Lenglet-Co and You du 30 janvier 2024
Regardez Lenglet-Co du 30 janvier 2024 avec François Lenglet.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL Matin
00:06 Il est 7h37, Langley Co avec vous François Langley.
00:10 Bonjour à tous.
00:11 François, la filière nucléaire française a subi un sale coup la semaine dernière.
00:15 Oui, de nouveaux retards et de nouveaux surcoûts très élevés qui frappent la construction de la centrale de Hinckley Point.
00:21 C'est au Royaume-Uni dans le Somerset.
00:23 Centrale construite par EDF avec une technologie française, celle des EPR, qui a déjà connu des déboires et qui va être utilisée dans le futur programme nucléaire chez nous.
00:32 Un contre-temps qui devrait en plus avoir de sévères conséquences financières pour notre électricien.
00:38 Bon alors dites-nous tous, c'est combien ces surcoûts et ces retards ?
00:42 Écoutez, initialement Hinckley Point devait être opérationnel en 2025.
00:46 Puis 2027, désormais ça sera entre 29 et 31.
00:51 Le surcoût lui est évalué à 5 milliards de livres sterling, ça fait 6 milliards d'euros.
00:56 Entre l'estimation initiale, quand le projet a été lancé, c'était en 2016 et aujourd'hui, le prix de la supercentrale a quasiment doublé.
01:05 Certains vont même jusqu'à évoquer un prix final de 50 milliards d'euros pour les deux tranches qui vont alimenter 6 millions de ménages en électricité.
01:13 Dites-moi, est-ce que ça ne nous rappelle pas les mésaventures de Flamanville ?
01:16 Si, c'est vrai. Flamanville, l'EPR français le seul, devrait être mis en service enfin cette année, après 12 ans de retard et puis 10 milliards d'euros de surcoût.
01:28 L'autre EPR européen, qui est installé en Finlande, a démarré l'année dernière, mais lui aussi, 13 ans de retard, 7 milliards de surcoût.
01:35 Il n'y a guère qu'en Chine où le même EPR avait été mis en service avec seulement, si je puis dire, 4 ans de retard et 4 milliards de débord.
01:43 Alors soyons précis, est-ce que ça veut dire que cette technologie n'est pas mûre d'une certaine façon ?
01:47 Il faut différencier le diagnostic. Les mésaventures de Flamanville, bon, d'accord, c'était un prototype.
01:52 C'est plus inquiétant pour Inclay Point qui devait justement tirer les leçons de l'expérience.
01:57 En réalité, bon nombre des difficultés d'aujourd'hui proviennent du fait que, on n'a plus les compétences, les ressources humaines, pour réaliser des objets industriels si complexes.
02:06 Parce qu'on n'a pas construit de centrale nucléaire pendant 30 ans. C'est toute une filière qu'il faut remettre sur pied avec son savoir-faire et c'est long.
02:14 Dites-moi, qui va payer tous ces surcoûts que l'on décrit ?
02:17 C'est EDF. C'est EDF qui va assumer ses 6 milliards d'euros. C'est par contrat, 6 milliards d'euros, une paille.
02:24 EDF déjà surendetté à 65 milliards d'euros, qui doit également relancer un programme ambitieux en France, un programme d'au moins 6 réacteurs,
02:33 peut-être de 8 de plus à terme d'ailleurs, si on se fie aux déclarations récentes d'Agnès Pannier-Runacher, qui était à l'époque ministre de l'énergie.
02:42 En plus, à l'origine d'Inclay Point, il y avait un autre partenaire, une entreprise chinoise associée au projet et au risque, mais elle est en train de s'en dégager.
02:51 EDF se retrouve donc seul au front, en espérant que le gouvernement britannique va rallonger la sauce.
02:57 Dites-moi pourquoi EDF est allé se fourrer dans cette galère ?
02:59 C'était un pari. Vous savez, à l'époque d'ailleurs, le directeur financier de l'entreprise avait démissionné, estimant que le risque financier était trop important.
03:08 Mais EDF s'est quand même lancé dans l'affaire pour faire vivre la technologie EPR, justement, dans laquelle elle croyait,
03:15 et puis pour maintenir les compétences dans la perspective d'un redémarrage du nucléaire.
03:19 A l'époque, le ministre de l'économie avait fermement soutenu le projet pour cette raison-là. Il s'appelait Emmanuel Macron.
03:27 Huit ans plus tard, une question monte pourtant. Alors que les bénéfices de la courbe d'apprentissage ne sont pas encore manifestes,
03:35 EDF a-t-elle les capacités industrielles et financières pour mener à bien simultanément des projets à l'international,
03:42 notamment le méga-projet d'Inclave Point et la relance du nucléaire en France ?
03:47 Merci beaucoup, François.
03:48 France 2.