• il y a 11 mois
Jérôme Bayle, leader de la contestation du monde agricole en Haute-Garonne était l'invité de BFMTV pour répondre aux questions sur la colère des agriculteurs. Il répond également à la polémique sur les réseaux sociaux prétendant qu'il aurait donné son RIB au ministre de l'Agriculture.

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Transcription
00:00 — Merci à vous d'être en direct avec nous ce matin, je le disais, un des leaders du mouvement. Mais vous avez décidé, après avoir entendu les propositions,
00:07 les premières propositions de Gabriel Attal vendredi dernier, de lever le camp d'une certaine manière sur l'autoroute A64 chez vous du côté d'Agen.
00:15 Il n'y a pas de regret ce matin d'avoir levé le camp ?
00:20 — Déjà, c'était pas à Agen. Excusez-moi, c'était au sud de Toulouse, à Carbone. — C'est à Carbone. Pardon, vous avez raison.
00:25 — Et de deux, je vais vous dire. Des regrets, oui et non, puisque nous, on a tenu notre parole. On avait 3 engagements et la venue de Gabriel Attal
00:38 sur le pont de l'autoroute. Donc on était obligés de tenir parole, parce qu'autrement, aujourd'hui, tout le monde nous taperait dessus en disant
00:44 qu'ils n'ont pas tenu parole. Mais c'est pas pour ça que je soutiens pas et qu'on soutient pas le mouvement de tous les autres agriculteurs. Au contraire.
00:53 — Et vous soutenez ceux qui, là, décident précisément d'aller bloquer Paris, ceux qui ciblent, notamment venus du sud-ouest, ceux qui ciblent l'Orangis.
01:01 Vous soutenez ces méthodes-là ? — Mais bien sûr, au bout d'un moment. Nous, au début, on est partis. On était un groupe de copains.
01:10 On n'avait aucun syndicat avec nous. On n'avait rien du tout. On est partis en nom propre sur l'autoroute. On pensait pas que ça prendrait une ampleur nationale.
01:17 Ça prend une ampleur nationale. Maintenant, les syndicats reprennent le flambeau. Et c'est le but. Comme j'ai dit hier après-midi à Arnaud Rousseau,
01:24 on a lancé la roue. La roue avance. Eh bien il faut continuer à la faire avancer pour que l'agriculture française en sorte gagnante.
01:32 — Vous avez donc parlé avec le patron de la FNSEA. Qu'est-ce que vous vous êtes dit, hier ?
01:38 — On se parle depuis le début du blocage qu'on a mis en place, nous, il y a 15 jours. On se parle. On a communiqué beaucoup.
01:46 Mais je vais vous dire, même si on m'a identifié comme le leader de la révolte agricole, il faut pas oublier que maintenant,
01:54 ceux qui ont le pouvoir au gouvernement et auprès des autorités, ça reste quand même les syndicats agricoles.
02:00 Donc Jérôme Oba et la non-propre simple agriculteure du Volvestre ne peuvent pas malheureusement gérer et entendre tous les problèmes
02:07 de tous les agriculteurs français. — Effectivement. Je reviens à Rungis, parce que certains agriculteurs, on voit,
02:14 montent vers la capitale pour essayer de bloquer Rungis, même si Gérald Darmanin a dit que c'était une ligne rouge.
02:18 On entendait tout à l'heure sur des barrages. Des agriculteurs disent « Écoutez, s'il faut affamer les Parisiens pendant quelques jours,
02:23 on le fera ». Est-ce que vous validez là aussi le fait d'aller aussi loin que ça ?
02:30 — La balle est dans le camp de l'État, maintenant. Il faut qu'ils prennent ces responsabilités. Moi, j'en ai parlé à M. Attal.
02:39 On en a eu parlé. Et voilà. Maintenant, je pense qu'ils ont fait des premières annonces, on va dire, vendredi dernier,
02:47 un peu dans l'urgence, parce que nous, on tenait bon. Et voilà. Maintenant, ils vont continuer. Il faut que le mouvement continue.
02:56 Et il faut trouver des solutions pour que les agriculteurs français arrivent à s'en sortir et vivent de leur métier,
03:00 et de tout domaine et dans toutes les régions. — Quitte à durcir la méthode.
03:05 — Mais qu'est-ce que... On va pas appeler à la violence, parce que depuis le début, c'est pas ça. Mais à durcir... On peut durcir dans le mouvement.
03:12 Moi, le premier, je le dis et je le répète, j'attends le 5 février pour que je dépose mon dossier MHE pour la maladie hémorragique épisodique
03:22 comme ils se sont engagés. Et s'ils tiennent pas leur parole, comme je l'ai dit, eh ben on remettra un peu le Bronx dans le pays.
