EXCLUSIF - URGENT - « Plus jamais la CEDEAO. Non c’est fini », Capitaine Ibrahim Traoré

  • il y a 8 mois
EXCLUSIF - URGENT - « Plus jamais de CEDEAO, non c’est fini », Capitaine Ibrahim Traoré

3 jours après les décisions du Mali, du Burkina Faso et du Niger de quitter sans délai la CEDEAO, le président de la transition du Burkina parle des conditions de la rupture, de l’alliance des Etats du Sahel (AES), de la situation sécuritaire dans la sous région, des relations avec la Russie et avec la France. Une interview exclusive sans tabous.

Entretien par Alain Foka

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Transcript
00:00 Bonjour et bienvenue dans l'entretien d'Infomédia qui reçoit aujourd'hui un invité spécial,
00:09 le capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition, chef de l'état du Bukina
00:13 Faso.
00:14 Bonjour monsieur le président.
00:15 Bonjour Alain.
00:16 Merci de nous recevoir.
00:18 Évidemment aujourd'hui, 30 janvier 2024, on a envie de poser une question puisque c'est
00:23 ça l'actualité.
00:24 Trois états, monsieur le président, qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi décider de
00:29 sortir de la CDAO ?
00:30 Merci.
00:31 Comme vous dites, c'est une question d'actualité.
00:35 C'est intervenu le dimanche dernier, cette décision de retrait de ces trois pays et
00:42 de grouper au sein de l'AIS.
00:44 Ce n'est pas de guetter le cœur que de tourner le dos à une organisation, mais c'est à
00:53 l'issue d'une analyse profonde.
00:54 Je pense que cette organisation est née en 1975, si je ne me trompe.
01:01 En 1975 en effet.
01:03 Avec des chefs d'état, pour la plupart militaires d'ailleurs.
01:07 En tout cas pour ce qui concerne l'AIS, ils étaient tous militaires.
01:10 Absolument.
01:11 Je pense que c'était une volonté d'intégrer le peuple, de faire de l'épanouissement
01:17 de l'économie, de la solidarité, de l'entraide, en tout cas des vertus panafricanistes qui
01:22 ont conduit les chefs d'état à créer cette organisation.
01:26 Malheureusement, au fil du temps, l'organisation a perdu ses valeurs.
01:32 Et aujourd'hui, le constat est clair.
01:35 Je pense que depuis plus d'une décennie, les républiques sur du Mali, du Niger, sont
01:41 en guerre contre le terrorisme.
01:42 Et au Burkina, bientôt près d'une décennie, on est en guerre.
01:47 Cette organisation qui était censée créer l'entraide, la solidarité, nous n'avons
01:53 jamais reçu d'aide venant de cette organisation.
01:56 Aucun soldat, aucune logistique, aucune compassion.
02:00 M.
02:01 Khozo, on a envie de dire, on comprend que ces derniers temps, les relations ont été
02:05 particulièrement difficiles.
02:06 Avec ce qui s'est passé, les coups d'état qu'il y a eu dans ces différents états
02:11 que vous venez de citer, le Mali, le Niger et le Burkina, vous avez envie de partir.
02:16 Et les gens se disent, est-ce que ce n'est pas en réaction au fait qu'il n'accepte
02:20 pas que vous ayez permetté des coups d'état, que vous partez et que vous vous dites, bon,
02:23 puisqu'il n'accepte pas, on s'en va ?
02:24 Les coups d'état, on ne les fait pas parce qu'on le veut.
02:29 C'est cette manière de voir les choses qu'il faut changer.
02:32 Vous êtes d'accord avec moi que d'avoir ces états en crise, pour faire un coup d'état
02:40 et assumer ses responsabilités, c'est très lourd.
02:43 Mais si on le fait, c'est parce que nous avons une envie d'amener nos peuples vers
02:48 une certaine souveraineté, parce que nous connaissons l'origine de cette crise.
02:52 Je pense qu'on devrait être accompagnés.
02:54 Les gens sont fiers de citer tant de millions de déplacés dans ces contrées-là.
02:59 Mais qu'est-ce que vous faites pour les aider ? Rien.
03:03 Est-ce que vous avez le sentiment que c'est les militaires qui sont plus susceptibles
03:07 de régler ces problèmes-là que les politiques, les civils ? C'est votre sentiment ?
03:10 Tout le monde pourrait le faire.
03:12 Mais comment vous expliquez que ce soit les militaires qui prennent la main et qui disent
03:15 qu'on ne veut plus des civils ?
03:16 Non, les militaires ne m'ont pas dit qu'on ne veut plus des civils.
03:20 C'est par devoir de patriotisme.
03:22 Lorsque la nation est en péril, à un moment donné, il faille prendre des décisions importantes.
03:27 S'il se trouve que ce sont les militaires qui ont eu le courage de prendre cette décision,
03:33 c'est ce qui est là.
03:34 De toute façon, civils ou militaires, nous sommes tous les enfants de ce pays.
03:38 Et quiconque est animé de ce sentiment de pouvoir libérer son pays, il pourrait le faire.
03:44 Donc ce n'est pas une question de militaires.
03:46 Ailleurs, des militaires ont réussi.
03:48 Ici aussi, des militaires peuvent bien réussir.
03:50 Alors, M. le Président, que répondez-vous donc aux responsables de la CDAO qui disent
03:55 qu'ils s'en vont parce qu'on a dit qu'on ne veut pas de poutchistes parmi nous ?
04:00 Il y a beaucoup de poutchistes parmi eux.
04:03 Donc ce n'est pas une question de poutchistes, c'est juste un masque.
04:05 Quand vous dites des poutchistes, des poutchistes civils ?
04:08 Il y a des poutchistes militaires au sein de la CDAO qui aujourd'hui se réclament démocrates.
04:14 Des civils, il y en a.
04:15 Il y a pire que des poutchistes.
04:17 Il y en a qui tuent, qui baillonnent leur peuple.
04:20 Sous le silence, la CDAO ferme les yeux, les oreilles.
