• il y a 11 mois
Lilibelle et Andréa sont étudiantes dans deux grandes écoles parisiennes. Elles reviennent sur leurs expériences et leur parcours, pas toujours facile à vivre au quotidien…
#études #pression #stress #réussite #anxiété
Transcription
00:00 je vivais école, je mangeais école, je dormais école.
00:02 On a l'impression que les notes nous définissent.
00:04 Salut, c'est Lily Bell, j'ai 19 ans,
00:05 je suis en médecine des sciences sociales, économiques et politiques
00:08 à l'Institut catholique de Paris.
00:09 Salut, moi c'est Andrea et je suis à Sciences Po Paris
00:11 en master de communication et médias et en d'autres créatives.
00:14 Et aujourd'hui, avec Lily Bell, on va parler de la pression scolaire.
00:17 Alors c'est vrai que moi, j'étais extrêmement stressée,
00:19 surtout que pour passer le concours Sciences Po,
00:21 c'est un concours beaucoup, beaucoup de pression,
00:23 très difficile parce que très peu de réussite finalement.
00:26 En parallèle, je devais passer le bac, forcément comme tout le monde.
00:29 Et c'est vrai que combiner les deux, c'était très, très compliqué.
00:31 J'étais très anxieuse et en fait, ma vie tournait autour des notes.
00:34 C'est-à-dire que si je n'avais pas minimum 16,
00:36 je pouvais être capable de pleurer alors que bon,
00:38 c'est pas grave, en réalité, ça c'est une excellente note.
00:41 Mais c'est vrai que je me sentais extrêmement mal.
00:42 On a l'impression que les notes nous définissent.
00:44 Et c'est vrai que ça nous pourrit la vie et on ne voit que ça.
00:46 Donc c'est vrai que moi, le stress, ça faisait vraiment partie de ma vie.
00:49 Je vivais école, je mangeais école, je dormais école.
00:51 Alors moi aussi, pour le coup, j'ai la même ressentie au lycée.
00:54 Alors mes parents n'ont jamais mis la pression eux-mêmes.
00:56 Je pense que je me suis un peu mise la pression toute seule.
00:58 Et quand je voyais en fait la satisfaction que j'avais,
01:00 quand j'avais une bonne note,
01:01 je me voyais en compétition constante avec tout le monde.
01:04 Mes amis, limite, j'étais en mode "putain, elle a une meilleure note que moi".
01:07 Et une fois arrivé au lycée, j'ai aussi vécu le truc de la compétition,
01:10 de... En plus, j'avais un lycée privé, catholique,
01:13 qui voulait l'excellence, qui voulait 100% de réussite au bac,
01:15 qui voulait atteindre les 100% de mention, etc.
01:17 Donc ils nous faisaient énormément bosser.
01:19 Et il y a toujours ce truc, quoi, l'université.
01:20 Enfin, à la fin de l'année, quand je reçois mon truc avec ma moyenne générale,
01:22 j'ai un peu le sium de me dire "ah, personne n'a écrit un petit commentaire sur...
01:26 Ah, Lily Bell a fait un effort, a bien travaillé, etc."
01:28 Parce que j'ai l'impression d'avoir besoin de cette reconnaissance,
01:30 et même si c'est hyper négatif,
01:32 parce que c'est quand même un peu toxique de vouloir se comparer à tout le monde.
01:34 - Bah, je comprends totalement ce que tu veux dire,
01:35 parce que c'est vrai que ce truc de compétition, en fait, on l'a toujours.
01:37 Et je trouve ça horrible, en fait, de se dire
01:39 qu'on en vient à vraiment être en compétition avec nos amis.
01:41 - Et à se comparer tout le temps. - C'est ça, à se comparer aux autres.
01:44 - Juste pour des notes.
01:44 En plus, du coup, à chaque fois, je me sens encore plus...
01:46 C'est horrible de se comparer à elle.
01:48 Dès le premier jour, genre, après rentrée de ma licence,
01:51 ils nous avaient dit en première année
01:52 "si vous êtes là, c'est pas pour rien, on veut l'excellence, blablabla, etc."
