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00:00 Le fait de réussir à se faire entendre, notamment sur les violences conjugales,
00:03 sur les agressions sexuelles et tout ça.
00:05 J'ai l'impression que là, c'est un peu urgent, un peu rageant.
00:08 Je ne comprends pas pourquoi on ne se dit pas "bon là, c'est gros comme une maison".
00:11 Je n'ai pas l'impression que ce soit très agréable
00:13 de se faire traiter de menteuse toute sa vie.
00:14 Un peu de considération pour ces choses-là serait pas mal
00:17 et beaucoup de considération, ce serait très bien.
00:19 C'est une pianiste éthiopienne qui s'appelle Emma Oitsegui Mariam Gebrou.
00:29 Ça a été la première figure féministe en Éthiopie
00:33 qui a dû quitter son pays au moment où il y a eu les coups d'État en Éthiopie.
00:36 Et en fait, elle a fini sa vie dans un couvent ou dans un monastère,
00:40 je ne sais pas trop, mais comme nonne,
00:41 où tout ce qu'elle faisait, c'était juste jouer de la musique.
00:44 Il y a eu des enregistrements de sa musique qui sortent un peu au fur et à mesure.
00:47 Et c'est que du piano, c'est absolument sublime.
00:51 On sent que c'est une personne qui avait une sensibilité absolument incroyable
01:05 et qui joue du piano comme jamais personne n'a joué du piano.
01:07 Ma régisseuse ou ma technicienne lumière ou les musiciennes avec qui je travaille,
01:15 elles ont dû un peu se battre pour arriver à prendre leur place
01:18 dans un univers qui est quand même très, très masculin.
01:20 Tu vois encore aujourd'hui dans certains endroits ou dans certaines salles
01:23 où tu as des techniciens d'accueil qui vont toujours encore aujourd'hui
01:27 voir d'un œil un peu étrange le fait qu'il y ait une femme qui arrive sur un plateau,
01:31 qui soit régisseuse du projet et qui lui donne des directives.
01:34 Je viens de sortir une chanson avec Vanessa Paradis qui s'appelle "Le bal".
01:40 On a dansé des années à perdre la tête
01:44 J'en garde encore quelques embouts, l'année discrète
01:48 Mais souvent les vals se saufflent avant la fin
01:52 Vu qu'on partage cette chanson ensemble et qu'on partage une danse ensemble
01:55 dans le clip de cette chanson, c'est pas nul comme acolyte.
01:58 C'est vraiment la personne la plus pro avec laquelle j'ai jamais bossé de toute ma vie.
02:01 Moi, j'ai l'impression d'être un tout petit artiste.
02:03 Je suis un tout petit artiste à côté d'elle et pourtant, elle prend ça vachement au sérieux.
02:09 Je dirais que c'est Cleo Soul, qui est une chanteuse anglaise
02:11 que j'ai découvert à la base parce qu'elle était chanteuse d'un collectif qui s'appelle Salt.
02:15 Et je me suis pris vraiment une grande claque quand j'ai découvert ce collectif
02:18 qui met vachement en avant les voix féminines et notamment aussi beaucoup les voix gospel.
02:22 Et il y a cette voix qui est apparue dans cette musique
02:24 où en fait, vu qu'ils ne disaient absolument pas qui étaient les chanteuses
02:26 ni d'ailleurs les musiciens et musiciennes de ce projet,
02:29 on ne savait pas du tout qui chantait.
02:31 Par contre, la voix m'est restée autant que peut rester une image.
02:35 ♪ It's just jealous of your kind ♪
02:39 ♪
02:53 Je suis tombé sur un morceau de cette fille, Cleo Soul,
02:55 et j'ai reconnu tout de suite la voix parce qu'elle a une voix qui est incroyable.
02:57 Je suis vraiment resté bouleversé et fasciné par ce qu'elle faisait.
03:01 J'ai tout de suite acheté ses albums
03:02 et je crois que c'est les albums que j'ai le plus écouté,
03:05 peut-être même ces deux dernières années,
03:06 c'est ses albums à elle, les deux albums qu'elle a sortis.
03:08 Il y avait tout le temps beaucoup de femmes à la maison.
03:13 J'ai un peu grandi avec des femmes et beaucoup avec ma mère,
03:15 ses copines, ma marraine, ma sœur, ma cousine.
03:19 Et en fait, c'était beaucoup de femmes qui parlaient énormément de ce qui leur arrivait
03:24 et notamment de leur rapport aux hommes de leur vie.
03:27 Moi, j'étais petit et j'écoutais ça.
03:29 Et en fait, tout ce que j'ai entendu des discussions qu'elles avaient
03:31 de ce qu'elles vivaient, je pense que c'est les meilleures choses
03:33 que j'ai pu entendre pour moi, me construire en tant qu'homme
03:35 en réaction à ce qu'elles vivaient aussi, je pense.
03:38 Ma grand-mère, par exemple.
03:43 Femme du peuple, du Nord Pas-de-Calais, secrétaire,
03:47 qui m'a appris la couture, qui m'a appris énormément de choses,
03:51 qui est toujours de bonne humeur.
03:52 Je trouve qu'il y a des gens qui n'ont rien pour gagner à être connus,
03:55 mais qui gagnent quand même à être connus.
03:56 Et voilà, ma grand-mère en fait partie.
03:57 Il faut vraiment que je le fasse comme ça.
03:59 C'est ça, c'est ça.
04:00 Merci.
04:01 [SILENCE]