04:24 Il y a plein de poutchistes au sein de la CDAO.
04:27 Alors, M. le Président dit, ok, nous quittons la CDAO avec effet immédiat.
04:33 Le Burkina Faso, le Niger et le Mali.
04:36 On quitte avec effet immédiat.
04:38 Mais M. le Président, ça concerne beaucoup de monde.
04:41 Qu'est-ce qu'on fait de la dépsiculation des personnes,
04:44 de vos populations qui sont dans ces pays, de la CDAO,
04:48 que vous quittez du jour au lendemain ?
04:49 Comment ça va se passer exactement ?
04:51 Parce que les textes disent, il faut au moins une année pour pouvoir mettre tout ça en œuvre.
04:55 Alors là, vous dites non, c'est fini maintenant.
04:58 Oui.
04:59 D'abord, vous dites que les textes disent.
05:01 Mais eux-mêmes n'ont jamais respecté leurs textes.
05:05 Ça se fait à la tête du client, c'est ce que nous avons remarqué.
05:07 Les sanctions infligées au Niger, ça n'existe nulle part dans les textes.
05:11 Donc les premiers qui violent ces textes-là sont ces soi-disant démocrates.
05:15 Nous quittons, mais nous restons pas l'Africain.
05:19 N'importe qui, un Africain qui veut venir au Burkina, il est le bienvenu chez lui.
05:25 Mais dans le sens contraire, ça va être compliqué.
05:28 Quelqu'un qui est au sein de l'AES, on va en parler dans un instant,
05:33 on peut lui dire qu'il ne peut plus aller au Burkina,
05:35 il ne peut plus aller à côté d'Ivoire, il ne peut plus aller au Ghana.
05:38 Ça devient un peu plus compliqué pour ceux qui font leurs affaires là-bas.
05:41 Nous verrons et nous saurons quelles mesures prendront en portant.
05:45 C'est bien réfléchi, M. le Président, ce départ de la CEDEAO ?
05:49 Bien sûr, très bien réfléchi.
05:51 Ce n'est pas un coup de cœur, ce n'est pas un coup de colère ?
05:54 Si c'était un coup de colère, on l'aurait fait depuis longtemps.
05:58 Je pense qu'on a pris le temps d'analyser la situation,
06:00 de peser beaucoup de choses et enfin de décider.
06:04 Donc si c'était un coup de cœur, dès le premier moment de certaines sanctions,
06:08 le peuple a été assez résilient, il faut le dire.
06:11 Ils ont souffert.
06:12 Donc pendant ce temps, on pouvait décider dans la colère.
06:16 Maintenant, on a pris le temps d'observer, d'analyser la situation
06:19 et de nous convaincre nous-mêmes de nos forces avant de décider.
06:25 Et vous avez pris tout le monde par surprise.
06:27 Autre élément dans cette nouvelle façon de dessiner l'Afrique de l'Ouest,
06:34 l'AES, l'Alliance des États du Sahel.
06:37 M. le Président, est-ce viable l'AES ?
06:41 Sur le papier, c'est très séduisant, mais est-ce viable ?
06:45 Vous savez très bien que c'est plus que viable.
06:47 Vous savez, pendant longtemps,
06:49 on a maintenu le peuple dans une certaine philosophie,
06:53 tendant toujours à nous faire croire que nous ne pouvons rien sans les autres.
06:57 Aujourd'hui, notre mission, c'est d'éveiller la conscience.
07:01 Vous le faites très bien d'ailleurs.
07:03 J'apprécie beaucoup.
07:05 Il faut qu'on arrive à éveiller la conscience,
07:07 que les jeunes se rendent compte de ce qui se trouve chez eux.
07:11 Une organisation pareille, il faut d'abord se rendre compte de ses forces,
07:17 peser ses faiblesses.
07:19 Et à l'issue de cette analyse, vous décidez.
07:22 L'AES est très bien viable.
07:25 Mais on regarde les économies, M. le Président, si je vous permettez.
07:28 Ce sont des économies qui sont très intégrées.
07:31 Vous produisez la même chose, vous faites exactement la même chose.
07:33 Qui va vendre à qui ? Comment ça va commercer ?
07:36 Et qu'est-ce qu'on fait du fait que ce ne sont pas des pays
07:38 qui ont au moins une ouverture sur la mer ?
07:41 Les chiffres, c'est une chose.
07:43 L'économie aussi, vous savez, nous sommes là il y a très peu de temps.
07:48 Mais l'économie a été, je dirais, un peu déchirée par des régimes passés.
07:54 Sinon, nous devrions avoir des économies très fortes aujourd'hui.
07:59 C'est ce que je dis en analysant nos forces.
08:01 On se rend compte qu'on ne devrait pas être à cette étape.
08:04 On devrait être beaucoup loin.
08:06 Quand vous prenez l'AES, en termes de population,
08:09 en termes de superficie, on est très bien.
08:13 En termes de production,
08:15 normalement, les États de l'AES ne devaient rien importer
08:18 en ce qui concerne le produit agricole, l'alimentation.
08:21 Aujourd'hui, nous sommes conscients de ça
08:23 et nous sommes en train de tout faire
08:25 pour que nous n'importions rien en ce qui concerne ce que nous consommons.
08:30 En termes de richesse, que ce soit naturelle,
08:33 quand je dis la richesse naturelle,
08:35 il y a des richesses souterraines, mais il y a aussi en surface.
08:41 On crie partout que les Africains meurent de faim, de soif, ainsi de suite,
08:46 des projets inventés par-ci, par-là,
08:48 par exemple pour nous donner de l'eau potable.
08:50 L'AES est une grosse réserve d'eau souterraine.
08:53 Et même en surface.
08:55 En termes de ressources minérales, on n'a rien à envier à quelqu'un.
09:00 Et dans la nature, quand vous prenez des produits comme,
09:03 j'aime le dire, le karité, c'est une richesse naturelle.
09:07 Nous ne l'avons pas planté, c'est Dieu qui l'a donné,
09:11 mais c'est très riche.
