Débat : Pour ou contre l'augmenter du prix de l'alcool ?

  • il y a 7 mois
Faut-il augmenter le prix de l'alcool ? Taxer l'alcool, une nécessité ? Myriam Savy est directrice de communication et plaidoyer à l'association Addictions France. Stéphanie Piot, déléguée générale adjointe chez Vin et société. Elles débattent.

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Transcript
00:00 C'est quand même un gros mot de dire que l'alcool a un risque pour la santé.
00:03 Qui incite à consommer avec excès ? Pas nous.
00:05 On est sur une mesure qui vise en fait à réserver la consommation d'alcool à une élite.
00:09 Pratiquement un quart des Français pensent que boire un peu de vin tous les jours,
00:13 ça protège du risque de cancer. C'est complètement faux.
00:15 Plus le prix va augmenter, plus on va réduire la consommation.
00:23 Pour le tabac, on est passé d'un paquet de 5 euros il y a une quinzaine d'années à 12 euros.
00:29 Le tabac et l'alcool c'est le premier et le deuxième facteur de mortalité évitable.
00:34 On est à 75 000 morts par an dues au tabac
00:38 et à 41 000 morts par an liées à la consommation d'alcool.
00:42 On ne peut pas comparer cigarette et alcool, les deux n'ont rien à voir.
00:46 Le message de santé publique sur le tabac, c'est zéro consommation.
00:50 Alors que sur le vin, il y a un mot qui domine, c'est la modération.
00:53 Et c'est pour ça qu'on a un message de santé publique simple,
00:56 deux verres maximum par jour et pas tous les jours.
00:58 90% des décès liés à l'alcool sont liés à une consommation excessive au-delà de 5 verres par jour.
01:04 Il y a un drame qui est évitable, qu'il faut traiter, qui est celui de la consommation excessive.
01:09 Mais l'essentiel de la consommation des Français, c'est la modération.
01:13 En termes d'alcool, il n'y a pas de risque zéro.
01:16 C'est-à-dire que le risque intervient dès le premier verre, dès la première gorgée d'alcool.
01:20 Du danger, on sait qu'il y en a à consommer de l'alcool,
01:23 il y en a aussi avec la malbouffe, il y en a avec l'absence d'activité physique.
01:27 Ce qui est important, c'est d'informer les gens, de leur donner les bonnes clés
01:31 pour qu'ils puissent continuer à consommer avec modération ou à ne pas consommer, si c'est leur choix.
01:35 Et c'est le problème qu'on a aujourd'hui en France, c'est qu'on est très mal informés,
01:39 que les Français ne connaissent pas tous les risques liés à la consommation d'alcool.
01:43 Aujourd'hui, il y a 23% des Français, donc ça fait pratiquement un quart des Français,
01:50 qui pensent que boire un peu de vin tous les jours, ça protège du risque de cancer.
01:54 C'est complètement faux. Et lorsque l'on essaie d'avoir des campagnes de sensibilisation,
01:59 elles font l'objet de critiques de la part de vingt les sociétés et d'autres également.
02:03 Et on a eu des annulations de campagnes, parce que c'est quand même un gros mot
02:07 de dire que l'alcool a un risque pour la santé.
02:09 Le consensus scientifique tend parfois à diverger.
02:12 On a d'ailleurs eu une grande étude l'année dernière qui a montré qu'à partir de 40 ans,
02:17 il y avait certains bénéfices qui existaient dans certaines situations.
02:19 Ça peut dépendre de l'âge, ça peut dépendre du sexe, ça peut dépendre de l'état de santé.
02:23 Effectivement, quand on a 65 ans et qu'on a des gros problèmes cardiovasculaires,
02:28 il se trouve que moins d'un verre de vin par jour peut avoir un effet bénéfique.
02:33 Sauf que c'est contrebalancé par les risques liés au cancer.
02:36 Ces risques ne disparaissent pas.
02:38 Et que sur les personnes qui n'ont pas de gros problèmes cardiovasculaires
02:42 ou qui sont plus jeunes, il n'y a pas d'effet bénéfique.
02:44 Et ça, c'est hyper important de le marteler, parce que la désinformation, il faut qu'elle s'arrête.
02:50 Il faut qu'elle s'arrête dans les deux sens.
02:51 La santé, ça passe aussi par le bien-être, par la sociabilisation.
02:55 Moi-même, je consomme de l'alcool.
02:56 Je reconnais que c'est un produit plaisir.
02:59 Simplement, je suis consciente des risques.
03:00 La convivialité, le plaisir, ce n'est pas forcément uniquement qu'avec de l'alcool.
03:05 Alors, on n'est pas l'un des pays les plus consommateurs d'alcool.
03:10 On est en 12e ou 13e position.
03:13 La consommation d'alcool en France, elle a baissé de 60% en 60 ans.