03:29 Mais je leur réponds tout simplement que nous, quand on est rentrés sur l'autoroute, on était 300. Et il y en a, ils se sont réveillés
03:36 qu'il y a 2 jours pour bloquer le pays. Donc moi, quand je suis parti, j'avais aucune garantie. Et on avait aucune garantie.
03:43 On avait aucun soutien de personne. On avait aucun syndicat qui nous soutenait. Et j'ai même un responsable syndical
03:51 qui m'a appelé. Il m'a dit : « Mais tu fais quoi ? Tu comptes avoir quoi comme poids ? Toi, sans étiquette derrière ».
03:58 Eh ben j'ai répondu « Eh ben 300 personnes à 90 kg, ça fait 27 tonnes ». Voilà. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?
04:04 Nous, on n'a pas été gourmands. On est partis sur 3 revendications qui nous plaisaient pas. On a eu les 3 revendications.
04:10 Je m'étais engagé que si on avait ces revendications-là, on lèverait le barrage. Dites-vous que les gens qui me critiquent aujourd'hui
04:17 parce que j'ai levé le barrage, ça aurait été peut-être les premiers qui m'auraient critiqué si j'avais continué en disant
04:22 que j'aurais pas été de parole. Voilà. Donc on le sait très bien. — Je vous entends les soutenir avec les blocages aujourd'hui.
04:27 Jérôme Baille, je vous entends les soutenir, les blocages aujourd'hui. Vous dites pas qu'il y a de la récup de la part de certains syndicats ?
04:34 — Mais c'est leur rôle. Le rôle de sauver l'agriculture française, c'est pas Jérôme Baille qui l'a. C'est les syndicats.
04:41 C'est les syndicats qui, depuis des années, négocient et doivent faire entendre la voix des agriculteurs.
04:46 C'est pas un simple agriculteur avec une casquette à l'envers, une barbe qui fout un coup de gueule sur la place de Capitole. Voilà.
04:53 Après, pour ceux qui disent que j'ai cédé trop facilement, il n'y a pas de souci. Mais du temps que nous, il y avait des mecs
04:59 qui dormaient à -7°C dans une caisse à céréales, il y en a qui étaient au lit, bien tranquillement chez eux.
05:05 Donc voilà. Nous, on s'est jamais lancés pour être les sauveurs de l'agriculture française. Nous, on a dit qu'on va faire un mouvement
05:12 pour faire entendre notre colère, parce qu'on n'était pas d'accord aux annonces de la FRSEA qui nous demandaient d'attendre
05:18 après le salon d'agriculture pour repartir à manifestation. — Vous avez fait ça, avant. — Après, ça a pris une appeur nationale. Tant mieux.
05:24 — Jérôme Bail, quand vous entendez les critiques, quand vous voyez les messages circuler sur vous, sur les réseaux sociaux notamment,
05:31 est-ce que vous avez pu avoir peur, ce week-end aussi, peur pour vous ? — Mais bien sûr que non. Bien sûr que non. Dites-vous un truc.
05:40 C'est que ces gens-là qui parlent sur les réseaux sociaux, en 40, je sais pas de quel côté ils auraient été.
05:47 Du moins, moi, je me doute. Mais c'est pas eux qui auraient été les premiers au front. — Bon. Et qu'est-ce que vous leur dites ce matin ?
05:53 — Les gens qui parlent sur les réseaux sociaux, dites-vous... Qu'ils y aillent sur le terrain. Les gens, je vais vous dire...
06:00 Moi, je reçois plus de 100 messages à 200 ou 300 messages par jour. Il y a 99 % des gens qui me soutiennent et qui me remercient
06:09 d'avoir laissé le mouvement. Je sais pas s'ils se rendent compte que nous, on est agriculteurs. On est agriculteurs.
06:16 Moi, j'ai une ferme. C'est ma mère de 75 ans qui soignait les vaches pendant 10 jours. Voilà. Mais c'est pas pour ça que j'ai appelé...
06:25 Et je pense que vous l'avez bien entendu. J'ai jamais appelé à lever tous les barrages de France. Mais moi, j'ai une parole.
06:32 Je m'étais engagé que si j'avais les 3 revendications que je demandais et la venue de Gabriel Attal sous le pont de l'autoroute,
06:40 je lèverais le barrage. Ils ont coché toutes les cages. Donc je tiens ma parole. C'est tout.
06:46 — Question en plateau pour vous, Jérôme Bel, de Gaëtan Bélin, la chaîne du service économie de BFMTV.
06:50 — S'il y avait une revendication à laquelle le Premier ministre ou le président de la République devraient répondre en ce moment
06:57 pour venir en aide à tous les autres agriculteurs... On a bien compris que vous, vous aviez 3 revendications qui ont obtenu
07:04 le gain de cause. Mais s'il y en avait une, selon vous, qu'il faudrait absolument satisfaire pour aider ces agriculteurs,
07:12 quelle serait-elle ?
