Le tribunal judiciaire de Marseille a acté cette semaine la mise en place d’un pôle spécialisé sur les violences au sein de la cellule familiale. Ce pôle pose les bases d’une coopération accrue entre magistrats et plus de formation. Une coopération interservices pour plus d’efficacité. Sophie Pioro directrice de Solidarité Femmes 13 était notre invitée ce matin sur Maritima radio Marseille. Elle répond à Didier Gesualdi..
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Vidéo publiée le : 19/01/2024 à 11:39:00
Lien vers l'article de Maritima.info :
https://www.maritima.info/depeches/societe/marseille/90943/violences-familiales-le-pole-specialise-a-marseille-est-une-bonne-idee-pour-solidarite-femmes-13.html
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Vidéo publiée le : 19/01/2024 à 11:39:00
Lien vers l'article de Maritima.info :
https://www.maritima.info/depeches/societe/marseille/90943/violences-familiales-le-pole-specialise-a-marseille-est-une-bonne-idee-pour-solidarite-femmes-13.html
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00:00 Bonjour Sophie Piorot. Bonjour. Bonjour et merci d'être avec nous sur Maritima,
00:06 effectivement pour évoquer un sujet extrêmement sensible, les violences au
00:09 sein de la famille, les violences faites aux femmes également, avec la mise en
00:12 place d'un pôle spécialisé dans les violences familiales justement à
00:16 Marseille. Est-ce que c'est quelque chose qui vous satisfait, vous qui traitez avec
00:20 Solidarité Femmes 13, toute la journée évidemment ce type de cas ?
00:24 Écoutez, je ne peux pas vous dire aujourd'hui puisque on n'a pas encore pu tester en vrai,
00:30 en réalité, donc je pense que déjà c'est une très bonne idée de faire des pôles spécialisés,
00:35 en tout cas d'améliorer la communication entre les différents services judiciaires,
00:39 de coordonner un petit peu tous les intervenants autour de ces femmes. C'est déjà une très bonne
00:48 idée effectivement parce que ça peut fluidifier et puis consolider les éléments que les uns et
00:55 les autres peuvent avoir autour des situations. Évidemment puisqu'on peut mettre un peu d'humain,
00:59 peut-être un peu plus de formation, un peu plus de connaissances de ce type de dossier,
01:04 alors que ce n'est pas toujours facile évidemment. Ce n'est pas toujours facile,
01:07 ce n'est pas simple non plus par exemple de retirer l'autorité parentale inter,
01:13 même si on sait qu'il est violent, il y a encore quand même beaucoup de représentations autour de
01:18 la parentalité etc. Donc c'est vrai que ce n'est pas toujours simple, c'est des discussions lourdes
01:24 et c'est vrai que la coordination entre tous les services qui peut par exemple lors d'un jugement
01:30 pour violences conjugales transmettre les infos au juge des affaires familiales pour qu'il n'y ait
01:37 pas de jugement contradictoire en tout cas et que les enfants soient protégés.
01:40 Est-ce que quelquefois c'est quelque chose qui peut décourager justement la prise de parole
01:45 ou justement le fait de dénoncer des violences en se disant "non j'y arriverai pas" ?
01:48 Oui je pense qu'il y a encore un gros travail de représentation des deux côtés mais aussi
01:54 effectivement un travail de communication. C'est vrai que déposer plainte et avoir une procédure
02:01 judiciaire ça prend du temps. On a l'impression que parce qu'on va déposer plainte le lendemain,
02:05 il y aura une solution alors que les jugements peuvent prendre vraiment beaucoup de temps.
02:11 Donc c'est vrai que ça peut être décourageant pour des femmes. Alors la parole je ne pense pas
02:14 qu'elle est solidaire mais c'est vraiment le fait d'aller déposer plainte et d'avoir des
02:19 suites judiciaires qui peut prendre plus de temps pour que les femmes puissent arriver jusqu'à là.
