• il y a 11 mois

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Transcription
00:00 Si la musique a parfois résonné à l'entrée des centres de mise à mort,
00:05 c'était pour éviter des mouvements de panique,
00:07 mais l'entrée des centres de mise à mort était très loin des chambres à gaz.
00:10 Donc cette musique qui était jouée, elle servait à couvrir les cris des victimes
00:15 qui étaient beaucoup plus loin, justement, arrivées aux chambres à gaz.
00:19 Donc c'était pour rendre le tout plus productif, plus efficace,
00:23 pour éviter de perdre du temps, parce que s'il y avait eu un mouvement de révolte
00:26 à l'entrée d'un centre de mise à mort, il aurait fallu fusiller tout le monde
00:29 et ça aurait pris beaucoup de temps.
00:31 Donc il faut toujours imaginer que ce qui guide le troisième rail,
00:35 c'est cette productivité dans la machine de mise à mort.
00:38 Il n'y aurait aucun intérêt à jouer de la musique dans une chambre à gaz
00:42 ou à l'entrée d'une chambre à gaz, puisque les gens étaient déjà condamnés
00:45 et que tout se faisait très rapidement.
00:47 Il pouvait aussi y avoir l'utilisation de la musique pour accompagner des punitions.
00:51 Et là, c'est une vision un peu, c'est un usage chaddique,
00:54 c'est-à-dire qu'on va rajouter de l'humiliation par des paroles
00:58 qui font écho à la réalité du prisonnier.
01:00 Par exemple, faire jouer la chanson "J'attendrai"
01:03 pour accompagner une cérémonie liée à une exécution d'un fugitif.
01:08 La musique a créé beaucoup de syndromes post-traumatiques.
01:12 Par exemple, on entend dans l'exposition une musique de cirque,
01:15 la musique de cirque la plus connue, qui était une marche militaire du XIXe siècle,
01:19 qui était jouée pour accompagner les commandos le matin et le soir.
01:22 Et cette musique de cirque, évidemment que les survivants
01:25 qui l'ont entendue ailleurs au cirque après la guerre,
01:28 ça les renvoyait immédiatement dans le camp.
01:30 Parfois, certains SS s'adjoignaient les services de détenus pour des soirées privées.
01:35 Et dans ces cas-là, le répertoire était parfois inattendu,
01:38 puisqu'ils pouvaient demander du jazz,
01:39 alors que le jazz était quand même considéré comme dégénéré sous l'Allemagne nazie.
01:43 Ils pouvaient aussi demander de la musique dite "Zigane",
01:46 alors que c'était une musique qui n'avait pas les faveurs de régime non plus.
01:49 Et puis, il pouvait y avoir aussi de la musique populaire, de musique de film.
01:53 Finalement, ce qu'on entend dans les camps, c'est un peu la bande-son du 3e Reich,
01:56 c'est-à-dire tout ce qui résonnait au même moment dans l'Allemagne nazie.
01:59 Le camp de Birkenau, où les autorités étaient très mélomanes,
02:02 et Burenwald également,
02:04 les détenus ont réussi à être dispensés de tout autre travail.
02:08 Donc l'orchestre répétait à plein temps dans son propre barraquement.
02:11 Dans d'autres camps où les détenus n'étaient pas dispensés de travail supplémentaire,
02:15 ils jouaient le matin, posaient leur instrument, allaient travailler,
02:19 rentraient un peu plus tôt le soir et jouaient pour le retour des commandos.
02:22 Mais par contre, les chefs d'orchestre, dans ces cas-là,
02:24 essayaient de négocier pour que les détenus soient dans des commandos moins pénibles,
02:29 qui notamment épargnent leurs doigts.
02:31 Donc ils étaient très souvent affectés à l'épluchage des pommes de terre,
02:34 qui était un des meilleurs commandos dans les camps,
02:36 puisque l'on avait une source de chauffage et surtout beaucoup de nourriture à disposition.
02:40 Les témoignages de survivants concernant la musique,
02:42 qui sont un peu de deux sortes finalement.
02:44 Il y a les personnes qui ont survécu grâce à la musique,
02:46 donc les musiciens et les musiciennes des orchestres,
02:49 qui témoignent du fait que ça leur permettait parfois de supporter les pires heures de leur vie,
02:54 de s'échapper moralement, intellectuellement, spirituellement.
02:57 Il y avait plein de processus de résistance qui rentraient en jeu.
03:00 Et puis il y a aussi des musiciens et musiciennes d'orchestre
03:03 qui ont conçu un énorme sentiment de culpabilité après la guerre,
03:06 qui ont eu l'impression d'avoir finalement collaboré,
03:08 en jouant notamment pour des exécutions,
03:10 et qui ont eu des crises d'angoisse énormes à l'approche de leurs instruments,
03:14 qui n'ont plus jamais joué.
03:16 #Sous-titres par El Micà
03:19 et à bientôt.

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