Thierry Hélie

  • il y a 9 mois
La filière ostréicole commence à faire ses comptes après les interdictions de ventes d'huîtres imposées fin décembre. Le préjudice est lourd et des aides financières de l'Etat sont très hypothétiques déplore Thierry Hélie, président du Comité Régional de la Conchyliculture Normandie Mer du Nord

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Transcription
00:00 Merci d'être avec nous, il est 8h15, l'heure de notre invité du 6/9, Didier, c'est Thierry Hely ce matin,
00:05 président du comité régional de la Conchaliculture Normandie-Mers-du-Nord.
00:09 - Bonjour et bienvenue Thierry Hely. - Bonjour.
00:12 - Vous êtes vous-même installé à Saint-Valhaug, vous avez terminé l'année 2023 de la perte des façons
00:17 avec cette interdiction de commercialisation et de consommation de vos huîtres.
00:21 Quel impact sur vos ventes, quel préjudice subit ? Est-ce que vous avez des premiers chiffres ?
00:26 - Alors les premiers chiffres sur l'arrêt de 2-3 jours et un peu plus sur Grand-Camp,
00:32 c'est à peu près 2 millions d'euros actuellement de manque à gagner
00:36 et comme il va falloir remonter le volume des ventes, et le volume des ventes ne va pas remonter avant 6 mois,
00:44 on table au plus bas peut-être à 10 millions de manque à gagner en chiffre d'affaires pour les entreprises normandes.
00:50 - Pourquoi ce volume des ventes va mettre autant de temps à remonter ? C'est une confiance qu'il faudra gagner ?
00:56 - Tout à fait. L'auditrice Sandrine disait qu'elle avait eu confiance à son producteur, il lui avait expliqué,
01:01 il a bien posé des questions. Il faut que les consommateurs sachent que la chaîne de sécurité alimentaire fonctionne très très bien.
01:10 Les premières suspicions étaient le 26 décembre, l'enquête dans le Calvados, la Manche a été de façon très forte et très vite.
01:18 Le 29 au soir on avait toutes les analyses, on pouvait corroborer qu'il y avait un faisceau d'indice que les huîtres pouvaient rendre malades.
01:25 Le 29 au soir, les arrêtés étaient pris, donc il faut que le consommateur ait bien en tête,
01:30 quand les huîtres sont sur les étales, elles sont hyper contrôlées par l'entreprise elle-même, par la profession et par l'État.
01:38 Donc quand elle ne s'est pas fermée, on aurait dit "ce bon monsieur de la police ne s'est pas fermée, mangez des sucres".
01:43 - Pourquoi six mois ? Il faut communiquer là-dessus ? Il faut apporter des garanties ?
01:48 - Alors, il faut apporter des garanties. Votre auditrice, je l'ai bien écouté, elle connaît les huîtres.
01:54 Ça ne lui fait pas peur, elle revient voir, elle va en manger et sait qu'elle peut avoir confiance.
01:58 Après vous avez des consommateurs qui viennent de temps en temps manger, notamment le consommateur de fin d'année,
02:03 et lui il vient parce que c'est traditionnel. Il va falloir le rassurer, lui dire que ce n'est pas parce qu'il y a eu une mésaventure cette année,
02:10 que l'année prochaine il y aura. Donc on a tout un travail à faire, à expliquer, mais dès septembre, octobre...
02:17 - C'est le consommateur occasionnel. - Voilà, pour lui dire "quand il y a des huîtres sur l'État, allez-y, c'est contrôlé et il n'y a pas de soucis".
02:24 - On a parlé tout à l'heure de 2 millions d'euros de préjudice. Hervé Berville, secrétaire d'État à la maire, indique début janvier
02:31 que des aides complémentaires seront examinées pour vous soutenir quand vous aurez chiffré vos pertes. Parole en l'air, vous y croyez ou pas ?
02:38 - Je ne sais plus de secrétaire d'État, je ne sais même pas de quel ministère on ressort. - Et il n'est plus en poste s'il y a eu remaniement, effectivement.
02:46 - Oui, mais on ne sait même pas dans quel grand ministère on dépend. On est dans le flou, je ne vais pas dire comme une femme politique,
02:54 quand c'est flou, il y a un loup. Mais on ne sait plus où on en est, on n'a plus d'interlocuteur. - L'agriculture ? Non.