09:12 Les gens le prennent et le transforment.
09:14 Donc nous sommes conscients de nos potentialités.
09:16 L'AES n'a rien à envier à quelqu'un.
09:18 Pour vous, l'AES peut se suffire être un ensemble intégré qui fonctionne normalement ?
09:22 Parfaitement.
09:24 Monsieur le Président, lorsque l'on regarde la démarche
09:28 qui vient d'être entreprise par ces trois États, très concrètement,
09:33 on écoute un peu partout le fait qu'il y a besoin
09:36 qu'ils soient en train de travailler avec d'autres sur un sujet
09:39 qui est le sujet le plus important aujourd'hui, la sécurité.
09:42 J'ai envie de demander, monsieur le Président,
09:44 aujourd'hui, vous êtes là depuis un certain temps déjà,
09:47 ça fait plus d'un an,
09:48 quel est votre bilan dans le domaine de la sécurité ?
09:50 Avant qu'on parle de ces trois États en matière de sécurité,
09:54 dans votre cas, au Burkina Faso,
09:57 une bonne partie du territoire est encore entre les mains des terroristes.
10:00 Qu'est-ce que vous avez pu faire depuis que vous êtes là, dans ce domaine-là ?
10:04 Très bien.
10:05 C'est la priorité en fait pour nous.
10:08 Comme vous avez dit, c'est terroriste, c'est tuer, brûler, déplacer les populations,
10:15 s'accaparer des terres.
10:16 Mais je peux vous dire à l'instant, comme je le disais dernièrement,
10:19 il n'y a pas certes portions du territoire où nous voulons partir
10:22 et où nous ne pouvons pas partir.
10:23 Aujourd'hui, vous allez sur tout le territoire ?
10:25 Partout.
10:26 Des territoires qui étaient sous contrôle, si on peut le dire,
10:29 depuis trois, quatre ans.
10:31 Nous mettons qui ?
10:32 Mais pourtant, on parle de plus d'attaques qu'autrefois,
10:34 lorsque il y avait des armées étrangères sur le territoire.
10:38 Ah oui, vous êtes sûr ?
10:40 Plus d'attaques, c'est relatif.
10:43 Aujourd'hui, nous sommes à l'offensive pour la plupart des zones.
10:46 Nous ne sommes plus dans une posture de défense.
10:48 Nous partons vers l'ennemi, nous cherchons l'ennemi.
10:51 Lorsque nous avons décidé de prendre notre destin à main,
10:55 comme on aime le dire,
10:56 c'est une décision assez importante et très courageuse.
11:01 Et lorsque vous décidez comme ça, toutes les soliles dormantes
11:04 se réveillent d'un coup.
11:05 Et c'est à ce moment que vous vous rendez compte de l'ampleur
11:08 de la situation du terrorisme.
11:10 On s'est bien rendu compte.
11:12 Mais pour faire la guerre, il y a d'abord le patriotisme.
11:17 Il y a la logistique.
11:19 Et il y a maintenant l'intelligence des situations.
11:22 Le patriotisme s'est réveillé dans tout le Burkina Faso.
11:25 Que ce soit les combattants, que ce soit les populations civiles,
11:29 on les voit bien contribuer.
11:31 Ça n'aurait pas été possible il y a quelques années de cela.
11:34 Pourquoi ?
11:35 Il faut savoir réveiller le patriotisme dans chaque peuple.
11:40 Les mettre en confiance, savoir que leur patrie,
11:43 c'est la seule chose qui les reste.
11:45 Ça, on a réussi à le faire.
11:47 Voilà pourquoi lorsqu'on les demande de contribuer, ils le font.
11:50 On a demandé aux gens de s'enrouler pour combattre partout où ils sont.
11:54 Même aujourd'hui, si nous décidons que nous voulons
11:56 un million de Burkinabés pour combattre, nous les aurons.
11:58 Les volontaires pour la défense de la patrie ?
12:01 Oui.
12:02 Les gens sont prêts, ils sont engagés.
12:03 Ce n'est pas dangereux pour eux ?
12:06 Non, c'est leur patrie.
12:08 Partout dans le monde, les gens se sont battus pour leur patrie.
12:11 Monsieur le président, lorsque l'on dit ça,
12:13 on a envie de se poser la question de savoir,
12:16 ce terrorisme dure depuis un moment déjà dans nos territoires.
12:20 Avec des armées qui sont venues et des sommes extraordinaires,
12:22 des pensées de l'arsenal militaire de qualité jusque-là,
12:26 comment expliquer que d'un coup,
12:29 vous décidiez que tous les trois, vous allez combattre ça sans les autres ?
12:33 Est-ce que c'est réaliste ?
12:35 Qu'est-ce qui fait que ce soit plus possible aujourd'hui
12:37 qu'avec ces armées qui étaient là ?
12:38 C'est plus qu'irréaliste.
12:41 Il y a eu plusieurs situations.
12:42 Nous avons eu la chance de faire le terrain.
12:44 Beaucoup d'autres officiers que vous pourrez croiser
12:46 ont eu la chance de faire le terrain
12:48 et ont manœuvré avec ces armées étrangères.
12:50 Sur votre propre territoire, ils vont vous faire des restrictions.
12:53 Ils font ce qu'ils veulent.
12:55 Ce qui est encore plus surprenant,
12:58 imaginez, vous avez dit, avec toute la technologie qu'ils avaient,
13:00 ils ont actuellement peut-être des satellites qui observent tout,
13:04 ils avaient des drones, des hélicoptères, tout type d'appareil.
13:09 Mais on ne voyait jamais les terroristes.
13:11 Aujourd'hui, nous avons décidé de faire la guerre.
13:14 Mais vous vous rendez compte ?
13:16 On les retrouve tous les jours et on les fouette.
13:19 Donc, il y a un problème.
13:22 Pour vous, il n'y avait pas une réelle volonté de les combattre alors ?
13:24 Aucune volonté de les combattre.
13:25 S'ils le voulaient, ils pouvaient le faire.
