Au Kremlin-Bicêtre près de Paris, une classe de 4e n'a pas de prof de français depuis la rentrée de septembre... 4h30 par semaine non remplacées. Cela se passe au collège Albert Cron. En cette journée de grève unitaire des enseignants, nous avons décidé de faire le point sur le manque de profs dans nos établissements.
Regardez RTL Evènement du 01 février 2024 avec La rédaction de RTL.
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00:02 RTL événement
00:06 Et l'événement ce matin, on en parlait à l'instant dans le journal, c'est donc cette première grosse grève que doit affronter la toute nouvelle
00:12 ministre de l'éducation nationale. Parmi les revendications, les salaires, mais aussi le manque d'enseignants.
00:17 RTL a choisi ce matin de retourner au collège Albert-Cron, au Crémelin-Bicêtre, c'est tout près de Paris, où les élèves de 4e
00:24 écoutez bien, n'ont plus de profs de français depuis la rentrée de septembre, depuis le mois de septembre, septembre, octobre, novembre, décembre, janvier
00:32 pas de profs de français. Bonjour Néry Saimani.
00:34 Bonjour.
00:34 Vous nous aviez déjà alerté au mois de novembre dernier sur la situation de cette classe de 4e, depuis rien n'a changé.
00:40 Oui, souvenez-vous, il y a deux mois, Nour, maman d'élève, nous disait ça.
00:43 Je cherche sur internet un peu le programme de 4e. Je donne des exercices d'orthographe, quelques lectures, mais je suis pas prof.
00:51 Ça peut plus continuer quoi. Et pourtant il n'y a toujours pas de profs de français pour cette classe de 4e et l'inquiétude est de plus
00:57 en plus grande pour les parents et les élèves. Camille, 13 ans, me montre son bulletin du premier trimestre.
01:01 Il n'y a aucune mention du français et pour cause. On n'a pas eu de notes
01:06 au premier trimestre et là c'est la fin du deuxième trimestre, on n'a pas de notes.
01:11 Toi tu le vis comment ? Au début, on s'amaisait en se disant on n'a pas de prof de français.
01:16 On pensait que ça allait se régler, on allait avoir un prof, mais c'est vraiment compliqué.
01:21 L'année prochaine, c'est le brevet, on aura des lacunes. J'ai perdu en écriture.
01:26 À côté, sa mère, acquiesce, dépitée il y a quelques jours, elle lui a demandé d'écrire un petit texte pour son cours de théâtre.
01:32 J'ai halluciné, j'ai dit en 4e et j'arrêtais pas de crier.
01:36 À un moment, je me disais mais c'est pas possible Camille, comment est-ce que tu peux faire des fautes comme ça ?
01:40 Et à la fin, il dit mais maman arrête de crier, j'ai pas de prof de français.
01:43 C'est vrai que je me suis retenue, j'ai dit le pauvre, l'année prochaine, comment ça va être ?
01:50 Alors cette maman, en télétravail, s'organise pour pallier le retard de son fils.
01:53 Elle récupère des livres à la médiathèque, donne quelques exercices trouvés dans des manuels, tout comme Nour.
01:58 Cela reste superficiel, mais tous les élèves de la classe n'ont pas cette chance.
02:02 C'est une inégalité qui est flagrante. Je vais être sèche, mais on donne les moyens au privé, par l'argent public.
02:10 Alors que le public lui-même est amputé par ce moyen-là.
02:14 Car on le rappelle, les établissements privés sous contrat sont financés à 73% par l'État.
02:18 Alors pour la rentrée prochaine, même s'il faut payer, ces deux mamans envisagent sérieusement de mettre leur fils dans le privé.
02:24 Une situation complètement hallucinante, le français c'est loin d'être une matière anodine.
02:28 Même une priorité, nous disait le Premier ministre Gabriel Attal.
02:32 Néryssa, comment le rectorat et l'établissement expliquent-ils cette situation ?
02:35 Le rectorat de Créteil explique tout simplement qu'il ne trouve pas de prof pour assurer ses 4h30 hebdomadaires.
02:42 Le volume est trop petit pour un remplaçant contractuel, trop gros pour un titulaire déjà en poste.
02:47 Alors ses élèves de 4e rentrent chez eux plus tôt, tous les jours.
02:51 Et c'est illégal, rappelle Myriam Carré, prof d'histoire géo dans le collège.
02:55 Le nombre d'heures hebdomadaires par élève, c'est quelque chose qui est fixé nationalement et qu'on est obligé de respecter.
03:03 Alors en fait, il y a un défaut de légalité.
03:05 La situation de notre collège n'est pas unique.
03:08 Ce qu'ils n'arrivent pas à recruter, les gens font autre chose, ils partent ailleurs.
03:12 C'est bizarre ce métier où il y a des vacances tout le temps, où on ne fout rien, soit disant, personne ne veut le faire.
03:18 Il faut que le métier paye mieux, voilà ce que souhaite Myriam, c'est pourquoi elle va manifester aujourd'hui à Paris.
03:24 Est-ce qu'on a des chiffres nationaux sur ce nombre d'heures non remplacées ?
03:28 Les derniers chiffres officiels remontent à 2020, année Covid.
03:31 On comptait 15 millions d'heures non remplacées dans le secondaire, donc collège-lycée.
03:36 C'est 8% du volume total d'heures assurées sur un an.
03:39 Mais cette année, impossible d'avoir des données officielles.
03:42 Malgré nos demandes répétées, le ministère refuse de transmettre des chiffres précis sur ces absences.
03:47 Et la sortie d'Amélie Oudéa Castera sur, je cite, "le paquet d'heures non remplacées dans le public"
03:53 a encore plus verrouillé la communication.
03:55 Merci beaucoup Nelly.
03:56 !