Dr Kierzek revient sur l'incroyable sauvetage d'un élève par sa professeure. La semaine dernière, une enseignante a fait un massage cardiaque à un jeune élève de neuf ans, victime d'une crise cardiaque dans la classe. Un massage cardiaque de plus de 20 minutes qui lui a sauvé la vie.
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00:00 On peut tourner au drame, mais ça s'est terminé en très belle histoire, celle d'une enseignante de 57 ans qui s'est retrouvée face à un de ses petits élèves qui faisait un arrêt cardiaque.
00:08 Elle a immédiatement eu le réflexe d'appeler les secours qui l'ont guidée durant tout le massage cardiaque et lui a sauvé la vie.
00:14 Bonjour Dr Kierzek, on m'a parlé de cette histoire. D'abord, comment est-ce que c'est possible d'avoir une crise cardiaque, un petit cœur de 9 ans comme ça, tout frais ?
00:23 Ça paraît dingue.
00:23 Oui, c'est très très rare je crois.
00:24 Oui, c'est rare. L'arrêt cardiaque, ce n'est pas rare du tout. Il y en a plus d'une centaine par jour. Il y a 50 000 décès chaque année d'arrêt cardiaque, 136 par jour.
00:34 Évidemment, c'est plus le tableau classique de l'homme de plus de 55 ans qui fait un arrêt cardiaque.
00:40 Là, on parle de toute la population, des adultes principalement.
00:42 Toute la population. L'immense majorité, c'est plutôt des gens qui ont des facteurs de risque cardiovasculaires. 70 % arrivent à la maison de ces arrêts cardiaques.
00:49 Mais il y a deux catégories de personnes auxquelles on ne pense pas. C'est les enfants.
00:53 Et ça peut arriver. C'est plutôt des problèmes de malformations cardiaques qui n'ont pas été détectés.
00:57 On peut avoir des troubles d'urines, des malformations cardiaques qui n'ont pas été détectés et qui se manifestent par un arrêt cardiaque.
01:03 Et puis, il y a une deuxième catégorie à laquelle on ne pense pas. Ce sont les femmes.
01:06 La première cause de décès maintenant chez les femmes, ce sont les maladies cardiovasculaires.
01:10 On voit bien que ça peut toucher n'importe qui, n'importe quand et n'importe où.
01:14 Et c'est ce qui est arrivé dans une salle de classe avec cet enfant de 9 ans.
01:18 Et heureusement qu'il y a les premiers gestes qui ont été faits.
01:20 Parce que le problème, c'est quand le cœur s'arrête.
01:22 Quand on regarde les séries télé, ça fait le bip. C'est l'électrocardiogramme qui est plat.
01:26 Ça veut dire que le cœur ne pompe plus et ça veut dire qu'il y a plus de sang qui arrive au cerveau.
01:30 Et il n'y a plus d'oxygénation. Et en 3 minutes, malheureusement, c'est un décès irréversible.
01:35 En 3 minutes des cellules cérébrales.
01:37 Mais comment on reconnaît un arrêt cardiaque ? On n'est pas tous médecins.
01:40 Vous parliez du malaise vagal. On peut très bien penser que la personne fait un malaise vagal.
01:44 Sauf que le malaise vagal, on en avait parlé. Vous ne vous sentez pas bien.
01:47 Vous pouvez encore parler. Vous avez vos esprits.
01:49 Là, la personne qui a un arrêt cardiaque, elle tombe, elle s'effondre.
01:53 Elle ne répond pas. Vous allez la stimuler en disant "Oh, tu m'entends, tu m'entends".
01:56 On va essayer de pincer la personne.
01:58 Il ne se passe rien.
01:59 Il ne se passe rien. La personne est inconsciente.
02:01 Et la deuxième chose, c'est qu'on va regarder la respiration.
02:03 Regardez, on met son oreille vers la bouche de la personne.
02:06 Et puis on regarde si la poitrine se soulève ou pas.
02:09 Il n'y a pas de respiration. Il n'y a pas de son, il n'y a pas de lumière.
02:11 Il n'y a pas de mouvement. Il n'y a pas de respiration.
02:13 C'est un arrêt cardiaque. Et là, on demande de l'aide tout de suite.
02:16 Parce qu'on ne va pas pouvoir gérer les choses seul.
02:18 Et on va demander notamment de l'aide pour appeler les secours.
02:21 On a tous un téléphone portable.
02:22 On peut déjà, pendant qu'on est en train d'examiner, prendre son téléphone, faire le 15.
02:26 C'est le super réflexe qu'a eu la maîtresse. Elle a appelé tout de suite les secours.
02:29 Exactement. 15, le SAMU, 18.