13:28 Les terroristes n'auraient jamais atteint ce niveau.
13:31 Alors aujourd'hui, on dit, s'ils font des résultats,
13:34 s'ils font quelques résultats,
13:36 c'est parce qu'ils ont avec eux les Russes.
13:38 Il y a eu Wagner, dont on a parlé.
13:40 Aujourd'hui, on a même les Russes qui vont ouvrir
13:45 leur première base militaire avec Afrika Korps.
13:48 Monsieur le Président, est-ce que les Russes vous aident ?
13:51 Est-ce que leur aide est meilleure que celle des armées étrangères
13:54 qui étaient jusque-là présentes ?
13:56 Vous savez, pour ce qui concerne le Burkina par exemple,
14:00 nous avons toujours été en relation avec la Russie.
14:02 Et je vous dis, l'équipement que le Burkina Faso avait,
14:06 80% c'était des équipements russes.
14:09 Ah bon ?
14:09 Bien sûr.
14:10 Mais pourtant, vous aviez une relation plus forte militairement
14:13 avec les Français.
14:13 Comment expliquer cela ?
14:14 Oui, parce que ces équipements datent des années peut-être de la Révolution.
14:20 Bien sûr, nous avons des équipements qui datent des années de la Révolution,
14:23 qui combattent toujours, les équipements russes et coréens,
14:26 nord-coréens, qui combattent toujours dans notre armée.
14:29 Et pendant un temps, l'armée a été délaissée.
14:32 N'oubliez pas ça.
14:33 Depuis les années 90, avec le soi-disant programme d'agissement structurel,
14:38 tout a été dénaturé.
14:39 Il y a des militaires qui montaient la garde avec des bâtons.
14:43 On a désarmé l'armée, nos armées.
14:45 Ça a été bien préparé.
14:48 Plus d'équipements, plus rien d'entraînement, rien.
14:51 Les gens portaient juste la tenue.
14:52 Et le terrorisme s'invite à la danse, quelques années plus tard.
14:56 Et ça chante sur tous les médias.
14:58 Ils sont incapables de lutter.
14:59 On viendra les aider.
15:00 Et le terrorisme ne fait que gagner du terrain.
15:03 Aujourd'hui, avec la Russie, la relation est d'abord stratégique.
15:07 Ça, je pense que vous le comprenez beaucoup mieux que nous.
15:10 Et avec la Russie, il n'y a pas cet équipement que nous souhaitons payer avec eux,
15:14 qu'ils ne vendent pas.
15:15 Les autres nous font des restrictions.
15:17 Ils vous disent "vous ne pouvez pas acheter ce type d'arme".
15:20 Bien sûr.
15:21 Or, les Russes vous vendent tout ce que vous voulez.
15:23 Tout ce qu'on veut.
15:24 Jusqu'à l'instant où je vous parle, on nous bloque des licences de certains avions.
15:28 Il y a des armes, type d'armes qu'ils ne vont jamais nous vendre.
15:31 Et comment on vous l'explique, ces restrictions ?
15:35 Ça fait que je pose la question, où est l'amitié ?
15:37 Qu'est-ce qu'ils veulent ?
15:39 Il y a beaucoup de pays, les Russes, les Chinois, les Turcs, les Coréens, ainsi de suite.
15:44 Ils ne nous... Il n'y a aucune restriction.
15:46 Avec l'Iran, tout ce qu'on veut, ils vont nous faire le point.
15:49 Si on peut payer, on paye.
15:51 Mais avec ces États qui étaient là, soi-disant nos amis, il y a des restrictions.
15:56 Il y en a même qui sont arrivés à nous dire qu'ils ne peuvent rien nous vendre, qu'ils l'étalent.
16:01 Ah oui ?
16:02 Oui.
16:02 Donc vous faites de la guerre, vous ne pouvez pas tuer celui qui est en face de vous ?
16:04 Le terroriste, lui, il nous tue.
16:06 Mais nous, on a peut-être le devoir de ramasser des cailloux.
16:08 Peut-être même que les cailloux sont létal.
16:11 Tout ce qui est létal, ils ne nous vendent pas.
16:13 Voilà leur principe.
16:14 Alors aujourd'hui, avec la Russie, qu'est-ce qu'ils prennent en retour ?
16:19 On sait bien qu'il n'existe pas d'amitié entre les États.
16:21 C'est toujours des intérêts.
16:22 Chacun vient pour ses intérêts.
16:24 Alors aujourd'hui, il y a la peur d'un certain nombre de personnes
16:27 de voir qu'on a changé un maître pour un autre.
16:29 Or, je vous connais un tout petit peu pour savoir
16:31 que vous n'êtes pas dans le remplacement d'un maître par un autre.
16:35 Que donnez-vous aux Russes, très concrètement, pour qu'ils soient là ?
16:38 Est-ce qu'ils prennent des minéraux ?
16:39 Comment vous les payez ?
16:40 Est-ce que vous êtes en train de vendre une portion du territoire ?
16:44 C'est quoi le deal ?
16:46 Si c'était ça le deal de quitter vraiment un maître pour un autre,
16:51 on préfère mourir.
16:53 Parce que quand on dit la patrie ou la mort, ça a tout son sens.
16:57 Non.
16:58 Ce n'est que du média mensonge encore.
17:02 Et malheureusement, on avait même vu des chefs d'État
17:04 qui sont tombés dedans, qui sont allés raconter du mensonge.
17:08 Soit disant qu'on a donné des mines à des Russes, à notre partie sud.
17:13 Archi faux.
17:14 Il n'y a rien de donné aux Russes ?
17:16 Archi faux.
17:17 Même pas une mine ?
17:18 Pourquoi donner ?
17:20 Si les Russes veulent une mine, on a le code mini.
17:23 Ils viennent s'intégrer dedans.
17:25 On leur donne le permis, ils payent les impôts
17:27 et ils font tout ce qu'ils doivent faire, comme les autres.
17:30 Mais avec quoi vous payez alors les Russes ?
17:32 Ils ne viennent pas pour vos beaux yeux.