03:17 La bataille de la modération, elle est gagnée.
03:19 Même si effectivement, on a une baisse de la consommation quotidienne,
03:23 on a des consommateurs qui boivent moins souvent.
03:26 Mais quand ils boivent, ils ont tendance à boire plus.
03:29 Dans plus de 90% des cas, les mineurs n'ont absolument aucun problème pour acheter de l'alcool.
03:35 Le prix, à partir du moment où il augmente, on ne peut pas contourner.
03:37 Il y a deux possibilités.
03:39 Il y a d'une part, augmenter la fiscalité,
03:41 c'est augmenter la contribution de ce produit à toutes les dépenses qu'il engendre.
03:46 L'alcool est taxé en France tout d'abord à travers la TVA.
03:49 C'est aussi taxé à travers une série de taxes qui dépendent de chaque boisson.
03:53 Notre filière, à titre d'exemple, contribue déjà aux finances publiques
03:57 entre les taxes et la TVA à hauteur de 6 milliards d'euros en France.
04:00 Le problème d'une taxe, c'est que ça vient toucher tout le monde,
04:03 y compris presque tous les Français qui sont des consommateurs modérés.
04:07 Nous, on pense qu'il faut aller jouer sur les comportements.
04:10 Donc, il faut protéger les mineurs.
04:11 Évidemment, on se rejoint là-dessus.
04:13 Il faut lutter contre la consommation excessive.
04:15 On se rejoint là-dessus.
04:17 Mais ça, ça ne se fait pas avec une taxe qui vient toucher tout le monde.
04:20 Un deuxième levier en termes de prix,
04:22 c'est l'instauration d'un prix minimum par unité d'alcool.
04:25 Par exemple, sur une bouteille de vin,
04:26 on ne pourrait pas vendre une bouteille de vin à moins de 3,50 euros.
04:31 C'est les bouteilles qu'achètent tous les Français.
04:33 Il y a un litre de vin sur deux qui est vendu en dessous de ce prix-là.
04:36 C'est le rosé qu'on va acheter pour les vacances.
04:38 C'est le blanc qu'on va mettre sur la table.
04:40 C'est la bouteille de bière qu'on va partager avec les amis.
04:43 C'est le vin de tout le monde.
04:44 On est sur une mesure punitive qui vise à réserver la consommation d'alcool à une élite.
04:49 Non, on va simplement, puisque ça va être un peu plus cher,
04:53 on va en acheter un peu moins.
04:54 Et on est bien dans un objectif de réduction de la consommation.
04:57 On a aujourd'hui en France 450 000 emplois qui sont liés à la filière vin et vin.
05:05 60 000 exploitations viticoles.
05:07 La vigne, c'est présent dans 90 départements en France.
05:10 Le monde agricole en général, le monde viticole en particulier,
05:13 traverse actuellement une crise très grave.
05:16 Une crise structurelle avec la déconsommation.
05:18 Une crise climatique.
05:19 Une crise économique avec la hausse des coûts de production.
05:22 Je pense que c'est le moment pour tous les citoyens français
05:25 d'être en soutien de nos filières qui font la richesse de nos territoires,
05:28 qui font la culture de la France,
05:30 et pas au contraire de venir lutter contre cette production.
05:34 Moi, je ne voudrais pas du tout remettre en cause les difficultés
05:37 que peut rencontrer la filière, notamment liées au changement climatique.
05:41 Simplement, ce n'est pas parce qu'ils font face à ces difficultés-là
05:43 qu'il faut inciter les Français à consommer davantage.
05:46 Encore une fois, c'est un produit à risque pour la santé.
05:48 Mais qui incite à consommer avec excès ?
05:50 Pas nous.
05:52 Mais c'est toute consommation qui comporte un risque pour la santé.
05:55 Il y a également une nécessité de la part des producteurs à évoluer,
06:00 peut-être de s'orienter vers, pourquoi pas, du vin sans alcool,
06:03 puisqu'on voit que le sans alcool, que la baisse de la consommation
06:06 fait qu'aujourd'hui, les Français souhaitent consommer différemment.
06:10 Les vins sans alcool ou les vins avec une teneur plus faible en alcool,
06:14 ce sont des produits qui tendent à se développer en très petite quantité.
06:18 Il n'y a pas beaucoup de demandes,
06:19 parce que ce sont des vins qui sont, somme toute, assez compliqués à produire.
06:22 Derrière, on ne va pas demain demander aux vignerons
06:25 soudainement de produire des vins sans alcool.
06:27 Je crois que ce n'est vraiment pas la trajectoire
06:29 dans laquelle on a envie d'engager notre filière.
06:32 C'est dommage.
06:34 [BIP]

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