02:31 Les pompiers ont fait l'un ou l'autre des numéros.
02:33 Et puis, il y a le 112 qui est le numéro européen aussi, qui est interconnecté.
02:36 Et là, vous allez pouvoir dire, j'ai quelqu'un dans la salle de classe, telle rue, etc.,
02:41 qui est en arrêt cardiaque. Je commence le massage cardiaque.
02:43 Et là, ça va déclencher les secours.
02:45 Donc, les pompiers vont être envoyés. Le SAMU va être envoyé en deuxième intention.
02:49 Et surtout, on va vous dire, et c'est ce qui s'est passé dans la salle de classe,
02:52 on va vous dire, alors, vous allez pratiquer un massage cardiaque.
02:55 Et c'est ça qui a permis de sauver la vie de cet enfant.
02:59 C'est que la maîtresse qui n'avait pas été formée, elle a pu faire le massage cardiaque.
03:03 Ça veut dire qu'on peut tous faire un massage.
03:05 Mais pardon, moi, je ne sais pas faire un massage cardiaque.
03:07 Alors, c'est simple. Vous vous mettez à côté de la victime.
03:10 Vous vous mettez, elle est allongée par terre, évidemment.
03:12 Si elle est sur un lit, vous pouvez le faire.
03:14 Il vaut mieux le faire sur un plan dur pour pouvoir masser le cœur.
03:17 Vous vous mettez à côté et vous allez, avec la paume et le talon de la main,
03:21 vous allez vous mettre au milieu du thorax.
03:23 Vous voyez, le thorax, c'est là, le sternum, à peu près au niveau de la ligne mammaire.
03:26 Vous divisez par deux et vous mettez votre main juste au niveau des seins,
03:31 la ligne mammaire, au milieu, sur le thorax, les bras tendus.
03:34 Et vous allez, il faut faire ça en fait.
03:36 Il faut juste appuyer 100 fois par minute.
03:38 On a une petite vidéo qui montre, c'est extrêmement simple.
03:41 Et c'est ça qu'on dit au téléphone.
03:43 On a mis la musique Staying Alive parce que ça donne le rythme.
03:45 Mais oui, c'est ça.
03:46 C'est 100 fois par minute.
03:47 Donc, vous voyez, les mains, c'est le talon des mains.
03:49 On a les bras qui sont bien verrouillés au niveau des coudes
03:52 parce que ça permet de vraiment descendre verticalement.
03:55 Et en fait, ça fait quoi ?
03:56 Ça va remplacer les mouvements du cœur.
03:58 Et on ne s'arrête pas.
03:59 Et on ne s'arrête pas.
04:00 On continue.
04:01 Vous remarquerez que je ne vous ai pas dit de prendre le poux
04:03 parce que si on ne sait pas faire, c'est compliqué de prendre le poux, etc.
04:06 Le fait d'être inconscient, de ne plus respirer, c'est suffisant pour dire que c'est un arrêt cardiaque.
04:10 La deuxième chose, c'est que si vous ne savez pas faire le bouche à bouche, etc.,
04:13 ce n'est pas la peine de vous embêter à faire le bouche à bouche.
04:15 Et surtout, il y a des formations.
04:17 Et le plus, c'est qu'on vous apprendra aussi, à la cerise sur le gâteau,
04:21 c'est d'utiliser un défibrillateur.
04:23 Et combien de temps il faut continuer ?
04:25 Jusqu'à ce que la personne vous foute une claque en disant "arrête, tu me fais mal".
04:28 Généralement, on sait qu'elle est réanimée.
04:30 Mais souvent, c'est jusqu'à l'arrivée des secours.
04:32 Donc, on continue à faire le massage cardiaque.
04:34 Appelez, massez, défibrillez.
04:36 Et on ne fait pas trois fois la bouche ?
04:38 Non, non, non.
04:39 100 fois par minute, c'est dégueulasse.
04:40 Il pensera moins.
04:41 Et on enfonce ?
04:42 On enfonce 3 à 5 cm.
04:45 Chez un enfant, c'est avec une seule main, évidemment, parce qu'il a un petit thorax.
04:49 Et chez un bébé, on va appuyer avec les doigts, simplement, pour pouvoir appuyer un petit peu.
04:54 Mais la personne, si vous ne faites rien, les chances sont à zéro.
04:58 Les gens ont peur de réagir.
05:00 Il ne faut pas aggraver la situation sur le humain.
05:02 Non, non, non.
05:03 Si elle est en arrêt cardiaque, vous le faites.
05:05 Vous ne pouvez qu'améliorer la situation.
05:06 Bravo à cette institutrice.
05:07 Et allez vous former.