Laurent Astruc Directeur Interdépartemental de la Police Nationale

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Laurent Astruc Directeur Interdépartemental de la Police Nationale invité du 6-9 France Bleu Roussillon ce lundi 29 janvier 2024.
Transcript
00:00 Et notre invité c'est le nouveau patron des policiers dans le département. Depuis le 1er janvier, il chapeaute tous les services de sécurité publique
00:06 police judiciaire, police aux frontières notamment. Au total, 900 agents de police sous ses ordres
00:12 et les dossiers chauds à traiter sont nombreux en ce moment sur son bureau. Notre invité ce matin, Tanguy Bocconi
00:19 c'est donc le directeur interdépartemental de la police nationale.
00:22 Et bonjour Laurent Instruct. Bonjour à tous. Et merci d'être avec nous en studio ce matin. Alors on va parler de cette réforme de la
00:28 police nationale et d'un nouveau périmètre et de tous les services que vous pilotez. Mais avant on va aborder un petit peu les dossiers d'actualité
00:35 qui sont assez nombreux. On va commencer par celui du commissariat de Perpignan. Il y a une dizaine de jours, vendredi dernier,
00:41 le commissariat a situé Avenue de Grande-Bretagne. Il a dû être partiellement
00:44 évacué. Ça fait suite à l'apparition soudaine de fissures dans le sol et les murs du bâtiment. Un bâtiment qui date des années 60.
00:50 Les experts ont conclu à l'absence de péril imminent.
00:53 Ça veut dire que rien ne va changer pour les quelques 200 policiers qui y travaillent.
00:58 Alors une évacuation qui est une évacuation préventive. Le temps que
01:02 les spécialistes des risques bâtimentaires des pompiers nous fassent une première analyse en urgence et qu'on fasse venir
01:08 une agence de certification qui nous a permis d'écarter tout risque imminent.
01:14 Ce sont les termes de ces spécialistes.
01:18 Ça a quand même frappé les hommes qui travaillaient dedans. C'est pas un audain. Il y a eu une grande craque, d'un seul coup une fissure.
01:23 Bien sûr, c'est pour ça qu'on prend ça très au sérieux. Et ça rentre aussi
01:29 dans le vieillissement normal de ce bâtiment. Comme toute maison qui, avec la sécheresse, on a quelques fissures qui peuvent apparaître.
01:35 Les effets sont un petit peu plus
01:38 impressionnants lorsqu'un bâtiment fait plus d'une dizaine de mètres. Donc on a eu
01:44 une petite ouverture au niveau d'un joint de dilatation mais qui ne présente pas de danger pour le personnel.
01:49 C'est un bâtiment, je vous le disais, qui est assez ancien. Il date de 1962.
01:53 Nous avons un projet de relocalisation qui, dans le cadre de la réforme,
01:56 sera le bienvenu puisque ça doit nous permettre de regrouper en un seul lieu
02:02 l'ensemble des services de la police nationale. On aura encore un peu plus de cohérence, cette fois-ci,
02:08 physique par rapport à la cohérence d'organisation qui est la nôtre maintenant.
02:11 Mais est-ce que ça va accélérer ce déménagement ? Ça fait plus de dix ans que les syndicats alertent un petit peu sur l'état de Vétusté,
02:17 des locaux, de la défissure. Voilà, ils se plaignent de l'état du bâtiment
02:22 qui est assez ancien, qui mériterait un coup de frais, c'est le moins qu'on puisse dire. Est-ce que vous avez de la visibilité par rapport à ça ?
02:28 Alors, de la visibilité ? Sur un déménagement possible ?
02:31 Alors, je n'ai pas une date, je ne vais pas pouvoir donner une date dessus.
02:35 C'est un bâtiment, vous l'avez évoqué, qui était certainement le nec plus ultra des bâtiments des hôtels de police en 1962
02:41 parce qu'il répondait parfaitement aux besoins de l'époque.
