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00:00 6/9, France Bleu, Belfort Montbéliard.
00:03 Et avec l'invité du 6/9, France Bleu, Belfort Montbéliard, Thierry Compredon, c'est le directeur du Super U de Valdois.
00:10 Oui, comme ses collègues de la grande distribution, il est parfois accusé de faire de gros profits sur le dos des agriculteurs.
00:15 Alors est-ce que c'est vrai ? Comment se négocient les prix ? Est-ce qu'il y a parfois des abus ?
00:19 Et ce matin, on vous pose cette question. Faut-il boycotter les grandes surfaces pour soutenir les agriculteurs ?
00:25 Dites-le franchement en nous appelant au 0384 22 82 82.
00:29 Bonjour Alain Moissneau.
00:31 Bonjour.
00:31 Vous êtes donc le directeur du Super U de Valdois. Merci d'avoir accepté notre invitation parce que votre parole est importante.
00:37 Les agriculteurs accusent, vous le savez, la grande distribution de ne pas respecter la loi EGalim,
00:42 cette fameuse loi qui permet un meilleur équilibre de recettes entre producteurs, transformateurs et distributeurs.
00:48 Comment ça se passe concrètement dans votre magasin ? Est-ce que vous comprenez la colère des agriculteurs ?
00:54 Je comprends parfaitement la colère des agriculteurs.
00:56 Quand vous vous levez tous les jours et que vous n'arrivez pas à vivre de votre métier, c'est compréhensible que vous ne soyez pas d'accord.
01:02 Alors comment ça se passe la loi EGalim dans votre magasin ?
01:04 La loi EGalim aujourd'hui nous impose de ne pas négocier les produits agricoles.
01:10 Ce qu'on fait. Moi, à mon échelle locale, je travaille avec des producteurs locaux et fournisseurs locaux.
01:17 Quand ils viennent, ils nous proposent un tarif. Les produits qu'ils ont à vendre, leur tarif, je l'accepte ou je ne l'accepte pas.
01:24 C'est-à-dire que je prends ou je ne prends pas leurs produits, nous les mettons en rayon.
01:27 On applique une marge évidemment parce qu'il faut qu'on vive aussi et on vend leurs produits.
01:32 Mais par contre, je ne vais pas négocier en voulant qu'ils baissent leur tarif à tout prix.
01:36 Je pars du principe que s'ils viennent avec un tarif, le tarif qu'ils me proposent, c'est qu'il est nécessaire pour eux pour vivre.
01:43 C'est le juste prix selon vous.
01:44 C'est le juste prix.
01:45 Mais comment vous négociez les marges que vous allez faire ?
01:49 Les marges qu'on fait sur les produits, on a des frais fixes, le bâtiment, l'électricité, l'énergie, etc.
01:57 Les salaires de nos employés, je suis une PME locale, j'ai 90 employés, il faut les payer.
02:03 Donc ça, ça correspond, des fois on entend des 40%, 30%, 40% sur certains produits peut-être,
02:11 mais c'est vraiment sur les produits locaux, on ne va pas prendre 30 à 40% de marge, c'est assez aberrant.
02:16 Avec l'inflation, est-ce que vos marges ont augmenté ces dernières années ?
02:19 Elles ont baissé.
02:20 Là, on s'est engagé, nous, au début, quand je dis nous, c'est le système E,
02:25 au début janvier 2023, on a vendu des produits E à prix coûtant.
02:32 Prix coûtant, c'est-à-dire qu'on prend le prix d'achat, on rajoute la TVA et on le vend.
02:36 C'est-à-dire sans bénéfice quasiment ?
02:37 Sans bénéfice.
02:39 Ce sont des produits d'appel en général, pour faire venir les gens dans le magasin ?
02:44 Alors oui et non.
02:46 On a tous les produits, on a des produits d'hygiène, on avait des pâtes, de la farine, des œufs, etc.
02:54 Mais là où c'est important, on n'a pas demandé aux agriculteurs de baisser leur prix.
03:00 On avait ces prix-là, on n'a pas pris de marge et on les vendait.
03:05 Donc, c'est des produits qui se sont bien vendus.
03:07 Alain Moissneau, parmi les nombreux témoignages que nous avons reçus sur notre page Instagram,
03:11 il a celui de Thomas, je vous le lis.
03:13 Il est allé à l'étranger et il estime qu'il faut boycotter les grandes surfaces pour soutenir les agriculteurs.
03:18 Carrément.
03:19 Et puis j'aimerais vous faire écouter un témoignage, celui de Marlène.
03:22 Elle travaille à Etupé depuis des années.
03:24 Elle ne va plus dans les grandes surfaces, elle ne va plus chez vous.
03:27 Elle fait ses courses dans les magasins en circuit court.
03:29 Écoutez.
03:30 Je calcule comme tout le monde, comme chaque Français calcule pour réussir ses fins de mois.
03:34 Et grâce à ça, je les réussis très bien.
03:37 J'espère que beaucoup de gens réaliseront que les grandes surfaces nous bouffent plus de fric que nous en font gagner.
03:42 Quand on va dans les grandes surfaces, je pense qu'on dépense beaucoup dans des fausses promos.