17:34 Ah oui, avec quoi on les paye ?
17:36 D'abord, les Russes sont arrivés quand au Burkina,
17:38 c'est la dernière fois que des instructeurs sont venus
17:40 parce qu'ils doivent venir instruire les militaires sur des équipements.
17:45 Et c'est avec tous les pays d'ailleurs.
17:47 Ce n'est pas les Russes seulement.
17:48 Quand on signe un contrat pour acquérir un équipement,
17:51 on signe le contrat avec la formation.
17:54 Il y a plein de Turcs ici.
17:56 Pourquoi ils n'en parlent pas ?
17:58 Qui eux sont spécialisés dans les drones plutôt ?
18:00 On a payé des drones avec les Turcs, avec un contrat d'assistance.
18:04 Il y a plus d'un an.
18:06 Tout le temps que nous sommes là, il y a des Turcs qui sont là.
18:08 Pourquoi on n'en parle pas ?
18:10 Ils sont là, ils nous appuient.
18:11 Ils ont formé nos équipages en Turquie.
18:14 Ils viennent ici, ils les assistent.
18:16 Et ils continuent de les former dans le pilotage, la maintenance et tout.
18:20 On a le contrat sur un temps donné.
18:22 Lorsque nos hommes seront bien drillés, ils vont partir.
18:26 Les Chinois, ils sont là.
18:28 Les équipements qu'on paie de la Chine, ils sont là aussi
18:30 pour former à la manipulation de ces équipements-là.
18:34 C'est ça la réalité.
18:35 Ils sont sur le terrain ou pas, les Russes ?
18:38 Sur le terrain pour combattre ? Non.
18:41 Il n'y a aucun Russe sur le terrain pour combattre.
18:44 C'est des choses développées dans la tête des gens.
18:47 Mais s'il y a besoin, ils viendront sur le terrain combattre.
18:50 Ça, je peux vous assurer.
18:51 S'il y a le besoin...
18:52 Vous ne vous l'interdisez pas ?
18:54 Non.
18:55 Sauf que pour l'instant, ils ne sont pas sur le terrain.
18:57 Non, pour l'instant, on se bat seuls.
18:59 Ils nous appuient en termes de formation sur la logistique,
19:03 formation tactique et tout.
19:05 Ils nous appuient sur ce volet.
19:06 Alors, j'avais posé la question avant qu'on ne fasse une digression
19:09 sur votre bilan aujourd'hui sécuritaire.
19:11 Parce qu'on a vu quelques mouvements de certaines populations
19:14 qui s'impatientent un peu.
19:15 Et puis, comme vous l'avez dit, le peuple est très résilient.
19:18 Mais à un moment donné, ça suffit.
19:19 Alors, qu'est-ce que vous avez fait de façon à ce que les Burkinabés puissent dire
19:24 "le président Traoré est arrivé et il nous a réglé tel ou tel problème en interne" ?
19:29 Ça, on ne parle pas.
19:31 J'ai bien dit même à certains ministres de la Communication,
19:36 je ne veux pas que nous parlions trop de notre conquête.
19:39 Laissez les villageois parler eux-mêmes.
19:41 Il y a plusieurs villages qui ont été réinstallés,
19:43 des écoles qui ont ouvert, dans plusieurs zones.
19:46 Mais souvent, le fait de dire qu'il n'y a pas d'avancée,
19:50 ça amène les villageois énormément à faire des vidéos
19:52 pour dire aux gens "il faut vous maintenir".
19:54 Nous, en tout cas, on a quitté il y a tant d'années,
19:56 mais on vient d'arriver.
19:57 On est en sécurité.
19:58 C'est dernièrement qu'il y a eu quelques reportages
20:00 pour vraiment confirmer que les gens auraient pu...
20:02 Il y a des déplacés qui sont rentrés chez eux ?
20:05 Qui même vendent aujourd'hui leurs activités de produits maraîchers sur le marché.
20:09 Ça veut dire qu'ils sont rentrés il y a plusieurs mois,
20:11 ils ont eu le temps de cultiver, ils ont fait plusieurs des écoles ouvertes.
20:15 Parce que vous êtes passés à l'offensive ou parce que les VDP ?
20:19 L'offensive, c'est avec les VDP.
20:21 Bien sûr.
20:22 Vous savez, je vous parlais tout de suite de patriotisme et de logistique.
20:26 C'est le deuxième volet qui nous faisait défaillance.
20:30 Mais écoutez, quand vous prenez par exemple l'attaque de Djibo en novembre dernier,
20:37 dès qu'il y a eu l'attaque, il y a eu la riposte des éléments à Djibo et les vecteurs aériens.
20:42 Dès le lendemain, des bâtiments d'intervention rapide ont fait mouvement vers Djibo
20:47 avec leur ravitaillement et ont continué et ont marché sur la base de Baraboulé.
20:52 La base terroriste de Baraboulé, où on n'a jamais été depuis 2019.
20:56 C'est à partir d'où ils préparent toutes les attaques qui sont à Baraboulé
20:59 jusqu'à la frontière à Pétégouli, ils ont marché sur la base terroriste.
21:03 S'il n'y avait pas de logistique, c'est impossible.
21:06 On allait s'asseoir, planifier l'opération.
21:09 On prend déjà un mois, plus d'un mois,
21:11 chercher à rassembler la logistique et les hommes.
21:15 C'est comme ça que ça se passait.
21:17 Et pour rassembler la logistique, je vous fais une confidence,
21:20 il est arrivé des moments, lors de certaines opérations ici,
21:23 qu'on aille emprunter des armes avec des pays voisins,
21:27 venir faire l'opération, nettoyer et aller le remettre.
21:31 Mais aujourd'hui, tout ça, ça fait qu'on a une très mauvaise image de nous.
21:36 Aujourd'hui, dès qu'il y a une attaque, on a dû aux bâtiments d'intervention rapide vous bouger
21:40 parce qu'ils sont entièrement équipés, prêts au combat.
21:44 On n'a pas un petit délai à perdre.
