• il y a 9 mois
Thomas Sotto reçoit Patrick Martin, président du Medef, dans les 4 vérités. 

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Transcription
00:00 [Générique]
00:02 Bonjour et bienvenue dans "Les 4 V", Patrick Martin.
00:04 Bonjour.
00:05 Un petit mot sur le Mercosur, c'est quoi ? On se trompe d'adversaire en s'attaquant au Mercosur ?
00:09 Non, il faut se laisser du temps parce qu'il y a ce qu'on appelle des "close-miroirs",
00:11 et notamment sur le plan environnemental, il faut vérifier que les 4 pays sud-américains qui sont appliqués
00:16 respectent le minimum sur le plan environnemental, sur le plan social.
00:20 Mais tout n'est pas acheté par principe ?
00:21 Ah mais non ! Mais quand on voit le nombre d'emplois français qui travaillent pour l'exportation,
00:25 c'est à peu près 20% de l'emploi directement, rien directement.
00:28 Est-ce qu'on est prêt à supprimer 20% des emplois français ?
00:31 Parce que si vous fermez les frontières à des importations,
00:34 réciproquement, le pays exportateur fermera ses propres frontières.
00:38 Soyons très prudents, mais il faut qu'on aille vers des échanges internationaux plus importants.
00:42 On va moins aller vers la Chine, allons vers l'Amérique du Sud le jour venu.
00:45 On est en pleine crise agricole, rien n'indique qu'elle va se résorber rapidement,
00:49 que les blocages vont disparaître.
00:51 Cette colère a-t-elle déjà des conséquences sur nos entreprises ?
00:53 Oui, alors je voudrais commencer par dire qu'on partage beaucoup des préoccupations des agriculteurs
00:57 sur la surréglementation et sur une stratégie de décroissance de certains décideurs européens.
01:02 Ça commence à avoir des conséquences parce qu'évidemment ça bloque des camions,
01:05 ça bloque des livraisons, pas que sur l'alimentaire d'ailleurs,
01:08 donc il ne faudrait pas que ça dégénère.
01:10 Quelles conséquences ? C'est juste un peu de retard pour l'instant ou c'est plus important ?
01:14 Oui, mais enfin on l'a vu au moment de la sortie du Covid à vrai dire.
01:17 On est dorénavant en flux tendu dans l'industrie, pas que dans les grandes surfaces alimentaires,
01:22 et donc ça perturbe tout le bon fonctionnement d'un certain nombre d'usines,
01:25 par exemple automobile. Pour l'instant ce n'est pas la catastrophe, mais on est très très attentif.
01:29 Ça peut fragiliser sérieusement des entreprises et les mettre en péril ?
01:32 On n'en est pas là, il y a des petits grains de sable qui commencent à apparaître.
01:36 Nous on est assez confiants quant à l'issue de ce conflit.
01:39 Le nombre de faillites de déférences d'entreprise explose ces derniers temps,
01:42 ça a notamment été le cas lors du dernier trimestre de l'an dernier en 2023.
01:45 Comment vous l'expliquez Patrick Martin ?
01:47 On l'explique parce qu'il y a une conjoncture qui se dégrade, une demande qui se dégrade,
01:50 avec des sujets de pouvoir d'achat qui à mon avis vont se régler,
01:53 sont en train de se régler parce qu'il y a des taux d'intérêt qui augmentent,
01:57 donc il y a moins d'investissement par exemple dans le logement, ce qui est une vraie catastrophe.
02:01 Il y a un certain nombre d'indices comme ça qui font que la conjoncture n'est pas fameuse.
02:06 Et immanquablement ça conduit des entreprises qui étaient déjà fragiles à déposer le bilan,
02:12 comme on dit, mais c'est assez caractérisé, c'est beaucoup dans le bâtiment,
02:16 et la périphérie du bâtiment, les agences immobilières par exemple, les promoteurs immobiliers.
02:21 C'est vrai dans l'hôtellerie, la restauration,
02:24 mais ce qui est surtout frappant c'est que ça commence à toucher des entreprises d'une certaine taille.
02:28 Donc il faut que...
02:29 Donc des grosses boîtes pour dire les choses.
02:30 Oui moyennes et grosses. Il faut absolument soutenir l'activité économique.