02:46 Aujourd'hui, par rapport à toutes les réformes,
02:49 en termes de procédure, en termes d'accueil du public, en termes d'attention à la population,
02:54 nous avons besoin de modifier, de nous agrandir, nous avons besoin de locaux un peu plus vastes et différents.
03:01 Ce qui fait qu'un certain nombre de projets ont été mis à l'étude depuis quelques années.
03:05 Nous avons eu quelques déconvenus sur des problèmes d'urbanisme
03:08 et des problèmes avec l'évolution des normes aussi, qui ne nous permet pas de nous mettre où on avait peut-être envisagé à un moment.
03:13 Là, nous avons un projet, les études de faisabilité sont faites, puis ce projet, il en est à l'ultime étape maintenant.
03:19 C'est la décision, parce qu'il y a un moment, il y a un choix à faire au plus haut niveau pour le financement.
03:24 On ne peut pas tout financer en même temps.
03:25 On attend et on espère que notre dossier sera retenu sur la prochaine vague de construction.
03:33 - Et dans l'attente, ce sera ma dernière question sur le sujet, il y a eu des modifications récemment ?
03:37 - Dans l'attente, il y a un certain nombre de mesures qui ont été prises.
03:39 Déjà, à l'endroit où la fissure est apparue, on a isolé, neutralisé le temps de faire des travaux,
03:46 qui sont des travaux assez rapides, assez simples à faire.
03:48 Et puis, on a un premier projet pour nous étendre un petit peu,
03:53 à la fois dans le cadre de la mise en place de la réforme de la police nationale,
03:56 mais pour répondre un peu plus à la qualité de l'accueil qu'on doit à nos concitoyens
04:01 et aux conditions de travail des enquêteurs.
04:04 - C'est-à-dire ?
04:05 - C'est-à-dire qu'on va rechercher, on est en recherche et on est sur un projet de récupérer 500 m²
04:14 pour y installer la partie direction, le service de soutien opérationnel et l'état-major.
04:19 - Donc gagner un peu de place.
04:20 - Voilà, ce qui permettra de gagner beaucoup de place,
04:22 et notamment ce gain de place pour l'accueil des usagers
04:29 et l'enquête du premier niveau, notamment de la division de l'action judiciaire.
04:32 - Laurent Astruc, directeur interdépartemental de la police nationale.
04:36 Autre sujet, lors de l'audience solennelle de rentrée du tribunal hier,
04:39 le procureur de la République a évoqué une baisse de la délinquance.
04:43 Bonne nouvelle, à Perpignan, baisse de 10% en zone police sur l'année 2023.
04:47 Un motif de satisfaction, je suppose pour vous.
04:50 Mais dans le même temps, cette délinquance a augmenté de 10% en zone gendarmerie.
04:55 Alors forcément, la similitude des chiffres interpelle.
04:58 Est-ce que c'est une coïncidence ou un principe de vase communicant ?
05:01 C'est-à-dire moins de délinquance en zone police,
05:04 mais une délinquance qui se serait déportée dans les communes autour de Perpignan ?
05:08 - Déjà oui, 10%, 10%, après il faut voir par rapport au volume.
05:14 Et quand on regarde les volumes, on n'est pas sur des vases communicants.
05:17 Alors il peut y avoir peut-être un petit peu un transfert,
05:20 parce que si les délinquants se trouvent un peu en insécurité,
05:23 parce que la présence de policiers est trop forte pour eux,
05:27 ils peuvent être un petit peu dissuasés.
05:30 Mais après, ça dépend aussi, il faut analyser dans les chiffres,
05:33 et le type de délit, parce que là on est sur un chiffre...
05:36 - C'est quand même une baisse, c'est pas juste un déplacement de la criminalité.