21:47 Et immédiatement, ils décollent et ils foncent au combat.
21:50 C'est comme ça que ça se passe maintenant.
21:52 Et on a plusieurs bâtiments qui sont équipés,
21:54 qui sont positionnés un peu partout dans le pays.
21:57 Et c'est ça aussi, la montée en puissance en termes logistiques et tactiques.
22:02 Monsieur le Président, quand on voit tout ça, avec toute la logistique dont vous parlez,
22:06 avec les Russes que l'on fait venir pour informer, comme vous l'avez dit,
22:10 vos troupes à vous, ça fait beaucoup d'argent.
22:13 Est-ce que l'économie, Boukina Bébé peut tenir longtemps avec ça ?
22:17 Très bonne question.
22:19 Ça fait beaucoup d'argent. Voilà pourquoi je dis que nos pays ne sont pas pauvres.
22:23 Il y a eu la malgouvernance.
22:25 Il y a eu le vol, le pillage de nos ressources.
22:28 C'est ça, c'est de ça qu'il s'agit.
22:32 Je prends un exemple.
22:34 Aujourd'hui, il y a le Fonds de soutien patriotique.
22:37 Les populations contribuent.
22:39 Et on entretient en grande majorité les volontaires pour la défense de la patrie avec.
22:46 Mais et le reste de l'armée qu'on est en train d'équiper ?
22:48 Tous ces moyens qu'on est en train d'acquérir, c'est là.
22:52 C'est la gouvernance, les finances.
22:54 Il y a des ressources, on a des potentialités.
22:58 Mais si c'est mal géré, on est libre.
23:00 Pour vous, les pays ont de quoi tenir en produisant et en faisant juste bonne gouvernance ?
23:07 On arrive à acquérir le matériel.
23:10 Ce n'est pas pour nous boser, comme vous dites, qu'on nous donne.
23:13 On paye.
23:14 Mais c'est la gestion.
23:16 Il y a des situations qu'on arrive à gérer,
23:19 parce que dans tous les départements, tous les secteurs ministériels,
23:23 chacun fait de son mieux pour rationaliser.
23:26 Et quand on dit rationaliser, c'est quoi ?
23:28 Vous savez, il y a cette habitude de corruption au haut niveau,
23:33 de surfacturation,
23:35 parce que lorsque quelqu'un fait les élections,
23:38 surtout en Afrique ici,
23:40 c'est comme une entreprise.
23:43 On va les financer.
23:45 C'est l'habitude ici.
23:46 Ils distribuent des billets pour qu'on les vote.
23:49 C'est un investissement.
23:51 Et dès qu'il arrive, il est obligé de payer pour rembourser.
23:57 Il n'y a pas ça avec nous.
23:59 On n'a pas de compte à l'extérieur.
24:02 On n'a rien.
24:03 On n'en veut pas.
24:05 Tout est orienté vers la guerre.
24:07 Si vous prenez le domaine du pétrole,
24:10 vous savez que l'État subventionne le pétrole,
24:13 les produits pétroliers,
24:15 les sciences, les gasoils,
24:16 pour que les bouys qui en ont payé moins cher.
24:20 En 2022, par exemple,
24:21 les subventions étaient autour de 400, presque 500 milliards.
24:25 400 et quel ? Quel État paye ?
24:27 500 milliards de France-EFA ?
24:29 En 2023, on est à moins de 100 milliards de subventions.
24:33 Vous avez une économie de 400 milliards de subventions.
24:35 Comment vous expliquez ça ?
24:37 On était libre, nous aussi,
24:40 lorsqu'on fait une proposition,
24:43 de dire à la société, à la SONAB,
24:45 "OK, telle personne va faire une proposition à tel prix,
24:49 mais vous prenez à tel prix et les Rissoun vous nous donnent."
24:54 "On va ouvrir nos comptes offshore et on met dedans."
24:57 Comme ça, ça se passe.
24:58 Et on vous tient à partir de ce moment-là,
25:00 quand vous avez ouvert vos comptes à l'extérieur ?
25:02 Mais bien sûr, si vous vous amusez, on dit "on va gérer vos comptes".
25:05 On n'a pas de comptes, donc tout est orienté vers la guerre.
25:09 Ces économies, ça paye l'équipement.
25:12 M. le Président, il y a eu une longue discussion
25:17 sur le fait que combien de temps vous allez rester ?
25:20 Quand est-ce que vous organisez des élections ?
25:21 Combien de temps va durer la transition ?
25:23 Est-ce qu'aujourd'hui, vous avez une réponse à ça ?
25:26 Ou vous pensez que ce n'est pas la priorité ?
25:28 Pour vous, jusqu'à quand le capitaine Ibrahim Traoré est aux affaires
25:33 et va organiser des élections pour laisser son fauteuil ?
25:36 J'allais vous poser une question à retour avant de vous répondre.
25:40 Mais je ne suis pas là pour répondre aux questions.
25:42 C'est un débat et ça fait plaisir.
25:45 Si aujourd'hui, dans six mois, on décidait d'abandonner le peuple,
25:49 vous, en tant qu'homme très objectif, conscient de notre situation,
25:56 qu'est-ce que vous allez dire ? Quel serait votre commentaire ?
26:00 Honnêtement ?
26:02 Je préfère m'en tenir, même si vous savez le fond de ma pensée.
26:06 D'accord.
26:07 C'est pour vous dire que c'est fatigant souvent.
26:12 C'est fatigant, mais la seule chose qui nous fait tenir, c'est l'amour du peuple.
26:17 On se nourrit là-bas, on s'abreuve là-bas.
26:20 Depuis que nous sommes là, nous n'avons jamais pris un seul jour de congé.
26:23 En tout cas, tout l'exécutif.
26:25 Vous imaginez quand vous dites ça, les hommes politiques se disent
26:28 "nous c'est notre métier", puisqu'il y en a qui ont fait leur métier.
26:31 "On a envie de revenir à la démocratie,
26:33 on a envie de revenir au Parlement avec des gens qui sont élus,
26:36 on veut faire parler le peuple".
