Florian Grill : "Pour la saison 2022-2023 et 2023-2024, la FFR a 40 millions d'euros de déficit"

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Transcript

00:00 7h45, Sud Radio vous explique comment se porte le rugby français.

00:08 On va parler du coup d'envoi ce soir du tournoi des 6 nations face avec France-Irlande à Marseille,

00:13 le retour des bleus après la grande déception de la Coupe du Monde,

00:16 mais aussi un coup d'œil sur les finances qui sont un peu dans le rouge.

00:20 Nous sommes avec Florian Grille, qui est président de la Fédération Française de Rugby. Bonjour !

00:25 - Bonjour !

00:26 - Bon, je disais, donc on va s'intéresser aux sportifs, mais pas que, parce qu'il y a aussi les aspects financiers

00:33 et d'organisation du rugby en France.

00:36 Tout d'abord, Florian Grille, sur l'aspect sportif, sur le terrain,

00:41 est-ce que vous avez donné un objectif à Fabien Galtier pour ces 6 nations,

00:46 quelques mois après la terrible désillusion de la Coupe du Monde contre l'Afrique du Sud en quart de finale ?

00:53 - Oui, c'est un peu le folklore du rugby qui veut que les présidents donnent des objectifs.

00:57 Vous savez, les entraîneurs et les joueurs, ils se les donnent tous seuls.

01:00 Et je ne connais pas beaucoup d'entraîneurs et de joueurs à ce niveau-là qui ont un seul autre objectif que de gagner.

01:04 - Oui, oui. Bon, voilà, donc c'est gagner, quoi.

01:07 Et ils n'ont pas été trop atteints, les joueurs, quand même ?

01:11 Je sais que certains, psychologiquement, ont souffert, quand même, après cette désillusion.

01:17 - Tout le monde a souffert. Le public a souffert, les joueurs ont souffert, le staff a souffert,

01:21 les dirigeants ont souffert, les bénévoles du rugby ont souffert, tout le monde a souffert.

01:24 Mais quand on est des grands champions, et c'est leur cas,

01:26 on sait digérer les victoires et les défaites et puis se tourner vers le futur.

01:32 - Oui, bon, alors se tourner vers le futur, il y a un 15 de France qui est quand même un petit peu amoindri,

01:37 quoi qu'il en soit pour ce tournoi des 6 nations.

01:40 Pas de Ntamac, pas de Gelong, pas de Dupont, surtout, quand même.

01:44 Ce sont des joueurs qui comptent, quoi.

01:47 - Écoutez, moi je pense qu'on a en France, avec la Ligue Nationale de Rugby

01:51 et la Fédération Française de Rugby, la Ligue organise le Rugby Pro,

01:55 grâce à la réforme des GIF, des joueurs sélectionnables en équipe de France,

01:58 qui est mise en place depuis 2010, vraiment une profondeur d'effectifs qui est assez phénoménale.

02:02 On a le sélectionneur, Fabien Alchoix, à chaque poste,

02:06 de plusieurs candidats possibles, et franchement, on a une très belle équipe de France.

02:11 - Oui, non mais on reste évidemment très très forts avec Aldryd Capitaine, ça c'est un bon choix ?

02:16 - Bien sûr, enfin...

02:18 Je vais pas non, mais ce coup-ci, il m'appartient pas.

02:21 - Non, de commenter, bien sûr.

02:23 - Voilà, bien sûr.

02:24 - Non, non, non, mais de commenter.

02:25 - Je suis aligné derrière les choix de mes sélectionneurs,

02:29 et j'embarque l'armée qui est mon bras droit sur le haut niveau.

02:31 - Oui, absolument. Alors ce premier match, Florian Grille,

02:34 va avoir lieu à l'Orange Vélodrome de Marseille, pas au Stade de France,

02:37 qui est en travaux pour les Jeux Olympiques.

02:40 Ensuite, vous allez jouer encore en province, notamment à Lyon.

02:43 Et c'est un manque à gagner avec des stades plus petits ?

02:46 - Ah bah considérable.

