Sénégal : le report de la présidentielle par Macky Sall, "un séisme politique"

  • il y a 7 mois

Visitez notre site :
http://www.france24.com

Rejoignez nous sur Facebook
https://www.facebook.com/FRANCE24

Suivez nous sur Twitter
https://twitter.com/France24_fr#

Category

🗞
News
Transcript
00:00 Ce séisme politique au Sénégal avec vous Alassane Samba Diop.
00:04 Bonsoir à vous, vous êtes journaliste, directeur de E-Media.
00:08 On peut à juste titre parler d'un coup de tonnerre au Sénégal,
00:12 ce qu'il s'est passé cet après-midi.
00:15 C'est inédit depuis 1963 dans le pays.
00:17 Absolument, c'est un séisme au Sénégal, ce qui s'est passé.
00:22 Le Sénégal ne s'attendait pas qu'il y ait un report de la présidentielle,
00:25 mais on voyait les choses venir,
00:27 depuis que le Parti démocratique sénégalais avait déposé sa demande
00:30 au niveau de l'Assemblée nationale.
00:32 M. Kariwade a jugé qu'il a été illégalement écarté de la présidentielle.
00:36 La pression du Parti démocratique sénégalais de l'Assemblée nationale
00:39 combinée au fait qu'entre le Parti démocratique sénégalais et l'APR,
00:42 avec l'élection législative qui s'est passée,
00:44 il y a des alliances au niveau de l'Assemblée nationale,
00:46 mais c'est un coup de tonnerre au Sénégal.
00:49 C'est la première fois que les Sénégalais vont vivre une élection reportée
00:53 depuis 1963.
00:54 Ça n'a jamais existé au Sénégal et ça a surpris beaucoup de monde.
00:58 Beaucoup ne s'attendaient pas à ce report de la présidentielle.
01:01 Maintenant, quelles sont les conséquences de ce report ou de cette annulation ?
01:05 Parce qu'il n'y a pas une date qui a été donnée.
01:07 C'est une annulation de la présidentielle aujourd'hui.
01:09 On ne sait pas quand on va voter et qu'est-ce qui a été pris comme décision.
01:13 Voilà, on est dans l'expectative de la prise totale au Sénégal.
01:16 Sarah Sakho, comment s'est nouée cette crise politique ?
01:19 Tout a commencé avec l'exclusion de Kariwade, donc de la course à la présidence ?
01:24 Exactement, c'est ce que notre confrère disait un petit peu à l'instant.
01:30 Ça a commencé avec l'éviction de Karimouane.
01:32 C'est une histoire de double nationalité qui est interdite par la Constitution
01:36 pour être candidat ici au moment où il déposait son dossier.
01:39 Et dans la foulée, en fait, son parti a demandé l'ouverture d'une enquête parlementaire
01:44 pour faire la lumière sur des soupçons de corruption
01:46 envers deux juges du Conseil constitutionnel,
01:49 qui est la plus haute juridiction du pays
01:52 et en quelque sorte l'arbitre du scrutin.
01:55 Et donc, suite à ces accusations,
01:58 ils ont également accusé le candidat de la majorité, Amadou Ba,
02:01 d'être derrière cette affaire.
02:03 Eh bien jeudi, les députés ont voté à une écrasante majorité
02:08 la création de cette commission d'enquête parlementaire,
02:11 dont les députés du parti présidentiel.
02:14 Alors officiellement, eux expliquaient qu'il s'agissait de laver l'honneur de leur candidat,
02:18 mais cela a déconcerté beaucoup de monde, en fait.
02:20 Les gens se sont interrogés, pourquoi est-ce que les députés du parti au pouvoir
02:25 votent pour cette commission d'enquête parlementaire ?
02:29 Et il y a eu aussitôt ce début de rumeur, en fait, sur un report de l'élection
02:34 que certains analysaient comme une volonté cachée
02:38 de la majorité, en fait, de reporter ce scrutin.
02:41 Et puis donc, la rumeur s'est enflée, je vous le disais,
02:44 elle était vraiment omniprésente jusqu'à cette annonce d'allocution
02:48 et finalement, aujourd'hui, cette décision de Macky Sall
02:52 donc de reporter l'élection.
02:55 Et justement, quelles conséquences sur cette juridiction ?
02:58 Vous l'évoquiez à l'instant, Sarah, la plus haute du Sénégal,
03:01 ce conseil constitutionnel.
03:03 On en parle avec vous, Nicolas Normand, vous nous avez rejoint,
03:06 vous êtes ancien ambassadeur de France au Sénégal.
03:09 Bonsoir à vous, Sarah Sacco.
03:11 Nous l'expliquait à l'instant, les accusations visent des sept sages
03:15 de ce conseil constitutionnel, accusation très grave,
03:18 donc elle pourrait remettre en cause la légitimité
03:22 d'une institution capitale dans le pays,
03:24 à savoir ce conseil constitutionnel ?
03:27 Alors, en effet, il y a deux hypothèses ou deux thèses.
03:31 Celle du président, telle qu'il l'a expliquée pour justifier le report,
03:35 il a dit précédemment qu'il y avait un conflit
03:36 entre le conseil constitutionnel et l'Assemblée nationale
03:39 et plus le fait qu'un des candidats, une dame qui s'appelle Rose Wardini,
03:45 avait en fait la double nationalité, mais on l'avait découverte trop tard,
03:48 une fois qu'elle était admise par le conseil constitutionnel.
03:50 Alors, ça fait quand même beaucoup de problèmes
03:53 et le président a dit que les conditions n'étaient pas bonnes
03:57 puisqu'il voulait des conditions sereines, transparentes et inclusives
04:01 qui pouvaient être obtenues par le report,
