Les agriculteurs revendiquent de meilleurs débouchés pour les produits locaux. La ville de Strasbourg s'y engage, notamment à travers les cantines scolaires qui utilisent des produits locaux et bio et accentuent les options végétariennes. Antoine Neumann, conseiller municipal de Strasbourg en charge de l'agriculture et des cantines scolaires, est l'invité de France Bleu Alsace ce mercredi 31 janvier.
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00:00 Les agriculteurs sont toujours mobilisés et malgré les nouvelles annonces du gouvernement,
00:04 ils ne comptent pas bouger de leur point de blocage, on l'entend ce matin sur la M35.
00:08 L'un des dossiers c'est de mettre plus de produits locaux et de qualité dans nos assiettes.
00:12 Est-ce que ça dit, et c'est ce que dit, pardon, vouloir faire la mairie de Strasbourg ?
00:18 Oui tout à fait, avec plus de produits locaux et moins de viande dans les cantines scolaires.
00:23 Bonjour Antoine Neumann.
00:24 Bonjour à vous, bonjour aux auditeurs et puis bonjour aussi aux agriculteurs
00:28 qui ont passé la nuit sur leur tracteur.
00:29 Vous êtes conseiller municipal délégué à l'agriculture et à l'alimentation.
00:33 La gronde des agriculteurs, elle est toujours vive, on l'entend depuis ce matin.
00:37 Est-ce qu'on peut miser sur les cantines scolaires pour soutenir les agriculteurs ?
00:41 Alors de manière plus générale, je pense qu'on peut miser sur les collectivités écologistes
00:45 et notamment la ville de Strasbourg et puis la métropole aussi pour aider le monde agricole.
00:49 Jamais Strasbourg n'a fait autant dans ses politiques publiques pour aider le monde agricole
00:55 et puis les cantines scolaires sont un élément de ces politiques-là.
00:59 On reviendra en détail dessus.
01:00 Je voudrais quand même dénoncer le bal des hypocrites qui fait le tour des plateaux
01:05 et qui se fait prendre en selfie devant les tracteurs.
01:07 Je parle de nos collègues des Républicains, de l'extrême droite ou même des macronistes
01:13 qui sont responsables de la grogne actuelle, qui sont responsables de la crise actuelle.
01:17 Vous dites que vous voulez soutenir les agriculteurs,
01:20 mais les revendications des agriculteurs, elles ne sont pas vraiment dans le sens des écologistes.
01:23 Quand on parle du gasoil non routier, quand on parle de l'arrêt des pesticides,
01:26 ce genre de choses, ce n'est pas tout à fait en accord avec votre...
01:28 - Moi, ce ne sont pas les revendications que j'entends sur place.
01:30 - Alors vous choisissez ?
01:31 - Non, quand je parle avec les agriculteurs, ils me parlent de revenus,
01:35 ils me parlent de conditions de travail, ils parlent éventuellement de paperasse,
01:38 ils parlent des accords de libre-échange,
01:40 ils parlent du rôle délétère de la grande distribution
01:42 et ça, c'est des choses que les écologistes ont supprises très longtemps.
01:45 Et ce qu'on fait à Strasbourg depuis le premier jour du mandat,
01:48 c'est déjà muscler notre partenariat avec la profession,
01:51 avec la Chambre d'agriculture, avec Biograndest
01:53 et on a plus de 30 actions, avant il n'y en avait jamais eu autant,
01:57 dont certaines ciblées sur la restauration scolaire
02:00 et on déploie tous les leviers qu'on a à notre disposition économiques
02:04 pour favoriser la pérennisation des entreprises locales,
02:08 la montée en qualité,
02:10 disons la transition vers des cultures qui seront toujours pérennes,
02:15 malgré le changement climatique, malgré la pression sur la biodiversité,
02:19 on accompagne aussi le retissage du lien entre la ville et la campagne,
02:23 entre les agriculteurs et les citadins et les mangeurs
02:27 et on fait aussi tout un travail sur les circuits courts
02:33 pour que les agriculteurs aient plus de débouchés au centre-ville de Strasbourg.
02:36 - Parce que les agriculteurs, ce qu'ils demandent,
02:37 c'est des débouchés justement pour leurs produits.
