Thérèse Hargot est l’autrice de l’essai "Tout le monde en regarde (ou presque)/Comment le porno détruit l’amour" (éd.Albin Michel). La sexologue et thérapeute alerte sur ce qu’elle qualifie de "maladie du siècle". Elle s’inquiète d’un accès sans limite à des images pornographiques auxquelles les plus jeunes sont exposés et invite les responsables à prendre des mesures le plus rapidement possible.
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00:00 Pour moi, la consommation massive de pornographie est une maladie du siècle
00:02 parce qu'elle dit quelque chose de notre époque.
00:04 J'ai un avis hyper tranché sur la pornographie.
00:09 Pour moi, il n'y a rien de bon dans le porno. Rien.
00:11 Dans la consommation de pornographie, on voit à la fois des hommes, des femmes,
00:15 des enfants, des adultes, des plus âgés, de toute catégorie sociale,
00:20 de toute confession aussi.
00:23 La pornographie s'est totalement démocratisée
00:25 et on ne peut pas savoir qui en consomme ou qui n'en consomme pas.
00:27 Justement, encore ce matin, j'avais une consultation avec des parents et leur fille de 9 ans
00:33 qui vient de voir des centaines d'images pornographiques sur son téléphone
00:39 qui a été prêtée par les parents.
00:41 Et des histoires comme ça, j'en ai plein.
00:42 En France, on banalise la pornographie.
00:44 Elle est omniprésente dans les émissions de télé.
00:50 Le langage pornographique, il est hyper présent, évidemment.
00:52 La publicité, les clips, la musique, tout cet univers-là empruntent les codes de la pornographie.
00:57 Ce qui me frappe le plus, c'est que chaque semaine,
01:00 j'interviens dans des lycées en France, partout en France.
01:02 À chaque fois, les jeunes, c'est comme si c'était la première fois
01:05 qu'un adulte leur disait que ce n'était pas normal d'en consommer.
01:08 C'est-à-dire que ça s'est tellement banalisé
01:10 que celui qui n'en consomme pas, c'est lui qui se semble un peu bizarre
01:13 par rapport aux autres qui en consommeraient.
01:15 C'est un symptôme d'un mal-être général par rapport à la sexualité
01:19 mais aussi par rapport à la relation en général.
01:21 Il y a déjà l'histoire de l'écran.
01:23 On n'est plus à l'aise derrière un écran
01:27 que d'aller dans la rencontre avec l'autre.
01:29 Combien d'ados me disent "Mais madame,
01:30 c'est tellement plus facile de regarder du porno que d'aller draguer une fille."
01:33 Ben ouais, en fait, c'est plus facile d'être derrière son écran
01:36 plutôt que d'oser la rencontre authentique.
01:38 La consommation massive de pornographie est renforcée
01:39 par le fait que nous sommes déconnectés,
01:41 non seulement des uns et des autres, mais aussi de la nature.
01:44 Il y a beaucoup de stress, il y a beaucoup de pression aujourd'hui,
01:47 il y a beaucoup d'inquiétudes.
01:48 Et la pornographie, par le shoot de dopamine
01:51 qu'elle permet de nous offrir très rapidement,
01:54 devient un peu une réponse à tous ces mal-êtres de notre époque.
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