04:03 puisque dans l'immédiat, il y avait beaucoup de contestations
04:06 et de problèmes de conflits entre l'Assemblée,
04:10 entre le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire.
04:12 Mais l'autre interprétation, c'est le fait que ce conflit,
04:16 il vient aussi du parti présidentiel lui-même,
04:19 donc il s'abrite derrière quelque chose qu'il a créé lui-même,
04:22 comme vous l'avez dit, puisque le parti présidentiel,
04:25 qui est majoritaire, a voté une commission d'enquête
04:29 sur le conseil constitutionnel.
04:31 Donc, il a créé ce conflit entre l'Assemblée nationale
04:35 et le conseil constitutionnel.
04:36 Et donc, il faut...
04:38 Oui, c'est d'ailleurs ce qui est fait dire à une partie de l'opposition
04:41 qu'il s'agit en fait d'un plan pour repousser la présidentielle
04:44 parce que le pouvoir craindrait de la perte.
04:47 Comment vous analysez ce scénario ?
04:49 Écoutez, c'est une hypothèse tout à fait possible.
04:52 Il se trouve que le président avait désigné un dauphin,
04:56 qui est son premier ministre, M. Abadouba,
04:58 qui ne fait pas consensus dans le parti présidentiel,
05:01 puisque il y a eu des candidatures de deux ministres dissidents contre lui.
05:06 Et donc, le camp présidentiel apparaît divisé.
05:08 Alors, on peut imaginer, on peut penser, c'est une hypothèse, évidemment,
05:12 que le président a voulu reprendre un peu des choses en main,
05:14 réunifier son parti présidentiel sur un seul candidat,
05:18 soit le dauphin qu'il avait déjà désigné, soit peut-être un autre, on verra.
05:22 En tout cas, il voudrait un peu remettre de l'ordre dans le parti présidentiel
05:26 pour lui donner une chance de gagner,
05:28 parce que si le parti présidentiel est divisé,
05:29 ça affaiblit évidemment ses chances.
05:31 Et ça explique, par exemple, aussi le fait
05:34 qu'un des candidats importants de l'opposition,
05:36 qui est Khalifa Saleh, soit furieux du report,
05:39 parce que ce report, évidemment, risque de consolider le parti présidentiel.
05:44 Et s'il y avait eu l'élection le 25 février à la date prévue,
05:49 l'opposition avait plus de chances devant une majorité divisée.
05:53 Pour l'instant, justement, l'exécutif communique très peu.
05:57 Comment comprendre ce silence ?
05:58 On a uniquement la prise de parole de Macky Saleh pour l'instant.
06:03 Alassane Samba Diop, les membres de l'exécutif sénégalais,
06:06 et notamment Abdou Karim Fofana, le porte-parole du gouvernement,
06:09 n'ont d'ailleurs pas répondu à nos sollicitations et à nos demandes d'interview.
06:13 Ils ne souhaitent manifestement pas communiquer pour l'instant.
06:16 Comment vous l'expliquez ?
06:18 Parce, justement, le fait que la situation est un peu confuse.
06:21 Mais le président Macky Saleh a dit qu'il avait précisément organisé
06:25 un dialogue national sur la préparation de l'élection présidentielle
06:31 pour qu'elle soit sereine, transparente et inclusive.
06:33 Alors, c'est quand même des éléments qui peuvent aussi rassurer
06:36 quelques candidats, surtout évidemment Karim Ouad,
06:38 puisque inclusif, ça veut dire sans doute qu'il va pouvoir se présenter.
06:43 Transparent, ça veut dire que les conditions d'exclusion de nombreux candidats,
06:47 parce qu'il y a aussi Aminata Touré, Ousmane Sonko, évidemment,
06:51 qui ont été exclus d'une façon qui n'est pas très transparente
06:55 et qui ne crée pas de la sérénité.
06:57 Et puis, la sérénité n'existe pas non plus dans le parti présidentiel.
07:01 Et donc, ce dialogue national va permettre, normalement,
07:06 dans l'esprit du président en tout cas, d'apaiser les choses et de les rendre meilleures.
07:11 Alassane Samba Diop, vous, comment vous analysez ce silence de l'exécutif ?
07:16 Pour l'instant, à quoi faut-il s'attendre selon vous avec ce dialogue national ?
07:23 Ce dialogue national dont on parle, combien de fois on a fait le dialogue au Sénégal ?
07:27 Depuis combien d'années le dialogue a été restauré ?
07:29 Depuis que Macky Sainz-Lai, il y a combien de dialogues qui ont été faits ?
07:32 Et ça a abouti à quoi ?
07:33 Au fond, on est arrivé à cette situation aujourd'hui,
07:36 à celui où est-ce qu'au Sénégal, pour la première fois,
07:39 on ne va pas… on a reporté l'élection présidentielle.
07:41 Dans le camp du président, il y a aussi des dissensions.
07:44 Il y a des membres du parti de gauche, comme le PIT, le MBJF Authentique,
07:49 qui sont contre le report de la présidentielle.
07:52 Ils sont dans la mouvance présidentielle.
07:53 C'est Benoît Boukriakar.
07:54 Certains d'entre eux ne sont pas d'accord avec la décision qui a été prise par le président.
07:59 Aujourd'hui, il y a des membres du gouvernement qui ont appris la nouvelle,
08:01 comme tout le monde, à la télévision.
08:03 Certains d'entre eux, peut-être, n'ont pas aujourd'hui des arguments
08:07 pour aller défendre la décision qui a été prise.
08:09 D'où le silence peut-être de votre part de gouvernement et certainement du gouvernement.

Recommandée