Jennifer Kerner est archéologue. Elle est venue nous parler du paléolithique supérieur et plus particulièrement de la vie des femmes à cette époque.
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00:00 Est-ce que vous connaissez véritablement les femmes de la Préhistoire ?
00:02 Moi je suis sûre qu'elles peuvent encore vous surprendre.
00:04 Alors la Préhistoire c'est une très longue période de temps,
00:07 qui comprend aussi bien la présence des dinosaures
00:10 que la présence des Gaulois par exemple.
00:12 Et à l'intérieur de la Préhistoire se trouve une période plus précise qu'on appelle le Paléolithie.
00:16 Moi je vais vous parler surtout du Paléolithique supérieur,
00:19 c'est-à-dire d'une période qui commence aux alentours de 35 000 avant notre ère,
00:24 jusqu'à l'arrivée de l'agriculture et la domestication des animaux,
00:28 autour de 5000 avant notre ère pour la France.
00:31 Alors pendant le Paléolithique supérieur, les femmes sont extrêmement robustes.
00:36 Ce sont des femmes plutôt grandes, elles font en moyenne 1m70.
00:39 On connaît la couleur de leur peau, la couleur de leurs yeux,
00:42 et même la nature de leurs cheveux.
00:44 Tout ça c'est grâce aux paléogénéticiens qui analysent l'ADN ancien
00:48 et qui retrouvent les codes génétiques de ces particularités physiques.
00:51 Donc on sait que la femme préhistorique était noire de peau,
00:54 avec beaucoup des yeux bleus, et évidemment des cheveux crépus.
00:57 Les femmes, elles sont athlétiques, elles sont robustes,
01:00 elles sont grandes, elles sont en bonne santé.
01:03 Bien évidemment, la grande majorité du temps devait être dévolue
01:06 à la recherche de nourriture et à sa préparation.
01:09 Je sais que beaucoup de gens ont du mal à imaginer les femmes en train de chasser.
01:14 Et c'est vrai que les vestiges archéologiques
01:16 ne nous laissent pas avoir énormément de chasseuses de mammouths,
01:20 tout simplement parce que ce genre de chasse laisse des séquelles sur le squelette,
01:24 notamment au niveau des épaules.
01:26 Le geste de lançage de la saguey abîme un peu les épaules
01:30 et on n'a pas ce genre de stigmates généralement sur les squelettes féminins.
01:33 Mais elle peut chasser d'autres choses qui ne laissent pas de traces sur le squelette,
01:37 des petits animaux au collet, le ramassage de coquillages, de crustacés.
01:41 La pêche également ne laisse aucune trace sur le squelette
01:44 et pourtant c'est capital dans l'alimentation préhistorique.
01:47 Et puis il y a bien évidemment la collecte des légumineuses, des racines, des végétaux,
01:52 qui est très importante non seulement pour la nourriture,
01:54 mais également pour le soin.
01:56 Et puis les femmes, on sait également qu'elles ont peint des fresques
01:59 qui font partie du patrimoine mondial de l'art paléolithique,
02:02 comme par exemple dans la grotte du Pêche-Merle.
02:05 Il existe un très grand panneau extrêmement connu avec des chevaux de profil
02:09 qui sont extrêmement célèbres et très reconnaissables parce qu'ils sont pommelés.
02:13 Sur ce panneau, nous avons des mains qui ont été utilisées comme pochoirs,
02:18 qui sont des mains féminines.
02:19 Bien sûr, les femmes de la préhistoire, comme toutes les femmes,
02:23 ont passé beaucoup de temps à mettre au monde des enfants et à s'en occuper.
02:28 Ceci dit, ce n'était pas une activité exclusive.
02:31 Une des particularités d'Homo sapiens,
02:33 c'est que nous sommes ce qu'on appelle des reproducteurs coopératifs.
02:36 C'est-à-dire que certes, la femme porte et met au monde l'enfant,
02:39 mais tous les membres du clan sont là pour la soutenir,
02:43 pour soutenir au pouponnage, puis ensuite à l'éducation.
02:46 Les enfants étaient allaités très longuement, pendant 4-5 ans.
02:50 Et cet allaitement très long a une particularité,
02:52 c'est celle d'inhiber l'ovulation et donc de réguler les naissances.
02:56 Une femme opaleolithique pouvait donc avoir dans sa vie 5-6 enfants maximum.
03:02 Les femmes de la préhistoire ne sont pas forcément des mères aussi nombreuses
03:05 que celles qu'on peut voir par la suite au Néolithique ou au Moyen-Âge,
03:09 où elles se retrouvent avec des fratries de 15-18 enfants.
03:13 Ça, très clairement, ça n'existe pas opaleolithique.
03:15 Accoucher en étant allongé sur le dos, c'est parfaitement contre-intuitif,
03:19 tout simplement parce qu'on ne profite pas du phénomène de gravité
03:22 qui aide énormément à mettre les enfants au monde.
03:24 Donc, elles étaient forcément dans une position verticale.
03:27 Ça peut être debout, ça peut être accroupi,
03:31 c'est une position assez pratique pour accoucher.
03:33 Si vous avez envie d'en découvrir encore plus sur les femmes des temps préhistoriques,
03:37 n'hésitez pas à aller feuilleter notre livre "Lady Sapiens" aux éditions Les Arènes.
03:41 [Sonnerie de fin]
03:43 [SILENCE]