02:48 On est content de jouer en province pour le développement du rugby.

02:51 La Ligue Sud est ravie que le match se passe à Marseille, et nous aussi quelque part.

02:55 Mais, il faut bien le dire, chaque match non joué au Stade de France,

02:58 c'est un manque à gagner de 2 millions d'euros par match.

03:01 Et donc, voilà, on a 6 millions d'euros pratiquement de manque à gagner de résultats,

03:06 liés au fait qu'on peut pas jouer au Stade de France,

03:08 parce qu'on perd en jauge, on perd en nombre de places,

03:10 on perd en hospitalité, potentiellement vendable.

03:13 - Oui, alors ce sont des pertes, d'autant que, visiblement,

03:17 c'est pas brillant du côté des comptes, quoi.

03:20 Vous êtes vraiment dans le rouge, c'est ce qu'on a pu lire ces derniers jours,

03:24 déficit d'exploitation de 40 millions, qu'est-ce qui se passe alors ?

03:27 - Alors j'avais imaginé le pire, c'est le pire du pire encore.

03:30 C'est bien au-delà, effectivement.

03:32 La Fédération Française du Rugby, sur la saison 22, 23 et 23, 24,

03:36 a 40 millions d'euros de déficit d'exploitation,

03:39 40 millions d'euros de déficit d'exploitation,

03:42 simplement parce qu'on dépense l'argent qu'on n'a pas,

03:45 et donc il y a un décalage entre les charges et les produits

03:48 que tous chefs d'entreprise comprennent,

03:50 l'ordre d'une quinzaine de millions d'euros en moyenne.

03:53 - Mais d'où ça vient, d'où ça vient ce problème financier ?

03:57 - De carences de gestion, d'un côté laxiste,

04:03 il faut qu'on fasse une dizaine de millions d'euros d'économie,

04:06 donc il y a plein de choses à faire,

04:08 pour permettre d'améliorer l'exploitation,

04:10 on a déjà commencé à le faire,

04:11 et puis il faut qu'on trouve 5 millions de ressources nettes additionnelles.

04:14 - Donc vous vous êtes arrivé aux affaires il y a quelques mois,

04:17 donc s'il y a eu du laxisme,

04:19 c'est l'équipe précédente de Bernard Laporte a dit,

04:22 dans un entretien avant-hier, que vous dites n'importe quoi.

04:25 Comment vous réagissez à ça ?

04:28 - Moi je ne commande pas la stratégie de Bernard Laporte

04:31 quand il entraîne l'équipe de Montpellier,

04:33 qui se charge de la redresser, et c'est très bien,

04:36 il me charge de redresser les comptes de la Fédération française de rugby,

04:38 j'ai envie de dire chacun son métier,

04:40 et moi en l'occurrence, les chiffres sont têtus,

04:43 ils disent la vérité,

04:45 et la vérité elle est extrêmement claire,

04:46 et elle saute aux yeux de tout le monde,

04:48 toutes les équipes maintenant sont focussées

04:51 sur la nécessité de redresser les comptes,

04:53 parce qu'on a besoin d'investir aussi,

04:54 vous savez, on rêverait par exemple d'être partie prenante

04:57 d'un tour de table pour la reprise du Stade de France,

05:00 aujourd'hui on n'en a pas les moyens.

05:02 - Vous voudriez avoir votre propre stade ?

05:05 - On voudrait pas avoir notre propre stade,

05:07 mais il y a un certain nombre de repreneurs potentiels

05:10 pour le Stade de France aujourd'hui,

05:11 de la concession du Stade de France,

05:13 et on aimerait bien, comme c'est le cas de toutes les grandes nations du rugby,

05:16 être partie prenante au tour de table,

05:18 et avoir notre mot à dire là-dedans.

05:20 Et aujourd'hui, on n'en a pas les moyens,

05:22 donc il y a urgence à redresser les comptes

05:24 pour avoir cette capacité à investir,

05:26 qui est indispensable pour qu'on ne soit pas la seule grande nation du rugby,

05:29 et pas du tout un pied dans l'organisation

05:32 de son outil de production, de son stade.

