• il y a 10 mois
Transcription
00:00 C'est important de remettre le porno au cinéma
00:02 parce que c'est un genre à part entière du cinéma,
00:05 dont des plaisent à certaines personnes.
00:06 Quand des réalisateurs qui ont commencé par du cinéma dit traditionnel
00:09 vont un petit peu s'en canailler dans du sulfureux,
00:12 on va dire "Waouh, c'est du cinéma d'auteur, c'est génial !"
00:14 Je suis Anoushka, réalisatrice de films porno, éthique, féministe, alternatif.
00:20 J'en suis à mon sixième long-métrage, "K.O.",
00:21 qui sera diffusé en salles jeudi 25 janvier.
00:26 Le paysage actuel en France pour la diffusion du porno,
00:30 clairement, c'est Canal en termes de télé.
00:33 Sur Canal, maintenant, il y a deux cases, même porno chaque mois.
00:36 Il y a le premier samedi du mois, comme à l'ancienne, la case "Premium",
00:41 et il y a la case qu'ils appellent "Xbis", qui va être le troisième samedi du mois.
00:45 Donc, il y a deux pornos nouveaux tous les mois sur Canal+.
00:49 Après, il y a des sites internet.
00:52 Moi, j'ai ma plateforme, d'autres qui font du porno alternatif, éthique,
00:56 ont leur plateforme aussi.
00:57 Après, ça reste des marchés compliqués parce qu'en termes de financement,
01:02 c'est très compliqué.
01:03 On n'a pas les mêmes moyens économiques que le cinéma dit traditionnel.
01:07 Donc, on ne peut pas avoir d'aide à l'écriture, le CNC, d'aide des régions.
01:12 Les financements n'existent absolument pas.
01:15 C'est souvent des autofinancements.
01:17 Par rapport à la diffusion, il y a des sites, il faut juste fouiller un peu
01:21 et aller au-delà des grosses marques mainstream qu'on connaît bien.
01:25 Pour moi, c'est important de remettre le porno au cinéma
01:29 parce que finalement, c'est un genre à part entière du cinéma.
01:34 Ça fait partie de la grande famille du 7e art, dont des plaises à certaines personnes.
01:38 Alors, en effet, moins de 18,
01:39 parce qu'on ne va pas montrer non plus des scènes explicites à des mineurs.
01:42 Et moi, personnellement, ce que je fais, je ne trouve pas que ce soit bien différent
01:46 de ce qu'un Gaspar Noé va montrer dans "Love",
01:47 de ce qu'un Keshiche va montrer dans "La vie d'Adèle".
01:49 Enfin, voilà, on va être sur des scènes explicites,
01:52 mais sur du cinéma d'autrices qui va vraiment raconter une histoire
01:55 avec des personnages qui évoluent sans avoir du sexe forcément gratuit.
01:58 Et je trouve du coup dommage qu'on soit vraiment ghettoisé en mode,
02:01 ben voilà, c'est sulfureux, c'est sale, donc ça ne va pas en salle,
02:05 ça n'a pas de financement.
02:06 Mais par contre, quand des réalisateurs ou des réalisatrices
02:10 qui ont commencé par du cinéma dit traditionnel
02:12 vont un petit peu s'en canailler dans du sulfureux,
02:15 on va dire "Waouh, c'est du cinéma d'auteurs, c'est génial".
02:17 Après, quand moi je le tourne, ma démarche, elle est hyper artistique.
02:19 Je tourne vraiment un film de cinéma,
02:21 donc je ne suis pas en train de réfléchir à où est-ce que ça va être diffusé.
02:25 Je tourne vraiment avec l'image que je veux,
02:27 avec mon regard, avec ma sensibilité.
02:29 Et mes films, finalement, sont plus diffusés en salle que à la télé.
02:33 Sur Canal, ils vont avoir deux diffs,
02:34 alors qu'ils vont faire leur vie dans différents festivals
02:37 et dans les festivals, ça va être de la diff sale.
02:39 C'est comme un film classique, c'est un histoire, un début, un milieu, une fin.
02:43 Tandis qu'une scène, en effet, quand tu veux regarder un porno
02:46 en mode masturbatoire, ça va être du court métrage, des scènes assez courtes.
02:50 Là, tu sais pourquoi tu regardes un long métrage.
02:53 Oui, c'est une histoire et si tu te laisses prendre par l'histoire,
02:56 tu le regardes en entier.
02:57 Tu ne crois pas que tu devrais arrêter de vendre ton cul un jour ?
03:01 Pardon ?
03:01 Toi, comment tu te sens ?
03:03 Je ne sais pas.
03:05 Je suis là.
03:06 Dans un monde idéal, déjà, j'aimerais qu'on paye pour son porno.
03:08 On paye pour son iTunes, pour son Netflix, pour plein de choses.