02:34 C'est le monde des classes moyennes qui traque, parce qu'on voit beaucoup d'enseignes d'habillement,
02:38 de choses comme ça, c'est eux les plus exposés aujourd'hui ?
02:41 Non pas particulièrement, non, c'est les ménages modestes et moyens je dirais,
02:45 mais ça interpelle aussi sur l'évolution des modes de consommation.
02:49 C'est vrai qu'il y a des chaînes de distribution de vêtements qui sont particulièrement touchées,
02:53 parce que les uns et les autres, on achète de plus en plus sur Internet,
02:56 et puis certains commencent à moins acheter.
02:58 Sur ces faillites d'entreprise, est-ce que vous pensez que le plus dur est passé ou pas forcément ?
03:02 Je pense que le plus dur n'est pas passé,
03:05 et qu'on aura en particulier un premier, un deuxième trimestre encore difficile en termes d'activité.
03:10 Après les taux d'intérêt devraient baisser,
03:12 le pouvoir d'achat va réaugmenter,
03:14 puisque les augmentations de salaire en moyenne seront supérieures à l'inflation.
03:18 Donc voilà, il n'y a pas de catastrophe en perspective,
03:20 mais il faut être très vigilant, il faut soutenir l'activité.
03:23 Le plus dur n'est pas passé, est-ce qu'il faut redouter, compte tenu de ces faillites,
03:27 une forte hausse du chômage pour vous ?
03:29 Il y aura une hausse du chômage, il y a une banque qui a chiffré qu'il y aurait
03:32 probablement 250 000 destructions d'emplois,
03:34 dans le bâtiment à proprement parler c'est au moins 90 000 suppressions d'emplois,
03:37 oui il y aura une hausse du chômage, faisant en sorte qu'elle soit temporaire et limitée.
03:41 Vous parlez beaucoup du bâtiment depuis le début de cet entretien,
03:45 la crise du bâtiment qui était déjà votre prédécesseur, Geoffroy Roux de Bézieux,
03:48 la crise du logement, Gabriel Attal a promis un choc d'offres pour déverrouiller le secteur.
03:54 Au-delà des formules, qu'est-ce qu'il faut faire ?
03:56 C'est quoi un choc d'offres ?
03:57 Qu'est-ce qu'il faut faire pour soutenir le monde du bâtiment et de l'immobilier ?
04:00 Il faut faire déjà revenir l'investissement vers l'immobilier.
04:02 Pour un particulier aisé qui en a les moyens,
04:05 ce n'est plus intéressant aujourd'hui d'investir dans l'immobilier locatif.
04:08 Pourquoi ?
04:10 Parce que les taux d'intérêt sont élevés et il y a une fiscalité qui a beaucoup augmenté,
04:14 notamment les taxes foncières dans certaines communes,
04:18 les coûts de construction ont augmenté du fait des matériaux,
04:21 mais beaucoup du fait de la réglementation.
04:23 Tout ça mis bout à bout fait qu'il est plus intéressant aujourd'hui
04:25 d'avoir un livret de caisse d'épargne que de se mettre en risque en investissant dans l'immobilier.
04:29 Il faut alléger la fiscalité sur l'immobilier locatif ?
04:34 Oui, et remettre en place un certain nombre de dispositifs.
04:36 Je ne méconnais pas l'équation budgétaire qui est très compliquée pour l'État,
04:40 mais là on parle de centaines de milliers d'emplois,
04:42 et on parle surtout du sujet du pouvoir d'achat et de la mobilité professionnelle
04:45 pour les ménages qui ont des difficultés à s'héberger tout simplement de rénovation.
04:49 Vous avez évidemment écouté attentivement le discours de politique générale de Gabriel Attal,
04:52 vous parliez des hausses de salaire, le Premier ministre veut désmicardiser la France.
04:56 Alors évidemment la partition est belle, mais pour la mise en musique c'est sur vous,
04:59 sur les patrons que ça repose.
05:00 Les entreprises en France sont-elles en mesure d'augmenter les salaires rapidement ?
05:04 D'abord elles l'ont fait, quand on prend les chiffres de 2023, en moyenne des cas,
05:07 parce qu'il y a des situations d'entreprises qui sont très disparates.