05:34 - Il va falloir réduire le train de vie des Bleus, de la Fédération ?

05:38 - Oui, alors écoutez, on n'est pas fous,

05:40 les Bleus c'est 80% de nos revenus,

05:42 donc on ne va pas couper dans les moyens humains,

05:45 mais par contre, oui, là on s'est entraîné à Marcoussis,

05:48 bon, on n'est pas obligé, ça nous coûte beaucoup moins cher

05:51 de nous entraîner à Marcoussis qu'ailleurs,

05:53 on a pris le train pour descendre à Marseille,

05:55 ça ne me paraît pas non plus remettre en cause

05:57 les performances sportives,

05:59 on a 13 équipes de France, vous savez,

06:01 entre les masculines, les féminines, les jeunes,

06:03 le 7, le 15, il faut que tous ou toutes

06:05 mutualisent un petit peu leurs moyens

06:07 et que quand on négocie de l'hébergement ou autre,

06:10 on le fasse ensemble et conjointement pour obtenir de meilleurs prix,

06:13 voilà, il y a plein de choses, il faut être centimillet,

06:15 dans les clubs, dans les familles, on est centimillet,

06:18 il faut réserver ses billets d'avion à l'avance quand on prend l'avion,

06:20 ce genre de petits détails, ça change tout.

06:23 - Oui, Florian Grille, un dernier mot,

06:25 le rugby amateur, il y a une petite inquiétude,

06:27 il ne veut pas en faire les frais

06:29 de ses comptes qui sont dans le rouge ?

06:32 - Mais je vais vous dire, il n'est pas question

06:34 qu'il en fasse les frais, moi, ma priorité,

06:36 c'est la relance du rugby par la base.

06:38 Donc qu'est-ce qu'on a fait ? On a mis, malgré les déficits,

06:40 3 millions d'euros de plus sur les ligues régionales

06:42 et sur les départements, on initie un plan

06:44 qui va permettre à 200 à 300 clubs

06:46 d'avoir 50 000 euros pour améliorer

06:48 les installations des quotidiens

06:50 et notamment faire des vestiaires pour les filles,

06:52 pour les féminines, parce que c'est des filles qui n'ont pas de vestiaire,

06:54 ce qui est un véritable scandale.

06:56 On augmente le nombre de championnats de France,

06:59 on a augmenté un petit peu les indemnités kilométriques,

07:01 donc on essaye de tout faire.

07:03 Il y a deux priorités, il faut préserver

07:05 l'équipe de France et préserver le rugby amateur.

07:07 Par contre, le fonctionnement de la Fédération française du rugby,

07:09 les 450 personnes qui étaient

07:11 systématiquement invitées à tous les matchs,

07:13 tout ça, on a coupé et on fait des économies

07:15 et les plages préfèrent les vendre que les donner.

07:17 - Et puis vous avez ressigné avec Altrade,

07:19 puisqu'on parlait de Montpellier tout à l'heure.

07:21 - On a ressigné pour 2 ans et demi avec Altrade,

07:23 on est en train de bosser à fond

07:25 sur les partenariats,

07:27 parce que, je peux vous dire d'ailleurs,

07:29 que pour l'instant, on est au-dessus de nos objectifs

07:31 sur les partenariats, malgré les difficultés

07:33 qui sont les nôtres. - Merci Florian Gré,

07:35 le président de la Fédération française du rugby.

07:37 Ce match, donc, France-Irlande,

07:39 ce soir à Marseille, c'est à 21h,

07:41 mais dès 19h sur Sud Radio, évidemment,

07:43 avec toutes nos équipes, François Trilliot,

07:45 Daniel Herrero, Philippe Spanguero,

07:47 Alexandre Briam, etc.

07:49 Et on va débriefer aussi tout le week-end.

07:51 Il est 7h53,

07:53 tout à l'heure le journal, et puis,

07:55 dans un instant, on va s'intéresser aux normes.

07:57 aux normes et aux réglementations. Il y a une petite différence.

08:00 !

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