01:56 Déjà, de moi-même, je me mets une pression constante.
01:58 Après, la fac, c'est sûr que c'est pas la même chose.
01:59 Enfin, je pense que toi aussi, tu l'as vécu comme ça.
02:01 Il n'y a plus le suivi des professeurs, vraiment, qui te colle derrière.
02:04 Il y a une partie de moi qui a déstressé un petit peu pendant le semestre,
02:06 mais il y a toujours l'autre partie de moi où, au moindre contrôle,
02:09 au moindre exposé de TD, etc., je veux que ce soit parfait.
02:13 C'est vrai que moi, quand j'étais en licence,
02:15 j'étais, surtout ma première année, était vraiment désastreuse.
02:18 Le truc, c'est qu'au lycée, on est excellent.
02:20 C'est vrai que quand on passe le concours Sciences Po,
02:22 ils prennent toujours les meilleurs, donc c'est soi-disant l'élite.
02:25 Donc, quand on arrive, on se dit "oh, ça va être super,
02:28 on vit une nouvelle vie, on va rencontrer de nouvelles personnes,
02:30 on va apprendre plein de choses."
02:31 Et puis, vous arrivez, votre première note, c'est un 7/20
02:34 parce que vous ne savez pas écrire, soit disant.
02:36 Voilà, donc c'est vrai qu'on n'a pas cette méthode Sciences Po.
02:39 En fait, je viens d'un lycée qui est en zone d'éducation prioritaire
02:42 et tu peux passer une procédure un peu spéciale.
02:44 Donc, tu as deux oraux au lieu d'un écrit et un oral
02:47 et du coup, je n'ai pas fait les écrits Sciences Po.
02:49 Donc, c'est vrai que c'était très compliqué pour ma part
02:51 parce que quand je suis arrivée, je pensais vraiment que j'allais être bonne,
02:54 sauf qu'en fait, je me suis pris vraiment des tollés
02:56 et je pleurais vraiment tous les jours.
02:59 Et ça, ça a été vraiment très compliqué pour moi à gérer
03:01 parce qu'il fallait que je me détache des notes
03:02 et c'était un truc qui était inenvisageable pour moi aussi.
03:05 La première année à Sciences Po est quand même très difficile.
03:07 Voilà, je me mettais aussi comme toi, finalement, de la pression à moi-même
03:09 parce que je pensais que j'allais rater ma vie, que je n'allais pas valider.
03:11 La deuxième année, ça allait beaucoup mieux.
03:13 Bon, je n'avais pas des excellentes notes
03:14 et je me suis fait à l'idée qu'en fait, dans tous les cas, je ne serais pas excellente
03:17 et c'est OK en fait.
03:18 Et maintenant que je suis en master, je m'en fiche des cours.
03:21 Je fais ce que j'ai à faire, je rends les devoirs et je me dis
03:23 "Bon, je fais un truc moyen, ce n'est pas grave, je m'en fiche".
03:25 Moi, l'échec, ça me terrifie.
03:27 C'est une déchirure parce que je me dis "J'ai échoué".
03:31 Tout le monde va me dire que je suis nulle
03:33 alors que jamais mes parents, ils m'ont dit "T'es nulle".
03:36 Il y a toujours le truc où quand tu as la première moyenne pas ouf,
03:39 première note pas ouf et tout,
03:40 où du coup, tu te remets en question, tu te dis que t'es nulle, tu dis machin.
03:42 Et voilà.
03:42 Mais c'est vraiment le moment où les semaines de révision avant,
03:46 où je me dis "Si j'échoue, je suis morte".
03:47 En fait, je me dis que ça a des conséquences sur mon avenir
03:49 et du coup, ça a des conséquences sur comment les choses vont se passer après.
03:53 Peur de l'échec, elle est assez importante.
03:55 J'étais vraiment comme ça en première année.
03:56 Vraiment.