02:39 Les débouchés que vous pouvez proposer par exemple,
02:41 on en parle depuis ce matin, c'est ce que vous proposez à la cantine,
02:44 les cantines scolaires, ça fait partie des lieux
02:48 où vous leur achetez des produits pour les donner ensuite aux Strasbourgeois ?
02:52 - Absolument, Strasbourg c'est 13 500 repas par jour,
02:56 à la rentrée 2024, on va passer notamment au niveau de la qualité à 50% de bio,
03:03 dont deux tiers de local, on est déjà à plus de la moitié de ce qui est acheté
03:06 qui vient du territoire 67 ou 67-68,
03:10 ça c'est vraiment une volonté forte, on a d'autres projets,
03:12 notamment les paniers bio pour les femmes enceintes,
03:14 c'est aussi des centaines de milliers d'euros pour les agriculteurs bio du territoire,
03:17 on a les paiements pour services environnementaux pour la protection de l'eau,
03:20 c'est plus d'un million d'euros pour les agriculteurs du territoire,
03:24 etc. etc. on a beaucoup de projets comme ça.
03:26 - Et en cela vous respectez les engagements de la loi EGalim
03:29 qui prévoit justement une partie de consommation de produits locaux ?
03:32 - Alors non, on est très au-dessus, très au-dessus, largement au-dessus
03:37 des préconisations de la loi EGalim, que ce soit sur le bio,
03:40 EGalim parle de 20%, on est à 50%,
03:43 sur les signes de qualité aussi, on va être bien bien bien bien au-dessus,
03:47 on est largement au-dessus sur tous les curseurs,
03:50 et nous c'est un de nos combats, c'est d'emmener les autres collectivités
03:54 et tous les échelons, régions, CEA, etc. et de l'Etat,
03:58 pour qu'ils généralisent la loi EGalim et qu'ils en fassent quelque chose
04:01 de contraignant et qu'ils nous donnent aussi des moyens pour aller vers ça,
04:04 et ça c'est une revendication des agriculteurs.
04:06 - Antoine Neumann est ce matin sur France Bleu Alsace,
04:08 conseiller municipal délégué à l'agriculture et à l'alimentation,
04:12 en charge des cantines scolaires à Strasbourg.
04:15 A 7h50 on va prendre la direction de Brunstadt-Diedenheim,
04:18 où nous attend Angela, bonjour.
04:20 - Oui, bonjour Angela.
04:23 - Bienvenue Angela.
04:24 - Oui c'est moi, c'est Angela.
04:25 - Mais évidemment qui vous...
04:26 - Ecoutez, je suis d'accord avec la proposition du maire,
04:29 et puis c'est très bien pour que les enfants aient pas le ventre vide.
04:32 - Alors attendez Angela, je me permets juste de recontextualiser la proposition,
04:35 alors monsieur Neumann n'est pas maire mais conseiller municipal.
04:38 - Mais pour la mairie, il présente la mairie.
04:41 - La mairie de Strasbourg effectivement.
04:43 - Les débouchés pour les cantines scolaires,
04:47 les agriculteurs qui peuvent vendre leur production aux cantines scolaires
04:52 pour nourrir les écoliers, ça c'est une bonne chose pour vous Angela ?
04:55 - Ah oui c'est une très très bonne chose,
04:57 plutôt que de les laisser pourrir ou de les jeter parce qu'ils ne les vendent pas.
05:01 Voilà, il y a ce qu'il faut, la terre elle est assez grande pour nourrir tout le monde.
05:06 - Et le repas végétarien Angela ?
05:08 - Le repas végétarien ça serait bien oui, pourquoi pas,
05:11 mais il ne faut pas non plus donner que des carottes et des salades aux enfants,
05:15 ils ont besoin aussi du consistant.
05:17 - Alors il y a des protéines pour ça,
05:18 et puis il y a des légumineuses qui permettent justement de densifier un peu les repas.
05:22 - Non mais il faut une côte de bœuf, c'est ce que vous nous dites Angela.
05:25 - C'est ça, c'est ça, très bien.
05:27 - Une côte de bœuf végétarienne.
05:28 - Oui, c'est de la bonne d'ailleurs, made in France.
05:32 - Bah oui, et encore mieux si c'est made in Alsace, tenez.
05:35 Angela, on vous remercie de votre appel.