03:13 Donc j'aimerais bien qu'on essaie de démarche là de se dire
03:15 on veut du porno éthique, respectueux.
03:17 Dans ce cas-là, il faut vraiment payer pour avoir un film,
03:20 parce que sinon, on continue à alimenter ces problèmes économiques
03:24 qui sont inhérents à ce domaine, étant donné qu'on n'a pas de financement.
03:28 Mais je pense que, oui, clairement, le porno a sa place au cinéma.
03:30 Et ça permettrait aussi peut-être qu'il y ait plus de réalisatrices
03:34 avec un regard différent sur les sexualités et les corps
03:40 et qu'on ne soit pas focus sur du mêlgez, comme c'est souvent le cas
03:45 et dans le cinéma tradi et dans le cinéma porno.
03:47 C'est hyper intéressant de permettre à ce film d'être diffusé en salle,
03:50 parce que justement, on va toucher des spectateuristes
03:53 qui ne vont pas forcément être avertis ou habitués à regarder du porno
03:58 sur Canal ou ailleurs, d'ailleurs.
04:00 Et du coup, c'est une vraie expérience.
04:02 C'est venir dans une salle voir du porno avec des gens que tu ne connais pas.
04:06 Et du coup, je trouve que la démarche, c'est avoir de la curiosité,
04:09 c'est venir découvrir aussi une pâte artistique,
04:12 des sujets pour lesquels on n'est peut-être pas forcément avertis,
04:15 en l'occurrence, les violences faites aux femmes, la relation d'emprise, etc.
04:18 Des sujets un peu lourds et qui ne sont pas forcément toujours traités,
04:23 même dans le cinéma dit tradi.
04:24 Charlie est une femme forte, magnifique.
04:27 Elle n'a pas besoin d'être sauvée, ni par toi, ni par personne, d'ailleurs.
04:30 C'est la deuxième fois que je propose un film dans une salle parisienne.
04:34 "À mes amours", c'était l'année dernière.
04:36 Et là, le 25 janvier, ça va être K.O.
04:38 Et du coup, on espère qu'on aura énormément de monde, comme l'année dernière.
04:41 Il y a autant d'hommes que de femmes, en fait.
04:43 C'est un peu comme moi, par rapport aux gens qui sont abonnés sur mon site,
04:48 j'ai autant d'hommes que de femmes.
04:49 Et là, pour la salle, c'était plutôt des jeunes.
04:52 Je dirais que c'était entre 25 et 35 ans.
04:56 On démarche, nous, pour trouver une salle qui est OK
04:59 pour faire la diffusion d'un film pour nous.
05:01 Ce n'est pas forcément toujours évident.
05:02 On a eu des salles qui nous ont dit non, non, nous, on ne diffuse pas ça.
05:05 Et on a des gens hyper cool qui disent, bah ouais, pourquoi pas ?
05:08 Ça reste du cinéma comme d'autres genres.
05:12 Malheureusement, je pense que dans la société actuelle dans laquelle nous sommes,
05:15 ça va rester de façon assez ponctuelle.
05:17 Et c'est pour ça que c'est rare, précieux et qu'il faut vraiment venir,
05:20 parce que c'est vraiment pas simple à organiser.
05:23 Et je pense que c'est vraiment une occasion, une expérience à vivre.
05:25 Dans un monde idéal, en effet, ça serait vraiment bien que le porno revienne en salle.
05:29 Mais je ne pense pas que ce soit demain.
05:30 Après, il y a plein de festivals qui s'organisent de plus en plus partout en Europe,
05:35 justement pour promouvoir le cinéma porno.
05:37 Et ça, c'est vraiment chouette.
05:39 Maintenant, avoir des vrais distributeurs et retourner dans cette époque
05:45 un peu nostalgique des années 70, je pense que c'est mort.
05:51 J'ai envie de tenter l'aventure du cinéma dit-radit,
05:53 donc que je considère en fait comme une extension finalement
05:57 de ma démarche artistique et cinématographique.
06:01 Du coup, pas du tout l'abandon de mes premiers amours qui sont le cinéma porno.
06:05 Je vais continuer à pouvoir m'adresser à un public qui est juste plus large.
06:10 Je vais très certainement avoir des bâtons dans les roues
06:12 parce que parce que mine de rien, on est marqué au fer rouge
06:14 une fois qu'on est passé par la case dite porno.
06:17 Et je trouve que c'est hyper hypocrite et triste, comme on disait tout à l'heure,
06:19 des réacs qui sont passés par la case tradit
06:22 et qui ensuite ont fait des trucs un peu plus sulfureux.
06:24 Bon, là, ça passe, mais dans le chemin inverse,
06:27 est-ce que la fluidité va être la même ?
06:28 J'ai quelques doutes sur ça, mais je ne perds pas espoir.
06:32 Et on m'a invité, mais je vais quand même venir.
06:35 *Bruit de bouche*
06:37 UN MINI !

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