05:40 - Non, il y a une baisse, parce que les modes d'action ont été transformés,
05:45 il y a de la coopération qui se fait aussi beaucoup plus,
05:48 c'est beaucoup plus transparent, beaucoup plus fluide,
05:51 parce qu'aussi avec nos camarades de la gendarmerie, on travaille dessus,
05:54 il y a des dossiers sur lesquels on communique beaucoup,
05:57 nos services sont en lien les uns avec les autres,
06:00 ce qui permet d'être un peu plus efficace contre la délinquance.
06:04 Après, sur la délinquance en zone police nationale,
06:07 oui, elle est de 10%, mais l'intérêt aussi,
06:10 c'est qu'elle baisse sur tous les domaines,
06:12 que ce soit pour les atteintes aux personnes, ou que ce soit pour les atteintes aux biens.
06:15 - Oui, ça va être ma question, c'est quoi qui a baissé un petit peu tout en fait ?
06:18 - C'est un petit peu tout qui a baissé,
06:21 parce qu'on est au niveau des atteintes volontaires à intégrité physique,
06:24 donc tout ce qui est contre les personnes, on en baisse de 6%,
06:27 et sur les atteintes aux biens, on baisse de 16% sur la zone police,
06:31 ce qui est un peu plus encourageant.
06:34 - Laurent Astruc, des policiers ont manifesté jeudi dernier au PH du Boulou,
06:38 sous la bannière du syndicat Alliance,
06:40 ils protestaient parce que beaucoup seront privés de congés cet été,
06:43 alors c'est pas propre au PO, on va le dire tout de suite,
06:45 c'est par rapport à l'organisation des Jeux Olympiques à Paris,
06:48 qui va mobiliser sans doute énormément de monde
06:51 par rapport au maintien de l'ordre et à la sécurité.
06:54 Vous comprenez un petit peu cette colère des policiers
06:57 du fait qu'ils seront privés de congés pour un nombre d'entre eux ?
07:02 - L'organisation des Jeux Olympiques c'est une fois par siècle,
07:08 il y a un programme très ambitieux au niveau de la capitale,
07:13 ne serait-ce que pour la cérémonie d'ouverture,
07:15 qui va requérir énormément de policiers et de gendarmes
07:18 pour assurer la sécurité.
07:20 Bien entendu que les forces en présence en région parisienne,
07:24 même les forces mobiles ne seront pas suffisantes,
07:27 et on va demander la solidarité de tous les policiers de France,
07:31 et donc quel que soit l'endroit,
07:33 à moins que des villes n'aient à accueillir des épreuves,
07:37 il va y avoir un recours aux renforts,
07:40 et tout le monde sera concerné.
07:44 Pour ce faire, le ministre a décidé que sur une période noire,
07:50 il n'y aurait pas de congés d'accordés,
07:53 on serait à 100% modulo quelques exceptions qui sont listées,
07:59 alors que d'habitude on a un taux d'effectifs qui est en congés,
08:04 ce taux d'effectifs servira à aller renforcer la région parisienne.
08:09 L'action des organisations syndicales était pour demander une clarification,
08:14 et avoir tous les éléments,
08:16 et de passer un certain nombre de demandes indemnitaires en la matière.
08:24 Les organisations syndicales demandent un montant,
08:28 et après le budget, ils auront certainement une réponse très rapidement.
08:31 Laurent Astruc, directeur interdépartemental de la police nationale,
08:36 on va parler de cette fameuse réforme de la police que vous inaugurez,
08:39 mise en place depuis le 1er janvier,
08:42 vous chapeautez désormais 900 agents des différents services,
08:46 la sécurité publique, la police judiciaire, la police frontière, mais pas que.
08:49 Expliquez-nous en quelques mots en quoi,
08:52 parce que le but c'est de gagner en efficacité,
08:54 qu'est-ce qui vous permet en centralisant tout ça, d'être plus efficace sur le terrain ?
08:58 Déjà il faut dire que c'est une réponse,
09:00 ce n'est pas une réforme qui est venue comme ça.