03:46 Ce serait ce que le comté que j'achète à la fruitière, où je paye 15 euros le kilo,
03:50 et vous allez en grande surface à un comté qui est de moins bonne qualité, qui est à 18-19 euros le kilo.
03:55 Le beurre également, pareil, qui est à 1,50-1,60 euros en fruitière,
04:00 et qui est à 2 euros, la moins bonne qualité, et peut-être avec du lait qui ne vient pas de France.
04:05 Madame, moi c'est l'ondulateur du Supercut Val d'Oire. Vous entendez ces critiques ?
04:08 Oui, j'entends.
04:10 C'est mon quotidien. Tous les jours, on entend ça.
04:16 Et comment on explique justement cette défiance de la part des consommateurs pour les grandes surfaces ?
04:22 Il y a eu des abus, peut-être ?
04:24 Certainement, il y a eu des abus.
04:26 Effectivement, depuis des années, à un moment donné, on vendait des produits à portée,
04:31 où on faisait certainement beaucoup de marge.
04:35 Alors je ne dis pas... moi je ne l'ai jamais fait à mon échelle locale, mais bon, il y en a qui le faisaient.
04:40 Vous écoutez France Bleu, Belfort Montbéliard, il est 7h49, faut-il boycotter les grandes surfaces pour soutenir nos agriculteurs ?
04:46 Dites-le franchement, vous nous appelez au 03-84-22-82-82.
04:50 Sous le banc de la Défense, Alain Moissneau, le directeur du Supercut Val d'Oire.
04:53 L'une des critiques que l'on entend souvent, ce sont les produits d'importation que l'on trouve dans les rayons des grandes surfaces,
05:00 et qui font concurrence à la production française.
05:02 Concrètement, comment ça se passe chez vous dans votre magasin ?
05:05 Comment vous choisissez de prendre un produit français ou un produit à portée ?
05:09 - Nous on prend systématiquement, dès qu'on peut, des produits français.
05:15 Évidemment, il y a des produits, en fonction des saisons, qui sont nécessaires d'être importés.
05:22 On va prendre la clémentine, aujourd'hui il y a la clémentine corse, on en a,
05:27 mais on a aussi de la clémentine qui vient d'Espagne ou qui vient du Maroc.
05:30 Pourquoi ? Parce que c'est la saison et puis vous n'avez pas le choix.
05:33 On va pas prendre, par exemple, en plein été, on va favoriser la tomate française,
05:39 que de la tomate espagnole ou italienne.
05:41 Ça c'est normal.
05:43 Mais en contre-saison, si le consommateur il veut une tomate, vous êtes obligés de vous approvisionner ailleurs.
05:49 - On entend souvent l'exemple du poulet qui vient d'Ukraine,
05:53 qui est quasiment préféré dans les grandes surfaces par rapport au poulet français.
05:57 Vous le constatez ? C'est ce que vous avez chez vous également ?
06:00 - Alors moi, du poulet d'Ukraine, je n'en ai jamais vu,
06:04 mais certainement qu'il doit y en avoir.
06:07 On prend en favour, d'abord, des produits français, des poulets français.
06:11 Par exemple, les marques EU, on n'a en poulet que du français, voire du local, voire très local.
06:20 En poulet, en barquette qu'on vend, c'est généralement des contrats qu'on a signés
06:25 avec des producteurs locaux, des régions.
06:28 Pour nous, il est normal de faire un fabricant de poulet qui, à Narbonne, va livrer à Valvoire.
06:34 Si on peut, on en a juste à côté.
06:37 - Dernière question, c'est aujourd'hui, ce soir, avant minuit, la fin des négociations commerciales
06:43 entre les enseignes des supermarchés et les fournisseurs industriels.
06:47 Qu'est-ce que vous attendez de cette réunion de la dernière chance ?
06:51 - Alors, ce sont des négociations qui ont été longues, et pas longues parce qu'elles sont très courtes sur le temps.
06:57 C'est juste trois mois pour négocier.
06:59 Nous, on attend que les produits baissent. Malheureusement, il y aura des produits et des sales.
07:04 Les agriculteurs, je les comprends, mais c'est des grands groupes internationaux
07:08 qui, en France, le chiffre d'affaires qu'ils font en France ne représente rien.
07:14 Donc, eux, ils ont des actionnaires mondiaux qui leur disent "nous, on veut des profits, c'est plutôt..."
07:20 Mais là, les agriculteurs, ça va être compliqué de leur faire entendre leur voix.
07:25 - Vous nous avez dit, M. Mosneau, que vous étiez avec les agriculteurs, que vous compreniez leur colère.
07:28 Comment vous pouvez faire concrètement pour que ça se sache auprès de vos consommateurs ?
07:33 - Nous, on vend des produits locaux. Concrètement, on les met en avant.
07:39 On préfère que nos consommateurs achètent des produits locaux.
07:42 En boucherie, on a du poulet qui vient de vétrines, qui est juste à côté.
07:47 Mais c'est sûr que derrière, l'agriculteur, moi, il vient, il veut me vendre un produit,
07:58 il me propose son produit, son tarif, je suis prêt à travailler avec lui.
08:02 - Eh bien, le message est passé. Merci beaucoup Alain Mosneau.
08:04 Je rappelle que vous êtes le directeur du Supercut Valdois. Merci d'avoir accepté notre invitation ce matin.

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