02:24 En tout cas le chemin n'est pas simple et elle passe parfois par des allers-retours,
02:30 beaucoup d'allers-retours. On dit qu'en moyenne il y a 7 allers-retours avant de quitter définitivement
02:34 le conjoint. Donc c'est vrai qu'une femme qui n'est pas vraiment décidée, elle ne va peut-être pas
02:37 aller porter plainte parce qu'elle va peut-être retourner. Et le fait d'avoir porté plainte,
02:41 ça peut la remettre en danger. Donc vous voyez, il y a tout un cheminement chez les femmes qui
02:46 fait que ce n'est peut-être pas la première solution aujourd'hui d'aller déposer plainte
02:49 et d'entamer des procédures. Et là vous intervenez vous également au titre des associations. Vous
02:54 faites un travail remarquable, c'est moi qui vous le dis, mais effectivement vous êtes là pour faire
02:58 passer à ce type de message pour dire ne soyez pas fataliste, venez nous voir par exemple.
03:02 Exactement, l'idée c'est que nous quand on les reçoit, on va les écouter d'abord, on va les
03:08 croire et après en fonction de leur temporalité, de la maturité, de la prise de conscience et des
03:15 éléments matériels aussi qu'elle peut considérer bien évidemment, on va vraiment l'accompagner,
03:20 la soutenir dans la moindre démarche qu'elle veut faire. Donc ça peut être rien que de l'écoute,
03:25 ça peut être des psychologues, ça peut être l'accompagner effectivement à aller plus loin
03:29 déposer plainte et à suivre une procédure. Aujourd'hui de manière générale, est-ce qu'on
03:33 a le sentiment qu'il y en a plus qu'avant ou est-ce que c'est parce qu'on en parle plus,
03:37 des féminicides ou de ce type de cas finalement ? Est-ce qu'aujourd'hui c'est une question qui est
03:41 devenue moins taboue donc forcément on en parle plus et c'est mieux médiatisé ? C'est beaucoup
03:46 mieux médiatisé, il y a eu #MeToo, il y a eu le Grenelle, il y a eu le confinement,
03:50 ce sont des éléments qui ont été déclencheurs de la parole clairement. Aujourd'hui moi je ne peux
03:53 pas vous dire s'il y en a plus ou s'il y a plus de libération de la parole. Je pense que heureusement
03:59 on est beaucoup plus connus, il y a beaucoup de communication institutionnelle mais pas que
04:03 aussi associative des dispositifs secrets donc il y a vraiment plus de lieux aussi où déposer la
04:09 parole. Donc c'est sûr que c'est probablement un peu des deux mais pas uniquement qu'il y en a plus.
04:18 Malgré tout, vous manquez encore de moyens, on manque encore de places d'accueil dans le
04:23 département, à Marseille évidemment, donc des efforts restent nécessaires ? Bien sûr,
04:27 bien sûr. Et quand on voit le volume d'affaires que les juges doivent suivre, c'est énorme,
04:33 donc aussi un renforcement des moyens à tous les niveaux, associatif, judiciaire,
04:38 voilà toute la chaîne doit être renforcée, notamment les hébergements mais surtout l'accès
04:43 au logement aussi parce que c'est bien d'héberger des personnes mais si elles ne peuvent pas sortir
04:46 vers le logement, elles retournent souvent chez le conjoint parce que ce n'est pas drôle d'être
04:50 hébergé en collectif ou même en individuel. Donc si elles n'arrivent pas à retrouver un logement
04:54 après six mois, un an, une année et demi, c'est catastrophique. Donc c'est vrai que c'est toute la
05:00 chaîne qu'il faut renforcer, ce n'est pas que l'hébergement, pas que l'hébergement d'urgence
05:03 parce que quand on a fini l'hébergement d'urgence qui peut durer un mois, deux mois, voire six mois,
05:07 qu'est-ce qu'on fait après des personnes si elles n'ont pas d'autres places ou de sortie vers
05:12 d'autres dispositifs à plus long terme, voire un logement autonome, qu'est-ce qu'on en fait ?
05:17 Donc c'est des risques de retour vers le conjoint qui peuvent être encore plus dangereux.
05:21 Et donc on rappelle le rôle de vos associations et de votre association en particulier Sophie
05:26 Piaureau, directrice de Solidarité Femme 13. Merci d'avoir été notre compagnie sur Maritime.
05:30 Une excellente journée à vous.
05:31 Bon, je vous dis à la prochaine.