07:15 — La concurrence déloyale, tout simplement. En France, on importe des produits qui utilisent... Par exemple, sur des produits bio,
07:23 qui utilisent des matières actives qui sont interdites en France et qui s'utilisent, eux, sur des produits bio à l'étranger.
07:29 La concurrence déloyale. On importe du maïs et du soja OGM, alors qu'en France, c'est interdit. Que des trucs comme ça.
07:37 On importe de la céréale qui utilise des matières actives qui sont interdites en France. C'est la concurrence déloyale.
07:43 Bien sûr que c'est ça. Il faut que l'État fasse un peu plus attention.
07:48 — Question également de Laurent Neumann pour vous. Laurent. — Oui. La question quand même de base, c'est comment faire en sorte
07:55 que les agriculteurs vivent de leur travail. Or, je vois bien qu'il y a des dizaines, voire 140 propositions.
08:02 Donc évidemment, le gouvernement peut pas répondre à ces 140 propositions immédiatement. Mais le sujet – vous parlez de la concurrence déloyale,
08:10 des 3 revendications pour lesquelles vous avez obtenu gain de cause – mais tout ça mis de bout à bout ne répond pas à la question majeure
08:18 comment les agriculteurs peuvent vivre de leur travail en travaillant 70 heures par semaine. C'est bien ça, le sujet, au fond.
08:27 — Oui, je suis d'accord. Mais est-ce que... Alors je veux pas être l'avocat du diable, mais est-ce que c'est que la faute du gouvernement ?
08:36 Dites-vous que dans les collectivités locales et territoriales, on mange pas de viande française, ou très peu.
08:42 Donc moi, comme j'ai dit, on a gagné 3 mesures nationales, nous. Mais par contre, on a recréé du contact avec le Conseil départemental,
08:50 avec la région, avec les collectivités locales, les communautés d'agglo. Et dès cette semaine, on doit se voir pour mettre en place des plans
08:59 pour que les enfants dans les écoles mangent français. C'est pas que les 140 mesures. C'est un tout. Au bout d'un moment,
09:07 c'est qu'il faut redonner de l'importance à l'agriculture française, mais pas que nationale. C'est aussi départemental.
09:14 — J'ai une question encore pour vous, Jérôme Bail. On se souvient, la semaine dernière, en direct, dans cette même émission,
09:18 de votre émotion après avoir appris la mort d'Alexandra, une de vos amies, sur un barrage qui avait été monté par les agriculteurs.
09:27 La mort d'Alexandra, de sa fille également, Camille. Est-ce que vous avez des nouvelles du papa, du père de Camille, du mari d'Alexandra,
09:35 qui a aussi été grièvement blessé la semaine dernière ? — Eh ben oui. J'en ai eu hier après-midi. Hier à midi et demi ou 1 heure, c'était.
09:46 J'étais dans mon tracteur et j'ai reçu un message de Jean-Michel qui m'a dit « Merci pour tout. Merci pour les agriculteurs et merci pour ma famille ». Voilà.
09:54 — Bon. Vous savez comment il va aujourd'hui ? — Et ça m'a touché. On a un peu discuté. Eh ben il doit sortir de l'hôpital aujourd'hui. Voilà.
10:02 — Bon. Merci beaucoup. Merci, Jérôme Beil, en tout cas. — Mais il ne pourra pas retravailler demain. Mais il ne pourra pas retravailler demain.
10:07 Et c'est pour ça que par le biais de la solidarité, eh ben il y a des agriculteurs qui vont sur sa ferme et des gens qui ont donné pour faire la cagnotte en ligne,
10:19 pour payer le service des gens du service remplacement pour que son exploitation continue à fonctionner.
10:26 — Merci beaucoup, Jérôme Beil. Une toute ultime question. Jérôme Beil à Paris sur un des points de blocage. C'est possible, ça ?
10:33 — Allez-y. Allez-y. C'est pas impossible. C'est pas impossible. — C'est pas impossible, c'est-à-dire que c'est prévu ou pas ?
10:41 — C'est pas impossible, je dis. Vous savez, rien à la vie, rien n'est impossible. On a réussi à faire venir un ministre de l'Agriculture et un Premier ministre
10:51 sous un pan d'autoroute à 8 heures du soir. Ça l'accorde, sa sécurité. C'est pas impossible que Jérôme Beil, il prenne l'avion et il monte à Paris.
11:00 — Bon. Au moins, c'est dit. Merci beaucoup. Merci, Jérôme Beil. Merci d'avoir été en direct avec nous.

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