05:37 - Je vous remercie, vous savez moi,
05:39 j'étais en maternège à l'école,
05:41 on avait le matin un bol de lait ou une tartine,
05:45 vous voyez, dans le temps ils le faisaient,
05:47 il y a maintenant 60 ans de ça en arrière,
05:49 donc je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas le faire maintenant.
05:52 - Et ça se fait dans de plus en plus de communes désormais aussi,
05:54 d'avoir des petits déjeuners parfois pour les élèves.
05:57 - Les enfants qui partent le vendredi, il y en a beaucoup aujourd'hui,
06:00 on ne s'imagine pas.
06:01 - Merci beaucoup Angela d'avoir appelé ce matin.
06:04 Justement, on parlait du repas végétarien avec le Crous de Strasbourg,
06:07 qu'il met en place une fois par semaine pour tout le monde,
06:10 depuis le début de l'année.
06:11 Les cantines scolaires à Strasbourg,
06:13 elles le font déjà depuis quelques années maintenant,
06:16 est-ce que vous voulez aller plus loin sur ce repas végétarien Antoine Neumann ?
06:20 - Alors il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de bénéfices
06:23 associés au repas végétarien,
06:24 il y a la montée en nombre de repas végétariens par semaine,
06:26 donc comme vous dites, on est déjà à un par semaine à l'heure actuelle,
06:29 ça c'est un acquis.
06:31 Il n'est pas pleinement satisfaisant au niveau,
06:33 disons gustatif ou qualitatif,
06:35 on travaille dessus avec les prestataires,
06:36 parce que tout est fait par des prestataires externes,
06:39 ce n'est pas la ville qui prépare les repas,
06:42 donc on a un travail qualitatif là-dessus,
06:44 et quand ce travail sera fait, il est en cours,
06:46 on passera à deux repas végétariens par semaine,
06:48 je voudrais rappeler quand même que le végétarien,
06:51 c'est l'avenir,
06:53 pas 100% végétarien,
06:54 comme nos voisins de Fribourg par exemple,
06:56 sont passés à 100% végétarien,
06:57 mais nous on voudrait à terme passer à deux repas végétariens,
06:59 idéalement en 2025, rentrée 2025,
07:02 et je voudrais juste rappeler que le végétarien,
07:05 c'est bon pour plein de choses,
07:07 pour le climat, pour l'environnement, pour la santé aussi,
07:09 - Mais ça ne va pas pénaliser les éleveurs,
07:12 les producteurs de viande,
07:13 qui justement voudraient qu'on achète leur produit,
07:15 d'avoir moins de produits de viande
07:18 dans les menus à la cantine ?
07:19 - A l'inverse, moins de végétariens,
07:21 plus de végétariens, pardon,
07:23 c'est aussi dégager des marges budgétaires
07:24 pour acheter une viande de meilleure qualité,
07:26 plus locale, qui est souvent un petit peu plus chère
07:28 que la viande importée,
07:30 et nous c'est ce qu'on fait,
07:31 on va vers de la viande bio,
07:32 vers de la viande de la Belle Rouge Alsacienne,
07:34 on fait ce travail justement de monter en qualité,
07:37 et je tiens à préciser quelque chose,
07:39 c'est que tout ce travail sur le bio,
07:40 sur la qualité, etc.,
07:41 c'est des surcoûts de plusieurs centaines,
07:43 avec l'inflation en plus,
07:45 de plusieurs centaines de milliers d'euros par an,
07:46 pour la ville de Strasbourg,
07:47 qui est une des plus désargentées du territoire.
07:50 - Vous avez le budget alors pour ça ?
07:52 - C'est un choix politique,
07:54 ça veut dire qu'on ne fait pas d'autres choses,
07:55 mais on pense que l'assiette et le soutien à l'agriculture
07:57 sont prioritaires depuis le premier jour du mandat,
07:59 sans aucune augmentation du tarif des cantines scolaires,
08:03 d'ailleurs c'est important,
08:05 c'est vraiment un projet social pour la ville et pour la campagne.
08:07 - Est-ce que vous comptez plus globalement améliorer les menus ?
08:12 Justement, vous l'avez dit,
08:13 il y a pu y avoir quelques critiques sur le goût,
08:16 le fait que certains repas n'étaient pas très très bons,
08:19 est-ce que c'est quelque chose sur lequel vous travaillez également
08:21 dans les cantines scolaires à Strasbourg ?
