Le procès des attentats de Trèbes et de Carcassonne, survenus en 2018, s'ouvre ce lundi 22 janvier à la Cour d'assises de Paris. Sept personnes seront jugées, pour ces attaques qui ont fait 4 morts dont le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame.
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00:00 Je sentais le canon de larmes qui tremblait sur mon crâne.
00:02 D'une part, j'avais peur qu'une balle parte toute seule en fait.
00:06 Peut-être qu'on était arrivé au moment que le terroriste attendait,
00:12 le moment de sa mort en martyr,
00:14 en essayant de faire le plus de dégâts possibles sur les forces de l'ordre.
00:21 Et c'est à ce moment-là qu'Arnaud Beltrame a pris la main.
00:25 Dans les minutes qui ont suivi, il n'a pas cessé de répéter
00:28 "la petite dame, elle n'a rien fait, laisse-la partir,
00:31 prends-moi à sa place, je représente l'État, je représente l'autorité".
00:35 J'ai dit "ok, je vais m'avancer alors" et je me suis avancée vers la porte.
00:39 J'avais très très peur que le terroriste change d'avis et me tire dans le dos.
00:43 Je suis sortie de la pièce, j'ai marché dans un magasin qui semblait complètement vide.
00:47 J'ai été récupérée par une gendarme qui m'a fait sortir par les réserves, par l'arrière.
00:53 Arnaud Beltrame a pris ma place en considérant que,
00:56 lui en tant que professionnel avait bien plus de chances que moi de s'en sortir vivant.
01:01 Le mois qui a suivi, j'ai reçu une très très belle lettre de son épouse,
01:08 de Marielle Beltrame, dans laquelle elle me disait que je ne devais pas culpabiliser,
01:13 que Arnaud avait le sens du devoir.
01:16 Elle me disait que je devais continuer à vivre.
01:19 Je traîne des formes de culpabilité, c'est très complexe.
01:23 Je ne peux pas savoir si ce procès m'apportera des surprises, des réponses ou pas.
01:29 Mais il est certain que je l'attends comme une libération.
01:34 Et je sais que quand il sera terminé, comme les autres victimes, j'aurai un point au moins.
01:42 [SILENCE]