03:00 - Ah, ça peut être l'écologie, le transport, peut-être l'éducation, parce qu'il y a un grand ministère, on ne sait jamais, on ne sait pas.
03:06 - Vous avez l'impression que vous n'avez pas de relais au plus haut niveau de l'État ? - On n'a rien.
03:10 - Hervé Morin a dit "j'ai pris mon téléphone, j'ai appelé les ministres", mais il n'y a pas eu d'effet ?
03:13 - Tout à fait, je l'ai eu au téléphone, c'était un des premiers politiques qui s'est vraiment inquiété, qui nous a soutenus.
03:18 Il a téléphoné, M. Berville était encore en poste. Est-ce qu'il lui a fait peur ? Il n'y a plus de Berville.
03:23 - En attendant, vous, vous n'avez pas d'indemnisation, vous avez connu un épisode assez semblable, c'était début 2020.
03:29 Est-ce qu'à l'époque, il y a eu indemnisation ? - Des paroles, des paroles, des paroles. Je ne vais pas faire d'Alida.
03:37 Que des paroles, mais rien du tout. L'État a organisé des questionnaires pour qu'on réponde qu'on n'avait pas de problème.
03:42 Or, nous avions perdu... - Vous aviez répondu que vous n'aviez pas de problème ?
03:45 - C'est-à-dire qu'ils ont fait un questionnaire, vous savez quand vous faites des questionnaires, vous pouvez indire les réponses.
03:49 Les réponses étaient induites qu'on n'allait pas avoir de problème. Eh bien, pas de bras, pas de chocolat, on n'a rien eu.
03:55 Mais par contre, la filière a énormément souffert et cette année, par exemple, nos collègues de Grand-Camp ont fermé trois fois.
04:02 Trois fois de pollution qui viennent de la terre, qui viennent des hommes.
04:05 - Est-ce que cette filière est menacée, s'il n'y a pas d'indemnisation ? - Elle peut être menacée.
04:09 - Des entreprises pourraient ne pas s'en remettre ?
04:11 - Notamment sur la côte ouest, parce que la côte ouest, on subit les prédations araignées, Sierran, et maintenant des baisses de ventes.
04:19 Donc, on a déjà un genou à terre, si on en met un deuxième, il y a des entreprises qui vont disparaître.
04:24 - Je reviens au gouvernement. Vous attendez de connaître le nom d'un ministre ou vous allez agir de façon un peu plus ferme ?
04:32 - Alors, on va attendre le nom d'un ministre, mais on va agir. On prépare les plaintes contre X.
04:36 Notamment, les entreprises vont porter contre X des plaintes. Le CRC va porter plainte contre X.
04:42 Et aussi, suivant un article du Code de l'environnement sur une pollution comme n'importe quel ONG, on va aller chercher.
04:48 - Plainte contre X, ça signifie que vous voulez également savoir qui est à l'origine de la pollution ?
04:52 - Tout à fait. En 2018, j'ai posé déjà plainte contre X. Je n'ai jamais entendu parler de cette plainte.
04:57 Peut-être que cette fois-ci, les services de la justice ont peut-être se saisi.
05:02 - Les stations d'épuration sont en cause, après vous ?
05:04 - Le ministre le dit. Pour une fois, j'ai croqué à un ministre.
05:07 - Localement, ce n'est pas ce qui est dit. On l'a entendu sur notre antenne. Les stations d'épuration disent qu'il n'y a pas rien. Nous, on ne comprend pas.
05:13 - Et bien, s'ils ne comprennent pas, qu'ils changent d'experts et de fermiers.
05:16 - Vous avez un dialogue ?
05:17 - Rien du tout.
05:18 - Avec les élus locaux ?
05:19 - Oui. On demande à un sage. Un sage, c'est un bel acronyme. C'est pour la gestion de l'eau.
05:25 Depuis des années, on le demande. On le refuse. Je suis obligé de poser la question. Pourquoi on le refuse ? Il y a quelque chose à cacher ou pas ?
05:32 - Pour tenir compte de cet épisode, il faut faire un vrai diagnostic local, savoir d'où vient cette pollution ?
05:37 - Oui. Et puis bouger les paniers de crabe à terre.
05:40 - C'est-à-dire ?
05:41 - Les gens qui n'agissent pas.
05:43 - Donc, une froide détermination qu'on lit dans votre regard et qu'on entend dans vos propos.
05:49 Merci beaucoup Thierry Elie. Je rappelle que vous êtes président du comité régional de la Conchili-Culture Normandie-Mère du Nord.
05:57 Invité ce matin, France Bleu, France 3. Bonne journée.

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