09:02 Il y a eu un certain nombre de discussions avec les acteurs territoriaux,
09:07 avec tous les partenaires, avec les élus,
09:10 au cadre du Livre blanc de la sécurité en 2020,
09:12 ou le Beauvau de la sécurité en 2021,
09:14 sont partis sur un constat.
09:16 Le constat c'était que l'efficacité de l'action de la police nationale
09:18 pâtissait de son morcellement.
09:20 Donc on est allé, il a fallu pour répondre à ce constat,
09:25 il a été décidé d'une régularisation totale de la police nationale,
09:31 et c'est une réforme qui est énorme,
09:33 puisqu'il faut remonter à 1966 avec la création de la police nationale,
09:37 la sécurité, pour avoir une réforme.
09:40 C'est un peu un Big Bang pour vous ?
09:42 Ce n'est pas tout à fait un Big Bang,
09:44 parce qu'un Big Bang c'est d'un moment à l'autre,
09:47 c'est-à-dire qu'à 23h59, le 31 décembre, on aurait eu le Big Bang.
09:51 Non, c'est quelque chose de très important,
09:54 ce n'est pas un petit édifice qu'on est en train de construire,
09:56 remettez-moi l'image, c'est une cathédrale,
10:00 on est en train de monter une cathédrale.
10:01 Alors là on a les fondations, on a les murs,
10:03 mais on a encore beaucoup de travail
10:05 pour créer cet édifice, un édifice grandiose.
10:08 On a encore les rosaces, on a encore les vitraux,
10:10 on a encore tout ça à mettre,
10:11 mais ce n'est pas tout à fait un Big Bang.
10:13 Le but, et c'est une réforme qui, il faut le souligner,
10:18 ce n'est pas une réforme qui est là pour faire des économies,
10:20 c'est une réforme qui est là pour améliorer l'efficience.
10:24 Nous étions une police efficace,
10:26 nous sommes efficaces, et on a parlé des résultats il y a quelques secondes,
10:29 il faut qu'on soit plus efficient,
10:32 et là on est dans le cercle vertueux de la performance,
10:34 on est efficaces et efficients, on est performants.
10:37 Et ça, on doit ça à nos concitoyens,
10:39 parce que ce qui est le fil rouge de cette organisation,
10:45 c'est de mieux répondre aux enjeux de la criminalité, surtout,
10:48 et d'offrir à nos concitoyens un meilleur service public de la sécurité.
10:53 Alors ça, c'est en décloisonnant,
10:55 en mettant beaucoup plus de fluidité entre les différents services,
10:59 en permettant des appuis systématiques et immédiats
11:02 d'une filière à l'autre,
11:04 parce que c'était le constat, on était en tuyau d'orgue,
11:07 on supprime ces tuyaux d'orgue, mais pas que,
11:10 on n'est pas que dans l'organisation, il n'y aura plus une gouvernance
11:13 zone à l'eau nationale, cette gouvernance va aller au niveau départemental.
11:16 Il n'y a pas que ça, parce qu'on va réformer aussi la façon de recruter,
11:19 la façon de former avec la création d'une académie,
11:21 et puis on réforme surtout aussi le soutien aux policiers,
11:25 où nous avions jusqu'à maintenant beaucoup de services
11:27 qui étaient des services de gestion,
11:29 ou des services administratifs et financiers,
11:31 mais aussi de soutien, comme le mot l'indique,
11:34 leur vocation première c'est d'apporter un soutien aux gens
11:36 qui sont sur le terrain, aux gens qui sont les enquêteurs,
11:40 à tous les policiers qui offrent quelle que soit leur spécialité.
11:42 Merci beaucoup, on aura l'occasion d'en reparler,
11:45 en tout cas sur France Bleu Roussillon.
11:47 Laurent Astruc, nouveau directeur interdépartemental de la police nationale,
11:50 vous étiez notre invité ce matin sur France Bleu, merci.
11:52 Merci à vous.

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