26:37 Qu'est-ce que vous leur dites ?
26:38 Qu'on va rester comme ça ou bien qu'on va mettre sur pied un modèle nouveau
26:42 qui va permettre peut-être de remettre sous les rails ?
26:46 Leur métier ? Ils ont appris où ce métier ?
26:49 Nous ne voulons pas que les gens apprennent ce métier d'ailleurs
26:53 et viennent l'appliquer ici.
26:54 Nous voulons créer un modèle.
26:55 Parce que la manière de faire les choses ici, ce n'est pas la bonne manière.
26:59 C'est comme je vous dis.
27:01 D'abord, il y a beaucoup d'accords que vous voyez que nous sommes en train de dénoncer.
27:05 Beaucoup d'autres sont à venir.
27:07 Ah oui, la révolution sur ce volet n'a pas commencé d'abord.
27:12 C'est pourquoi je dis que nos économies vont très bien se comporter.
27:17 Les gens signent des accords pour leurs propres intérêts,
27:19 comme je dis, c'est des investissements.
27:21 Malheureusement, les chefs d'État africains,
27:23 ceux-là qui se mettent dans ce giron du métier, de politique,
27:29 n'ont pas toujours compris.
27:32 Je pense que les faits d'antan développés,
27:34 les données de l'État, les sons tels que les Bokassa et autres,
27:38 ils continuent de piller les ressources de leur pays,
27:41 à les investir chez eux.
27:44 Comment est-ce qu'on peut donner ?
27:48 Je ne sais pas comment je vais expliquer.
27:50 C'est inconcevable.
27:52 Mais pour vous, M. le Président,
27:53 aujourd'hui, il n'est pas question de parler d'organisation d'élections,
27:57 de fin de transition ?
27:59 Ah oui, on va organiser les élections comment ? À l'instant T.
28:02 Donc il faut remettre tout à plat ?
28:05 D'abord non, hormis le système qui est en place, qu'il faut revoir.
28:09 Les élections, ça concerne tout le Burkina Faso.
28:13 Vous pensez qu'ils sont prêts aujourd'hui à aller à Soleil,
28:16 à aller à Falangon, pour faire la campagne ?
28:19 Mais c'est le Burkinabé, ils doivent voter.
28:23 Il faut d'abord pacifier.
28:25 Il faut qu'il y ait un minimum de sécurité,
28:27 pour que s'il y a campagne, les gens puissent aller partout au Burkina,
28:31 expliquer leurs idées au peuple burkinabé,
28:33 et le peuple va choisir.
28:35 Parce qu'il n'est plus question d'aller distribuer des billets.
28:37 Ça, il y aura des réformes sur le Code électoral.
28:40 C'est fini ça.
28:41 Si on vous prend dans ça, vous serez disqualifiés.
28:44 Bon, je ne vais pas dévancer l'Iwanda en l'eau,
28:46 mais c'est pour vous dire qu'il y a des réformes à venir.
28:48 Cette manière de faire, d'aller acheter les consciences, c'est fini.
28:51 Notre mission, c'est d'éveiller les consciences et que les gens l'acceptent.
28:54 Plus jamais ça.
28:55 Si vous pensez pouvoir gouverner le pays,
28:57 vous expliquez votre programme politique.
28:59 Qu'est-ce que vous allez faire ?
29:00 Et peut-être qu'au bout d'un temps, le peuple va vous évaluer
29:04 si vous devez continuer votre mandat ou pas.
29:06 Bref, on ne dira pas tout,
29:09 mais il y aura des réformes sur le plan électoral.
29:11 Et pour que les gens puissent faire les élections,
29:13 tous les Burkinabés doivent voter.
29:15 Monsieur le Président, je reviens à l'AES,
29:17 qui est quelque chose d'important pour vous,
29:19 puisque vous en faites le chemin de bataille dans cette guerre.
29:23 Quelles sont les relations avec les autres chefs d'État du Niger et du Mali ?
29:27 Et est-ce qu'on peut envisager un élargissement de cette AES,
29:31 même aux États qui ne sont pas dans le Sahel ?
29:34 La possibilité d'élargir, je commence par là, c'est possible.
29:38 Dans la charte, ça existe.
29:40 Donc on a fait une ouverture.
29:42 Mais les rapports entre nous, c'est fraternel.
29:47 C'est ce qu'on réveille de l'Afrique, c'est ça qui est là actuellement.
29:50 Vous partagez la même vision sur l'Afrique ?
29:53 Parce que quelques fois, les gens sont jaloux de leurs prérogatives dans leur pays.
29:57 Non, nous partageons la même vision et nous faisons la même mission.
30:02 Et si vous regardez à travers les communications,
30:05 tout ce que nous faisons, c'est pour éveiller la conscience.
30:08 Pourquoi un chef d'État va se mettre à vouloir que son peuple se réveille ?
30:12 Les autres ont tendance à ce que le peuple s'endorme
30:16 pour qu'il puisse continuer de faire ce qu'il veut.
30:18 Nous, on veut que le peuple se réveille pour que même après nous,
30:21 que les gens ne laissent plus jamais des individus
30:24 venir les mettre dans ces conditions-là.
30:26 Donc que ce soit au Niger ou au Mali, ici,
30:29 si vous remarquez dans notre communication,
30:30 c'est toujours faire comprendre ce qui s'est passé avant.
30:33 Et aujourd'hui, comment nous arrivons à nous,
30:36 à casser les chaînes un peu de l'esclavage ?
30:40 Donc c'est ça, il faut qu'on arrive à faire en sorte
30:43 que tout le monde brise les chaînes de l'esclavage.
30:46 Et c'est ça notre communication.
30:47 Et c'est très important.
30:49 Ça, c'est une vision.
30:50 Deuxièmement, ce qui concerne notre autodétermination
30:54 à nous autosuffirer sur le plan alimentaire,
30:56 il y a beaucoup de choses qui sont développées dans nos régions.