05:10 Ça couvert l'inflation, je le disais tout à l'heure,
05:12 tout porte à croire que pour 2024, je parlais de 2023,
05:15 pour 2024 les augmentations seront supérieures à l'inflation.
05:19 Mais après dire que c'est à la charge des entreprises, c'est un raccourci,
05:22 c'est en bonne part vrai, mais on a, et le Premier ministre l'a rappelé,
05:25 un dispositif de charge sociale qui est extrêmement pénalisant.
05:29 C'est là qu'il faut rebattre les cartes, pour que l'entreprise, les salariés eux-mêmes,
05:34 arrêtent de supporter l'essentiel de la protection sociale.
05:37 C'est étonnant parce qu'en vous écoutant parler,
05:38 j'ai l'impression qu'on est revenu des années en arrière.
05:40 Trop de fiscalité sur l'immobilier, trop de charges sociales pour les entreprises.
05:44 On n'a pas progressé sur tout ça ?
05:45 Si, on a progressé, mais le classement vient de sortir.
05:48 La France est toujours, et redevenue d'ailleurs,
05:51 le premier pays le plus taxé au monde.
05:53 Fiscalité, charges sociales.
05:55 Donc ce n'est pas une invention du Medef,
05:57 malgré tout ce qui a été fait très bien sur l'impôt sur le revenu,
06:01 sur l'impôt sur les sociétés.
06:02 Là, vous demandez des baisses de charges supplémentaires pour les entreprises ?
06:05 Il faut qu'on lutte à armes égales, bien sûr.
06:07 Et typiquement, ça freine, ça écrase les hiérarchies de salaire
06:10 parce qu'à partir d'un certain niveau de salaire,
06:12 toute augmentation coûte trois fois plus cher à l'entreprise
06:14 que ce que touche le salarié.
06:15 C'est un peu étrange.
06:16 Mais si on va sur les salaires de base,
06:17 102 métiers continuent à payer avec des minimums en dessous du SMIC.
06:20 Comment est-ce acceptable ?
06:22 D'abord, il faut crever cette baudruche.
06:23 La loi interdit qu'on paye en dessous du SMIC.
06:25 Alors, qu'est-ce que ça veut dire ?
06:26 Pourquoi hier Catherine Vautrin dit à 102 métiers,
06:28 on paye en dessous du SMIC ?
06:30 C'est la mise du travail.
06:31 D'abord, il y a eu beaucoup d'augmentation du SMIC.
06:33 À chaque fois, il faut réajuster ce qu'on appelle les grilles conventionnelles.
06:36 En l'état, il n'y en a pas 102, il y en a une trentaine.
06:39 Donc elle dit une bêtise.
06:40 Il y a eu une dernière augmentation au 1er janvier.
06:42 Le temps que ces professions s'ajustent,
06:44 il y a un certain nombre, très limité, une dizaine de branches professionnelles
06:48 ou parce que le dialogue social n'est pas suffisamment nourri.
06:50 Côté salarié comme côté employeur,
06:52 il y a toujours un train de retard et parfois plusieurs trains de retard.
06:55 C'est de ces branches-là que le Premier ministre a voulu parler.
06:58 Il n'a pas tort, ça avait été évoqué à la conférence sociale l'automne dernier.
07:01 Oui, mais est-ce que c'est acceptable de continuer à avoir peut-être une trentaine de métiers et pas 102
07:05 où un salarié gagne moins que le SMIC ?
07:07 Non, le salarié ne gagne pas moins que le SMIC.
07:09 C'est illégal, c'est interdit.
07:11 Alors expliquez-nous, pardon, je ne comprends pas.
07:13 Les grilles conventionnelles sont en retard sur le niveau minimum du SMIC.
07:18 Vous n'avez pas le droit en France de payer en dessous du SMIC.
07:20 Je ne dis pas qu'un salarié qui touche le SMIC est dans l'opulence, pas du tout.
07:23 Mais il n'y a pas de salarié qui touche moins que le SMIC, c'est impossible.
07:26 Le Premier ministre a qu'un mot à la bouche, autre mot à la bouche, la simplification.
07:30 Quel sens il doit avoir selon vous ce mot simplification, Patrick Martin ?
07:33 Là aussi, il faut être très factuel.
07:35 Moi, je suis entrepreneur avant toute chose.