08:23 - Alors globalement, les repas sont plutôt bons,
08:24 c'est vrai que de temps en temps, on a des remontées,
08:26 on ne va pas se mentir,
08:27 moi j'ai eu mes enfants à la cantine aussi,
08:29 des fois il râlait un peu, ça arrive,
08:31 on a repris contact avec les prestataires
08:34 avant qu'ils n'étaient un peu en roue libre,
08:36 on a retissé un lien avec eux,
08:37 on travaille avec eux, on mange à la cantine avec eux,
08:40 ce qui est important, et qui dénoue aussi certaines situations,
08:43 on associe les parents,
08:45 on a en projet d'ici la fin d'année d'associer mieux les enfants aussi,
08:49 à ce qu'il y a dans leur assiette,
08:50 et puis on a déjà identifié pas mal de petites pistes de progrès
08:53 sur la présentation des repas, sur certains menus,
08:56 que ça ne sert à rien de les servir,
08:57 on sait que ça ne va pas marcher,
08:58 voilà, on fait tout ce travail-là,
09:00 et on le fait en partenariat avec les entreprises qui préparent les repas.
09:05 - Avec plus aussi de produits faits maison,
09:07 c'est possible de faire davantage que ce qui se fait aujourd'hui ?
09:10 - Ouais, et ça parle à tout le monde,
09:12 parce que c'est vraiment dans l'air du temps,
09:13 on essaie de sortir de tout ce qui est additif,
09:16 type glutamate, sel, sucre,
09:19 on essaie de sortir des plats ultra transformés,
09:22 par exemple sur le végétarien, c'est un bon exemple,
09:23 on a souvent les collectivités
09:26 où les cantines servent des galettes ultra transformées,
09:30 qui sont végétariennes,
09:31 mais qui ne sont pas satisfaisantes au niveau nutritionnel,
09:33 ou même au niveau climatique, je dirais,
09:35 donc ça on fait le travail avec les prestataires aussi.
09:37 - Il y a des diététiciens qui suivent ça justement aussi ?
09:41 - Toujours à la ville de Strasbourg,
09:42 parce que je rappelle aux auditeurs, aux auditrices,
09:44 que les cantines scolaires c'est de la politique municipale,
09:47 c'est pas métropolitain,
09:49 on a une équipe de nutritionnistes qui travaille sur les menus,
09:53 on est aussi contraints par la législation
09:55 qui nous impose certains menus,
09:57 certains enchaînements de plats ou de typologie,
10:01 et ça on respecte évidemment la loi.
10:03 - Et puis un enjeu également c'est le gaspillage alimentaire,
10:06 Antoine Neumann, est-ce que vous avez des pistes
10:08 pour le réduire davantage aujourd'hui ?
10:11 On sait qu'il y a pas mal de choses qui finissent dans les poubelles
10:13 des plateaux de cantines scolaires.
10:14 - Oui, alors ça c'est un travail en cours,
10:16 alors vous allez avoir les mêmes qui dans la même phrase aussi
10:18 vont vous dire "il n'y a pas assez à manger"
10:20 et "il y a trop de gaspillage",
10:21 donc il y a aussi,
10:23 c'est pour ça que je parle de retisser le lien
10:25 et de discuter avec les parents et les enfants,
10:27 parce qu'il y a aussi des incompréhensions,
10:28 il y a aussi des petits sujets qui montent parfois
10:31 de manière incompréhensible ou alors un peu excessive.
10:35 On travaille sur le gaspillage,
10:36 on travaille sur les quantités,
10:38 on travaille aussi sur la formation de nos équipes,
10:40 parce que c'est aussi un paramètre important,
10:41 et puis on a un service de l'enfance et de l'éducation
10:45 qui est très motivé avec du personnel
10:48 qui demande qu'à faire bien son travail
10:51 et puis à accompagner les enfants pour qu'ils mangent bien à la cantine.
10:54 Merci beaucoup Antoine Neumann d'être venu ce matin
10:56 au micro de France Bleu Alsace.
10:57 Vous êtes conseiller en charge des cantines scolaires
11:00 de l'agriculture et de l'alimentation,
11:02 et donc on retient cette annonce du fait de passer
11:04 à deux repas végétariens dans les cantines scolaires
11:07 à Strasbourg d'ici rentrée 2025,
11:09 c'est ce que vous nous avez dit.
11:10 J'espère.
11:11 Merci beaucoup et bonne journée.