31:00 Par exemple, quand on prend des cultures comme le blé,
31:03 d'ailleurs, quand on disait que ça ne peut pas se faire dans nos contrées,
31:06 nous, on le fait aujourd'hui à grande échelle.
31:08 Au Mali, ils le font à grande échelle.
31:11 Au Niger, ils sont en cours.
31:13 Il y a beaucoup d'autres spéculations
31:15 qu'on est en train d'expérimenter.
31:17 Le message, c'est de faire comprendre à nos populations
31:19 que nous n'avons pas besoin d'importer.
31:20 On peut tout produire pour nous ici et même exporter.
31:24 - Produire et exporter à l'intérieur de l'AES.
31:28 Est-ce qu'aujourd'hui, monsieur le président,
31:30 vous n'avez pas peur pour vous-même ?
31:33 - Peur ?
31:34 - Nous avons vécu la période de Thomas Sankara,
31:37 qui est un peu votre modèle,
31:39 puisque beaucoup vous comparent à lui par vos idées,
31:41 par votre manière de vous comporter, par vos choix.
31:45 On sait comment ça s'est terminé.
31:47 - Oui, vous avez raison.
31:48 Et c'est la question que tout le monde se pose.
31:51 Et c'est la phobie du peuple burkinabé, en fait.
31:53 Lorsqu'il pense à ça, ils ont toujours peur pour moi.
31:57 Pour ma personne, je n'ai pas peur.
32:00 La peur, nous ne la connaissons pas.
32:02 Nous avons fait face à la mort plusieurs fois.
32:04 On l'a côtoyé.
32:05 Nous ne savons pas.
32:06 Dieu a fait que nous soyons vivants.
32:09 On rend grâce à Dieu.
32:10 Donc la peur, on ne la connaît pas.
32:12 Mais on a analysé le passé.
32:15 Sur certains volets, peut-être que le président Thomas Sankara
32:18 a fait des erreurs.
32:20 Lorsqu'il a dit, par exemple,
32:21 "laisser les amis trahir l'amitié",
32:24 c'est pas à nous de trahir l'amitié.
32:26 Je pense que cette phrase l'a importé.
32:28 Pour vous, il aurait dû être à l'offensive.
32:31 Nous n'allons plus commettre les mêmes erreurs.
32:33 Ça, c'est sûr.
32:35 Et l'impérialisme, comme il l'a dit,
32:37 est un très mauvais élève.
32:39 Lorsqu'il est chassé, il revient avec les mêmes méthodes.
32:44 Nous suivons.
32:45 Donc nous ne laisserons pas les mêmes erreurs se reproduire.
32:50 Aujourd'hui, monsieur le président,
32:52 quelles sont vos relations avec la France
32:55 et avec l'Union européenne ?
32:59 Nous n'avons pas de relation particulière.
33:02 Moi, j'ai dit, les relations internationales,
33:05 c'est ce qu'elles sont.
33:09 Ça se passe comme ça doit se passer, si je peux dire.
33:13 Il n'y a rien de méchant.
33:14 De toute façon, le Burkina est en train d'affirmer sa souveraineté.
33:18 Tout pays ou toute organisation qui respecte cela,
33:21 nous sommes en bonne relation.
33:23 Mais lorsqu'il n'y a pas de souveraineté,
33:24 c'est là que vous voulez nous dicter ce que nous devons faire.
33:26 Mais vous vous parlez quand même, non ?
33:29 Bien sûr.
33:30 Nous parlons.
33:31 L'Union européenne, dernièrement,
33:32 on a reçu de nouveaux ambassadeurs.
33:35 Je sais que vous avez suivi.
33:36 Il est là, il travaille, il n'y a pas de problème.
33:40 L'ambassade française aussi est toujours là.
33:42 Elle continue ses activités.
33:44 Et les Américains ?
33:45 Ils sont là.
33:47 Donc il n'y a pas de souci de ce côté.
33:49 La coopération continue,
33:51 tant qu'on va respecter notre ligne idéologique,
33:54 tant qu'on va respecter notre souveraineté,
33:56 tant qu'on va respecter le fait qu'on veut utiliser nos chaînes
34:00 et être indépendant.
34:02 Alors, ça me donne l'occasion de terminer là-dessus.
34:04 On sait que la CDAO n'est pas d'accord sur la sortie.
34:07 Alors, c'est en disant, bon, pour nous, on a encore appris.
34:10 Je sais que la lettre leur a été adressée.
34:13 Est-ce que vous acceptez encore la négociation ?
34:14 Est-ce que c'est envisageable que demain,
34:16 vous vous dites, bon, OK, on a compris, on revient.
34:18 Si vous revenez à des meilleurs sentiments.
34:21 Ou bien c'est terminé, terminé, on n'en parlera plus jamais.
34:24 Il ne faut pas commettre certaines erreurs,
34:25 je viens de vous le dire.
34:28 Notre itinéraire, c'est un chemin de non-retour.
34:31 Tout ce que nous faisons, lorsqu'on va décider de...
34:34 Ça dit, les chaînes qui nous sont maintenant débrisées, c'est pour toujours.
34:37 Donc plus jamais de CDAO ?
34:39 Non, c'est fini.
34:41 Si on entre là-dedans, et c'est ma dernière question,
34:43 si on entre là-dedans, ça veut dire aussi que
34:45 dans quelque temps, vous allez vous attaquer à la monnaie,
34:47 qui est le CFA ?
34:50 Probablement.
34:52 C'est presque inévitable, non, M. le président ?
34:56 Vous savez, dans tout ce que nous faisons,
34:59 ça vous a surpris, n'est-ce pas ?
35:01 Des choses vont peut-être vous surprendre encore.
35:03 Il n'y a pas que la monnaie.
35:05 Tout ce qui est lien,
35:08 qui nous maintient dans l'esclavage,
35:10 nous allons briser ce lien.
35:12 Merci beaucoup, M. le président.
35:13 Je vous en prie.
35:16 Cet entretien est à présent terminé.
35:17 Restez sur AfroMédia.
35:19 [Générique]
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