03:58 Au lycée, quand j'ai passé le concours.
04:00 En première année, en deuxième année et après, ça s'est atterri.
04:02 Mais c'est vrai que quand j'ai passé le concours,
04:04 c'est-à-dire que moi, dans ma tête, si je n'avais pas de science-sport,
04:07 ça n'allait pas.
04:08 Je n'avais pas d'avenir en fait.
04:09 Moi, l'échec aussi, c'est vraiment par rapport au regard des autres.
04:11 Je me dis "Mais je vais passer pour quoi en fait ?
04:13 Je vais passer pour une nulle alors que personne n'est nulle, ça veut dire quoi ?"
04:15 Vraiment, j'avais cette peur de l'échec qui me créait des angoisses,
04:18 qui avait pour conséquence que je pleurais constamment.
04:21 Et c'était vraiment horrible comme situation.
04:23 Et en fait, de cette première année, j'en ai tiré une leçon,
04:26 c'est que tout problème a une solution.
04:27 Au final, je me dis "Bon, au pire, si je n'ai pas ce que je veux,
04:30 j'aurais autre chose." - Pour une bonne raison.
04:30 - Voilà, et puis j'aurais autre chose et ça va aller au final.
04:33 J'ai eu beaucoup de recul sur cette situation,
04:35 sur le fait que je n'étais plus excellente à science-sport.
04:37 Je me suis dit "Il y a autre chose que les notes dans la vie,
04:38 il y a autre chose que l'école."
04:39 Certes, l'école, ça te permet d'avoir un avenir,
04:41 mais les centres d'intérêt, ta culture perso, tes loisirs,
04:45 ce que tu aimes dans la vie,
04:46 pour moi, ça définit plus une personne que juste sa note à l'école.
04:50 - Je suis assez fière de moi là-dessus, j'ai appris avec,
04:53 je pense, les deux dernières années à me mettre en priorité.
04:57 Pour le coup, j'essaye au maximum de faire en sorte
05:00 qu'il n'y ait pas trop une santé mentale et physique
05:03 qui s'altère à cause des cours.
05:05 - C'est hyper sain d'avoir fait une vraie routine et de s'y tenir
05:09 parce que c'est hyper important.
05:10 En fait, on se rend compte que quand on n'a pas de sommeil,
05:12 on ne peut pas réfléchir.
05:13 Donc, je comprends totalement ce que tu dis
05:15 et franchement, j'aimerais bien pouvoir adopter une routine pareille.
05:18 Alors moi, le premier conseil que j'aurais à donner,
05:20 ce serait vraiment de ne pas se focaliser sur les notes.
05:23 Les notes ne vous définissent pas,
05:25 vraiment, il y a autre chose dans la vie.
05:26 Vos projets sont vraiment la source de tout
05:29 et vraiment, c'est à partir de ça que vous pouvez construire un vrai avenir.
05:32 Un autre conseil, voilà, ne pas se mettre la pression.
05:34 L'école, certes, ça apporte un avenir,
05:38 mais il n'y a pas que ça dans la vie.
05:39 Ce que je peux vous conseiller, c'est de ne jamais abandonner
05:43 si on a une déception par rapport à une note ou par rapport à une matière.
05:47 Même si ça te paraît difficile,
05:49 je pense qu'il ne faut pas s'arrêter à ça.
05:51 Il ne faut aussi pas s'arrêter au truc de "ma première année d'études,
05:54 c'est ma seule voie"
05:55 parce que la réorientation, elle est possible, elle est facilitée.
05:58 De nos jours, c'est très facile de se réorienter
06:00 et c'est hyper important de se rendre compte que
06:02 c'est normal de ne pas savoir ce que tu veux faire à 18 ans.
06:05 Ne vous dites pas que c'est la dernière option,
06:06 il y aura plein d'autres options.
06:08 Pour conclure, ayez confiance en vous,
06:10 osez aller voir les gens, osez communiquer,
06:12 tout va bien se passer.
06:12 J'ai confiance en vous, bon courage !

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