07:37 Je sillonne la France pour aller voir nos 190 000 entreprises adhérentes.
07:40 On en a ras-le-bol de la surréglementation française et européenne.
07:45 Soyons factuels, l'OCDE, qui n'est pas le MEDEF à chiffrer,
07:48 que ça coûtait 3 à 4 points de produits intérieurs bruts chaque année à la France.
07:52 Ça veut dire 80 milliards d'euros.
07:54 C'est 80 milliards d'euros de coûts inutiles.
07:56 On n'est pas en train de dire qu'il faut baisser les allocations de chômage ou les retraites,
08:00 il faut alléger nos coûts de fonctionnement.
08:02 C'est une évidence.
08:03 La chasse aux normes, ça devient la tarte à la crème.
08:06 Tout le monde veut chasser les normes inutiles.
08:08 Mais est-ce qu'on n'oublie pas un peu que parmi ces normes, il y en a qui nous protègent,
08:10 qui protègent les salariés, qui protègent les employeurs,
08:12 qui protègent l'environnement, qui protègent les enfants, qui protègent les adultes.
08:15 Ce n'est pas un peu démago de vouloir faire la chasse aux normes comme ça ?
08:18 On ne fait pas la chasse aux normes.
08:19 Je crois que les ménages comme les entreprises souhaitent qu'on ait des normes pertinentes, compréhensibles.
08:25 Il y a un empilage de normes qui parfois se contredisent entre elles.
08:27 C'est ça le vrai enjeu.
08:28 Ce n'est pas de l'ultralibéralisme, la jungle, etc.
08:31 Évidemment non.
08:32 Et vous avez raison de dire que les entreprises sont, dans un certain nombre de cas, demandeuses de normes.
08:37 Quand on parle de traité de libre-échange, c'est quoi ?
08:39 C'est l'instauration de normes dans le commerce international pour qu'on ne fasse pas n'importe quoi.
08:43 Je m'interroge sur votre petit pins depuis tout à l'heure.
08:45 Là, c'est quoi ?
08:46 E ?
08:47 Entreprise ?
08:48 C'est MEDEF.
08:49 Ah, c'est votre petit pin de MEDEF.
08:50 Mouvement des entreprises de France.
08:51 Je pensais que c'était Europe, parce que vous avez depuis peu un vice-président chargé de l'Europe au MEDEF.
08:55 Est-ce que le MEDEF va s'investir dans la campagne des européennes ?
08:58 Est-ce qu'il va choisir un camp ?
08:59 Le MEDEF s'est déjà investi dans la campagne pour les élections européennes.
09:02 Et le MEDEF ne choisira pas de camp.
09:04 Ce n'est pas un parti politique, le MEDEF.
09:06 Mais est-ce qu'il y aura un label ?
09:07 Mais bien sûr.
09:08 Non, il n'y aura pas un label.
09:09 On va auditionner toutes les têtes de liste.
09:11 Et on a 20 manifestations dans tous les territoires, ça a commencé à Strasbourg la semaine dernière,
09:16 pour aller au contact des entrepreneurs, bien comprendre ce qu'ils attendent de l'Europe.
09:19 On est pro-européen.
09:21 Il faut arrêter de dire n'importe quoi.
09:23 Si on n'avait pas eu l'Europe, pas de temps de relance, 750 milliards d'euros.
09:27 On aurait eu les pires difficultés du monde à acheter des vaccins.
09:29 On ne saurait pas négocier avec le Mercosur quand ce n'est pas avec le Canada, etc.
09:34 On a impérieusement besoin d'Europe en face des États-Unis,
09:37 qui sont en train de devenir très agressifs sur le plan économique,
09:40 en face d'une Chine qui est hyper agressive.
09:42 On a besoin d'Europe.
09:43 Mais pas exactement l'Europe qu'on a jusque-là.
09:45 Ça envoie ce que j'ai dit sur la convergence qu'on a avec les agriculteurs sur un certain nombre de points.
09:50 Donc il y aura un grand oral et un label éventuellement qui sera attribué ou pas à chaque liste ?
09:54 Pas de label, on ne se le permettrait pas.
09:55 Chacun est à sa place.
09:56 Merci Patrick Martin de nous avoir donné 4V.

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