tout à fait sa fin.
05:56 Je veux dire, l'accord il y est.
05:58 L'accord c'est simplement que ceux qui ne sont pas d'accord restent à leur place.
06:03 Je veux dire qu'on doit laisser le chemin de la démocratie passer.
06:06 Nathalie Boucher - Paul Félix Benadette, merci d'être venu jusqu'à nos studios.